Depuis quelque temps, l’accès à l’eau de robinet est un véritable problème à Abidjan. En dépit des efforts de la Société de distribution d’eau en Côte d’Ivoire (Sodeci), certaines personnes ont décidé de remédier à ce problème, à leur façon. Reportage.
Ce jeudi matin, c’est la course à l’eau à Koumassi-Remblais. Des femmes, bassine d’eau sur la tête, rejoignent leur domicile ; d’autres, des seaux vides en main, vont à la recherche du liquide précieux. À quelques endroits, des ménagères font le rang devant des robinets d’eau. Ici, dans la plupart des habitations, l’eau vient à deux heures du matin, et de façon irrégulière. « C’est un véritable problème que nous avons à Koumassi », confie une femme qui fait le rang devant un robinet d’eau. Selon des sources à la Sodeci, l’eau vient dans ce quartier à faible pression, allant jusqu’au manque complet. Toutefois, les résidents ne sont pas restés les bras croisés. Ils ont trouvé la solution au problème. Les suppresseurs ! Ce sont de petits moteurs qui servent à pomper l’eau, lorsque celle-ci vient à faible pression.
Difficile de passer devant une cour sans voir un de ces engins à l’entrée, installés devant les compteurs d’eau de la Sodeci. Il y en a de toutes les formes, de toutes les marques de fabrique et de toutes les couleurs. Ces moteurs ressemblent à de petits groupes électrogènes, protégés comme les compteurs d’eau. Devant un immeuble de trois étages, deux hommes sont préoccupés à nettoyer leur suppresseur. Le petit moteur ne parvient plus à pomper l’eau correctement jusqu’au troisième où son propriétaire habite. Cela fait à peine un mois qu’ils l’ont installé. Un des messieurs déconnecte un tuyau et du suppresseur, souffle là-dedans et bricole deux ou trois choses sur la machine. « Ça devrait pouvoir y aller », explique-t-il à l’autre en branchant de nouveau le tuyau. On remet le suppresseur en marche. Un jeune homme qui est au troisième vérifie que l’eau arrive correctement dans le robinet. « C’est ok », rassure-t-il. Le moteur qui tourne, émet continuellement un petit bruit sec. Ses propriétaires envisagent payer un autre surpresseur, plus solide. « Celui-là, c’est de la contrebande». Ils l’ont eu à 30.000 Fcfa. Avec 50.000 Fcfa, ils peuvent s’acheter un suppresseur assez puissant. « Certaines personnes proposent même des suppresseurs en location entre 5.000 Fcfa et 7.000 Fcfa, par mois », explique l’un des résidents du quartier. Dans ce quartier où presque toutes les habitations sont en immeuble, les suppresseurs font la loi. « À partir du premier étage, ici, l’eau ne monte plus avec force, ou ne monte pas du tout, par manque de pression. Il faut obligatoirement un suppresseur », explique Fabrice, un des résidents du quartier qui habite au deuxième étage d’un immeuble. Tout comme la plupart des locataires, il possède un suppresseur devant son compteur Sodeci, qui permet de pomper l’eau vers son robinet. Presque tous les locataires des immeubles de Koumassi-remblais ont ces petits moteurs. Et le phénomène s’étend peu à peu aux autres communes, comme à Marcory. La principale justification de leur détenteur est le manque de pression dans les tuyaux pour faire monter l’eau aux étages des immeubles. Cependant, ceux qui n’ont pas ces suppresseurs n’arrêtent pas de se plaindre du préjudice qu’ils subissent. Mamadou, un des locataires des immeubles (au premier étage) affirme qu’il avait de l’eau dans son robinet, mais depuis que son voisin du deuxième a installé son suppresseur, l’eau ne vient plus régulièrement dans sa maison. « En tirant l’eau avec son moteur, il m’en prive», explique-t-il ce matin. Bilé a connu le même problème. « Dès que mes locataires du premier et du deuxième ont payé des surpresseurs, je n’ai plus eu l’eau courante dans mon robinet ». Il est au premier. Bilé a été obligé, comme eux, de se payer un petit moteur pour faire monter l’eau. Ceux qui habitent les maisons basses, commencent également à installer des suppresseurs devant chez eux. « Lorsque les habitants qui sont autour de nous, utilisent leur suppresseur, nous n’avons plus d’eau, même dans les maisons basses », explique une dame qui a été obligée de se payer un de ces engins, à bas prix. Vous êtes prévenus. Préparez votre suppresseur, si vous devez déménager à Koumassi, ces temps-ci.
Raphaël Tanoh
Ce jeudi matin, c’est la course à l’eau à Koumassi-Remblais. Des femmes, bassine d’eau sur la tête, rejoignent leur domicile ; d’autres, des seaux vides en main, vont à la recherche du liquide précieux. À quelques endroits, des ménagères font le rang devant des robinets d’eau. Ici, dans la plupart des habitations, l’eau vient à deux heures du matin, et de façon irrégulière. « C’est un véritable problème que nous avons à Koumassi », confie une femme qui fait le rang devant un robinet d’eau. Selon des sources à la Sodeci, l’eau vient dans ce quartier à faible pression, allant jusqu’au manque complet. Toutefois, les résidents ne sont pas restés les bras croisés. Ils ont trouvé la solution au problème. Les suppresseurs ! Ce sont de petits moteurs qui servent à pomper l’eau, lorsque celle-ci vient à faible pression.
Difficile de passer devant une cour sans voir un de ces engins à l’entrée, installés devant les compteurs d’eau de la Sodeci. Il y en a de toutes les formes, de toutes les marques de fabrique et de toutes les couleurs. Ces moteurs ressemblent à de petits groupes électrogènes, protégés comme les compteurs d’eau. Devant un immeuble de trois étages, deux hommes sont préoccupés à nettoyer leur suppresseur. Le petit moteur ne parvient plus à pomper l’eau correctement jusqu’au troisième où son propriétaire habite. Cela fait à peine un mois qu’ils l’ont installé. Un des messieurs déconnecte un tuyau et du suppresseur, souffle là-dedans et bricole deux ou trois choses sur la machine. « Ça devrait pouvoir y aller », explique-t-il à l’autre en branchant de nouveau le tuyau. On remet le suppresseur en marche. Un jeune homme qui est au troisième vérifie que l’eau arrive correctement dans le robinet. « C’est ok », rassure-t-il. Le moteur qui tourne, émet continuellement un petit bruit sec. Ses propriétaires envisagent payer un autre surpresseur, plus solide. « Celui-là, c’est de la contrebande». Ils l’ont eu à 30.000 Fcfa. Avec 50.000 Fcfa, ils peuvent s’acheter un suppresseur assez puissant. « Certaines personnes proposent même des suppresseurs en location entre 5.000 Fcfa et 7.000 Fcfa, par mois », explique l’un des résidents du quartier. Dans ce quartier où presque toutes les habitations sont en immeuble, les suppresseurs font la loi. « À partir du premier étage, ici, l’eau ne monte plus avec force, ou ne monte pas du tout, par manque de pression. Il faut obligatoirement un suppresseur », explique Fabrice, un des résidents du quartier qui habite au deuxième étage d’un immeuble. Tout comme la plupart des locataires, il possède un suppresseur devant son compteur Sodeci, qui permet de pomper l’eau vers son robinet. Presque tous les locataires des immeubles de Koumassi-remblais ont ces petits moteurs. Et le phénomène s’étend peu à peu aux autres communes, comme à Marcory. La principale justification de leur détenteur est le manque de pression dans les tuyaux pour faire monter l’eau aux étages des immeubles. Cependant, ceux qui n’ont pas ces suppresseurs n’arrêtent pas de se plaindre du préjudice qu’ils subissent. Mamadou, un des locataires des immeubles (au premier étage) affirme qu’il avait de l’eau dans son robinet, mais depuis que son voisin du deuxième a installé son suppresseur, l’eau ne vient plus régulièrement dans sa maison. « En tirant l’eau avec son moteur, il m’en prive», explique-t-il ce matin. Bilé a connu le même problème. « Dès que mes locataires du premier et du deuxième ont payé des surpresseurs, je n’ai plus eu l’eau courante dans mon robinet ». Il est au premier. Bilé a été obligé, comme eux, de se payer un petit moteur pour faire monter l’eau. Ceux qui habitent les maisons basses, commencent également à installer des suppresseurs devant chez eux. « Lorsque les habitants qui sont autour de nous, utilisent leur suppresseur, nous n’avons plus d’eau, même dans les maisons basses », explique une dame qui a été obligée de se payer un de ces engins, à bas prix. Vous êtes prévenus. Préparez votre suppresseur, si vous devez déménager à Koumassi, ces temps-ci.
Raphaël Tanoh