x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Art et Culture Publié le lundi 31 mai 2010 | Notre Défi

Interview / Pablo De Gokra : ’’Je n’ai pas attendu que Gbagbo soit Président avant de le chanter’’

En prélude à ses deux cérémonies de dédicace qui auront lieu les 7 et 21 Août prochain, nous avons rencontré l’incontestable et adulé maître de la musique tradi-moderne (Bété). Cet incontournable maître de la parole nous parle de son parcours et comment Gnaoré Djimi lui a passé le flambeau quelques temps avant sa disparition. Faut-il le dire également, Pablo de Gokra est actuellement en studio…


Qui est Pablo De Gokra ?

Pablo De Gokra est un artiste-chanteur, compositeur. A l’Etat civil, c’est Toualy Tré Paul. J’ai beaucoup apporté à la musique ivoirienne. J’ai formé de jeunes musiciens qui, aujourd’hui sont connus sur le plan national et international. Je produis également d’autres artistes. Donc, je fais partie des pionniers de la musique ivoirienne.


Comment as-tu choisi la musique tradi-moderne ?

D’abord, c’est inné. Moi-même mon ambition était le football. Tout ce que Dieu fait étant bon sur la terre, je suis revenu à la musique. Et ça se passe bien.


Quelles relations entretenais-tu avec feu Gnaoré Djimi ?

Nous sommes tous les deux de villages voisins. Notons qu’il a commencé avant moi. Son père était un chansonnier. Djimi quant à lui, se produisait chez nous avec une guitare sèche. Il était accompagné de trois personnes. C’est à partir de là que je l’ai suivi. Nous étions des amis inséparables. Moi, comme je l’ai dit plus haut, j’ai choisi le football et je suis allé à Dabou pour évoluer à la SOCRAF de cette ville. Quant à mon ami Djimi, il est resté dans la musique et est allé à San-Pedro. De San-Pedro, il est venu à Abidjan. Quant àmoi, de Dabou, je suis retourné au village. Face à mon échec footballistique, je suis retourné au bercail et de là bas, j’ai décidé de relancer ma carrière artistique. C’est après que je suis arrivé ici à Abidjan en 1991. La première personne qui m’a accueilli fut le doyen Amédée Pierre. Il m’a sollicité, j’ai répondu à son appel et il m’a donné tout son matériel. Cela, dans le but de me faire connaître par le public. Ainsi, je me suis rendu à Issia où j’ai passé deux ans. Quand le doyen Amédée Pierre a repris son matériel, j’ai rejoint Gnaoré Djimi, mais à titre amical. Au cours de ses prestations, il me permettait, de temps en temps, de me produire. Avant sa mort, il m’a prodigué de sages conseils que je voudrais garder en secret.


Après le décès de Gnaoré Djimi, quelle est l’atmosphère entre vous que l’on considère comme ses successeurs ?

Après le décès de Gnaoré Djimi, il était difficile que les mélomanes adoptent un autre artiste. Puisqu’il était l’artiste le plus célèbre dans notre milieu. Et pourtant, il m’avait désigné comme son successeur. Mais il m’a fallu travailler d’arrache-pied afin que les fans m’adoptent. Sinon, le début était très dur. Malgré cette situation, je suis à mon 15e album. Parmi ces 15 albums, trois m’ont véritablement propulsé. Il s’agit de : ‘’Le polhiet continu’’, ‘’Zetemahi 1 et ‘’Qui a dit’’ ?’’


Gokra est-il un homme engagé dans le milieu musical ivoirien ?

Je le dis franchement, je suis très engagé dans la musique. Car à part la musique, je n’ai aucune autre activité professionnelle. La musique est donc mon métier et je ne peux la négliger. Politiquement, je n’ai pas attendu que Gbagbo soit Président de la République pour que je lui dédie des chansons qui étaient utilisées par ses hommes à l’occasion des cérémonies politiques. J’ai donné ma voix, ma personne et j’ai même risqué ma carrière pour ce grand homme que j’admire énormément. J’espère que Dieu me donnera l’occasion de lui serer la main un jour.


Après tout ce que tu as pu faire dans l’opposition pour Gbagbo contrairement à la grande majorité des artistes qui préfère chanter les hommes au pouvoir, pourquoi ne cherches tu pas à le rencontrer maintenant ?

J’ai plusieurs fois essayé de rencontrer le Président en vain. Les mêmes personnes qui utilisaient mes chansons à lui dédiées pour battre campagne m’en empêchent aujourd’hui. Paradoxalement, ce sont ceux qui chantaient pour les autres régimes qui sont aujourd’hui dans les grâces du pouvoir Gbagbo. Que puis-je faire ? J’espère que Dieu rétablira un jour cette injustice. Néanmoins, je continue de chanter mon Président, quand l’occasion m’est offerte.


Peut-on dire que tu as été trahi ?

Non, je ne parlerais pas de trahison à partir du moment que je n’ai signé aucun contrat avec qui que ce soit à cet effet. Seulement, c’est un peu frustrant que des amis artistes qui se moquaient de nous qui avions choisit l’opposition se retrouvent à la soupe pendant que nous autres ayons des difficultés à joindre les deux bouts. Mais vous savez, tant qu’il y a la vie, l’espoir est permis.


Veux-tu dire par là qu’il y a des gens qui t’empêchent de rencontrer le chef de l’Etat ?

Je ne veux accuser personne. Je suis un artiste. Je sais qu’un jour, je le rencontrerai.


Quels sont tes projets à court, moyen et long terme ?

Quand on travaille, c’est pour en bénéficier. Je suis dans la musique il y a 15 ans.mes projets sont énorme. Permettez que je n’en dise pas plus. Retenez seulement que les 7 et 21 Aout prochains, il y aura deux cérémonies de dédicace de mon nouvel album au bar éclat de yopougon.


Votre choix est au pouvoir. Est-ce à dire que vous suivez Gbagbo il y a longtemps ?

Oui. Depuis 1990 je lutte aux côtés de Gbagbo. Pendant l’élection présidentielle de 1990, nous avions été pourchassés dans notre village. Ce qui nous a contraints à dormir en brousse. En 1995, quand le boycott actif a été décrété, nous avions subi le même sort. A l’époque dans notre village, nous n’avions pas la paix. La gendarmerie nous avait matés parce que nous avions abattu des arbres sur les routes pour empêcher les véhicules de déposer les urnes et les autres accessoires de vote d’accéder à notre village. Je ne peux pas rentrer dans beaucoup de détails. Je suis un partisan avéré de l’actuel Président de la République. Je pense que cela devrait suffire…


Si Pablo de Gokra était en face de Laurent Gbagbo, quelles seraient ses doléances en vers lui ?

Au-delà des doléances, ce serait pour moi un grand honneur, un énorme plaisir. Maintenant ce que je vais lui dire, permettez que je lui réserve la primeur… remercier le président Gbagbo d’avoir instauré le changement en Côte d’Ivoire.


Quel est votre mot de fin ?

Il faut que la paix revienne en Côte d’Ivoire. Sans la paix, rien n’est possible. Nous les artistes, avons besoin de paix pour évoluer. Je voudrais profiter de cette interview pour remercier le Président qui a pris des dispositions pour lutter efficacement contre la piraterie. Nous souffrons énormément de cette piraterie. Aujourd’hui, si toutes les décisions prises par le chef de l’Etat sont mises en pratique, je crois que nous nous en sortirons un petit peu. Mais, au-delà même de cette guerre contre la piraterie, il faut que définitivement la Côte d’Ivoire revienne à la paix pour que nous puissions faire des prestations à travers tout le territoire ivoirien. Que les Ivoiriens puissent travailler dans la quiétude et donc avoir des moyens pour payer nos œuvres. Car sans la vente de nos œuvres, nous ne pouvons rien faire. Malheureusement, nous nous complaindrons dans la mendicité. Souvent, des gens se plaignent quand on va vers eux pour solliciter de l’aide. Mais que voulez-vous ? Ce qui devrait nous permettre de vivre décemment, est piraté et n’est pas distribué sur toute l’étendue du territoire national. Que Dieu protège la Cote d’Ivoire dans le creux de sa paume et que ‘’Notre Défi’’ que je remercie beaucoup prospère dans toutes ses initiatives…

Propos recueillis par St Norbert Kouadio et Henri Medi
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Art et Culture

Toutes les vidéos Art et Culture à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ