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Politique Publié le vendredi 28 mai 2010 | Le Nouveau Réveil

Le député Alomo Paulin, militant de la candidature unique du Rhdp : “Il ne s`agit pas d`éliminer un des candidats pour l`autre”

L'unification des partis du Rhdp entrera dans sa phase active sous peu à en croire les principaux leaders de ce rassemblement. Dans l'interview qui suit, l'ancien député de Bouaflé, Alomo Paulin, l'un des farouches défenseurs de la candidature unique dit comment, selon lui, le mécanisme peut être envisagé.

Vous êtes l'un des farouches partisans du regroupement des partis qui se réclament de la philosophie houphoétiste. Les leaders du Rhdp parlent de plus en plus d'unifier les quatre formations politiques de ce rassemblement. Avez-vous le sentiment que la cause que vous défendez est enfin entendue ?
C'est avec beaucoup de joie que j'ai entendu les quatre leaders du Rhdp prendre cette décision d'unifier leurs partis. Et parler d'un programme commun de gouvernement, mettre sur pied un comité qui va réfléchir sur les modalités de la création de ce parti unique Rhdp. Je suis donc entièrement satisfait et heureux de cette décision.

Beaucoup sont pourtant encore sceptiques, comment cela pourrait-il se faire selon vous ?
Il faut comprendre que quand un problème se pose, ce n'est pas évident que tout le monde adopte la même position au même moment. Tout dépend du niveau d'analyse de chacun. Nous avons fait l'analyse suivante : pour mener une bataille politique, il est bon de savoir qui est l'adversaire. Aujourd'hui, le constat montre que la vision de la refondation de 1990 n'est pas la même que celle d'aujourd'hui. La refondation aujourd'hui a plusieurs pouvoirs. Il y a d'abord l'argent qui compte beaucoup dans une élection. Ensuite, il y a les relations. Qu'on le veuille ou non, c'est le président Laurent Gbagbo qui est le chef de l'Etat. Cela lui crée des relations au plan interne comme à l'extérieur. Le troisième pouvoir, c'est tous ceux qui ont bénéficié du pouvoir Gbagbo. Ils ont un devoir de reconnaissance envers lui. Le quatrième pouvoir, c'est les cadres du Fpi qui sont aujourd'hui immensément riches. Et ils entretiennent l'électorat Fpi. Voici donc l'adversaire présenté. Et c'est en fonction de l'adversaire qu'on a en face, qu'on bâtit la stratégie. Nous disons que quand on va à la chasse, il faut distinguer les cartouches en fonction du gibier qu'on a en face. L'écureuil a sa cartouche, l'éléphant a sa cartouche également, tout comme la biche. Nous nous trouvons dans la situation d'un éléphant que nous avons en face. Nous ne pouvons utiliser une cartouche pour l'écureuil ou pour une biche pour vouloir tuer l'éléphant. C'est pour cela que nous avons opté pour un parti unifié et une candidature unique.

Comment des partis qui ont des ambitions et des objectifs bien définis peuvent-ils s'entendre sur une candidature unique alors tous ont déjà fait acte de candidature ?
C'est cela le fondement du comité scientifique que nous avons mis sur pied. Au tout début, quand on approchait les gens du Pdci pour leur parler de candidature unique, ils répondaient que nous ne sommes pas pour parce que tel ou tel nous a fait du mal. Quand on approchait les gens du Rdr, ils disaient, nous avons été victimes de l'ivoirité, nous n'en voulons pas. Avec les autres, ce sont les mêmes ressentiments que nous avons entendus. Mais les choses, je vous l'assure, ont beaucoup évolué. Nous ne sommes pas à l'élimination d'un candidat au profit d'un autre candidat. C'est l'esprit de la gouvernance ensemble qui prédomine désormais. C'est ce mécanisme qui nous guide.

Chacun des partis du Rhdp aspire à diriger le pays. Comment alors ces partis peuvent-ils transcender leurs ambitions pour accepter de gouverner ensemble ?
Dans toute démarche, il faut éviter de créer des frustrations. Les quatre candidats le sont au même titre. Ce qui va nous faciliter la tâche, c'est l'objectif. La Côte d'Ivoire se trouve dans une situation telle qu'il y a des sacrifices à faire.

Pensez-vous que les leaders du Rhdp sont aujourd'hui prêts à consentir ces sacrifices ?
Il y a un problème et il faut sauver le pays. Nous avons en face quatre hommes d'Etat. Les hommes d'Etat ont ceci de particulier, ils peuvent mettre de côté leur moi pour mettre au-devant l'intérêt général. Et nous avons un mécanisme qui consiste à éviter de frustrer qui que ce soit. Puisque nos leaders sont déjà d'accord qu'au second tour, ils seront tous pour celui qui est le mieux placé, nous avons anticipé. Entre le premier et le deuxième tours, il y a juste quinze jours. Durant ces quinze jours, ils ne peuvent pas tomber d'accord sur un programme commun de gouvernance. C'est cela que nous avons suscité pour qu'il y ait d'abord un programme commun de gouvernement. Au niveau du deuxième tour, vous savez, il y a un inconvénient. Quand un candidat est battu au premier tour, il a au moins deux ou trois jours de lit. Or, il n'y a que quinze jours entre les deux tours, je le rappelle. Quand un candidat est battu, il y a une panique au niveau de son parti. Les cadres se cherchent et alors le loup profite pour entrer dans la bergerie. Le risque au second tour est trop grand. C'est pour cela que nous avons opté pour la négociation au premier tour. Et cela passe par un mécanisme, le programme commun de gouvernement qui permet de se familiariser. Après cela, il faut passer à la répartition des charges.

Vous êtes membre d'un comité qui a engagé la réflexion sur le programme commun de gouvernement. A quel niveau en êtes-vous ?
Nous avons presque fini. Nous avons fait la fusion de tous les programmes. Pour revenir au mécanisme, une fois que ce programme est adopté par tous, il faudra passer à la repartition des charges. Le problème en réalité qui se pose autour des candidats, c'est les cadres qui souhaitent que leur candidat soit élu pour pouvoir tirer des dividendes. Mais, ce que les gens doivent comprendre, c'est que quel que soit celui qui sera président de la République, tout le monde gagne. Parce que si l'équipe A a la présidence de la République, l'équipe B aura tel ou tel poste. C'est cela la repartition des charges. En Europe et dans les pays développés, les gens travaillent avec un cahier des charges. Mais ici en Afrique, ce n'est pas le cas. Un groupe comme le Rhdp doit absolument avoir un cahier dans lequel tout est consigné. Le programme commun de gouvernement, croyez-moi, va susciter un fédéralisme. Et le fédéralisme engendre le rassemblement. Le rassemblement crée l'unité. Et l'unité est source de confiance. Une fois que les gens se sont retrouvés, la confiance va naître et cela va faciliter le choix de la candidature unique. Le problème, c'est la méfiance. Une fois que la confiance est créée, la candidature unique se dégage toute seule. Le Rhdp ne peut pas aller aux élections sans qu'il n'y ait une grande assise pour débattre de ces problèmes. Le comité scientifique, mis sur pied, est encadré à juste titre par le comité des sages. Une fois ces préalables acquis, nous allons entrer en jeu pour essayer de rapprocher les candidats en vue de trouver une solution. Mais je dis une chose, l'objectif, ce n'est pas pour éliminer un pour l'autre. Aux Usa, Obama est président, mais il y a un vice-président et les deux gouvernent ensemble.

Les divergences de point de vue constatées dans la gestion de la marche du 15 mai dernier ne traduisent-elles pas les difficultés de l'unification ?
Je trouve que ce qui c'est passé tout récemment au Rhdp est très bon. Ça veut dire que le président Gbagbo doit comprendre que les présidents Bédié et Ouattara ont eu beaucoup de difficultés à obtenir le report de la marche. Les gens doivent comprendre que les deux ont usé de leur pouvoir pour arracher le report. Et la position des présidents Mabri et Anaky est justifiée. Ils se sont tous retrouvés, c'est cela que nous saluons. L'équation que la refondation ne peut résoudre aujourd'hui, c'est la misère. Et quand on est dans une telle situation dans un pays, il faut prendre conscience pour en sortir. La victoire du Rhdp ouvre les portes du développement de la Côte d'Ivoire dans un esprit de paix. Et c'est pour cet idéal que je me bats.

Peut-on envisager l'unification avant les élections selon vous ?
Oui. Nos leaders ont beaucoup de qualité. Et dans le mécanisme qui sera mis en place, chacun des cadres du Rhdp se retrouvera. Et si le Rhdp est unifié, il va rafler tous les postes électifs.

Pour vous, unifier les partis du Rhdp implique de facto une candidature unique.
Oui, c'est une garantie pour tous. Il faut rassurer les gens sur l'avenir. Quand on aura fini la repartition des charges, nous devons tous nous retrouver à Yamoussoukro pour trouver la solution au sein de la famille Rhdp. Cela doit se faire sur la tombe du président Houphouët Boigny. Nous sommes de la même famille, il faut éviter que des frères d'une même famille se battent. Nous avons cette chance au niveau du Rhdp d'avoir des aînés et des sages. Tous les sages doivent faire en sorte qu'il n'y ait pas la bataille au sein de la famille Rhdp.

L'unification pourrait-elle donner un autre visage au Rhdp qui jusque-là a eu du mal à imposer sa force au Fpi ?
Le camp présidentiel est bien informé de la force du Rhdp. Si le président Gbagbo s'est résolu à aller voir le président Bédié et le président Ouattara chez eux à domicile, c'est qu'il connaît bien la force du Rhdp. C'est pour cela que je dis à la jeunesse du Rhdp qu'elle n'a pas à rougir après le report de la marche qu'elle projetait pour le 15 mai passé. La marche, pour moi, a déjà eu lieu. Une marche, c'est pour faire passer un message, obtenir quelque chose. Le message est donc passé. Ensuite, nous voulons une date des élections. Cela sera annoncé dans peu de temps. L'effet de la marche a déjà eu lieu. Je demande donc à la jeunesse du Rhdp de ne pas se décourager. Les rapports ont changé de même que le ton. Les gens ont pris conscience qu'en face d'eux, il y a une force.

Quelles doivent être les caractéristiques du programme commun de gouvernement ?
Cela doit être un programme d'ambitions et d'audace. On a tous les aliments ici en Côte d'Ivoire, mais nous sommes tributaires de l'extérieur sur plusieurs points. Il faut redéfinir la place du paysan. On doit faire des prospections dans l'avenir. Je vous donne un exemple simple, malgré tout ce qu'on a fait, pour les Assemblées générales de la Bad, mais elle va repartir. Dans deux jours, c'est fini cette affaire parce qu'il faut que la situation soit normalisée.
Et c'est le Rhdp, garant de l'esprit du président Houphouët, qui doit normaliser la situation.
Interview réalisée par Paul Koffi


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