C’est la veillée d’arme. Il est 0h45 mn ce mercredi 19 mai. Nous sommes au rond-point de Saint Jean à Cocody. En ce lieu, l’ambiance bat son plein. Et les préparatifs pour la tenue des assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (Bad) vont bon train. Celles-ci se tiennent du 27 au 28 mai. A bord d’un véhicule de type 4X4, le lieutenant Kouamé Niamké et ses éléments du commissariat du 8ème arrondissement patrouillent le long de la voie conduisant à l’hôtel Ivoire. L’officier de police, cette nuit-là, procède à une opération de rafle. Ainsi, neuf prostituées sont embarquées dans le panier à salade jusqu’à la préfecture de police pour racolage actif sur la voie publique.
Faire l’amour dans des maisons inachevées
Il s’agit de Z. D., 39 ans, de D.A. Y., 25 ans, de K. C., 26 ans, apprentie coiffeuse, de T. M., 38 ans, couturière, de N. E., 21 ans, de K. F., 22 ans, coiffeuse, de B. M., 38 ans, O. M., 24 ans et de B. A. D., 23 ans, étudiante en pharmacie. Selon le lieutenant Kouamé, ces prostituées, appréhendées devant l’hôtel Ivoire, se livraient à des appels du pied pour certaines et quand d’autres hélaient des clients. Toutes ces prévenues reconnaissent les faits sauf D., l’étudiante en pharmacie. Au cours de notre enquête, souligne le chef de la brigade mondaine, parmi les neuf filles de joie interpellées, O. M. alias K. F. porte une grossesse « très avancée (9 mois) ».
Sur instruction du procureur Avit, ajoute-t-il, la future maman est remise en liberté le jour des faits à 14h10 mn. L’audition commence avec D.. « J’étais avec mes amies prostituées dans les environs de l’hôtel Ivoire. J’habite Yopougon-Ananeraie. Nous avons été interpellées par la police au moment où j’attendais des clients du sexe », soutient-t-elle en justifiant le choix du métier du sexe pour subvenir à ses besoins matériels. Si Y. avance qu’elle peut gagner autrement sa vie il n’en demeure pas moins que cette mousmé affirme qu’elle prend du plaisir à aller avec plusieurs hommes. « C’est vrai. Je suis une racoleuse depuis deux ans. Si je me prostitue c’est pour en tirer un plaisir sexuel intense et vivre plusieurs expériences variées. Toutefois, je regrette mon acte. Je ne vais plus recommencer. Je vais arrêter de me prostituer », tente-t-elle de convaincre. C. essaie de légitimer son activité de fille de joie. Selon l’apprentie-coiffeuse, résidant à Ananeraie (Yopougon), elle a débuté le plus vieux métier après le décès de sa mère en 2006. « Je fais ce travail pour s’occuper de moi et de mes deux petites sœurs. Habituellement, c’est aux alentours de l’hôtel Ivoire que je trouve des clients dont le prix de la passe varie en fonction des lieux », affirme la récidiviste car en 2009 elle avait déjà été arrêtée pour racolage. Plus incisive, M. donne des précisions sur le prix de la passe. Selon la couturière de 38 ans, résidant à Marcory, pour chaque séance de jambes en air, le client doit débourser en moyenne 3.000 Fcfa. « On fait l’amour soit dans une maison inachevée, soit à l’air libre derrière des fleurs. Je peux rentrer à la maison avec 10.000 Fcfa ou 15.000 Fcfa. Je reconnais les faits de racolage actif mais c’est le manque de moyens financiers qui m’entraîne à faire ce métier », se persuade M., mère de trois enfants. Dans la semaine, renchérit N., elle « travaille » trois jours devant l’hôtel Ivoire, son lieu « de prédilection ». « J’arrive sur les lieux à 22h. J’y vais très bien habillée et avant de commencer à chercher les clients ; je me change en tenue de nuit. Elle met en valeur mes seins et mes fesses. Toute chose qui excite les hommes. Je gagne 15.000 Fcfa par nuit », précise N. en affirmant qu’après le décès de son père, elle n’avait aucun soutien matériel. C’est ainsi qu’elle se prostitue pour avoir quelque chose à se mettre sous la dent. A la différence des autres racoleuses, F. confie que c’est son copain qui l’a contrainte à se prostituer. « J’avais arrêté le métier. C’est mon copain qui a insisté pour que je reprenne la rue. Je vous promets en sortant d’ici de tourner dos à la prostitution », dit-elle. M.qui porte une grossesse de neuf mois, indique qu’elle se prostitue pour faire face à ses besoins existentiels. « Cela fait trois mois que je me prostitue. J’attendais des clients du sexe au moment où la police m’interpellait. Je sais que chercher des clients du sexe aux abords de la voie publique est interdit par la loi. Je regrette et je vais arrêter de le faire. Je demande clémence vu ma grossesse », plaide la jeune fille de 24 ans, venue elle aussi de la commune de Yopougon pour se « vendre ». Son plaidoyer est exaucé car le ministère public l’a relaxée.
Des peines minimales
Désirée, la seule intellectuelle du groupe des catins appréhendées, nie en bloc l’accusation de racolage. L’étudiante en pharmacie soutient qu’elle revenait des cours vers 22h lorsque la patrouille de police l’a approchée puis embarquée. « Je ne me reprochais rien. Je me suis approchée. Ils m’ont demandé d’embarquer. Je leur ai expliqué que je revenais des études en présentant pour preuve mon classeur. Malgré tout, les agents de police m’ont embarquée. J’ai appelé mon oncle chez qui je vis pour lui expliquer ce qui s’est passé », souligne D. qui bénéficie du soutien de son oncle venu précipitamment à la préfecture de police. Présentées à la barre du tribunal des flagrants délits du Plateau, le 26 mai, les huit prévenues contre toute attente plaident non coupables. Elles réfutent en bloc les faits de racolage actif sur la voie publique. Le tribunal ne prend pas en compte les explications d’une rouerie bancale des accusées. Elles sont reconnues coupables. En répression, le juge les condamne à un mois de prison assorti d’une amende.
Bahi K.
Faire l’amour dans des maisons inachevées
Il s’agit de Z. D., 39 ans, de D.A. Y., 25 ans, de K. C., 26 ans, apprentie coiffeuse, de T. M., 38 ans, couturière, de N. E., 21 ans, de K. F., 22 ans, coiffeuse, de B. M., 38 ans, O. M., 24 ans et de B. A. D., 23 ans, étudiante en pharmacie. Selon le lieutenant Kouamé, ces prostituées, appréhendées devant l’hôtel Ivoire, se livraient à des appels du pied pour certaines et quand d’autres hélaient des clients. Toutes ces prévenues reconnaissent les faits sauf D., l’étudiante en pharmacie. Au cours de notre enquête, souligne le chef de la brigade mondaine, parmi les neuf filles de joie interpellées, O. M. alias K. F. porte une grossesse « très avancée (9 mois) ».
Sur instruction du procureur Avit, ajoute-t-il, la future maman est remise en liberté le jour des faits à 14h10 mn. L’audition commence avec D.. « J’étais avec mes amies prostituées dans les environs de l’hôtel Ivoire. J’habite Yopougon-Ananeraie. Nous avons été interpellées par la police au moment où j’attendais des clients du sexe », soutient-t-elle en justifiant le choix du métier du sexe pour subvenir à ses besoins matériels. Si Y. avance qu’elle peut gagner autrement sa vie il n’en demeure pas moins que cette mousmé affirme qu’elle prend du plaisir à aller avec plusieurs hommes. « C’est vrai. Je suis une racoleuse depuis deux ans. Si je me prostitue c’est pour en tirer un plaisir sexuel intense et vivre plusieurs expériences variées. Toutefois, je regrette mon acte. Je ne vais plus recommencer. Je vais arrêter de me prostituer », tente-t-elle de convaincre. C. essaie de légitimer son activité de fille de joie. Selon l’apprentie-coiffeuse, résidant à Ananeraie (Yopougon), elle a débuté le plus vieux métier après le décès de sa mère en 2006. « Je fais ce travail pour s’occuper de moi et de mes deux petites sœurs. Habituellement, c’est aux alentours de l’hôtel Ivoire que je trouve des clients dont le prix de la passe varie en fonction des lieux », affirme la récidiviste car en 2009 elle avait déjà été arrêtée pour racolage. Plus incisive, M. donne des précisions sur le prix de la passe. Selon la couturière de 38 ans, résidant à Marcory, pour chaque séance de jambes en air, le client doit débourser en moyenne 3.000 Fcfa. « On fait l’amour soit dans une maison inachevée, soit à l’air libre derrière des fleurs. Je peux rentrer à la maison avec 10.000 Fcfa ou 15.000 Fcfa. Je reconnais les faits de racolage actif mais c’est le manque de moyens financiers qui m’entraîne à faire ce métier », se persuade M., mère de trois enfants. Dans la semaine, renchérit N., elle « travaille » trois jours devant l’hôtel Ivoire, son lieu « de prédilection ». « J’arrive sur les lieux à 22h. J’y vais très bien habillée et avant de commencer à chercher les clients ; je me change en tenue de nuit. Elle met en valeur mes seins et mes fesses. Toute chose qui excite les hommes. Je gagne 15.000 Fcfa par nuit », précise N. en affirmant qu’après le décès de son père, elle n’avait aucun soutien matériel. C’est ainsi qu’elle se prostitue pour avoir quelque chose à se mettre sous la dent. A la différence des autres racoleuses, F. confie que c’est son copain qui l’a contrainte à se prostituer. « J’avais arrêté le métier. C’est mon copain qui a insisté pour que je reprenne la rue. Je vous promets en sortant d’ici de tourner dos à la prostitution », dit-elle. M.qui porte une grossesse de neuf mois, indique qu’elle se prostitue pour faire face à ses besoins existentiels. « Cela fait trois mois que je me prostitue. J’attendais des clients du sexe au moment où la police m’interpellait. Je sais que chercher des clients du sexe aux abords de la voie publique est interdit par la loi. Je regrette et je vais arrêter de le faire. Je demande clémence vu ma grossesse », plaide la jeune fille de 24 ans, venue elle aussi de la commune de Yopougon pour se « vendre ». Son plaidoyer est exaucé car le ministère public l’a relaxée.
Des peines minimales
Désirée, la seule intellectuelle du groupe des catins appréhendées, nie en bloc l’accusation de racolage. L’étudiante en pharmacie soutient qu’elle revenait des cours vers 22h lorsque la patrouille de police l’a approchée puis embarquée. « Je ne me reprochais rien. Je me suis approchée. Ils m’ont demandé d’embarquer. Je leur ai expliqué que je revenais des études en présentant pour preuve mon classeur. Malgré tout, les agents de police m’ont embarquée. J’ai appelé mon oncle chez qui je vis pour lui expliquer ce qui s’est passé », souligne D. qui bénéficie du soutien de son oncle venu précipitamment à la préfecture de police. Présentées à la barre du tribunal des flagrants délits du Plateau, le 26 mai, les huit prévenues contre toute attente plaident non coupables. Elles réfutent en bloc les faits de racolage actif sur la voie publique. Le tribunal ne prend pas en compte les explications d’une rouerie bancale des accusées. Elles sont reconnues coupables. En répression, le juge les condamne à un mois de prison assorti d’une amende.
Bahi K.