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Politique Publié le mardi 1 juin 2010 | Le Patriote

Oui, tout le monde a gouverné!

“Pour moi, une élection se joue sur sa valeur propre. C’est vrai qu’il y a une campagne, mais elle se fait aussi en comparaison avec les autres. Or, on a la chance que chacun d’entre nous a déjà gouverné. Les Ivoiriens savent ce que chacun a fait et ce que chacun compte faire». Laurent Gbagbo, le président sortant et candidat des socialistes ivoiriens fait bien de le dire, dans son interview à la radio française. Les trois principaux candidats à la prochaine présidentielle en Côte d’Ivoire, à savoir Ouattara, Bédié et lui-même ont géré le pays. Les Ivoiriens, qui éliront le prochain président ivoirien, ont vu chacun des protagonistes à l’œuvre. De prime abord, le patron des républicains. Alors gouverneur de la BCEAO à Dakar, Alassane Ouattara a été appelé à la rescousse par le président Félix Houphouët-Boigny, pour sauver son régime en proie à une crise économique et une fronde populaire, dont l’épicentre demeurait la restauration du Multipartisme en avril 1990. Alors que la situation était intenable, au point où tous les dignitaires du plus vieux parti s’étaient enfermés à double tour, pour se mettre à l’abri de la cognée populaire, ADO a tout abandonné, pour descendre dans l’arène, afin de sauver le pouvoir d’Houphouët et son pays en proie à une crise aiguë. Sous le regard d’un Boigny affaibli par la maladie, Alassane Ouattara d’abord à la tête d’un comité interministériel, est devenu Premier ministre de 1990 à 1993, avec entre ses mains, la réalité du pouvoir d’Etat. En trois ans, l’ancien directeur général adjoint du FMI a remis son pays sur les rails. Economiste avisé et averti, il a mis en place un plan de redressement des finances de l’Etat, redonné la confiance aux bailleurs de fonds qui ont repris la destination Côte d’Ivoire. Mieux, il a fermé toutes les poches de gabegie, mis en demeure tous les citoyens, y compris les dirigeants du PDCI, à payer leurs impôts, pour le salut de la nation. Non sans réduire le train de vie de l’Etat, par la réduction des véhicules de services par trop nombreux. Convaincu que l’ennemi du développement était l’oisiveté, Ouattara a mis les Ivoiriens au travail. Ainsi dès 7h30 du matin, tous les fonctionnaires étaient à leur poste, travaillaient effectivement pour mériter leur salaire. Au niveau de l’éducation de la jeunesse, Alassane Ouattara a construit de nombreuses écoles primaires, des collèges et lycées à travers toute la nation. Face à l’université de Cocody devenue inopérante, il a créé des universités à Bouaké, Korhogo et Daloa, qui ont formé de nombreux cadres. Au plan culturel, il est l’initiateur du Palais de la Culture, aujourd’hui pris en otage par les frontistes. Au plan sportif, c’est sous sa houlette que les Eléphants de Côte d’Ivoire ont remporté la première et unique coupe d’Afrique des nations de football, en 1992 au Sénégal. Qui plus est, c’est encore Ouattara qui, par des mesures draconiennes mais salutaires, a préparé «la pluie des milliards» qui s’est abattu sur notre pays, au lendemain de la dévaluation du franc CFA. Cette vérité, tout le monde la connaît. C’est pour avoir sauvé son pays une première fois en 1990 que le leader des républicains, a décidé de faire acte de candidature, pour «mettre son expérience nationale et internationale au service de ses compatriotes». «J’aime mon pays, j’aime mes concitoyens, c’est pourquoi j’ai décidé de briguer la Magistrature Suprême… », ne cesse-t-il de dire.

A côté du président Ouattara, il y a son allié du RHDP, en l’occurrence Aimé Henri Konan Bédié, le candidat du PDCI RDA. Lui, a gouverné la Côte d’Ivoire, au lendemain de la disparition de Félix Houphouët-Boigny. De décembre 93 à décembre 1999, il a dirigé le pays. Pendant six ans, cet économiste et diplômé de droit de l’université de Poitiers, a également à son actif, de nombreuses réalisations, notamment les chantiers de l’Eléphant d’Afrique qu’il n’a pu terminer, en raison du coup de force de décembre 99 du Général Robert Guéi qui l’a évincé du pouvoir. C’est peu de dire que le président Bédié a une haute idée de la gestion de l’Etat. Face à ses deux alliés, il y a Laurent Gbagbo, le camarade socialiste, l’ancien opposant dit historique. Par le biais d’un coup de force militaro- politique, il se trouve à la tête de la République depuis dix ans. C’est peu de dire que son règne qui s’apparente à une éternité, a plongé la Côte d’Ivoire dans le chaos et la banqueroute. Dix ans de complots tous azimuts, de crimes de sang, de détournements de deniers publics, d’enrichissement vertigineux des pontes du régime et des missi dominici, d’assassinat programmé de l’école et du système éducatif en général. Pendant une décennie, l’argent du pétrole, du café et du cacao n’a servi à rien d’autre qu’à remplir les comptes bancaires de ceux qui se prévalaient naguère du titre de «poches de moralité». Pas un jour ne passe sans que l’on ne fasse état de scandales dans le camp présidentiel. Comme si ces maux n’étaient pas suffisants et dommageables pour la nation, la refondation a propulsé la Côte d’Ivoire dans la première guerre fratricide de son histoire. Oui, tous les trois principaux candidats ont gouverné. Plus que quiconque, Laurent Gbagbo en est persuadé. Il sait tellement bien qu’il n’arrive pas à la cheville de Ouattara et de Bédié qu’il ne semble pas pressé à aller aux urnes. Depuis plus de cinq ans, les Ivoiriens réclament une présidentielle qui ne vient pas par la faute d’un Laurent Gbagbo qui ruse et use de subterfuges pour se soustraire du suffrage universel et demeurer au pouvoir sans élection. Oui, tout le monde a gouverné et Gbagbo sait foncièrement que sa décennie de gestion de la chose publique a rimé avec mauvaise gouvernance, scandales permanents, mal développement et violations constantes des droits de l’homme. Son règne inauguré par le sang a détruit les fondements de la nation. Sa gouvernance du pire aura été un cauchemar pour les populations, qui attendent impatiemment la présidentielle pour signer l’arrêt de mort de la refondation.

Bakary Nimaga
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