Victime résignée

«Le football n’est pas une science exacte ». « Le football est une science ». « Le football demande un peu de chance car l’art et le talent ne peuvent tout faire». La chance, un peu de chance. Et tout est gagné. Ne joue-t-on pas pour la victoire? La victoire finale ? Aller à une compétition et dès le départ parler de sauver l’honneur est une preuve de faiblesse. Quelle équipe en ce monde, ne voudrait-elle pas voir son capitaine, à ses côtés, ses co-équipiers, brandir le trophée le plus sublime du monde : le joyau mondial du football ? Pour les Eléphants, le bilan est fait avant la compétition. Le deuxième tour est l’objectif final. Alors que le ballon court pour tout le monde. Les exégètes de notre sport-roi ont décidé de ce qu’une accession à ce deuxième tour serait une finale jouée et remportée. Un plan a même été concocté : jouer deux matchs nuls contre le Portugal, se débrouiller contre le Brésil et battre la Corée du nord. Ainsi, les Ivoiriens descendront dans les rues pour crier leur joie et oublier leurs déboires. A aucun moment, nos experts n’avancent que cette coupe doit rester en Afrique, qu’un pays africain doit la remporter. Là où chaque pays vient pour démontrer qu’il est une nation de football qui compte, on se retrouve avec des discours du genre, « l’Afrique doit prouver ». L’Afrique, c’est plus d’une cinquantaine de pays qui clament leur souveraineté. Ils en sont d’ailleurs très jaloux. Maintenant qu’avec ce premier mondial, il est demandé à chacun de démontrer sa valeur intrinsèque, on veut nous ressasser les vieilles théories sur le panafricanisme: si la Côte d’Ivoire n’avance pas, le Cameroun est là ; le Ghana peut faire l’affaire. Les autres viennent jouer pour un pays, nous autres aspirons à toucher au ballon pour un continent. La Côte d’Ivoire gagnerait à jouer pour sa gloire plutôt que de vouloir compter à la balance. A cette balance de la coupe du monde, elle ne pèse pas lourd. Sauf si ses joueurs nous démontrent le contraire. Ce que nous souhaitons.


TRAORE B. TEGUERE