Il a fini par l’avouer. Tout n’est que rancune et vengeance entre le media français et lui. De tous les pouvoirs ivoiriens, celui du Chef de l’Etat Laurent Gbagbo est le plus dur avec Radio France International (RFI). La radio a vu suspendre à plusieurs reprises, la diffusion de ses émissions sur le territoire ivoirien. Pis, le correspondant permanent de RFI à Abidjan, a été assassiné en octobre 2003 par un soldat ivoirien. Une situation difficile à comprendre d’autant que durant la décennie 90, on disait que l’opposant Laurent Gbagbo était le chouchou de RFI conduisant même le ‘‘vieux’’ Houphouët à quelques courroux contre la radio. Dans un long entretien diffusé lundi dernier sur la même radio, le Chef de l’Etat laisse échapper quelques idées qui ont pu justifier son attitude. A une question précise sur le bilan de ses dix années au pouvoir, le Chef de l’Etat-candidat se dévoile : « Je n’ai pas encore commencé la campagne. Ce n’est donc pas sur RFI que je vais commencer ma campagne. Je voudrais aussi signaler qu’en 2000, quand je faisais campagne, elle m’a royalement ignoré. Je ne suis pas rancunier, mais je rappelle les faits (…) ». Une déclaration pleine de contrevérités et de contrastes. Le nationaliste ivoirien aurait donc voulu ouvrir tous les journaux de RFI ou tout au moins toutes ses éditions Afrique. Que n’a-t-il pas dit sur ces « Ivoiriens qui occupent de jour comme de nuit les médias internationaux pour dénigrer leur pays » ? Cela ne devait être que de la jalousie. Mais à la vérité, RFI n’a jamais ignoré le candidat Laurent Gbagbo en 2000. C’est sur les ondes de cette radio notamment qu’il s’est autoproclamé pour la première fois Chef de l’Etat. C’est également au micro de Radio France International que Charles Josselin, ministre de la Coopération d’alors, et Guy Labertit, alors responsable Afrique du Parti socialiste français, ont désapprouvé la prise de position du Général Robert Guéi et apporté leur soutien ferme au candidat Gbagbo. De facto celui de la France. Une des clefs majeures de son accession au pouvoir. Il est donc ingrat de tenir un discours contraire. Mais c’est connu chez le Chef de l’Etat ivoirien. Chez lui, la vérité n’est que circonstancielle. Au demeurant, son discours révèle, si besoin était, que Laurent Gbagbo est plus francophile que quiconque. Tous ses cris, ses coups de gueule, toute sa détresse ne sont en réalité que l’expression d’un profond dépit amoureux. De son avis, il aime tellement la France et les français qu’ils ne le lui rendent pas à sa juste mesure. Alors, il se rebelle pour dire sa haine. Mais au fond, pour réclamer de l’amour. Tout bien considéré, cette déclaration du Chef de l’Etat est aussi un aveu de ce qu’il attend de la presse : « Si vous êtes influent et que vous n’êtes pas avec moi, je ne vous laisserai jamais tranquille ». RFI, plusieurs médias internationaux et aussi la presse de l’opposition en novembre 2004 l’ont appris à leurs dépens. Bien sûr, le Chef de l’Etat saura très bien dire le contraire. Normal, c’est un homme double.
KIGBAFORY Inza
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