Tout porte à croire que l’on a certainement oublié l’une des principales causes de la crise ivoirienne : la question identitaire. Aujourd’hui, la crise identitaire est en train de refaire surface, par la simple volonté (encore) du régime FPI d’exclure des Ivoiriens de la liste électorale. Le parti au pouvoir et ses organisations satellites, depuis un certain temps, ont décidé de miser à nouveau sur cette fibre identitaire pour saper le processus électoral et espérer rester encore longtemps au pouvoir. Ainsi donc, pour le parti de Laurent Gbagbo, la parade est toute trouvée : « Se battre et faire en sorte que des Ivoiriens, nordistes en majorité, soient spoliés de leur nationalité. Ce qui conduira à les écarter de la liste électorale ». Cette opération malsaine, cynique à la limite, nous ramène nettement dans la période d’avant la crise militaro-politique de septembre 2002. En effet, faisant sien le fameux concept de l’ivoirité dès l’ascension de son leader au pouvoir en 2000, dans des conditions plutôt « calamiteuses », le régime FPI s’est donné comme mission première de diviser les Ivoiriens. En spoliant une bonne partie de ceux-ci, notamment les nordistes, de leur nationalité. Ainsi, sous la base du simple patronyme, on décidait de qui est Ivoirien et qui ne l’est pas. Après, suivit la période de la théorie du village, inspirée de feu le ministre de l’Intérieur, Emile Boga Doudou. Une mesure qui appelait chaque Ivoirien à aller faire établir sa carte nationale d’identité dans son village d’origine. C’est ainsi qu’à cette occasion, plusieurs Ivoiriens se sont vus encore retirer abusivement leur nationalité sous le fallacieux prétexte qu’ils n’auraient pas de village en Côte d’Ivoire. De là commence une vague de frustrations qui, avec le contentieux électoral de 2000 et la mauvaise gestion des affaires publiques, va déboucher sur une crise militaro-politique en septembre 2002. Ce qui se passe aujourd’hui n’est donc qu’une nette répétition de l’expérience malheureuse que nous avons déjà vécue en Côte d’Ivoire. Et comme avant 2002, le FPI est en train de réunir tous les ingrédients pouvant aboutir à une autre crise. Malheureusement, sous les yeux complices des communautés nationale et internationale. Religieux, Organisations de défense des Droits de l’Homme, Société civile… tous restent bouche cousue face aux agitations du camp présidentiel ivoirien. Chacun semble attendre que les choses prennent de l’ampleur ou même pourrissent totalement, avant de venir, en bon médecin après la mort, essayer d’éteindre le feu.
Diawara Samou
Diawara Samou