Après les retrouvailles chez Bédié - RHDP : Faut-il encore y croire ?

Cette interrogation tire ses fondements des nombreuses tergiversations qui ont rythmé les cinq (5) ans d’âge du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP). Cinq ans faits de stratégies approximatives et improductives, cinq ans de souffrances intenses des militants partagés entre le doute et l’espoir. Dans l’interview qu’il a accordée à « le Mandat », le troisième secrétaire général adjoint de l’UDPCI, Blé Guirao a levé un coin de voile sur le vrai problème de la coalition des houphouétistes, le manque criard de stratégies efficaces.

Une opposition de salon

On l’a dit, et on le dira toujours, les quatre leaders des quatre partis composant le RHDP, sont les moins présents sur le terrain. Ils n’ont jamais entrepris des actions d’envergure susceptibles de marquer de manière significative, leur présence sur l’échiquier politique national. Même quand leurs jeunesses, courageusement, initient des actions sur le terrain, ils ne sont pas présent pour les soutenir. Ils ont toujours réussi l’exploit de laisser leurs militants orphelins, là où ils sont plus attendus pour donner plus de poids à la manifestation. Les luttes syndicales n’ont jamais été leur tasse de thé. Les Enseignants, les médecins, les greffiers, les transporteurs, face aux mépris du gouvernement sur leurs conditions de vie et de travail, ont initié des grèves qui n’ont jamais bénéficié du soutien de l’opposition conduite par le RHDP. Bédié et ses cadets n’ont jamais compris, ou refusent tout simplement de comprendre que, outre leurs militants, les syndicats et les autres membres de la société civile sont un poids important dans les luttes politiques. Gbagbo les avait utilisés en son temps… Au contraire, la force principale des leaders du RHDP, ce sont les déclarations à travers les médias et la saisine de la communauté internationale pour mener leur combat à leur place. Ils ignorent aussi que les dates des élections, la révision des listes électorales, ne sont pas les véritables vrais problèmes des Ivoiriens. Ils ont en priorité, des problèmes d’ordre existentiel. Les prix vertigineux des denrées alimentaires, la santé, l’éducation et l’emploi, le transport, le logement etc., sont les vrais problèmes des Ivoiriens sur lesquels ils attendent l’opposition. Et, tant que celle-ci ne réussira pas une résolution appropriée des problèmes politiques et des problèmes de la société, son combat sera vain.

Repartir sur de nouvelles bases.

Il serait indécent d’ignorer que l’avenir de la Côte d’Ivoire se trouve entre les mains du RHDP. Mais cet avenir ne peut se réaliser avec le RHDP que seulement si cette alliance accède au pouvoir d’Etat par des élections. Or, pour qu’il y ait des élections sous Laurent Gbagbo, il faut les arracher. Et pour les arracher, il faut se battre farouchement et efficacement. Le RHDP dit s’être battu pendant cinq ans sans résultats probants. On plutôt tourné en rond durant tout ce temps sans avancer d’un iota. Maintenant que l’entente semble revenir à la maison après la brouille née du report de la marche du 15 mai, il faut redéfinir les choses. Est-ce qu’on ne va plus tergiverser devant Gbagbo ? Quelles stratégies de lutte faut-il mettre en place pour les prochains défis ? De la réponse adéquate à ces interrogations, dépendent la crédibilité et la survie du RHDP. Car, les Ivoiriens, dans leur majorité écrasante, veulent un RHDP plus actif et plus incisif, qui s’appuie sur les vraies aspirations de ce vaillant peuple pour orienter son combat sur le terrain. Surtout faire prévaloir le respect et la considération mutuels au sein de l’alliance afin d’en faire une synergie. Mais, revenir avec les mêmes tares, serait signer son propre arrêt de mort.

Rodolphe Flaha
rflaha@yahoo.com