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Art et Culture Publié le samedi 5 juin 2010 | L’intelligent d’Abidjan

Les Samedis de Biton : Les planteurs du dimanche

Quel beau titre pour une chanson ! J’aurais bien voulu l’écrire si j’étais chanteur ou parolier. Ici, le chanteur fait tout. En Europe, en Amérique, des gens écrivent des chansons pour lui. Sous nos tropiques, la population dira que ce chanteur «ne vaut rien. Ce sont les autres qui écrivent ses chansons». Drôle de continent et de population. Le métier de parolier n’est pas pour demain en Afrique où les mentalités doivent changer dans tous les domaines. Il y a exactement vingt ans qu’on m’avait proposé ou même offert de nombreux hectares dans un village de la région d’Aboisso. En compagnie d’un « toubab »nous menions une enquête sur des jeunes étudiants qui avaient quitté les facultés pour devenir planteurs. Evidemment, j’ai décliné l’offre. Aujourd’hui, je suis surpris par l’engouement de nos concitoyens pour la terre. C’est vrai que la terre nourrit son homme mais elle se donne à l’homme qui l’aime. Devant la richesse de nombreux paysans, des cadres, des travailleurs, des commerçants, des femmes ont voulu se jeter dans plusieurs cultures qui rapportent. Tout a commencé avec l’hévéa. Chaque retraité ou sur le point de l’être a trouvé la panacée de sa vie. L’objectif c’est de vivre plus et mieux. De droite à gauche, on ne parle que de la culture de l’hévéa. Des jeunes fonctionnaires cherchent des terres, des crédits à la banque sont pris pour commencer des plantations d’hévéa. J’ai été souvent visité des parcelles d’amis. Tous font des calculs sur des années et sont persuadés de compter des millions chaque semaine. La belle voiture en point de mire. La belle maison avec plusieurs hauteurs avec une piscine. Evidement, les conquêtes féminines à ne plus finir surtout les jeunes filles. Le palmier à huile a aussi ses adeptes farouches. L’anacarde est aussi à la mode. Hélas, beaucoup seront appelés et peu élus. Au fur et à mesure que les années passent de nombreuses plantations sont abandonnées. La terre c’est comme la femme. Si on la néglige elle vous abandonne. De nombreuses chasseurs de primes ou les futurs riches n’ont vu que les avantages d’avoir une plantation et non les inconvénients. C’est le ying et le yang chez les asiatiques. Dans toute chose il y a la pile et la face. Tout comme les gestes du caméléon. Il y a toujours deux significations dans ses mouvements. L’aspect diurne et l’aspect nocturne. Très vite, j’avais compris que je ne pourrais jamais devenir un vrai planteur. Les inconvénients m’avaient apparu insurmontables. Je ne pouvais qu’aller tous les samedis voir ma plantations et encore. Je pouvais être retenu deux ou trois fois dans le mois à Abidjan pour diverses raisons. Avoir un ou deux véhicules. Bénéficier d’une protection rapprochée et cela coûte. Ils sont nombreux ceux qui se sont fait agresser sur les pistes. Ils étaient tout seul dans leur voiture. Je n’ai pas envie de vous parler de certaines choses arrivées à des amis dans la forêt. Tout le monde connait les ouvriers, notamment les mécaniciens quand vous leur confier votre voiture. Que de personnes malveillantes dans ce milieu ! C’est à peu près la même chose dans le monde agricole avec les travailleurs quand le patron ne vient les voir qu’une fois dans la semaine. C’est vrai qu’il est pénible pour des gens de rester des mois et des mois dans des endroits très retirés des villages. Ils n’ont pas d’électricité, de télévision, de femmes. La tentation est grande de faire main basse sur une partie ou même une grande partie de la production. Un ami a presque tout perdu de sa production d’anacarde.

Même ceux du village d’à côté se sont servis. Pas facile pour lui de faire le voyage hebdomadaire même s’il est à la retraite. Beaucoup d’activités retiennent à Abidjan ! Comment trouver un travailleur qui craint Dieu sachant que tous les actes qu’il va commettre seront sanctionnés par la justice immanente. Dans tous les domaines de la vie il faut faire ce qu’on aime, ce qui nous passionne au lieu de se fixer ce qui peut rapporter. Il est bon que ceux qui aiment la terre continuent de s’y adonner en ne venant que très rarement à Abidjan. Conscient de tout cela j’ai refusé les hectares qu’on m’offrait gratuitement. Planteur du dimanche ne ressemble pas à Biton.

Chroniqueur c’est moi-même. Ainsi va l’Afrique.

A la semaine prochaine.

Par Isaïe Biton Koulibaly
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