Après l'affrontement du 11 avril à Kpass, la tension était vive le 23 mai dans le village de Vieil Aklodj, (sous-préfecture de Dabou), entre fidèles de l'Eglise méthodiste unie et les protestants méthodistes.
C'est dans la zone de Dabou que s'installent les premiers missionnaires de l'Eglise protestante méthodiste, dans les années 1870. C'est donc dans cette zone que se trouvent ses plus anciens temples. Des lieux de culte très symboliques dont aucune des deux tendances rivales de cette confession ne veut perdre le contrôle. Le bishop Benjamin Boni, chef de l'église méthodiste unie est arrivé le 11 avril à Kpass, pour prier avec ses partisans, dans le temple Espérance antérieurement fermé à cause de la tension entre les fidèles. Les protestants méthodistes qui ont tenté de s'opposer à cette visite, ont été gazés par des agents des forces de l'ordre, venus avec la délégation du visiteur. Ce cafouillage a dégénéré en une course-poursuite entre protestants méthodistes et fidèles de la branche méthodiste unie. Bilan : une dizaine de blessés dans le premier camp, dont des cas critiques évacués à l'hôpital de Dabou.
Comment les deux camps se guettent
Plus d'un mois après, une autre visite de tous les dangers a été annoncée dans le département. Selon des informations qui nous sont parvenues en son temps, le bishop Boni devait se rendre le 23 mai à Viel Aklodj, village situé à 14 km de Dabou, pour y célébrer le culte de la fête de Pentecôte avec les siens. Et cela, dans le temple Jéhovah fermé depuis des mois suite à de nombreux palabres. Les protestants méthodistes opposés à toute réouverture unilatérale ont pris des dispositions pour l'empêcher par tous les moyens.
Ce dimanche de Pentécôte, notre équipe de reportage arrive à Vieil Aklodj à 9 heures. Erodée par endroits, la piste qui y mène débouche sur une pancarte qui souhaite la bienvenue au visiteur. Les voies du village sont bien tracées, mais elles sont aussi impraticables que les 14 km de piste. La plupart des maisons sont de vieux bâtiments qui rappellent la période coloniale. A la recherche des méthodistes, nous sommes orientés vers le camp méthodiste uni. Le chemin qui conduit au domicile du pasteur passe devant le temple litigieux avec ses murs nouvellement repeints. La petite villa où nous allons est sur un coteau. A l'entrée de la concession, des femmes, entourées de grosses marmites, semblent concocter un grand festin. A la véranda, nous sommes accueillis par la voix de choristes en pleine répétition. C'est la préparation du culte. Le pasteur est debout non loin d'eux. Plus de protocole. Il nous souhaite la bienvenue et nous installe à l'autre angle de la véranda. Certains de ses collaborateurs se joignent à lui aussitôt. Les civilités ne dureront pas longtemps. Dès les présentations, nous comprenons que nous ne sommes pas les bienvenus. Les hôtes avaient déjà eu écho de notre article de la veille qui annonçait l'arrivée probable du bishop dans le village, et les risques d'affrontements liés à la visite. La mine rembrunie, le pasteur et ses proches nous reprochent d'avoir diffusé une fausse information, et ne veulent nous parler qu'après un démenti. Une autre raison de leur méfiance qui saute aux yeux, c'est qu'ils nous soupçonnent d'être des espions du camp adverse. « Nous ne sommes pas autorisés à vous parler. Adressez-vous à notre hiérarchie à Dabou ou à Abidjan », c'est sur ces mots que prend fin la courte visite. Direction, le fief des protestants méthodistes. C'est à 5 minutes du premier lieu, dans la concession de Djedjes Esmel Gabriel. Après la fermeture du temple, celui-ci a décidé d'accueillir son groupe chez lui, chaque dimanche, pour le culte dominical célébré sous des bâches. Ce jour-là, de façon exceptionnelle(en raison de fête de Pentecôte), la prière sera dirigée par un pasteur venu d'un d'autre village. C'est le révérend-pasteur Josué Agbré. Le culte n'a pas encore débuté. Il peut donc nous recevoir sous le regard des fidèles. Essentiellement des personnes âgées. Il est l'un des pasteurs traités de rebelles par la direction nationale de l'autre camp. En une trentaine de minutes, il fait l'historique de la crise au sein de l'église et affirme que les guides qu'ils sont, ne sont plus sûrs de pouvoir contenir encore pendant longtemps la hargne des fidèles protestants méthodistes, prêts à répondre aux « provocations » de leurs frères d'hier. Un autre responsable soutient que la visite du bishop dans le village avait bel et bien été programmée, et qu'elle a été reportée après que son camp a demandé aux autorités administratives de s'y opposer, au risque d'assister à un bain de sang. Cette crise, dit-il, s'est même installée dans certaines familles où des frères et sœurs de tendances opposées se regardent désormais en chiens de faïence. Nous partirons de Vieil Aklodj avec la ferme conviction que toute tentative de réouverture non consensuelle du temple Jéhovah entraînera des troubles.
La tension reste vive à Kpass
L'équipe met le cap sur Kpass en vue d'y rencontrer les partisans des deux tendances. Il faut revenir dans la ville de Dabou avant de rallier cet autre village. Le chemin est moins long et la route est bien meilleure. A l'entrée de Kpass, se dresse une vieille église catholique. Pas surprenant quand on sait que c'est le village du premier Cardinal de Côte d'Ivoire, Bernard Yago. Les protestants méthodistes prient dans un endroit un peu reculé. C'est aussi le domicile d'un des leurs. Prévenus de notre arrivée, quelques responsables quittent le culte pour nous entretenir dans une autre concession située en face l'église temporaire. Ce sont, Onkess Leppry, conseiller principal, Agro Mathias, Essoh Samuel, conseillers, Dou Egué Joseph sécrétaire, Otch Emmanuel responsable à l'organisation. Le bishop, disent-ils, était venu à Kpass le 11 avril pour une nouvelle inauguration du temple de ce village, déjà inauguré depuis 1973. Chose qu'ils ne pouvaient pas accepter. Ils ont exprimé cette position à leurs adversaires et au chef du village qui auraient répondu qu'il ne s'agissait pas d'une inauguration, mais d'une simple rencontre de prière. Et, pendant qu'ils étaient devant le lieu de culte, le jour J pour eux-aussi accueillir le visiteur, ils ont été chargés par la police, aidée de quelques fidèles de l'autre camp. Cette thèse est rejetée par le pasteur de l'église méthodiste unie, le chef de village et le préfet de Dabou.
Cissé Sindou, envoyé special
C'est dans la zone de Dabou que s'installent les premiers missionnaires de l'Eglise protestante méthodiste, dans les années 1870. C'est donc dans cette zone que se trouvent ses plus anciens temples. Des lieux de culte très symboliques dont aucune des deux tendances rivales de cette confession ne veut perdre le contrôle. Le bishop Benjamin Boni, chef de l'église méthodiste unie est arrivé le 11 avril à Kpass, pour prier avec ses partisans, dans le temple Espérance antérieurement fermé à cause de la tension entre les fidèles. Les protestants méthodistes qui ont tenté de s'opposer à cette visite, ont été gazés par des agents des forces de l'ordre, venus avec la délégation du visiteur. Ce cafouillage a dégénéré en une course-poursuite entre protestants méthodistes et fidèles de la branche méthodiste unie. Bilan : une dizaine de blessés dans le premier camp, dont des cas critiques évacués à l'hôpital de Dabou.
Comment les deux camps se guettent
Plus d'un mois après, une autre visite de tous les dangers a été annoncée dans le département. Selon des informations qui nous sont parvenues en son temps, le bishop Boni devait se rendre le 23 mai à Viel Aklodj, village situé à 14 km de Dabou, pour y célébrer le culte de la fête de Pentecôte avec les siens. Et cela, dans le temple Jéhovah fermé depuis des mois suite à de nombreux palabres. Les protestants méthodistes opposés à toute réouverture unilatérale ont pris des dispositions pour l'empêcher par tous les moyens.
Ce dimanche de Pentécôte, notre équipe de reportage arrive à Vieil Aklodj à 9 heures. Erodée par endroits, la piste qui y mène débouche sur une pancarte qui souhaite la bienvenue au visiteur. Les voies du village sont bien tracées, mais elles sont aussi impraticables que les 14 km de piste. La plupart des maisons sont de vieux bâtiments qui rappellent la période coloniale. A la recherche des méthodistes, nous sommes orientés vers le camp méthodiste uni. Le chemin qui conduit au domicile du pasteur passe devant le temple litigieux avec ses murs nouvellement repeints. La petite villa où nous allons est sur un coteau. A l'entrée de la concession, des femmes, entourées de grosses marmites, semblent concocter un grand festin. A la véranda, nous sommes accueillis par la voix de choristes en pleine répétition. C'est la préparation du culte. Le pasteur est debout non loin d'eux. Plus de protocole. Il nous souhaite la bienvenue et nous installe à l'autre angle de la véranda. Certains de ses collaborateurs se joignent à lui aussitôt. Les civilités ne dureront pas longtemps. Dès les présentations, nous comprenons que nous ne sommes pas les bienvenus. Les hôtes avaient déjà eu écho de notre article de la veille qui annonçait l'arrivée probable du bishop dans le village, et les risques d'affrontements liés à la visite. La mine rembrunie, le pasteur et ses proches nous reprochent d'avoir diffusé une fausse information, et ne veulent nous parler qu'après un démenti. Une autre raison de leur méfiance qui saute aux yeux, c'est qu'ils nous soupçonnent d'être des espions du camp adverse. « Nous ne sommes pas autorisés à vous parler. Adressez-vous à notre hiérarchie à Dabou ou à Abidjan », c'est sur ces mots que prend fin la courte visite. Direction, le fief des protestants méthodistes. C'est à 5 minutes du premier lieu, dans la concession de Djedjes Esmel Gabriel. Après la fermeture du temple, celui-ci a décidé d'accueillir son groupe chez lui, chaque dimanche, pour le culte dominical célébré sous des bâches. Ce jour-là, de façon exceptionnelle(en raison de fête de Pentecôte), la prière sera dirigée par un pasteur venu d'un d'autre village. C'est le révérend-pasteur Josué Agbré. Le culte n'a pas encore débuté. Il peut donc nous recevoir sous le regard des fidèles. Essentiellement des personnes âgées. Il est l'un des pasteurs traités de rebelles par la direction nationale de l'autre camp. En une trentaine de minutes, il fait l'historique de la crise au sein de l'église et affirme que les guides qu'ils sont, ne sont plus sûrs de pouvoir contenir encore pendant longtemps la hargne des fidèles protestants méthodistes, prêts à répondre aux « provocations » de leurs frères d'hier. Un autre responsable soutient que la visite du bishop dans le village avait bel et bien été programmée, et qu'elle a été reportée après que son camp a demandé aux autorités administratives de s'y opposer, au risque d'assister à un bain de sang. Cette crise, dit-il, s'est même installée dans certaines familles où des frères et sœurs de tendances opposées se regardent désormais en chiens de faïence. Nous partirons de Vieil Aklodj avec la ferme conviction que toute tentative de réouverture non consensuelle du temple Jéhovah entraînera des troubles.
La tension reste vive à Kpass
L'équipe met le cap sur Kpass en vue d'y rencontrer les partisans des deux tendances. Il faut revenir dans la ville de Dabou avant de rallier cet autre village. Le chemin est moins long et la route est bien meilleure. A l'entrée de Kpass, se dresse une vieille église catholique. Pas surprenant quand on sait que c'est le village du premier Cardinal de Côte d'Ivoire, Bernard Yago. Les protestants méthodistes prient dans un endroit un peu reculé. C'est aussi le domicile d'un des leurs. Prévenus de notre arrivée, quelques responsables quittent le culte pour nous entretenir dans une autre concession située en face l'église temporaire. Ce sont, Onkess Leppry, conseiller principal, Agro Mathias, Essoh Samuel, conseillers, Dou Egué Joseph sécrétaire, Otch Emmanuel responsable à l'organisation. Le bishop, disent-ils, était venu à Kpass le 11 avril pour une nouvelle inauguration du temple de ce village, déjà inauguré depuis 1973. Chose qu'ils ne pouvaient pas accepter. Ils ont exprimé cette position à leurs adversaires et au chef du village qui auraient répondu qu'il ne s'agissait pas d'une inauguration, mais d'une simple rencontre de prière. Et, pendant qu'ils étaient devant le lieu de culte, le jour J pour eux-aussi accueillir le visiteur, ils ont été chargés par la police, aidée de quelques fidèles de l'autre camp. Cette thèse est rejetée par le pasteur de l'église méthodiste unie, le chef de village et le préfet de Dabou.
Cissé Sindou, envoyé special