Film documentaire «Un Homme, Une Vision» de Hanny Tchelley - Les clés de l’arrivée au pouvoir de Laurent Gbagbo

La grande première mondiale du film-événement intitulé « Un Homme, Une Vision » réalisé par Hanny Tchelley s’est déroulée, le lundi 31 mai dernier, au Palais de la Culture d’Abidjan-Treichville. Seul Laurent Gbagbo lui-même savait qu’il accéderait un jour à la magistrature suprême de la Côte d’Ivoire. C’est ce qu’on peut retenir du film-événement « Un Homme, Une Vision » réalisé par Hanny Tchelley, dont la grande première a eu lieu le lundi 31 mai dernier à la salle François Lougah/Ernesto Djédjé du Palais de la Culture d’Abidjan-Treichville. Pendant 1h40 minutes, ce documentaire relève les clés de l’arrivée au pouvoir de Laurent Gbagbo. Pour comprendre l’histoire de ce héros, la réalisatrice plonge le spectateur d’entrée dans les années 60, notamment en 1963. on se retrouve dans la période des faux complots décrétés feu Félix Houphouet-Boigny, premier président de la République de Côte d’Ivoire et président du Pdci-Rda, parti au pouvoir. Paul Koudou est arrêté par la police en présence de ses enfants, dont l’aîné, âgé de 19 ans, se nomme Laurent Gbagbo. Il est accusé de faire partie des comploteurs. « Papa n’était pas homme à comploter. C’était une injustice », témoigne Gbagbo dans le film. Etape importante de sa vie qui va déterminer son engagement dans l’arène politique. Laurent Gbagbo poursuit des études brillantes et s’impose comme leader dans des associations estudiantines. L’une de ses premières actions contre le système Houphouet conduit à la dissolution de l’Uneeci. L’association estudiantine est remplacée illico par un autre mouvement, le Mouvement des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (Meeci) en vue de museler et de contrôler toutes les activités qui se tiennent dans l’univers scolaire et estudiantin. Dans ce contexte de parti unique et de pensée unique, Laurent Gbagbo s’inscrit désormais dans la voie de la clandestinité pour faire passer ses idées. Sa vision de la politique se dessine de plus belle quand il effectue son premier voyage en France. Il se met à l’école des idées de gauche telles que le marxisme et le socialisme aux côtés d’autres compatriotes, à savoir Bernard Zadi Zaourou, Assoa Adou. C’est d’ailleurs, révèle-t-il dans cet élément filmé, dans la chambre d’étudiant d’Assoa Adou à Strasbourg, que la charte du Front populaire ivoirien (Fpi) a été rédigée. Après ses études universitaires, Gbagbo rentre dans son pays où il se retrouve à enseigner l’histoire au mythique Lycée classique d’Abidjan. Sa formation universitaire est loin d’être fortuite. Puisqu’il apprend à connaître l’histoire des peuples et, en particulier, celle de son pays. En historien avisé, il sait désormais comment mener son combat politique pour l’avènement d’un Etat démocratique en Côte d’Ivoire. Une vision qu’il mène avec courage, détermination, persévérance et dignité. Il connaît la prison (dans les années 70 et dans les années 90). Il connaît aussi l’exil en 1982. Il échappe à plusieurs tentatives d’assassinat, dont celle de 1992 sous l’ex-Premier ministre Alassane Dramane Ouattara. Toujours fidèle à sa volonté d’accéder au pouvoir d’Etat par les urnes, Laurent Gbagbo refuse l’option de recourir aux armes pour renverser le régime Pdci. Régime hermétiquement fermé au dialogue avec l’opposition, tant du règne d’Houphouet qu’à celui de son dauphin constitutionnel, Aimé Henri Konan Bédié. « Il ne s’est jamais fait acheter », martèle le professeur Jean Ziegler, homme politique, sociologue et écrivain suisse, dans ce documentaire. Qui, comme des personnalités politiques africaines, telles que l’ex-président sud-africain Thabo Mbeki ; Ousmane Tanor Dieng, secrétaire général du Parti socialiste sénégalais ; Gérard Fuchs, économiste, membre du Parti socialiste français ; Henri Emmanuelli, député, ancien président de l’Assemblée nationale française ; Guy Labertit, délégué national Afrique du Parti socialiste français ; Dr. Arsène Ye Bongnessan, ancien président de l’Assemblée nationale du Burkina Faso, pour ne citer que celles-là, livre un témoignage émouvant et poignant sur le parcours et le charisme de l’opposant d’hier devenu, depuis le 26 octobre 2000, président de la République de Côte d’Ivoire. Une vision qu’a bien voulu partager Abderrahmane Ndiaye, le producteur du film, avec la Côte d’Ivoire, l’Afrique et le monde entier. Cette grande première qui a eu lieu en présence de la Première Dame, Simone Ehivet Gbagbo, sera suivie d’une tournée européenne dans les mois à venir. Sérikpa Benson