Tant que c’était encore les opposants qui constataient et disaient que la refondation a sapé les fondements du pays et installé la Côte d’Ivoire dans le règne de la corruption, du détournement des deniers publics et dans l’impunité la plus totale, les frontistes pouvaient encore faire la fine bouche. Et bien sûr, nier une réalité vécue au quotidien par la grande majorité des Ivoiriens. Il a fallu que Mamadou Koulibaly mette les pieds dans le plat pour que les refondateurs se rendent compte qu’ils ne peuvent pas continuellement faire prendre aux Ivoiriens, des vessies pour des lanternes. Que l’arbre de leurs illusions et fantasmes ne peut pas cacher la forêt des misères et souffrances qui habitent chacun des Ivoiriens depuis la décennie de refondation. Le vrai visage ayant été mis sur la place publique par un des leurs, ils se sont subitement réveillés de leur profond sommeil. Certes, ils ont tenu un long secrétariat exécutif pour espérer reprendre l’initiative et colmater les brèches, mais il convient de reconnaître que la tâche ne sera pas de tout repos, tant le malaise est grand. A la vérité, Mamadou Koulibaly n’est pas le seul à être en désaccord avec la gouvernance de Laurent Gbagbo. Beaucoup de militants enivrés par « les propositions gouverner la Côte d’Ivoire », sont devenus lucides et constatent sans sourciller que le grand chef et ses amis les ont roulés dans la farine. Il ne faut pas s’étonner de voir d’autres voix s’élever pour dénoncer la façon de gouverner de Laurent Gbagbo et la corruption prononcée de son régime. En début de semaine dernière, un autre patriote, en la personne d’Elie Halassou, dans une interview à un confrère, s’est insurgé devant la volonté des tenants de la refondation à voir partout des étrangers qui veulent voler la nationalité ivoirienne pour prendre part aux élections prochaines. Il a dénoncé sans gant, la propension des frontistes à se faire peur et à mettre à mal le processus de paix et de réconciliation. Un acte courageux pour cet homme qui sait plus que tout le monde qu’au sein de la refondation, on n’accepte point les esprits critiques et ouverts. Selon des indiscrétions, on lui rappelle régulièrement qu’il n’est d’ailleurs pas « un vrai -vrai Ivoirien ». Quand un régime, qui devrait gouverner pour tous les citoyens, en arrive à de telles bassesses, des gens continueront de crier haro sur le baudet. C’est le début de la fin pour un pouvoir qui gouverne pour lui-même
Bakary Nimaga
Bakary Nimaga