Laurent Gbagbo, chef d`Etat ivoirien, hier, à l`ouverture des 45e assemblées annuelles de la BAD : “La Côte d`Ivoire n`aurait jamais pu connaître cette crise”

Les 45es Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (Bad) se sont, officiellement, ouvertes, hier, au Palais de Congrès de l`Hôtel Ivoire en présence du chef de l`Etat de Côte d`Ivoire, Laurent Gbagbo et de ses homologues du Togo, Faure Gnassingbé, du Mali, Amadou Toumani Touré et du Bénin, Yayi Boni, tous arrivés, jeudi matin, à Abidjan, pour y prendre part. Exprimant son regret dû à la délocalisation du siège de la Bad à Tunis en Tunisie, à la suite du conflit militaro-politique entre le pouvoir du Front populaire ivoirien (Fpi) et la rébellion conduite par l`actuel Premier ministre, Guillaume Soro, le premier responsable du pays hôte a indiqué que "La Côte d`Ivoire n`aurait jamais pu connaître cette crise". Allusion faite à la situation sociopolitique que traverse le pays depuis quelques années. Evoquant le retour de l`institution financière africaine à Abidjan, il a notifié que "Le pays saura tenir son rang…La crise a déjà pris fin, faites-nous confiance. Le temps n`est pas à la polémique, le temps est pour que la Bad revienne à Abidjan…Au nom de tous les partis politiques, le secteur privé, les populations, les travailleurs, je demande à la Bad de revenir à Abidjan. La solidarité autour de la tenue de cette Assemblée générale est un espoir que la Côte d’Ivoire n`a pas sombré, elle est debout. Nous attendons relever l`économie et nous entendons le faire avec la Bad". Véritable plaidoyer du président Laurent Gbagbo devant ses pairs, les gouverneurs et le président de la Bad, les nombreux participants constitués des anciens présidents de la Bad, des invités, des ministres, des journalistes venus nombreux du monde entier, des chefs de partis politiques ivoiriens (Pdci-Rda, Fpi, Rdr…), des autorités traditionnelles… L`occasion était donc belle pour Laurent Gbagbo pour dire à la communauté nationale et internationale que "toutes les conditions de sécurité sont en place pour accueillir l`institution financière panafricaine". Il a remercié ses homologues présents, les décideurs de la Bad, son président Donald Kaberuka, tous ceux qui ont permis l`organisation de ces assises. Après avoir reconnu les progrès accomplis par la Bad, il l`a exhortée à redoubler d`effort pour aider les Etas africains à lutter contre des maux tels que la corruption. "Nous plaçons tous les espoirs des populations dans notre institution…La Bad doit être le leader dans la mobilisation des ressources et nous défendre dans les fora internationaux…". Laurent Gbagbo a trouvé paradoxal que l`Afrique ait tant de ressources naturelles et qu`elle soit autant fragile dans des secteurs tels que l`énergie. "L`Afrique vit un paradoxe. Elle a du gaz, du soleil, du vent, de l`uranium et nous souffrons", dénonce-t-il. Pour lui, il faut trouver des solutions aux problèmes (énergie, eau, infrastructures économiques, routes, transports aérien, ferroviaire) de l`Afrique et la Bad doit aider le continent. "La Bad peut faire beaucoup à ce niveau…Nous devons changer nos stratégies…", précise-t-il. Le chef de l`Etat ivoirien a invité les gouvernants du continent à tout mettre en œuvre pour éviter tout ce qui fragilise les pays africains. Sans omettre d`affirmer la nécessité pour les pays de pratiquer la bonne gouvernance et l`obligation pour un gouvernement de soutenir le secteur privé auquel on doit épargner toute forme de concurrence déloyale dans ses activités.
Le président malien, président en exercice de l`Uemoa, Amadou Toumani Touré, a, lui, rassuré son hôte en lui indiquant que "Le Mali aidera au retour de la paix en Côte d`Ivoire". Il a révélé ce qui suit: "Je venais d`être élu quand la crise a éclaté en Côte d`Ivoire. 70% de nos importations passaient par le port d`Abidjan et le nombre le plus élevé de Maliens vivant hors de leur pays est en Côte d`Ivoire".
Jean Ping, le président de la Commission l`Union africaine (Ua), a salué ces assises qui "se déroulent bien à Abidjan". Il a exprimé ses remerciements à Donald Kaberuka et aux gouverneurs de la Bad. Pour une plus grande efficacité sur le continent et aux rencontres mondiales, l`Afrique, selon lui, doit continuer à faire entendre une seule voix.
Le président de la Bad, Donald Kaberuka, a une fois encore invité les Ivoiriens à résoudre leur problème s`ils veulent voir le siège de la banque revenir à Abidjan. "Je voudrais remercier les gouvernants ivoiriens pour l`accueil, nous savons que vous attendez la Bad. Je suis sûr que vous mettrez un terme définitif à la crise pour permettre à la Bad de retrouver son siège", a-t-il signifié. Il a évoqué les efforts de l`institution qui ont doublé en matière de prestation. Les aides sont passées de 11,7 millions de dollars en 2008 à 12,6 millions de dollars américains en 2009. Il a aussi mentionné les actions en faveur du commerce dans les pays africains. "La banque jouit d`une marque de confiance croissante. Nous devons cependant être prêts à repenser nos stratégies." D`autres actions ont été menées dont celle contre la corruption. D`ailleurs, il a mis en garde les entreprises qui seraient l`objet de sanction de la part des institutions internationales. Au dire du président de la Bad, ces sanctions seront prises en compte par la Bad et cela pourrait leur valoir des pertes de marchés sur le continent.
Le président du Conseil des gouverneurs de la Bad, Bohoun Bouabré, ministre ivoirien du Plan et du développement, a souhaité la bienvenue aux participants.
A ces assises d`Abidjan, le réchauffement climatique et ses conséquences en Afrique ont été au cœur des débats. Les intervenants à la cérémonie officielle l`ont mentionné tout en exhortant les Etats et la Bad à produire l`effort adéquat pour y faire face.

Parfait Tadjau