Le Facilitateur du dialogue direct inter-ivoirien se dessaisira-t-il du dossier ivoirien ? Tout laisse à le penser. En effet, dans une interview accordée, hier, à la chaîne de télévision internationale « France 24 », le président burkinabé, Blaise Compaoré, l`a laissé clairement entendre, hier. Il a confié que son espoir de voir ses « frères » ivoiriens faire la paix pourrait connaître ses limites, cette année, si les élections de sortie de crise ne sont pas organisées. « Mes limites pourraient s`arrêter, cette année », a-t-il prévenu, ajoutant : « En tout cas, je ne m`occuperai plus de la médiation à ce niveau ». C`est en marge du 25e sommet Afrique-France qui s`est tenu du 31 mai au 1er juin dernier à Nice que le président burkinabé a annoncé son probable retrait du dossier ivoirien. Signe d`un agacement face à une crise qui a du mal à trouver solution ou véritable malaise entre lui et le chef de l`Etat ivoirien, Laurent Gbagbo ? Difficile de trouver la bonne réponse. Ce qui est pour le moins sûr, c`est que la sortie de M. Compaoré vient confirmer ce qui se murmurait, notamment dans la presse burkinabé, repris par plusieurs confrères ivoiriens. « Palais de Cocody : ci-gît l`Accord politique de Ouaga », barrait à sa Une de lundi dernier, le quotidien burkinabé, « L`Observateur Paalga » qui analyse que : « l`agenda du président ivoirien, depuis que celui-ci a congédié le patron de la Commission électorale indépendante (CEI), Mambé Robert Beugré, et remanié le gouvernement en février dernier, n`en finit pas de semer le doute dans les esprits ». Nonobstant cette annonce, le « parrain de l`Apo » reste convaincu qu`on n`assistera pas à une escalade de la violence. « Le travail pour la réunification a débuté depuis longtemps. Dans le Nord, une administration militaire et fiscale a été mise en place. Des progrès substantiels ont été enregistrés », fait-il remarquer. Mais selon certains observateurs avertis de la scène politique, la sortie de Blaise Compaoré vise surtout à mettre la pression sur les acteurs politiques ivoiriens, en premier, Laurent Gbagbo pour que se tiennent enfin les élections tant attendues par les Ivoiriens. Une analyse qui n`est pas loin d`être juste quand on sait que l`opinion nationale et internationale a placé beaucoup d`espoir dans l`Accord politique de Ouaga. D`où les inquiétudes suscitées par les blocages dans la mise en œuvre dudit accord. « Il faut tout faire pour aller aux élections. Il faut encourager tous les acteurs du processus de sortie de crise à jouer franc jeu, sinon, nous allons continuer à tourner en rond. Si le Facilitateur s`en va, aujourd`hui, on trouvera sans doute quelqu`un d`autre pour le remplacer, mais cela nous garantira-t-il une sortie effective de la crise ? », a réagi, hier au téléphone, Philippe Légré, membre du directoire du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp).
Marc Dossa
Marc Dossa