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Politique Publié le mardi 1 juin 2010 | Le Patriote

Les demies vérités de Gbagbo

Laurent Gbagbo a parlé. Le chef de l’Etat a accordé une interview à la Radio française RFI. Nous vous avons proposé l’intégralité les propos tenus par le patron de la Refondation. Un tissu d’amalgames, de demies vérités et de contrevérités qui donne un caractère manipulateur à cet entretien. Voici, en dix phrases, les grandes tentatives d’intoxication de l’opinion.


1 «Pour la réunification, j’ai fait ma part.»

Evidemment, le processus piétine par la seule volonté de Laurent Gbagbo qui refuse d’aller aux élections. En ce qui concerne la date du scrutin, on attend de lui qu’il rencontre comme promis, le Premier ministre et la Commission Electorale. Sur le volet militaire, il n’y a aucune lisibilité quant à la constitution de la nouvelle armée. Le CCI chargé de la sécurisation du processus est royalement ignoré, faute de financement. Gbagbo préférant injecter des milliards dans des assemblées annuelles de la BAD. Si le processus piétine, c’est à cause de lui.


2 «Je suis après Houphouët, peut-être un peu plus que lui, celui qui a, par an, signé plus de décrets de naturalisation»

Incroyable mais vrai ! Comment un nouveau champion de l’Ivoirité qu’est devenu Laurent Gbagbo peut-il se vanter d’avoir ouvert le pays aux étrangers plus que ne l’a fait Houphouët-Boigny ? Le premier Président de la Côte d’Ivoire a rêvé d’un pays d’ouverture, riche de sa diversité. Il s’en est donné les moyens. Notre pays avec Houphouët-Boigny a accueilli beaucoup d’étrangers dont des milliers ont été intégrés. Sous Bédié, on se rappelle du décret collectif de naturalisation signé à l’attention des populations burkinabé installées dans la région forestière à Bouaflé. Avec Gbagbo, c’est plutôt la chasse aux étrangers et aux dénonciations calomnieuses, niant à ceux d’entre eux qui ont été régulièrement naturalisés, leur statut d’Ivoirien. A moins que la naturalisation du comédien Adama Dahico, le seul décret connu des Ivoiriens, ne vaille à lui seul, des milliers.


3 « L’Etat français, à travers Jacques Chirac et De Villepin, voulait me renverser.»

Evidemment, une autre énormité. La France, en l’état actuel des informations disponibles et selon ce qu’il a été donné de constater lors de la rébellion de 2002 a tout mis en œuvre pour sauver le fauteuil de Laurent Gbagbo. Sans interposition des Forces armées françaises, le MPCI, le MPIGO et le MJP se seraient rapidement emparés des villes comme San Pedro, Yamoussoukro et Daloa. Livrant Abidjan à leur appétit.


4 « Il n’y a pas de raison que j’aille en France tant qu’on n’a pas discuté.»

Le problème, c’est qu’avec Laurent Gbagbo, les Ivoiriens ont l’impression d’avoir face à eux, un homme vierge qui dit une chose et fait le contraire. N’est-ce pas Laurent Gbagbo qui a fait des mains et des pieds pour être reçu au Palais de l’Elysée par Nicolas Sarkozy ? Il a employé diverses voies diplomatiques pour se faire entendre de la France. N’Zi Paul David, son directeur de cabinet, Gervais Coulibaly, son porte-parole et sa deuxième épouse, Nady Bamba, y ont effectué des missions infructueuses. Ses amis Robert Bourgi et Guy Labertit ne cessent de frapper à la porte de Claude Guéant, Secrétaire général de l’Elysée. Sans oublier les nombreuses lettres déposées par l’ambassadeur Kipré Pierre mais demeurées sans réponse. Mais seulement, Laurent Gbagbo s’est contenté de quelques poignées de mains que Sarkozy lui a données au retour d’un sommet à Lisbonne ou à New York. Sa presse et la RTI s’en sont données à cœur joie.


5 « J’ai bien géré la crise»

La Côte d’Ivoire a connu une guerre de quelques mois, mais se trouve plongée dans une guerre politique aiguë qui affecte sa stabilité et son économie à cause d’un Chef d’Etat qui a refusé de faire ce qu’il aurait dû faire depuis le début : la négociation. A son retour d’Italie, Laurent Gbagbo a sorti les griffes contre les insurgés de l’armée là où il aurait dû négocier. Son intransigeance vaut aujourd’hui à la Côte d’Ivoire une instabilité et une situation de crise qui affecte plus de 80% de la population.


6- « Cette crise n’est pas née avec moi »

Sous le régime précédent, il y a certes eu des coups d’Etat ou des tentatives de putsch. Bien évidemment, c’était des opérations pour le pouvoir d’Etat. Or, en 2002, Laurent Gbagbo, de part les lois scélérates qu’il voulait faire adopter, a inspiré les Forces Nouvelles à prendre les armes pour dénoncer, ont-elles dit, les dérives tribales. Pendant 50 ans d’indépendance, c’est bien sous sa présidence que la Côte d’Ivoire a connu la guerre.


7 « Je voudrais signaler qu’en 2000, RFI m’a royalement ignoré. »

Evidemment, la Rédaction en Chef de la radio mondiale a dû tomber des nues en écoutant Laurent Gbagbo faire preuve de tant d’ingratitude. RFI avait ouvert ses antennes au candidat du FPI si bien que c’est cette radio qu’il a choisie pour lancer son appel à l’insurrection militaro-civile qui a eu raison de la junte militaire.


8 «Avant moi, la pauvreté était bien là»

Comparer la Côte d’Ivoire d’antan à celle de ces dernières années, c’est bien évidemment faire fausse route. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le pays n’a jamais été aussi pauvre qu’il ne l’est actuellement. Selon les enquêtes de la Banque mondiale et de l’Etat ivoirien, plus de 48% des Ivoiriens sont pauvres. Sur dix Ivoiriens, moins de quatre gagnent plus 500 Fcfa par jour. Quel investissement y a-t-il eu depuis l’an 2000 ? Aucun ! Le résultat est là avec la situation de délestage inédite qui secoue le pays depuis des mois.


9- « Les vols dans la filière café-cacao ont commencé après janvier 2003, c’est-à-dire après Marcoussis. »

Il s’agit d’intoxication et de manipulation. Le pillage des ressources minières et agricoles a commencé bien avant la guerre et même dès les premières semaines de l’installation des Refondateurs. L’entourage de Laurent Gbagbo s’est lancé dans une course effrénée à l’enrichissement illicite. L’on se rappelle à ce propos, le rapport d’enquête de l’inspecteur d’Etat, Kouadio François disséquant déjà en début 2002, la gestion scabreuse dans la filière café-cacao. A cette période, il n’y avait pas de guerre. Mais, les dirigeants parachutés s’étaient fait attribuer des parachutes dorés et des salaires faramineux. Pour exemple, le PCA du FRC se faisait attribuer mensuellement plus de cinq millions de francs Cfa.


10- « Le peuple m’a élu et je suis très populaire»

Une autre contrevérité qui trouve sa source certainement dans les nombreux sondages complaisants commandités par et pour le compte de Laurent Gbagbo. D’abord, il n’a pas été élu dans des conditions démocratiques (ses principaux adversaires ayant été exclus du scrutin). Ensuite, Gbagbo gouverne dans l’illégitimité totale parce que minoritaire face aux opposants qui se sont regroupés au sein du RHDP, finissant un deuxième mandat sans élection..


Il veut tronquer l’histoire récente de la Côte d’Ivoire

Le vrai peuple attend Gbagbo aux élections


Dans son interview accordée à RFI, Laurent Gbagbo se présente comme « l’homme du peuple ivoirien ». Selon lui, il suffit qu’on tende le micro aux Ivoiriens pour qu’ils crient à l’unisson « on veut Gbagbo ! ». Belle preuve de narcissisme ! Cependant, si tant est que Gbagbo est le ‘’chouchou’’ du peuple ivoirien, pourquoi craint-il alors d’aller aux élections ? Comment explique-t-il les subterfuges utilisés çà et là par ses sous-fifres – le dernier en date est la fameuse opération clandestine engagée par l’ONI – pour retarder les prochaines échéances électorales ? Autant de questions que suscite cette autre sortie de Laurent Gbagbo. Et dans la foulée, le chef de l’Etat ivoirien situe cette côte de popularité à l’élection présidentielle de 2000. Répondant ainsi à la question portant sur l’origine de son différend avec la France, Laurent Gbagbo répond comme suit : « La tentative pour un pays (la France) de renverser un chef d’Etat (lui Gbagbo) légalement élu, légitimé par une élection démocratique et populaire ». Ce qui retient notre attention ici, c’est bien la notion de légitimité dont se prévaut le chef de l’Etat ivoirien. Laurent Gbagbo affirme qu’il dispose d’un pouvoir obtenu de manière légitime. Or, parler de légitimité suppose que la majorité du peuple se reconnaît en son pouvoir. En plus donc d’être fondée par le droit, la légitimité se rapporte à la notion de reconnaissance populaire. Est-ce le cas avec le président ivoirien, lui qui a reconnu aux lendemains de sa prise de pouvoir en 2000, qu’il a été élu dans des « conditions calamiteuses » ? Surtout qu’il n’avait pas tort de le dire, puisqu’il s’est agi d’une élection dépourvue de toute crédibilité avec l’exclusion des candidats majeurs que sont les présidents Alassane Dramane Ouattara du RDR et Henri Konan Bédié du PDCI-RDA. Faut-il aussi rappeler que cette élection présidentielle opposant Laurent Gbagbo au chef de la junte militaire, le général Robert Guéi, n’a concerné en réalité que moins de 20 % du corps électoral. Et la suite de cette mascarade électorale a été des plus tragiques pour la Côte d’Ivoire, avec à la clé, des manifestations de protestation contre le nouveau régime. Des mouvements populaires violemment réprimés par les Forces de l’ordre et qui se sont soldés par la découverte d’un charnier de 57 corps dans la commune de Yopougon.


Le FPI, un parti minoritaire


Et toujours contrairement aux dires de Laurent Gbagbo, lui et sa formation politique, le FPI, bénéficient en réalité de la sympathie de très peu d’Ivoiriens. En témoignent également les résultats des dernières élections dans notre pays. En effet, hormis le « coup de force » de la Présidentielle de 2000, le FPI n’a pu s’imposer dans aucune autre élection. Aux législatives, les 10 décembre 2000 et 14 janvier 2001 (partielles), comme à la Présidentielle, le RDR est absent à cause du rejet de la candidature d’Alassane Ouattara, son leader, dans la circonscription de Kong. Les candidats du RDR, en signe de solidarité envers leur président, se retirent de l’échéance. Ainsi, sur les 225 sièges prévus au parlement, c’est le PDCI qui l’emporte avec 98 sièges contre 96 pour le FPI. L’UDPCI, le MFA et d’autres se partagent le reste des sièges. Quant aux consultations municipales du 25 mars 2001, elles ont permis à toutes les sensibilités politiques du pays de s’exprimer dans les 197 communes du pays d’alors. Chacun des partis politiques a donc pu faire ses véritables comptes. Le RDR d’Alassane Ouattara, présent à cette consultation, sort vainqueur en remportant ces élections dans 63 communes. Le PDCI suit en rassemblant 60 communes. Le FPI se contente de 33 communes. Quand l’UDPCI et les indépendants s’en sortent avec le contrôle de 38 communes. Enfin, c’est l’élection des Conseils généraux du 7 juillet 2002 qui présentera le FPI, aux yeux de tous, comme un véritable parti minoritaire. D’abord, à travers des manigances, le parti de Laurent Gbagbo réussit tout de même à éliminer un grand nombre d’électeurs, sous prétexte que ceux-ci n’avaient pas les pièces adéquates pour voter. Sur 5.413.212 inscrits, il n’y a donc eu que 1.516.307 votants, soit un taux de participation de seulement 28,01 %. Près de 4 millions d’électeurs n’ont donc pas participé au vote des Conseils généraux. Ces personnes privées du vote se trouvaient surtout dans les quartiers d’Abidjan et des régions traditionnellement favorables au RDR. Mais malgré cela, c’est encore le RDR qui obtient le plus grand nombre de suffrages exprimés, avec 24,8 % et 10 départements. Le FPI suit avec 20,6 % de suffrages exprimées et 18 départements. Enfin le PDCI, avec 19,7 % et 18 départements.

Les chiffres sont donc là. Et ils sont clairs. Le FPI est un parti minoritaire. En tout cas, face au RDR et au PDCI. Et dire que ces deux grandes formations politiques se retrouvent dans une même coalition, avec l’UDPCI du Dr Albert Toikeusse Mabri et le MFA du ministre Innocent Anaky Kobenan : le RHDP. Il est donc clair que Gbagbo n’a aucune chance à la prochaine élection présidentielle. Une élection où le peuple ivoirien pourra enfin trancher en toute liberté.

Diawara Samou
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