Donald Kaberuka a été réélu hier, au cours de la session des gouverneurs pour cinq ans. Avant sa réélection, le président de la BAD a révélé que la banque panafricaine se porte bien malgré les chocs économiques dont le point culminant reste la crise économique mondiale de 2008. C’est ce qui ressort du discours du président du groupe de la Bad devant les chefs d’Etats et de gouvernements présents à la cérémonie d’ouverture. ‘’Depuis notre dernière rencontre à Dakar, beaucoup d’événements se sont produits dans le monde économique sur le continent et à la banque. L’économie mondiale donne des signes de redressement mais son évolution demeure incertaine’’ a dit d’entrée Donald Kaberuka comme pour décrire l’environnement dans lequel évolue l’institution panafricaine. Cet environnement a-t-il relevé, se caractérise par des déficits records, la crise de la dette publique, le déséquilibre mondial, le chômage… ‘’Ces facteurs sont source d’incertitude pour tous y compris pour l’Afrique’’ a fait savoir le Président Kaberuka. Cependant dira-t-il, le continent africain a montré sa capacité à résister à cette crise qui selon lui, a finalement été de courte durée. En démontre, l’aboutissement des réformes engagées sur le continent depuis plusieurs années. Et l’embellie qui s’annonce, à en croire l’ancien ministre des finances du Rwanda, est tirée par la hausse des cours des matières premières. Le cuivre est passé à 7.000 dollars la tonne, son niveau d’avant crise, a-t-il dit, en guise d’illustration. Tirant les conclusions de ce qui procède, Kaberuka a affirmé que les perspectives pour 2010, malgré la crise en Europe, se sont nettement améliorées. Alors une question se pose à l’ensemble du continent: comment mieux gérer les recettes provenant des matières premières, financer les infrastructures pour bâtir des économies diversifiées, autosuffisantes plutôt que des économies extraverties ? Face à cette interrogation ‘’majeure’’, et aux dires du président de la Bad, les Chefs d’Etat ont demandé à la Bad d’apporter ‘’une réponse contracyclique’’. ‘’C’est ce que nous avons fait. C’est ce que vous attendiez de nous. Nous avons plus que doublé le volume de nos opérations en 2009. A la fin de l’année 2009, notre concours à l’économie africaine s’élève à 12,6 milliards de dollars contre 7,5 milliards l’année précédente’’ a indiqué l’impétrant face la préoccupation des Chefs d’Etats évoquée plus haut. Après s’être étendu sur les opérations et les engagements de la Banque, la plus haute personnalité du groupe est revenue sur l’augmentation du capital de la banque. Ce capital on le sait, va passer du simple au triple : de 30 à 100 milliards de dollars US. Pour le seul candidat en lice à la présidence de l’empire financier africain, cette décision est une marque de confiance à une Afrique renaissante. Donald Kaberuka, tout en félicitant les Chefs d’Etats pour cette mesure prise, a promis d’optimiser les ressources mises à leur disposition. La Bad, c’est un secret de polichinelle, constitue un acteur incontournable dans la promotion du secteur privé en Afrique. Et c’est à ce niveau qu’une innovation est envisagée par le groupe en liaison avec ses partenaires en vue de juguler la corruption qui limite les efforts de la Banque. Aussi Donald Kaberuka a-t-il donné l’alerte en ces termes : ‘’j’ai le plaisir de vous annoncer qu’au cours d’une réunion au Luxembourg nous avons conclu un accord visant l’exécution mutuelle des décisions d’exclusion. (…) en effet cela signifie qu’une entreprise exclue pour cause de corruption, bannie de nos institutions comme la banque mondiale, se verra automatiquement interdite d’obtention de marché financé par la Bad’’. Une décision qui, si elle était appliquée, sonnerait comme un véritable coup de massue sur les têtes de ces abonnés aux pots de vin et autres koutchas.
S. Débailly
S. Débailly