L`Etat Ivoirien, la Côte d`Ivoire, la Communauté Musulmane, l`Ecole Coranique : Un curieux rapport de faiblesse

Avant même la colonisation, donc avant l'avènement de l'Etat de Côte d'Ivoire, la communauté musulmane avait ses propres structures de formation académique formelles, depuis le bas âge jusqu'à l'âge adulte. Avant toute formation professionnelle, c'était le passage obligé. On vous préparait à la vie d'ici-bas et de l'au-delà.

Quand la colonisation arrive avec son école, le choc est inévitable et presque fatal pour l'école coranique, reléguée désormais au rang de foyer potentiel de subversion. C'est pourquoi, cinquante ans après la fin de la colonie et l'avènement de la république indépendante de la Côte d'Ivoire, l'école coranique est toujours sous la tutelle du Ministère chargé de la sécurité intérieure.

Et pourtant, cette école-là, orpheline de père et de mère (l'Etat et la communauté musulmane) a produit et continue de produire des cadres brillants qui ont fait leurs preuves professionnelles ici en Côte d'Ivoire, comme ailleurs aux Etats-Unis et en Angleterre. C'est le cas aux Etats-Unis, de Koné Lacina, ingénieur formé aux Emirats Arabes Unis, en Angleterre, et en Amérique. En 1993, il décroche son diplôme d'ingénieur option génie électrique à l'université de sciences et technologies d'Ajman aux Emirats Unis. Puis en 1995, il obtient à l'université Brunel en Angleterre, un Master en génie électrique. En 2000, il réussit à obtenir un deuxième Master mais cette fois en Administration des Affaires à la célèbre Université Georges Washington.

Avec, à la clé, une carrière impressionnante à Intelsat, et au cabinet prestigieux de consulting Booz Alen Hamilton, deux compagnies mondialement connues.

Ici même, on pourrait citer le cas de trois grands Imams. Celui du Cheikh Aïma Boikary Fofana, l'imam Traoré Mamadou de la mosquée de la Riviera Golf, au sein de la Société Ivoirienne de Banque, et de l'imam Koudouss, contrôleur budgétaire au Ministère de l'Economie et des Finances. En outre, les premières grosses vraies fortunes ont été accumulées par des transporteurs, des commerçants et des industriels qui n'ont connu d'école que l'école coranique. L'illustration la plus parfaite de cette triste situation à savoir, l'indifférence vis-à-vis de la langue arabe et des arabisants, est visible au Ministère des Affaires Etrangères. Au sein même de la centrale de ce grand Ministère, aucun arabisant n'occupe un rang de directeur d'administration centrale. Dans les ambassades ivoirienne à l’étranger comme celles de l'Algérie, du Maroc, de la Tunisie, de l'Egypte, de l'Arabie Saoudite, la situation est pire : aucun arabisant n'occupe un rang de conseiller, encore moins d'ambassadeur. Quand ils y travaillent, ce sont souvent des agents de liaison, subalternes, coursiers, chauffeurs, etc.

La conséquence immédiate est qu'alors que nos voisins de l'Afrique de l'ouest reçoivent les _ des financements des pays arabes destinés à notre région, notre pays n'arrive pas à profiter au maximum de ces potentialités dans ces pays, par ailleurs grands consommateurs de nos produits agricoles. Dans cette politique de marginalisation de l'école coranique, nous avons aussi perdu de vue l'importance de la langue arabe devenue aujourd'hui un instrument incontournable de communication dans le commerce international. Ce n'est d'ailleurs pas par hasard, que les diplomates Américains et Européens apprennent cette langue, désormais parlée sur les grandes chaînes de télévision comme CNN, BBC, et France 24. Dans tous les lycées français, la langue arabe est désormais une option pour les élèves, donc une chance supplémentaire.

En un mot comme en cent, aussi bien au niveau de l'Etat Ivoirien que de la communauté musulmane elle-même, avec le cas de Koné Lacina que nous vous présentons sur deux semaines, il faut un changement de mentalité vis-à-vis de l'école coranique, de ses élèves, des arabisants, et de la langue arabe.


À LA SEMAINE PROCHAINE Incha' Allah