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Économie Publié le vendredi 4 juin 2010 | L’expression

Abidjan - Quand l’eau devient une denrée rare

Les populations victimes de la pénurie sont obligées souvent au risque de leur vie de braver plusieurs obstacles pour avoir quelques gouttes d’eau.

L’eau courante a commencé à disparaitre à Abidjan. Très peu de quartiers de la capitale économique ivoirienne sont à l’abri de la pénurie du précieux liquide. Les assurances et promesses données périodiquement par la Société de distribution d’eau en Côte d’Ivoire (Sodeci), ne rassurent plus les populations. A Koumassi remblais, où nous nous sommes rendus en début de semaine, les ménagères font la queue devant les robinets, souvent en piteux état, pour se ravitailler. A leurs pieds, des bassines et des seaux placés selon l’ordre d’arrivée. Et les disputes ne manquent pas à ces endroits. Des querelles qui résultent souvent des tentatives d’entorse à l’ordre ‘’protocolaire’’. Une situation qui a provoqué une rixe entre deux dames. Sans la promptitude des autres, elles en seraient venues aux mains. « C’est pratiquement comme ça. Elles viennent très tôt pour prendre l’eau et souvent des disputes éclatent entre elles. Moi-même je suis obligé d’aller chercher l’eau chez des amis vers l’hôtel Ibis pour mon frère et moi », explique Coulibaly A. Selon lui, cette situation fait reléguer au second plan les soucis d’hygiène corporelle. « Si tu te laves le matin, tu t’arranges à ne pas trop transpirer. Ce qui te permet d’attendre le lendemain pour prendre à nouveau une douche. Ou tu te laves les dents et le visage le matin et le soir tu prends ta douche », révèle l’adolescent. Sylla D ajoute lui que l’eau ne se présente, souvent qu’à 23. « Une fois notre cuisine a été presque inondée, parce qu’on avait ouvert le robinet, et la servante s’est endormie », rappelle Sylla qui ne peut s’empêcher d’en rire. Mais ces moments de joie cachent beaucoup de difficultés. Une véritable corvée pour les Abidjanais. Du côté de Yopougon toits rouges, les habitants des immeubles, sont les plus défavorisés. En plus du manque d’eau, ils doivent acquérir des suppresseurs, pour faire monter le liquide.
La chasse à l’eau…
La situation est devenue intenable pour de nombreuses familles. Les mères et leurs filles se réveillent à des heures impossibles pour ramener de l’eau à la maison. C’est le cas de la famille Gnéoulou à Abobo Belleville. A en croire l’ainé de la troupe, ses sœurs ne dorment presque pas les jours de coupure. Etant donné que les robinets sèchent le matin à 6h, elles doivent être sur les lieux le plus tôt possible. Face à cette situation, Gnéoulou Paul remplit des bidons à Angré qu’il leur apporte. Pour lui, il est important que la maisonnée ne manque pas du précieux liquide. A cet effet, il a demandé à ses sœurs de faire des prévisions et des économies. Toutefois, il craint voir ses sœurs se faire agresser en allant cherche de l’eau dans la nuit.
Au risque de leur vie
« Des femmes ont une fois été agressées par des bandits alors qu’elles partaient chercher de l’eau vers 4h du matin », raconte le cadre commercial. Et, à l’en croire, plusieurs personnes ont fait les frais des mauvais garçons en allant chercher cette source de vie. Ce témoignage traduit ce que peuvent êtres les effets collatéraux du manque d’eau. La question de l’eau reste un véritable souci dans une ville, comme Abidjan, qui grandit de jour en jours. Sans oublier les opérations immobilières qui naissent à tour de bras. Alors que l’eau disparait des robinets. Certes la question est débattue au cours des conférences et séminaires des décideurs et acteurs du secteur. Elle a même été abordée au cours des Assemblées annuelles de la Bad tenues les 27 et 28 mai à Abidjan. Mais les populations attendent toujours. Les associations de consommateurs en marge des assises de la Bad avaient attiré l’attention des experts sur le problème. Afin que l’eau qui constitue la source de vie puisse être servie de manière régulière aux populations. Soumahoro Ben Faly, président de l’Association pour la protection des consommateurs actifs de Côte d’Ivoire (Aproca-ci), pense qu’il faut commencer par diminuer le nombre de stations de lavage auto. Ce nouveau business, à l’en croire, doit être régulé par les pouvoirs publics. Parce qu’il n’est pas normal, dit-il, que les gens manquent d’eau au détriment de l’entretien des véhicules. Une solution qui peut provoquer d’autres problèmes.
Kuyo Anderson
Légende : L’eau sonne de vie est introuvable à Abidjan.

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