Signe de l'impatience des acteurs politiques à en découdre dans les urnes ou réels dérapages ? Toujours est-il que, ces derniers temps, le vocabulaire des Ivoiriens s'est enrichi de mots qui n'honorent pas leurs auteurs. Pis, ils peuvent être source de malheurs.
La Côte d'Ivoire a encore du chemin à parcourir. Alors que le pays cherche inlassablement la voie qui conduit à la paix, les acteurs politiques continuent de tenir des discours malséants, à la limite du discourtois, à l'égard de leurs adversaires ou des partisans de ceux-ci, foulant ainsi au pied le code signé en mars 2008. C'est à la faveur de la crise des 429.000 pétitionnaires croisés en interne par le Commission électorale indépendante (Cei) que les acteurs politiques ont repris de plus belle les attaques gratuites les uns contre les autres. Oubliant sans doute les torts que le concept d' « ivoirité » a causé au pays, les animateurs de la scène politique ont décidé d'enrichir le vocabulaire ivoirien en y fourrant des langages « orduriers » et guerrier. Une véritable dérive verbale dans laquelle ils ont rivalisé de prouesses. Et, le chef de l'Etat, à la suite de ses partisans, n'a pas hésité à mettre les deux pieds dans le plat. « Je vous le répète, nous allons nettoyer la liste qui est infestée de noms qui ne doivent pas y être», a déclaré Laurent Gbagbo à l'Aéroport international Félix Houphouet-Boigny, de retour d'une visite de travail et d'amitié au Togo puis au Bénin. Ce faisant, il prenait officiellement position dans le débat qui oppose son camp à celui de l'opposition. « Il est indécent et indigne d'employer ce type d'expression. J'ose espérer que cela ne trahit pas le fonds de la pensée de ceux qui n'arrêtent pas de réclamer que la liste électorale soit ''désinfectée'' », lui avait répondu l'ancien ministre des droits de l'Homme, Joël N'Guessan. Mais, avant cette sortie, relativement à la liste électorale qui continue d'ailleurs d'alimenter la chronique, le terme western est à mettre à l'actif du chef de l'Etat qui a déclaré le 22 mars dernier. Dans cette déclaration, beaucoup d'analystes ont vite vu une reprise des hostilités. Pour leur montrer qu'ils n'ont pas le monopole du langage ordurier, Hamed Bakayoko a décidé le 17 avril dernier de se lancer dans bataille des expressions. « Il nous faut réaliser un sursaut historique. Vous devez vous organiser, vous tenir prêts afin que le moment où sera donné le coup de sifflet, tout le monde se lève. Que toute la Côte d'Ivoire se lève pour participer à l'œuvre de libération de notre pays commun. Dans tous les pays confrontés à ce genre de problème, à la dictature, c'est comme ça que ça se passe. Les moments qui arrivent vont déterminer le destin de la Côte d'Ivoire pour de longues années. Aujourd'hui, en Côte d'Ivoire, tous les ingrédients sont réunis. Il faut opérer une intervention chirurgicale sur le corps malade de la Côte d'Ivoire, enlever la zone cancéreuse qui nous empêche de vivre. Nous devons assumer ou subir. Nous n'avons pas d'autre choix », avait-il répliqué au camp présidentiel. C'est dans cette ambiance particulièrement électrique que les jeunes du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix ont voulu organiser, le 15 mai, une marche dite de libération du pays. Finalement, elle a été reportée parce que, dira Henri Konan Bédié : « Les Jeunes voulaient organiser une marche insurrectionnelle qui durerait au minimum sept jours, et qui ne cesserait qu'à la chute du régime Fpi ». La Côte d'Ivoire revient de loin. Mais a-t-on tiré les leçons de tous les risques qu'on lui fait courir ?
Marc Dossa
La Côte d'Ivoire a encore du chemin à parcourir. Alors que le pays cherche inlassablement la voie qui conduit à la paix, les acteurs politiques continuent de tenir des discours malséants, à la limite du discourtois, à l'égard de leurs adversaires ou des partisans de ceux-ci, foulant ainsi au pied le code signé en mars 2008. C'est à la faveur de la crise des 429.000 pétitionnaires croisés en interne par le Commission électorale indépendante (Cei) que les acteurs politiques ont repris de plus belle les attaques gratuites les uns contre les autres. Oubliant sans doute les torts que le concept d' « ivoirité » a causé au pays, les animateurs de la scène politique ont décidé d'enrichir le vocabulaire ivoirien en y fourrant des langages « orduriers » et guerrier. Une véritable dérive verbale dans laquelle ils ont rivalisé de prouesses. Et, le chef de l'Etat, à la suite de ses partisans, n'a pas hésité à mettre les deux pieds dans le plat. « Je vous le répète, nous allons nettoyer la liste qui est infestée de noms qui ne doivent pas y être», a déclaré Laurent Gbagbo à l'Aéroport international Félix Houphouet-Boigny, de retour d'une visite de travail et d'amitié au Togo puis au Bénin. Ce faisant, il prenait officiellement position dans le débat qui oppose son camp à celui de l'opposition. « Il est indécent et indigne d'employer ce type d'expression. J'ose espérer que cela ne trahit pas le fonds de la pensée de ceux qui n'arrêtent pas de réclamer que la liste électorale soit ''désinfectée'' », lui avait répondu l'ancien ministre des droits de l'Homme, Joël N'Guessan. Mais, avant cette sortie, relativement à la liste électorale qui continue d'ailleurs d'alimenter la chronique, le terme western est à mettre à l'actif du chef de l'Etat qui a déclaré le 22 mars dernier. Dans cette déclaration, beaucoup d'analystes ont vite vu une reprise des hostilités. Pour leur montrer qu'ils n'ont pas le monopole du langage ordurier, Hamed Bakayoko a décidé le 17 avril dernier de se lancer dans bataille des expressions. « Il nous faut réaliser un sursaut historique. Vous devez vous organiser, vous tenir prêts afin que le moment où sera donné le coup de sifflet, tout le monde se lève. Que toute la Côte d'Ivoire se lève pour participer à l'œuvre de libération de notre pays commun. Dans tous les pays confrontés à ce genre de problème, à la dictature, c'est comme ça que ça se passe. Les moments qui arrivent vont déterminer le destin de la Côte d'Ivoire pour de longues années. Aujourd'hui, en Côte d'Ivoire, tous les ingrédients sont réunis. Il faut opérer une intervention chirurgicale sur le corps malade de la Côte d'Ivoire, enlever la zone cancéreuse qui nous empêche de vivre. Nous devons assumer ou subir. Nous n'avons pas d'autre choix », avait-il répliqué au camp présidentiel. C'est dans cette ambiance particulièrement électrique que les jeunes du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix ont voulu organiser, le 15 mai, une marche dite de libération du pays. Finalement, elle a été reportée parce que, dira Henri Konan Bédié : « Les Jeunes voulaient organiser une marche insurrectionnelle qui durerait au minimum sept jours, et qui ne cesserait qu'à la chute du régime Fpi ». La Côte d'Ivoire revient de loin. Mais a-t-on tiré les leçons de tous les risques qu'on lui fait courir ?
Marc Dossa