L’opération de déguerpissement, initiée par la mairie d’Abobo, a été un échec. Les ferrailleurs s’y sont opposés.
A la casse d’Abobo, les ferrailleurs battent le pavé. Ils refusent de quitter les abords du trottoir sous prétexte qu’ils n’ont pas reçu de lettre de mise en demeure. « Je ne comprends pas. On vient un matin nous chasser d’ici. Nous nous débrouillons pour avoir à manger. La mairie dit de quitter le trottoir mais aucun espace n’a été aménagé pour nous accueillir », clame Savané Ousmane, un vendeur de pièces automobiles à la casse d’Abobo. Son magasin, construit en feuilles de tôle, et installé sur le trottoir, a été détruit hier par la mairie Selon lui, il ne trouve pas d’inconvénients à occuper cet espace. « On n’a pas de place. Donc, j’ai négocié avec le propriétaire du magasin pour m’installer devant son box. Je paie chaque jour la taxe de la mairie.
L’opération était mal goupillée
On aurait dû nous prévenir avant de faire quoi que ce soit », peste le jeune homme de 34 ans en compagnie d’autres artisans ivres de colère. Traoré Karim crie sa colère face à ce qu’il qualifie « d’acharnement » de la mairie. Selon un agent de la mairie qui a requis l’anonymat, l’échec de l’opération était programmé. « Le propriétaire du bulldozer a fait faux bond. Il n’est pas venu avec sa machine sous prétexte que sa vie était menacée. On ne peut chasser des gens dans ces conditions », avance-t-il. Toutefois, Karim estime que l’occupation du trottoir est un mal nécessaire. « On sait que ce n’est pas normal. Mais, il n’y a pas d’espace. On ne sait pas où partir et, nous devons travailler pour vivre. », explique Karim convaincu qu’une solution peut-être trouvée par la négociation. Pas question, répliquent Ousmane et Salif. « Aucun d’entre nous n’a reçu de lettre de mise en demeure. Donc, nous ne bougerons pas d’ici », menacent-ils en chœur. La tension est électrique face au refus des ferrailleurs. Des éléments de la police des commissariats du 14ème et du 21ème arrondissements appuyés par des gendarmes tentent de contenir la contestation des artisans. Mais ils n’y parviennent pas vu la détermination des concernés qui occupent le trottoir. C’est un dialogue de sourds qui s’installe. Les ferrailleurs maintiennent la pression. «On ne partira pas d’ici», lance un jeune ferrailleur dans la foule massée au rond-point d’Anador. Si certains artisans affirment qu’ils n’ont pas reçu de papier de la mairie leur demandant de quitter le trottoir, d’autres soutiennent le contraire. Koné Ibrahim, vendeur de pièces de rechange, reconnaît qu’une lettre de mise en demeure lui a été adressée, au début du mois de mai. « J’ai effectivement reçu le document. Je suis d’accord sur le principe. Mais, on demande à la mairie de nous accorder un espace. Cela est nécessaire car il n’y a pas de parking pour accueillir les véhicules de nos clients. On peut essayer d’arrondir les angles pour que nous occupions la devanture des magasins. Donc, le problème, c’est de bien délimiter l’espace », dit-il. L’argument d’Ibrahim est partagé par Coulibaly Amidou. Selon lui, des moyens financiers devaient être dégagés par la mairie pour construire un parking et mettre des grilles tout au long du trottoir permettant ainsi de délimiter la zone. « On paie nos taxes à la mairie. Elle peut utiliser une partie de cet argent pour réaliser ces travaux. Nous savons que l’occupation du trottoir est un risque. On est exposé aux accidents de la circulation. Il y a aussi le fait que cette situation gêne énormément le trafic routier à cet endroit. Mais, la mairie doit circonscrire la zone en mettant en place des balises », insiste Amidou. Même son de cloche du côté des leaders syndicaux. Fofana Bangali, 1er vice-président de l’Afeca (association des ferrailleurs d’Abidjan, ndlr) et Diallo Aboubacar Sidick, secrétaire général de l’Aferci (Association des ferrailleurs de Côte d’Ivoire, ndlr) soutiennent que l’opération a été mal conduite. Selon eux, la mairie devait définir un périmètre permettant aux artisans de vaquer à leurs occupations. Nous avons approché Dosso Mamadou, assistant du secrétaire général de la mairie. Il était présent sur les lieux. « Nous avons adressé aux ferrailleurs 1000 exemplaires de lettres de mise en demeure. Cette opération devait avoir lieu en mai. Mais à cause des assemblées annuelles de la Bad, nous avons reporté le déguerpissement. La dernière mise en demeure date du 24 mai. Et les ferrailleurs devaient quitter le trottoir le 1er juin. Je signale que ce sont les deux syndicats de ferrailleurs à savoir l’Aferci et l’Afeca qui sont à la base de cette opération. Ils ont sollicité la mairie. Des moyens conséquents ont été dégagés pour mener à bien l’opération. Il était question de construire des parkings, mettre des balises tout au long du trottoir. Nous sommes victimes de la mauvaise foi des gens. Mais nous n’allons pas fléchir face à cette situation. L’opération va être retardée mais elle aura lieu », promet le collaborateur de Ouattara Alain, le Sg de la mairie. L’objectif de l’opération, poursuit Yves Doumbia, chargé de communication à la mairie, est d’assainir la voie publique.
Ouattara Moussa
A la casse d’Abobo, les ferrailleurs battent le pavé. Ils refusent de quitter les abords du trottoir sous prétexte qu’ils n’ont pas reçu de lettre de mise en demeure. « Je ne comprends pas. On vient un matin nous chasser d’ici. Nous nous débrouillons pour avoir à manger. La mairie dit de quitter le trottoir mais aucun espace n’a été aménagé pour nous accueillir », clame Savané Ousmane, un vendeur de pièces automobiles à la casse d’Abobo. Son magasin, construit en feuilles de tôle, et installé sur le trottoir, a été détruit hier par la mairie Selon lui, il ne trouve pas d’inconvénients à occuper cet espace. « On n’a pas de place. Donc, j’ai négocié avec le propriétaire du magasin pour m’installer devant son box. Je paie chaque jour la taxe de la mairie.
L’opération était mal goupillée
On aurait dû nous prévenir avant de faire quoi que ce soit », peste le jeune homme de 34 ans en compagnie d’autres artisans ivres de colère. Traoré Karim crie sa colère face à ce qu’il qualifie « d’acharnement » de la mairie. Selon un agent de la mairie qui a requis l’anonymat, l’échec de l’opération était programmé. « Le propriétaire du bulldozer a fait faux bond. Il n’est pas venu avec sa machine sous prétexte que sa vie était menacée. On ne peut chasser des gens dans ces conditions », avance-t-il. Toutefois, Karim estime que l’occupation du trottoir est un mal nécessaire. « On sait que ce n’est pas normal. Mais, il n’y a pas d’espace. On ne sait pas où partir et, nous devons travailler pour vivre. », explique Karim convaincu qu’une solution peut-être trouvée par la négociation. Pas question, répliquent Ousmane et Salif. « Aucun d’entre nous n’a reçu de lettre de mise en demeure. Donc, nous ne bougerons pas d’ici », menacent-ils en chœur. La tension est électrique face au refus des ferrailleurs. Des éléments de la police des commissariats du 14ème et du 21ème arrondissements appuyés par des gendarmes tentent de contenir la contestation des artisans. Mais ils n’y parviennent pas vu la détermination des concernés qui occupent le trottoir. C’est un dialogue de sourds qui s’installe. Les ferrailleurs maintiennent la pression. «On ne partira pas d’ici», lance un jeune ferrailleur dans la foule massée au rond-point d’Anador. Si certains artisans affirment qu’ils n’ont pas reçu de papier de la mairie leur demandant de quitter le trottoir, d’autres soutiennent le contraire. Koné Ibrahim, vendeur de pièces de rechange, reconnaît qu’une lettre de mise en demeure lui a été adressée, au début du mois de mai. « J’ai effectivement reçu le document. Je suis d’accord sur le principe. Mais, on demande à la mairie de nous accorder un espace. Cela est nécessaire car il n’y a pas de parking pour accueillir les véhicules de nos clients. On peut essayer d’arrondir les angles pour que nous occupions la devanture des magasins. Donc, le problème, c’est de bien délimiter l’espace », dit-il. L’argument d’Ibrahim est partagé par Coulibaly Amidou. Selon lui, des moyens financiers devaient être dégagés par la mairie pour construire un parking et mettre des grilles tout au long du trottoir permettant ainsi de délimiter la zone. « On paie nos taxes à la mairie. Elle peut utiliser une partie de cet argent pour réaliser ces travaux. Nous savons que l’occupation du trottoir est un risque. On est exposé aux accidents de la circulation. Il y a aussi le fait que cette situation gêne énormément le trafic routier à cet endroit. Mais, la mairie doit circonscrire la zone en mettant en place des balises », insiste Amidou. Même son de cloche du côté des leaders syndicaux. Fofana Bangali, 1er vice-président de l’Afeca (association des ferrailleurs d’Abidjan, ndlr) et Diallo Aboubacar Sidick, secrétaire général de l’Aferci (Association des ferrailleurs de Côte d’Ivoire, ndlr) soutiennent que l’opération a été mal conduite. Selon eux, la mairie devait définir un périmètre permettant aux artisans de vaquer à leurs occupations. Nous avons approché Dosso Mamadou, assistant du secrétaire général de la mairie. Il était présent sur les lieux. « Nous avons adressé aux ferrailleurs 1000 exemplaires de lettres de mise en demeure. Cette opération devait avoir lieu en mai. Mais à cause des assemblées annuelles de la Bad, nous avons reporté le déguerpissement. La dernière mise en demeure date du 24 mai. Et les ferrailleurs devaient quitter le trottoir le 1er juin. Je signale que ce sont les deux syndicats de ferrailleurs à savoir l’Aferci et l’Afeca qui sont à la base de cette opération. Ils ont sollicité la mairie. Des moyens conséquents ont été dégagés pour mener à bien l’opération. Il était question de construire des parkings, mettre des balises tout au long du trottoir. Nous sommes victimes de la mauvaise foi des gens. Mais nous n’allons pas fléchir face à cette situation. L’opération va être retardée mais elle aura lieu », promet le collaborateur de Ouattara Alain, le Sg de la mairie. L’objectif de l’opération, poursuit Yves Doumbia, chargé de communication à la mairie, est d’assainir la voie publique.
Ouattara Moussa