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Politique Publié le lundi 14 juin 2010 | Le Patriote

Henri Konan Bédié (Candidat du Pdci Rda à l’élection présidentielle) à RFI : “La condition du retour de la BAD, ce sont les élections”

© Le Patriote Par DR
Sortie de crise: le RHDP veut reprendre la rue
Photo d`archives. Le président du PDCI-RDA, SEM Aimé Henri Konan Bédié
RFI : M le Président, bonjour, bienvenu dans le débat africain, merci d’avoir accepté cet entretien, entretien qui se déroule en marge du sommet des Assemblées annuelles de la Bad. Ici, tout le monde ne parle que du retour de la Bad, le Président Laurent Gbagbo, lui estime qu’elle n’aurait jamais dû quitter Abidjan pour Tunis. Quel est votre avis ?

Henry Konan Bédié : D’abord, je vais vous dire tout le bien que je pense de la Banque Africaine de Développement qui, depuis sa création, a beaucoup offert pour les pays africains en terme de financement de développement et aussi, pour le mal que nous nous sommes donné pour obtenir que le siège soit fixé à Abidjan. Je me souviens y avoir beaucoup travaillé sous l’autorité du président Félix Houphouët-Boigny. Le départ de la Banque Africaine de Développement de Côte d’Ivoire est dû à l’environnement d’insécurité dans laquelle elle était installée.


RFI : Aujourd’hui, pensez-vous qu’il est temps pour la BAD de revenir à la maison ?

HKB : On le souhaiterait. La Banque africaine de développement a énuméré des conditions pour son retour. La condition des conditions, c’est que des élections soient organisées en Côte d’Ivoire pour qu’avec le nouveau président, il y ait un nouvel environnement pour les affaires en termes de sécurité.


RFI : Les assises de la BAD ont été précédées d’une crise au sein de l’opposition. Vous avez dû avec l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara, reporter sine die la marche prévue par la jeunesse de l’opposition. Avec du recul, que diriez-vous de cet épisode ? Etait-ce une erreur ?

HKB : Non, ce n’était pas une erreur, d’autant plus que la marche a été programmée alors même que l’opposition ne connaissait pas la date des assises de la BAD. Vous avez parlé de crise au sein de l’opposition. Le mot serait trop fort. Disons qu’après que nous ayons pris la parole pour annoncer le report de la marche, le calme est revenu.



RFI : Vous avez eu des mots très durs lorsque vous avez expliqué et justifié le report de cette manifestation, vous aviez dit que les objectifs de votre jeunesse de l’opposition étaient à caractères insurrectionnels. Est-ce que vous avez pris des dispositions pour qu’aujourd’hui, ce genre de chose ne se reproduise plus ?

HKB : D’abord, la manifestation, pour un objectif insurrectionnel, ne tient pas de mes expressions. Ce sont les jeunes eux-mêmes qui, à la réunion que nous avons eue avec eux pour les dissuader, ont dit qu’ils voulaient une marche non pas dans le consensus ou le compromis ou dans l’attente, mais qu’ils voulaient une marche dans la rupture. Une marche insurrectionnelle. Je crois que ceci est une affaire interne à l’opposition et nous avons tourné la page sur cette question.



RFI : A l’occasion des négociations, pour ou la non organisation de cette marche, vous avez eu des rencontres avec le Président Gbagbo, il nous a dit lui-même que vous vous êtes parlé, vous avez parlé de quoi ?

HKB : Lorsqu’ il est venu me voir, j’ai fait le compte-rendu. Il est venu me voir pour se plaindre qu’avant les prochaines élections, certains organisaient la fraude massive. Et il a fait état d’un paquet volumineux de ces plaintes. C’était ça essentiellement.



RFI : Des fraudes au niveau des listes électorales, vous voulez dire?

HKB : Oui, au niveau de la liste électorale. Il accusait bien entendu la partie de l’opposition.



RFI : Est-ce que vous, M le président, vous êtes pour une révision de ces listes électorales avec le contentieux en cours ?

HKB : Tant que la date des élections n’est pas fixée, c'est-à-dire que tant que nous sommes dans la période de contentieux, la liste, toutes les listes, liste blanche, liste grise, peuvent être toujours révisée.



RFI : M, le président, il n’y a pas que les listes électorales comme conditions pour l’organisation des élections, il y a également le désarmement, c’est ce qui est prévu par l’accord politique de Ouagadougou. Le désarmement doit être un préalable à l’élection. On a le sentiment que ça n’avance pas très vite de ce côté-là, est-ce que vous avez le sentiment qu’il y a des blocages si oui, qui bloque ?

HKB : Il est toujours possible de trouver sur ce sujet des motifs de blocages. Mais la rencontre que j’ai eue avec Laurent Gbagbo a permis au Premier ministre de donner des explications sur le processus de désarmement. Un processus qui commence comme vous le voyez à partir du 15 juin et là-dessus, à l’endroit précis, nous nous sommes à peu près entendu pour dire que ce que prévoyait le Premier ministre, le cantonnement, la démobilisation des anciens combattants, le redéploiement de l’administration au nord du pays surtout, des régies financières, nous nous sommes entendus pour dire que ces mesures étaient suffisantes mais qu’elles ne constituaient pas un préalable pour aller aux élections.



RFI : Par exemple, pour vous aujourd’hui, la Côte d’Ivoire peut aller aux élections. Je vous pose la question parce que pour les non Ivoiriens, on se demande réellement ce qui bloque. Est-ce que c’est la volonté de tout aplanir avant d’aller aux élections pour qu’il n’y ait plus aucune contestation que ce soit d’ordre sécuritaire, militaire ou politique, à moins que ce soit une mauvaise volonté de ne pas aller aux élections, de traîner le plus possible?

HKB : Ça a toujours été une mauvaise volonté d’aller aux élections.


RFI : De la part de qui ?

HKB : De la part de Laurent Gbagbo et du camp présidentiel ! A l’heure actuelle, avec les derniers obstacles soulevés, qui seront levés dans un mois, c'est-à-dire la révision de la liste électorale, je dis que les conditions seront réunies pour que nous allions aux élections au tour du mois de fin juillet-Août.


RFI : Dans ces élections tant attendues – vous les attendez depuis 11 ans maintenant – personnellement, comment les abordez-vous et comment ça va se passer et qui va affronter Laurent Gbagbo ? Est-ce qu’il y aura une multitude de candidatures ou est-ce qu’il y aura une candidature unique de l’opposition ? Je vous pose la question parce que vous avez vous-même au sein du Rassemblement des Houphouëtistes, c’est à dire la coalition de l’opposition, évoqué le projet d’un parti unifié. Est-ce qu’il y a des chances de voir le jour d’ici aux élections, un seul candidat pour l’opposition ?

HKB : Dans les accords qui nous lient au sein du RHDP, nous avons décidé que chaque parti pourrait présenter un candidat. Ça, c’est depuis le mois de mars 2004 à Paris. Rien n’a changé dans les dispositions de ces accords. Donc, nous nous sommes tous préparés pour aller à ces élections avec un parti, un candidat, mais depuis longtemps aussi, nous avons décidé de travailler pour évoluer vers la transformation du RHDP en un parti unique pour tous les partis le composant. Comme les élections ont pris du retard et que nous continuons de travailler à cette édification, cette meilleure intégration de nos partis politiques, cela crée actuellement une sorte de confusion où les gens se demandent si nous allons avoir un parti unique avec un candidat unique. Je crois que le temps ne suffira pas pour cela. Mais, dans tous les cas, nous avons prévu d’aboutir au parti unique après ces élections ci.


RFI : Donc pour ces élections-ci, vous aurez plus d’un candidat du côté du Rassemblement des Houphouétistes ?

HKB : Nous allons avoir pour le RDR, un candidat, pour le PDCI, un candidat…



RFI : M. le président, là encore, une fois de plus, je vous parle de ce qui ne se regarde pas à partir de la Côte d’Ivoire, mais à partir de l’Afrique entière. C’est ce qui se passe en Côte d’Ivoire, les évolutions. Aujourd’hui, vous êtes avec l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara, dans le rassemblement des Houphouëtistes, vous avez eu un contentieux énorme au lendemain de la mort du Président Houphouët Boigny. Il a été votre adversaire politique. Vous avez laissé des traces dans le pays, est-ce que ce contentieux est lavé aujourd’hui ?

HKB : Absolument, il a fallu liquider ce contentieux pour aboutir à une alliance.


RFI : Vous l’avez liquidé comment?

HKB : Mais à la suite de dialogues successifs que nous avons eus à Paris ensuite à Pretoria et en Côte d’Ivoire.

RFI : Parce que l’on se demande si ce n’est pas un rassemblement de circonstance ou est-ce que vraiment ces deux leaders ont quelque chose en commun après avoir travaillé pour le Président Houphouët Boigny ?

HKB : Oui ? Je crois que nous avons à peu près la même culture sur le plan politique.


RFI : C'est-à-dire ?

HKB : Il est économiste, je suis économiste, il a travaillé au Fonds monétaire, j’ai travaillé à la Banque mondiale, nous sommes tous pour l’économie libérale. C’est le Président Houphouët qui nous a conseillé cela. Voilà quelques éléments qui nous lient durablement, qui constituent aussi le ciment de l’alliance que nous avons tissée.


RFI : Donc, il va y avoir une campagne électorale très bientôt, vous allez présenter un programme, chaque candidat va faire de même. Le Président Gbagbo, lui va présenter un bilan, puisqu’il sera le candidat sortant. Il dit que ce bilan est mitigé par la guerre, il n’a pas pu faire tout ce qu’il voulait faire. Est-ce que selon vous, cet argument est recevable sachant qu’on ne peut pas contester qu’il y ait bien eu la guerre ?

HKB : Nous contestons cet argument. Comme je l’ai dit, la guerre a duré moins de 5 jours, parce que les Forces impartiales que nous avons ici, les Forces des Nations unies et la Forces Licorne (la Force française) se sont interposées pour empêcher après que les 2/3 du pays furent tombés aux mains des rebelles, que les rebelles avancent jusqu’au sud. Cela a arrêté la guerre et en même temps aussi. Mais puisque le pays avait été amputé de ses 2/3, il y avait 1/3. Ce dont nous parlons, c’est de savoir comment ça se fait qu’à ce moment-là, les moyens colossaux que nous avons n’aient pas permis de développer le sud. Puisque le sud était la seule zone gouvernementale où il y avait toute latitude de travailler. Donc, le prétexte de la guerre, c’est simplement un prétexte, c’est un alibi.



RFI : Il y a aussi un autre affrontement qui se dessine, qui se profile dans ce qui va être bientôt la campagne électorale en Côte d’Ivoire, c’est que Laurent Gbagbo vous reproche d’avoir pris fait et cause en quelque sorte pour l’étranger alors que le pays était agressé. Notamment pour la France, est-ce que vous êtes le candidat de la France ?

HKB : D’abord, la France, n’a jamais pris parti dans les conflits internes ivoiriens.


RFI : Le président Gbagbo, l’accuse d’avoir tenté de le renverser….

HKB : Ensuite, nous n’avons jamais pris nous-mêmes de l’opposition, parti pour l’étranger. Qui est l’étranger ? Je crois au contraire que c’est Laurent Gbagbo et son équipe qui sont allés chercher le Premier ministre Guillaume Soro, qui lui, dirigeait les rebelles qui forment aujourd’hui, les ex-rebelles, les Forces Nouvelles. C’est Laurent Gbagbo qui est allé chercher le Président Blaise Compaoré comme médiateur alors qu’il l’accusait en son temps, de tous les soutiens à la rébellion. Et c’est Laurent Gbagbo qui a fait, aujourd’hui de Guillaume Soro, son, Premier ministre et nous, nous ne faisons que participer à des gouvernements. Alors, je crois que le reproche qu’il me fait devrait simplement lui être retourné.



RFI : On voit qu’à travers ce contentieux de liste électorale, on se retrouve toujours avec la question de savoir, qui est Ivoirien, qui ne l’est pas. Est-ce que vous serez favorable à la révision du code de la nationalité et notamment introduire, le droit du sol dans ce pays. C'est-à-dire que celui qui est né en Côte d’Ivoire est Ivoirien ?

HKB : Je crois que cela peut être débattu après les élections. Mais progressivement, je crois que nous y avançons à travers l’identification, qui a été faite en tenant compte de l’acquisition de la nationalité ivoirienne, soit par la mère, soit par le père, il ne reste plus qu’un pas pour aller vers le droit du sol.



RFI : Monsieur le président, vous avez été victime d’un coup d’Etat en 1999, vous avez connu toute cette crise qui a presque commencé au lendemain de la mort du Président Houphouët-Boigny. Qui est l’homme qui sort de cette crise ? Comment elle vous a affecté ou pas affecté parce qu’on suppose qu’une si longue période doit laisser des traces quelque part ?

HKB : Si je dis que j’ai été indifférent ou insensible à tout le mal qui m’a été fait, je mentirais. Mais en réalité, j’ai pu surmonter toutes ces difficultés puisque très rapidement, alors que la France était disposée à m’accueillir sur son sol et j’y étais, je suis revenu volontairement ici, parce que là tout le monde me sollicitait pour venir participer à un colloque sur la réconciliation en Côte d’Ivoire. Et depuis que je suis venu, je ne suis plus reparti. Je me sens bien parc e que, c’est chez moi.



RFI : Vous n’avez pas de compte à régler ?

HKB : Absolument pas ! J’ai dit en rentrant d’exil que je rentre avec une disposition d’esprit, c'est-à-dire que je n’avais ni haine, ni rancœur.



RFI : Y-a-t-il quelque chose que vous regrettez, que vous auriez aimé faire entre 1993 et 1999 ?

HKB : Je crois que ce programme que j’avais esquissé pour le développement du pays, je crois aussi que le climat général dû à l’environnement économique et la croissance à 7%, à laquelle, nous étions, fait en sorte que je n’ai pas à regretter quoique ce soit.


RFI : Vous, en tant que Président, aujourd’hui, c’est tous les actes que vous avez posés en tant que Président. Vous les reposeriez s’il fallait recommencer ?

HKB : Naturellement, le temps avance et le pays évolue. Donc tout n’est pas forcément d’actualité aujourd’hui. Les problèmes fondamentaux demeurent et les solutions essentielles que nous avons esquissées sont toujours valables. A savoir le progrès pour tous.



RFI : Êtes-vous confiant pour gagner ces élections?

HKB : Absolument !


RFI : Qu’est ce qui vous permet d’être confiant, est-ce parce que vous avez le sentiment d’avoir le meilleur parti derrière vous ?

HKB : Nous avons le meilleur parti, le plus grand parti, le parti le plus implanté, le plus grand nombre d’adhérents, le plus grand nombre donc d’électeurs. Or ce sont les électeurs qui décident.



RFI : Merci, monsieur le Président !
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