Avec la décision prise de faire entrer l'Union des forces du changement (Ufc) dans le gouvernement de Faure Gnassingbé l'opposant historique togolais, Gilchrist Olympio aurait, selon certains analystes, scellé son avenir politique. Une situation qui n'est pas loin de trouver des similitudes dans le cas ivoirien.
Laurent Gbagbo
L'opposant historique aux régimes du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci-Rda) de feu Félix Houphouet-Boigny et d'Henri Konan Bédié a échappé, de peu au même destin que Gilchrist. C'est le coup d'Etat de décembre 1999 qui a permis à l'actuel chef de l'exécutif ivoirien de changer la trajectoire de son parcours politique. Car, n'eut été ce putsch, le Front populaire ivoirien (Fpi) qui avait pourtant décliné plusieurs invitations du père-fondateur, serait sans doute entré dans le gouvernement d'Henri Konan Bédié, sur la base de la concertation nationale engagée par le sphinx de Daoukro. Si le front républicain auquel il appartenait a volé en éclats, expliquent certaines sources, c'est parce que cette entrée se faisait plus précise, notamment après celles du Parti ivoirien des travailleurs (Pit) et de l'Union des sociaux démocrates (Usd), les deux autres alliés dans le front républicain. Mais, dans le contexte actuel, des partisans de Laurent Gbagbo condamnent fermement le choix opéré par Gilchrist Olympio. Selon un cadre du Fpi que nous avons contacté, hier, l'opposant togolais a « grillé » ses cartes en faisant entrer sa formation politique dans le gouvernement. « Faure Gnassingbé va se servir de lui pour sortir de l'impasse actuelle et va la lâcher après », confie notre interlocuteur qui a requis l'anonymat. Car, si l'on en croit certaines sources le refus opposé à l'époque par le patron du Fpi d'entrer dans les différents gouvernements de Félix Houphouet-Boigny visait à déstabiliser le régime du Pdci-Rda. Dans cette logique, quel crédit accorder alors au « dialogue républicain » engagé par le chef de l'Etat ? Celui-ci, dans une telle posture, serait-il disposé à intégrer un gouvernement de réconciliation nationale au cas où M. Bédié ou M. Ouattara parvient au pouvoir ? Sur cette question, la réponse de ses partisans se fait moins tranchée. « Le chef de l'Etat doit consolider le dialogue républicain », conseille le député Gué Pascal, proche du camp présidentiel.
Henri Konan Bédié
Quoi qu'ayant, à la différence du fils de Sylvanus, dirigé la Côte d'Ivoire de décembre 1993 à décembre 1999, le parcours politique d'Henri Konan Bédié a quelques similitudes avec celui de l'opposant togolais. En effet, tout comme au Togo où Gilchrist Olympio est menacé par ses dauphins, au Pdci-Rda, Henri Konan Bédié est souvent victime de l'impatience de ses successeurs. Pendant la période d'exil de l'ancien chef de l'Etat ivoirien, c'est le secrétaire général d'alors, Laurent Dona Fologo qui a longtemps lorgné le fauteuil de N'Zuéba, accusant son mentor qu'il ne pouvait pas prétendre diriger le parti, étant à plus de 6000 km d'Abidjan. L'invalidation de la candidature d'Henri Konan Bédié à la présidentielle de 2000 a, par la suite, ouvert la voie à plusieurs candidatures de cadres de l'ancien parti au pouvoir. Outre M. Fologo qui s'est finalement désisté, Emile Constant Bombet et le contre-amiral Lamine Fadika se sont alignés, pour défendre les couleurs du Pdci-Rda. Sentant certainement le danger qui le guettait, Henri Konan Bédié décide de regagner son pays. Ce qui ne suffit pas à décourager les ambitions présidentialistes des cadres du vieux parti. Non sans appeler ses camarades à tirer les leçons de la chute du Pdci-Rda du pouvoir en 1999, une autre figure du parti, Charles Konan Banny, devenu Premier ministre de 2005 à 2007 a longtemps nourri l'ambition de succéder à M. Bédié. Même si, aujourd'hui, il a mis un bémol à cette ambition, il n'a pas, comme Jean-Pierre Fabre a tenté sa chance. Mais selon le porte-parole de l'ancien chef de l'Etat ivoirien, comparaison n'est pas raison. «Les deux cas n'ont rien à voir. Ce sont là des amalgames qui sont gênants », nuance d'entrée Niamkey Koffi qui poursuit en précisant que « Dans un parti, les plus jeunes ont des ambitions que le leader doit pouvoir gérer. Ce n'est pas une raison pour dire que parce qu'ils ont des ambitions, ils veulent prendre la place du leader. Je considère qu'Olympio, en allant au gouvernement, va pour acquérir une nouvelle expérience. Et cela lui fera du bien pour pouvoir diriger le Togo demain, parce qu'il aura acquis une expérience au niveau de la culture du gouvernement. Il y a des gens qui n'ont pas la culture du gouvernement. Ceux-là quand ils arrivent aux affaires, c'est la catastrophe. Dans tous les domaines, il y a un apprentissage à faire. C'est une bonne décision de sa part de vouloir entrer au gouvernement pour apprendre. C'est bon pour lui-même et pour le Togo ».
Alassane Ouattara
Beaucoup d'analystes et observateurs s'amusent, volontiers, à voir beaucoup de ressemblance entre le président du Rassemblement des républicains (Rdr), Alassane Ouattara et le président de l'Ufc, Gilchrist Olympio, à la différence que le premier cité a été de 1990 à 1993, le chef du gouvernement ivoirien. Toute chose que confirme son porte-parole, Touré Mamadou. « Même s'il y a quelques similitudes entre la vie des deux hommes, le parcours politique reste différent », a-t-il accepté de nous confier, après que le service communication de M. Ouattara a jugé le débat puéril. Toujours est-il que l'ancien Premier ministre qui rêve, depuis lors d'accéder à la magistrature suprême du pays, a vu son rêve brisé. Depuis qu'il a décidé d'adosser son ambition à une formation politique, il a, à chaque fois, été recalé pour des questions de nationalité. Des démêlés dont Gilchrist Olympio est également familier. Alors qu'au Togo, c'est le décès de l'ancien président Gnassingbé Eyadéma qui a ouvert la voie à des discussions inter-Togolais et par ricochet à la validation de la candidature de l'opposant historique, en Côte d'Ivoire, c'est la rébellion qui a nécessité plusieurs pourparlers inter-ivoiriens qui permettront finalement à l'ancien banquier de s'aligner dans la course à la prochaine présidentielle. S'agissant de leur succession, les deux hommes sont confrontés, à des exceptions près, aux mêmes velléités, sur fond d'impatience. Face au pouvoir de Lomé qui avait rejeté sa candidature en 2002, M. Olympio n'hésita pas à lancer dans la course, son « poulain », Bob Akitani. Suivant cette logique et sans l'attendre, la jeune garde de l'Ufc décide de valider la candidature de Jean-Pierre Fabre pour la présidentielle de mars dernier. Une initiative qui n'a pas été du goût de l'opposant historique qui n'a pas apporté tout son soutien au secrétaire général de son parti. Au Rdr, cette situation a suivi une évolution presque similaire. Si, en apparence, les responsables du parti se sont jusque-là montrés solidaires de leur mentor, ils n'ont pas moins continué d'aiguiser leurs appétits dans l'ombre, ayant sans doute intériorisé l'idée que l'ancien Premier ministre aura des difficultés à réaliser le rêve des « républicains ». Là-dessus, les cas Zémogo Fofana, Hamed Bakayoko et autres Amadou Gon Coulibaly, présentés comme les potentiels héritiers du « brave tchè » suffiraient pour corroborer cette thèse. Certains analystes vont jusqu'à trouver dans la guerre à fleurets moucheté que livrerait l'ancien ministre de l'Agriculture à l'actuel locataire de la primature un lien avec la succession à M. Ouattara. Malgré les démentis et les mises au point, tous s'aperçoivent que la course de fond engagée par plusieurs cadres du Rdr n'est pas vaine. Et, entre extrémistes et modérés, la bataille risque d'être fort épique, comme cela se voit au Togo. En attendant de croiser le fer, Touré Mamadou parie que, pour Alassane Ouattara, «le prochain gouvernement devra être un gouvernement d'ouverture. Il a dit clairement dans son programme que, s'il est élu, le Fpi prendra part à son gouvernement. C'est un engagement qu'il a pris et qu'il respectera. Nous sommes dans une alliance avec le Rhdp. Si par extraordinaire, il n'est pas élu, il sera tout de même au gouvernement parce que l'un de ses alliés aura gagné. Pour nous, l'hypothèse pour que Gbagbo gagne est très mince »
Francis Wodié
Le président du Parti ivoirien des travailleurs (Pit) a, lui aussi, un parcours qu'on peut croiser avec celui du leader historique de l'Ufc. Selon certains acteurs de la scène politique nationale avec lesquels nous avons échangé, hier, c'est depuis son entrée au gouvernement d'Henri Konan Bédié en 1998 que Francis Wodié s'est « grillé ». Pour ces personnalités, c'est le même sort que connaîtra le président de l'Ufc qui a noué une alliance avec le chef de l'Etat togolais. Même si du côté du Pit, on préfère ne pas aborder la question, son secrétaire général n'écarte pas la possibilité de l'aborder en interne, au cours d'une réunion annoncée pour mercredi.
Marc Dossa
Laurent Gbagbo
L'opposant historique aux régimes du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci-Rda) de feu Félix Houphouet-Boigny et d'Henri Konan Bédié a échappé, de peu au même destin que Gilchrist. C'est le coup d'Etat de décembre 1999 qui a permis à l'actuel chef de l'exécutif ivoirien de changer la trajectoire de son parcours politique. Car, n'eut été ce putsch, le Front populaire ivoirien (Fpi) qui avait pourtant décliné plusieurs invitations du père-fondateur, serait sans doute entré dans le gouvernement d'Henri Konan Bédié, sur la base de la concertation nationale engagée par le sphinx de Daoukro. Si le front républicain auquel il appartenait a volé en éclats, expliquent certaines sources, c'est parce que cette entrée se faisait plus précise, notamment après celles du Parti ivoirien des travailleurs (Pit) et de l'Union des sociaux démocrates (Usd), les deux autres alliés dans le front républicain. Mais, dans le contexte actuel, des partisans de Laurent Gbagbo condamnent fermement le choix opéré par Gilchrist Olympio. Selon un cadre du Fpi que nous avons contacté, hier, l'opposant togolais a « grillé » ses cartes en faisant entrer sa formation politique dans le gouvernement. « Faure Gnassingbé va se servir de lui pour sortir de l'impasse actuelle et va la lâcher après », confie notre interlocuteur qui a requis l'anonymat. Car, si l'on en croit certaines sources le refus opposé à l'époque par le patron du Fpi d'entrer dans les différents gouvernements de Félix Houphouet-Boigny visait à déstabiliser le régime du Pdci-Rda. Dans cette logique, quel crédit accorder alors au « dialogue républicain » engagé par le chef de l'Etat ? Celui-ci, dans une telle posture, serait-il disposé à intégrer un gouvernement de réconciliation nationale au cas où M. Bédié ou M. Ouattara parvient au pouvoir ? Sur cette question, la réponse de ses partisans se fait moins tranchée. « Le chef de l'Etat doit consolider le dialogue républicain », conseille le député Gué Pascal, proche du camp présidentiel.
Henri Konan Bédié
Quoi qu'ayant, à la différence du fils de Sylvanus, dirigé la Côte d'Ivoire de décembre 1993 à décembre 1999, le parcours politique d'Henri Konan Bédié a quelques similitudes avec celui de l'opposant togolais. En effet, tout comme au Togo où Gilchrist Olympio est menacé par ses dauphins, au Pdci-Rda, Henri Konan Bédié est souvent victime de l'impatience de ses successeurs. Pendant la période d'exil de l'ancien chef de l'Etat ivoirien, c'est le secrétaire général d'alors, Laurent Dona Fologo qui a longtemps lorgné le fauteuil de N'Zuéba, accusant son mentor qu'il ne pouvait pas prétendre diriger le parti, étant à plus de 6000 km d'Abidjan. L'invalidation de la candidature d'Henri Konan Bédié à la présidentielle de 2000 a, par la suite, ouvert la voie à plusieurs candidatures de cadres de l'ancien parti au pouvoir. Outre M. Fologo qui s'est finalement désisté, Emile Constant Bombet et le contre-amiral Lamine Fadika se sont alignés, pour défendre les couleurs du Pdci-Rda. Sentant certainement le danger qui le guettait, Henri Konan Bédié décide de regagner son pays. Ce qui ne suffit pas à décourager les ambitions présidentialistes des cadres du vieux parti. Non sans appeler ses camarades à tirer les leçons de la chute du Pdci-Rda du pouvoir en 1999, une autre figure du parti, Charles Konan Banny, devenu Premier ministre de 2005 à 2007 a longtemps nourri l'ambition de succéder à M. Bédié. Même si, aujourd'hui, il a mis un bémol à cette ambition, il n'a pas, comme Jean-Pierre Fabre a tenté sa chance. Mais selon le porte-parole de l'ancien chef de l'Etat ivoirien, comparaison n'est pas raison. «Les deux cas n'ont rien à voir. Ce sont là des amalgames qui sont gênants », nuance d'entrée Niamkey Koffi qui poursuit en précisant que « Dans un parti, les plus jeunes ont des ambitions que le leader doit pouvoir gérer. Ce n'est pas une raison pour dire que parce qu'ils ont des ambitions, ils veulent prendre la place du leader. Je considère qu'Olympio, en allant au gouvernement, va pour acquérir une nouvelle expérience. Et cela lui fera du bien pour pouvoir diriger le Togo demain, parce qu'il aura acquis une expérience au niveau de la culture du gouvernement. Il y a des gens qui n'ont pas la culture du gouvernement. Ceux-là quand ils arrivent aux affaires, c'est la catastrophe. Dans tous les domaines, il y a un apprentissage à faire. C'est une bonne décision de sa part de vouloir entrer au gouvernement pour apprendre. C'est bon pour lui-même et pour le Togo ».
Alassane Ouattara
Beaucoup d'analystes et observateurs s'amusent, volontiers, à voir beaucoup de ressemblance entre le président du Rassemblement des républicains (Rdr), Alassane Ouattara et le président de l'Ufc, Gilchrist Olympio, à la différence que le premier cité a été de 1990 à 1993, le chef du gouvernement ivoirien. Toute chose que confirme son porte-parole, Touré Mamadou. « Même s'il y a quelques similitudes entre la vie des deux hommes, le parcours politique reste différent », a-t-il accepté de nous confier, après que le service communication de M. Ouattara a jugé le débat puéril. Toujours est-il que l'ancien Premier ministre qui rêve, depuis lors d'accéder à la magistrature suprême du pays, a vu son rêve brisé. Depuis qu'il a décidé d'adosser son ambition à une formation politique, il a, à chaque fois, été recalé pour des questions de nationalité. Des démêlés dont Gilchrist Olympio est également familier. Alors qu'au Togo, c'est le décès de l'ancien président Gnassingbé Eyadéma qui a ouvert la voie à des discussions inter-Togolais et par ricochet à la validation de la candidature de l'opposant historique, en Côte d'Ivoire, c'est la rébellion qui a nécessité plusieurs pourparlers inter-ivoiriens qui permettront finalement à l'ancien banquier de s'aligner dans la course à la prochaine présidentielle. S'agissant de leur succession, les deux hommes sont confrontés, à des exceptions près, aux mêmes velléités, sur fond d'impatience. Face au pouvoir de Lomé qui avait rejeté sa candidature en 2002, M. Olympio n'hésita pas à lancer dans la course, son « poulain », Bob Akitani. Suivant cette logique et sans l'attendre, la jeune garde de l'Ufc décide de valider la candidature de Jean-Pierre Fabre pour la présidentielle de mars dernier. Une initiative qui n'a pas été du goût de l'opposant historique qui n'a pas apporté tout son soutien au secrétaire général de son parti. Au Rdr, cette situation a suivi une évolution presque similaire. Si, en apparence, les responsables du parti se sont jusque-là montrés solidaires de leur mentor, ils n'ont pas moins continué d'aiguiser leurs appétits dans l'ombre, ayant sans doute intériorisé l'idée que l'ancien Premier ministre aura des difficultés à réaliser le rêve des « républicains ». Là-dessus, les cas Zémogo Fofana, Hamed Bakayoko et autres Amadou Gon Coulibaly, présentés comme les potentiels héritiers du « brave tchè » suffiraient pour corroborer cette thèse. Certains analystes vont jusqu'à trouver dans la guerre à fleurets moucheté que livrerait l'ancien ministre de l'Agriculture à l'actuel locataire de la primature un lien avec la succession à M. Ouattara. Malgré les démentis et les mises au point, tous s'aperçoivent que la course de fond engagée par plusieurs cadres du Rdr n'est pas vaine. Et, entre extrémistes et modérés, la bataille risque d'être fort épique, comme cela se voit au Togo. En attendant de croiser le fer, Touré Mamadou parie que, pour Alassane Ouattara, «le prochain gouvernement devra être un gouvernement d'ouverture. Il a dit clairement dans son programme que, s'il est élu, le Fpi prendra part à son gouvernement. C'est un engagement qu'il a pris et qu'il respectera. Nous sommes dans une alliance avec le Rhdp. Si par extraordinaire, il n'est pas élu, il sera tout de même au gouvernement parce que l'un de ses alliés aura gagné. Pour nous, l'hypothèse pour que Gbagbo gagne est très mince »
Francis Wodié
Le président du Parti ivoirien des travailleurs (Pit) a, lui aussi, un parcours qu'on peut croiser avec celui du leader historique de l'Ufc. Selon certains acteurs de la scène politique nationale avec lesquels nous avons échangé, hier, c'est depuis son entrée au gouvernement d'Henri Konan Bédié en 1998 que Francis Wodié s'est « grillé ». Pour ces personnalités, c'est le même sort que connaîtra le président de l'Ufc qui a noué une alliance avec le chef de l'Etat togolais. Même si du côté du Pit, on préfère ne pas aborder la question, son secrétaire général n'écarte pas la possibilité de l'aborder en interne, au cours d'une réunion annoncée pour mercredi.
Marc Dossa