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Société Publié le jeudi 27 mai 2010 | Notre Heure

Déguerpissement de la "Sorbonne" du plateau - Le Maire n’a-t-il pas mieux à faire ?

© Notre Heure Par DR
Villes et communes : Akossi Bendjo, maire PDCI-RDA de la commune du Plateau, Abidjan
Ainsi, le maire du Plateau veut raser la « Sorbonne » d’Abidjan. Mal lui en a pris car les choses ne se sont pas passées comme il l’aurait souhaité. L’opération déguerpissement risque fort de lui rester au travers de la gorge car les « sorbonnards » qui ont organisé la résistance le 24 mai dernier pour préserver leur espace de dialogue et de libre expression, ne sont pas prêts à subir cette expropriation. On comprend donc les altercations entre policiers municipaux et défenseurs de la "Sorbonne".
Cette opération de salubrité de la commune du Plateau, cité administrative et financière de la ville d’Abidjan, a lieu à l’occasion de la tenue des assemblées générales de la BAD. On sait à quel point cette rencontre internationale tient à cœur les autorités ivoiriennes qui espèrent ainsi séduire la banque afin d’accélérer son retour en Côte d’ivoire, pays qui abrite le siège de cette institution financière qui a dû plier bagages à cause de la crise ivoirienne.
Le maire du Plateau, Akossi Bendjo, a voulu certainement faire d’une pierre deux coups : assainir une ville qui porte encore les stigmates de la crise et surtout se débarrasser de cet Agora, défiguré, il est vrai, par des kiosques anarchiques. L’acharnement du maire pourrait ne pas être exempt d’arrière-pensée politique. La "Sorbonne" existe depuis le temps de feu le premier président de la république, Félix Houphouët Boigny et, au fil des ans, s’est incrustée dans le paysage du Plateau. C’est un passage obligé pour tous ceux qui visitent la cité administrative, une référence en Afrique de l’ouest.
Ce n’est certes pas le "Speaker corner" de Londres ni la "place Desvosges" de Paris. Mais l’esprit est le même : un espace de liberté de parole. La question du déguerpissement a certes été évoquée avec les responsables de la "Sorbonne". Une sorte de moratoire aurait même été conclu jusqu’à la tenue des élections. Il est une réalité aujourd’hui que la "Sorbonne" est tenue par des gens proches du pouvoir et que les discours et les thèses qui y sont développés ne plaisent peut-être pas au maire, qui est de l’opposition, notamment du PDCI/RDA.
Un autre maire proche du pouvoir aurait réfléchi par deux fois avant de s’y aventurer. C’est ce qui explique « l’absence » des forces de la police nationale réquisitionnées pourtant pour porter main forte à leurs collègues de la municipale. C’est un signe que le pouvoir ne voit pas d’un bon œil les intentions du maire. Personne n’est contre la restauration de cet espace emblématique afin de le vider des prostituées et des trafiquants de tous genres.
Mais profiter de cela pour raser la "Sorbonne" d’Abidjan, est un pas que le maire risque de faire tout seul, à ses risques et périls. Il y a forcément un chemin médian à utiliser pour que ce patrimoine de la ville d’Abidjan ne disparaisse à jamais : assainir l’espace en question sans toucher à la "Sorbonne" qui a vu passer bien des maires. A moins que le maire du Plateau n’ait d’autres desseins inavoués.
Le Pays
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