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Politique Publié le mardi 8 juin 2010 | L’expression

L’échec programmé de Gbagbo et de la refondation

Dans quel état Gbagbo et les siens vont-ils laisser la Côte d’Ivoire après la «parenthèse honteuse»? Les candidats à la succession du père de la refondation (Bédié, ADO, Anaky et autres) doivent sérieusement réfléchir à cette lancinante question. Car la tâche, il faut l’avouer, ne s’annonce pas de tout repos. Les contributions sur les actes manqués sous le régime Fpi sont abondantes ces derniers temps. Les dernières récriminations émanent des proches du couple présidentiel. Le président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, et Roland Dagher, conseiller économique et social, ont fait une littérature très abondante sur la gestion de l’Etat sous le président Laurent Gbagbo. Tous aboutissent à la même conclusion : un échec retentissant. Au point que M. Dagher se demande si les Ivoiriens vont-ils, comme « des moutons de panurge », suivre les nouveaux grilleurs d’arachides de la République «jusqu’à la noyade ». Tout n’est cependant pas perdu, à en croire le conseiller économique et social. A condition, bien sûr, que les Ivoiriens soient habités par un sursaut d’orgueil en changeant cette équipe qui a fait perdre tout à la Côte d’Ivoire mais qui persiste dans ce choix suicidaire. Venance Konan, journaliste-écrivain, a été un des tout premiers à attirer l’attention des populations sur l’échec programmé du pouvoir Fpi, avec à sa tête, M. Laurent Gbagbo. Dans une lettre ouverte à «ses frères et sœurs du Fpi», il les mettait en garde contre les manquements des rois nègres. « Votre président, disait-il, est tombé dans les travers de tous les rois nègres ». Entre autres travers, la corruption généralisée dans l’administration ivoirienne. « Lorsque tu arrives à te saigner pour que ton enfant puisse faire de bonnes études, lorsque tu as payé pour qu’il obtienne ses diplômes, tu es obligé encore de payer pour n’importe quel concours d’accès à n’importe quel petit poste de la fonction publique. L’Ena, qui formait l’élite de l’administration ivoirienne, cette école dont la renommée était telle que d’autres pays voisins ou non y envoyaient en formation leurs meilleurs cadres, est aujourd’hui devenue une école ‘‘bana-bana’’ où les anciens fescistes vont se recycler avant d’aller pourrir l’administration. Qu’est-elle devenue, cette administration ? Elle est devenue presque totalement corrompue et incompétente. Les fonctionnaires, honnêtes et compétents qui s’y trouvent encore, ceux qui avaient été formés et recrutés avant que ton parti n’accède au pouvoir, sont poussés vers la sortie. L’honnêteté et la compétence sont devenues dérangeantes dans la Côte d’Ivoire refondée, mon frère, ma sœur. Les policiers, qui ont presque tous payé pour accéder à l’école de police, rackettent en toute impunité, sans aucune pudeur. Ils ne contrôlent pas les cartes de parti avant de le faire, camarades. Sais-tu que dans la plupart des centres de santé, les populations sont aussi rackettées sans vergogne, et que des malades meurent parce qu’ils n’ont pas de quoi payer ce qu’on leur exige en toute illégalité ? Dans ces centres de santé, on ne tient pas compte de l’appartenance politique ou ethnique. Camarade, ma sœur, mon frère, était-ce vraiment ce que tu voulais lorsque tu militais pour que ton parti accède au pouvoir ? Etait-ce de cette Côte d’Ivoire que tu rêvais? », dénonçait-il en octobre 2007. Trois ans après, la situation n’a guère évolué. Si ce n’est en pire. Le numéro deux de l’Etat est monté au créneau pour réclamer une enquête parlementaire sur la corruption, cette gangrène. «Il arrive très souvent qu’une combinaison de plusieurs de ces souverains nous gouverne et dicte notre conduite. Par exemple, à la suite d’un concours d’entrée à l’Ecole de police d’Abidjan, dix des 1.358 admis, sont du même village que le chef de cabinet du ministre de l’Intérieur. Comment expliquer qu’aucun candidat, par le hasard du concours, n’ait été admis dans la sous-préfecture de Saïoua alors que le village de Digbam enregistre à lui seul dix réussites ? Cette histoire a été relatée par les populations des villages dont les candidats ont échoué. On peut certes s’interroger sur la véracité des propos mais quoiqu’il en soit, le climat de suspicion devrait être l’occasion d’ouvrir une enquête parlementaire pour tirer au clair le trafic d'influence et la corruption qui entourent les concours d'entrée dans les grandes écoles de la police, de la gendarmerie et de l'administration. J'y suis favorable et j'invite les groupes parlementaires à s'y investir », stigmatisait Mamadou Koulibaly, le 2 juin, devant les membres de la Convention de la société civile. Une seule question nous vient à l’esprit après cette prise de position ferme du président du parlement contre la corruption le talon d’Achille de la refondation: qu’avez-vous fait, Monsieur le Président, de votre profession de foi exprimée dans « Mon ambition pour la Côte d’Ivoire » dans laquelle vous professiez : « Aujourd’hui, dans la fournaise du régime de transition, mon parti, le Fpi est apparu à tous sous son vrai jour. Un pilier sûr de la République, un parti prêt à gouverner, avec rigueur, avec compétence…C’est pourquoi, je suis candidat à la présidence de la République. Je ne suis pas un homme d’affaires, ma femme Simone non plus, et vous le savez » ? Quelle est cette République construite sur des piliers vermoulus (corruption, détournements, violations des droits et libertés, insécurité…) si ce n’est une République bananière ? A vrai dire, le Fpi et son champion toute catégorie (marche, boycott actif, grève, revendication, etc.) n’étaient pas prêts à gouverner la Côte d’Ivoire. Si Gbagbo veut réellement nettoyer les écuries d’Augias, il risque de se retrouver seul. C’est à croire qu’il ne fait pas d’enquête de moralité avant de propulser ses proches à certains postes de responsabilités. Avec le nettoyage qu’il vient de faire à l’Ena, on n’a plus besoin de faire de grands schémas pour démontrer l’échec programmé de la politique de refondation. Les Ivoiriens sont désormais situés. Toutes les poches de moralité sont trouées.

Jean Roche Kouamé
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