L’intention est louable. On peut cependant discuter de son opportunité. Et, surtout aussi, des vrais desseins de son commanditaire, le Chef de l’Etat Laurent Gbagbo. Celui-ci a décidé lors du dernier Conseil des ministres, d’un vaste coup de balaie dans les rangs des agents et fonctionnaires de l’Etat et du renouvellement de toute la hiérarchie de l’Ecole Normale de l’Administration (ENA). Dans la lettre de ce communiqué, ce coup de balaie s’apparente plutôt à une simple mesure administrative. Dans l’esprit cependant des poursuites judiciaires sont inévitables dans le cas d’espèce. Car une telle opération ne vise qu’à mettre fin à la corruption, au tribalisme, au vol des deniers publics…à faire l’exemple et à prévenir de tels délits. C’est effectivement ce qui à cours à l’Ecole Nationale d’Administration. Depuis 2000, n’y accèdent que les citoyens nantis et ceux qui sont parents ou soutiens affichés au régime Gbagbo. C’est un délit. Ce n’est d’ailleurs pas la seule administration qui s’adonne à ces pratiques. C’est pourquoi on s’étonne que l’Ecole Nationale de la Police, par exemple, ne soit pas concernée par cette mesure. En ce qui concerne les fonctionnaires et agents de l’Etat, c’est en général l’affaire d’un système. Un groupe de haut fonctionnaire maintient les agents décédés, en déclare d’autres qui n’existent pas et en paient certains plus d’une fois. A leur seul profit. C’est aussi une infraction. Des poursuites judiciaires sont donc inévitables. Mais de vrais procès. Parce que depuis l’avènement du régime Gbagbo, très peu de procès le sont vraiment. Tout est teinté de projets politiques. Les vrais auteurs du scandale des déchets toxiques fin 2006 n’ont jamais été punis. Des seconds couteaux ont payé à leur place. Même lorsque le Premier ministre d’alors leur a infligé des sanctions administratives, le Chef de l’Etat les a réhabilités. L’opération mains propres dans la filière café-cacao s’avère aussi être une vraie arnaque. Les barrons déversés à la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (MACA) sont toujours sans procès. Comme si on entendait étouffer la vérité et protéger d’autres fautifs. C’est pourquoi, bien que salutaire, cette dernière opération suscite quelques interrogations. Il revient au Chef de l’Etat d’oser appréhender les vrais coupables, de les soumettre à un vrai procès. Autrement, il ne s’agira qu’un coup d’épée dans l’eau. A moins que ce ne soit le vrai dessein du Chef de l’Etat-candidat.
KIGBAFORY Inza
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