LE DESTIN EXCEPTIONNEL D'UN ELEVE CORANIQUE
L'histoire de l'élève coranique devenu ingénieur aux Emirats Arabes unis, puis en Angleterre et en Amérique, est l'illustration même de l'inévitable destin de chacun d'entre nous, tel que le Tout Puissant Allah l'a tracé.
LE PARCOURS SCOLAIRE EN CÔTE D'IVOIRE.
Koné Lacina (dit Baba) est orphelin de mère en 1978, puis de père en 1980. Dès son jeune âge, dans son village natal de Korhogo, il est tout naturellement inscrit dans une école coranique. Le destin tracé à lui par les hommes, c'est, en cas de réussite, trois choses : prédicateur, imam et marabout. Mais en cas d'échec, c'est probablement la gare routière pour être ''balanceur'' ou ''nama''.
C'est dans ce contexte, qu'il entame et réussit brillamment ses études primaires coraniques avec en poche comme premier diplôme, la mémorisation totale du Coran en1976. Le petit élève coranique est brillant. Très brillant même selon ses maîtres en particulier Koné Abdramane, un diplômé de Lybie. Il passe ''haut-les-mains'', le CEPE coranique et réussit tout naturellement comme major dans un test pour poursuivre les études secondaires arabes au Qatar.
Mais avant de pouvoir prendre l'avion à l'âge de 16 ans, il découvre, tout étonné, les premières difficultés de tout élève coranique à l'époque et même parfois aujourd'hui encore. Il lui faut en effet, absolument un passeport. Mais quelle profession doit y être mentionnée si ce n'est ''élève coranique'' dans ce document de voyages ? Car, à l'époque et même aujourd'hui encore, l'école coranique n'est pas reconnue par le Ministère de l'Education nationale. Donc en fait, pour les autorités ivoiriennes, Lacina Koné ne peut pas être considéré comme un élève. Et de surcroit, l'école coranique étant sous la tutelle du Ministère de l'intérieur, le petit Koné Lacina n'a également guère de chance d'obtenir facilement son passeport. Tout simplement parce que l'école coranique et surtout tout élève en partance pour les pays arabes, est regardé automatiquement par les autorités à travers des lunettes sécuritaires. Alors comment contourner la difficulté pour permettre à ce brillant élève, orphelin et boursier du Qatar, d'aller poursuivre ses études secondaires ? Les oncles très solidaires autour du petit orphelin, se réunissent et décident de lui donner une profession autre qu'élève coranique. Et c'est tout trouvé. Il ne peut être que commerçant comme la plupart de ses parents. Il devient donc commerçant dans le passeport délivré en 1982.
LES ETUDES AU QATAR : LE PREMIER CYCLE SECONDAIRE
Ainsi, ce ''Petit commerçant'' du nom de Koné Lacina dit Baba, arrive un après-midi ensoleillé, après une escale technique à Paris, à Doha au Qatar par un vol de la compagnie Air France le 06 Novembre 1982
Le premier choc dans le premier pays arabe est linguistique. Lui qui était si brillant dans les études arabes dans son Korhogo natal, arrive à peine à comprendre le premier vrai arabe qui vient l'accueillir à l'aéroport. Donc, c'est avec beaucoup d'appréhensions qu'il s'imagine les cours à l'école. Là-bas, le choc n'est plus linguistique, mais beaucoup plus sérieux. Car pour la première fois, il est confronté à des matières scientifiques qu'il n'a vraiment jamais étudiées dans son école coranique de Korhogo. Dans ces écoles, on n'enseignait que les sciences coraniques et la langue arabe. Ainsi, le dos au mur (car il ne peut plus retourner au pays) et conscient qu'il a une opportunité unique pour aller plus loin que ses camarades laissés en Côte d'Ivoire, il se met au travail nuit et jour. Il découvre donc pour la première fois, les mathématiques. Un élève burkinabé du nom de Coulibaly Adam, aujourd'hui fonctionnaire au Qatar, le rassure et lui apprend les équations et la géométrie. Le résultat est impressionnant. Il se classe régulièrement dans le peloton de tête en classe ; toujours parmi les trois premiers et le plus souvent, major de la classe jusqu'en terminale. Etant boursier, il arrive à épargner pour pouvoir se payer des cours de langue en anglais chaque vacance à Londres.
LES ETUDES UNIVERSITAIRES AUX EMIRATS ARABES UNIS
Le jeune Koné passe brillamment le Bac C. Il occupe le rang de 3ème admis sur le plan national et le 1er des ressortissants étrangers, avec en mathématique la note de 136 sur 140 et en chimie, 119 sur 120. On lui propose alors de poursuivre des études en faculté de biologie mais à condition d'avoir une autorisation du Ministère ivoirien des Affaires Etrangères. Le parcours du combattant du jeune bachelier Koné commence avec la certitude que l'Etat ivoirien ne lui donnera jamais cette autorisation. Car l'école coranique dont il est issu n'est toujours pas reconnue comme une école normale. Et pourtant, avec le même Bac, ses condisciples arabes peuvent allègrement poursuivre leurs études en Europe et en Amérique. Il débarque fin juillet 1987 en France, plus précisément à Montpellier. Là, il tente d'obtenir un visa pour le Canada (son lieu principal de résidence aujourd'hui par une curieuse ironie de l'histoire), mais il échoue pour des raisons financières. Bien que ressortissant d'un pays francophone, Koné Lacina, par la force des choses, est devenu anglophone et arabophone avec une culture éducative anglo-saxonne. Il hésite entre tenter sa chance en France avec l'handicap de la langue française ou retourner dans un pays arabe comme le lui conseille son beau frère résidant à Nice : «Tu es un arabisant. Tu connais la France en tant que visiteur, pas en tant qu'étudiant. Je te conseille de retourner dans un pays arabe pour faire une licence avant de t'aventurer en France. » Aussitôt, il arrête les procédures d'inscription qu'il avait engagées dans les universités de Clermont-Ferrand et Montpellier, et décide de retourner dans le monde arabe pour se « chercher ».
LE RETOUR DANS LES PAYS ARABES POUR LES ETUDES UNIVERSITAIRES
Il débarque au Caire, en Egypte en septembre 1987 par un vol de la compagnie KLM. Car, ce pays a toujours été un pionnier dans l'accueil des étudiants arabisants en particulier pour les études islamiques. Mais Koné Lacina veut faire autre chose que des études islamiques. Dans ce cas, malheureusement pour lui, selon les nouvelles dispositions en vigueur, cette nouvelle rentrée scolaire, il devra débourser entre 4 et 5 mille dollars par an. Il tente d'obtenir sur place une bourse ou d'autres soutiens financiers. La moisson est maigre et surtout, il est en train de perdre une année scolaire. Il refait ses valises pour débarquer au Maroc en mai 1988 parce que, depuis un moment, le gouvernement ivoirien commence à y envoyer des étudiants ivoiriens bénéficiaires généralement de bourses marocaines. Sa première rencontre avec un diplomate ivoirien en poste à Rabat est catastrophique. En effet, après l'avoir écouté en ces termes : « Je suis ivoirien. J'ai fait un Bac C en arabe. Je viens d'arriver d'Egypte et je voudrais faire des études supérieures ici au Maroc.» Le diplomate, avec un air étrange, lui assène ces vérités officielles : « L'Ambassade n'est pas là pour ceux qui ont fait les écoles de Bromakoté… Désolé, je ne peux pas vous aider…». Il se rappelle alors les péripéties du parcours du combattant de ses oncles à Abidjan, pour obtenir son premier passeport pour presque les mêmes raisons d'Etat.
Sur son chemin de retour à l'hôtel, il rencontre un africain dans les rues de Rabat qui le conduit chez des arabisants ivoiriens à qui, il raconte sa mésaventure. Ceux-ci lui confirment qu'effectivement, seuls les boursiers d'Etat pouvaient passer par l'ambassade et que les arabisants n'y étaient pas les bienvenus. Il est aussitôt intégré parmi les arabisants ivoiriens dont il connaissait certains. Ses compatriotes lui donnent une chambre en cité. Après l'aventure de son ambassade, le jeune Koné se retrouve parmi les siens, meurtri mais déterminé plus que jamais. Il passe de bons moments pendant les vacances en faisant du sport, surtout du football dont il est grand amateur. Mais lui pense toujours à son cursus scolaire. A la rentrée, il s'inscrit à l'INSEA (l'Institut National de la Statistique et de l'Economie Appliquée) sans problèmes. Normalement, il fallait un concours pour y accéder. Mais avec son Bac C avec mention et ses excellentes notes de classe en arabe reconnues par le Maroc, il y est automatiquement reçu.
Cependant, deux nouvelles rapportées par son oncle fonctionnaire à Abu Dhabi, Koné Abdramane, vont faire basculer encore son destin. La première nouvelle est l'ouverture de la première université privée en septembre 1988, dans le golfe aux Emirats arabes unis à quelques kilomètres des lieux où il a fait ses études secondaires. La deuxième nouvelle est la promesse d'une prise en charge de ses études par la Banque Islamique de Développement. C'est un peu le retour aux sources en quelque sorte pour lui.
L'ARRIVEE AUX EMIRATS ARABES UNIS
Il s'inscrit donc à la faculté au département électrique, option électronique. Là, il rencontre un autre ivoirien du nom de Koné Bakary. Dans cette nouvelle université, la langue de travail est l'anglais. Pour traiter un sujet de mathématique, il le traduit d'abord en arabe. Après avoir trouvé la réponse, il le traduit ensuite en anglais. Malgré ce début difficile, il termine en bonne position la première année scolaire universitaire. Au plan académique, pas de problème. Mais au plan financier, l'horizon s'assombrit brusquement. Car les promesses faites pour sa prise en charge au nom de la Banque Islamique, n'ont pas été respectées. Pour les responsables de cette banque en effet, le coût des études est trop élevé pour le budget disponible. Donc, il lui est conseillé de trouver une université moins chère notamment au Maroc, au Pakistan ou en Turquie.
Son condisciple plie bagage et quitte l'université Ajman en juin 1989, car il ne voit pas, par quel miracle, il peut avoir les moyens de payer 10 000 dollars par an pendant les cinq ans que doivent durer les études dans cette université.
Koné Lacina se trouve seul face à son destin. Entre temps, l'université lui adresse une série d'avertissements pour défaut de paiement. Finalement, il lui est notifié qu'il ne pourra pas entamer la deuxième année sans avoir, au préalable, rempli les conditions financières. Mais le jeune Koné Lacina persiste et signe. Il ne quittera pas l'Université Ajman. Puis, il formule la prière suivante : « Oh Allah le Tout Puissant, Miséricordieux, je suis orphelin, je n'ai pas les moyens financiers de poursuivre mes études. Mais Tu m'as donné les moyens intellectuels de poursuivre les études dont mes parents, ma famille, ma communauté et mon pays pourraient être fiers avec ma foi en Toi intacte. Pour réaliser ce rêve, ni mon intelligence, ni l'argent ne peuvent le faire sans Ta volonté. Et dans tous les cas de figure, Mon Seigneur, je m'en remets au Destin que Tu as bien voulu me tracer ».
A suivre dans islam info N°241
Par Fatim Djamila
L'histoire de l'élève coranique devenu ingénieur aux Emirats Arabes unis, puis en Angleterre et en Amérique, est l'illustration même de l'inévitable destin de chacun d'entre nous, tel que le Tout Puissant Allah l'a tracé.
LE PARCOURS SCOLAIRE EN CÔTE D'IVOIRE.
Koné Lacina (dit Baba) est orphelin de mère en 1978, puis de père en 1980. Dès son jeune âge, dans son village natal de Korhogo, il est tout naturellement inscrit dans une école coranique. Le destin tracé à lui par les hommes, c'est, en cas de réussite, trois choses : prédicateur, imam et marabout. Mais en cas d'échec, c'est probablement la gare routière pour être ''balanceur'' ou ''nama''.
C'est dans ce contexte, qu'il entame et réussit brillamment ses études primaires coraniques avec en poche comme premier diplôme, la mémorisation totale du Coran en1976. Le petit élève coranique est brillant. Très brillant même selon ses maîtres en particulier Koné Abdramane, un diplômé de Lybie. Il passe ''haut-les-mains'', le CEPE coranique et réussit tout naturellement comme major dans un test pour poursuivre les études secondaires arabes au Qatar.
Mais avant de pouvoir prendre l'avion à l'âge de 16 ans, il découvre, tout étonné, les premières difficultés de tout élève coranique à l'époque et même parfois aujourd'hui encore. Il lui faut en effet, absolument un passeport. Mais quelle profession doit y être mentionnée si ce n'est ''élève coranique'' dans ce document de voyages ? Car, à l'époque et même aujourd'hui encore, l'école coranique n'est pas reconnue par le Ministère de l'Education nationale. Donc en fait, pour les autorités ivoiriennes, Lacina Koné ne peut pas être considéré comme un élève. Et de surcroit, l'école coranique étant sous la tutelle du Ministère de l'intérieur, le petit Koné Lacina n'a également guère de chance d'obtenir facilement son passeport. Tout simplement parce que l'école coranique et surtout tout élève en partance pour les pays arabes, est regardé automatiquement par les autorités à travers des lunettes sécuritaires. Alors comment contourner la difficulté pour permettre à ce brillant élève, orphelin et boursier du Qatar, d'aller poursuivre ses études secondaires ? Les oncles très solidaires autour du petit orphelin, se réunissent et décident de lui donner une profession autre qu'élève coranique. Et c'est tout trouvé. Il ne peut être que commerçant comme la plupart de ses parents. Il devient donc commerçant dans le passeport délivré en 1982.
LES ETUDES AU QATAR : LE PREMIER CYCLE SECONDAIRE
Ainsi, ce ''Petit commerçant'' du nom de Koné Lacina dit Baba, arrive un après-midi ensoleillé, après une escale technique à Paris, à Doha au Qatar par un vol de la compagnie Air France le 06 Novembre 1982
Le premier choc dans le premier pays arabe est linguistique. Lui qui était si brillant dans les études arabes dans son Korhogo natal, arrive à peine à comprendre le premier vrai arabe qui vient l'accueillir à l'aéroport. Donc, c'est avec beaucoup d'appréhensions qu'il s'imagine les cours à l'école. Là-bas, le choc n'est plus linguistique, mais beaucoup plus sérieux. Car pour la première fois, il est confronté à des matières scientifiques qu'il n'a vraiment jamais étudiées dans son école coranique de Korhogo. Dans ces écoles, on n'enseignait que les sciences coraniques et la langue arabe. Ainsi, le dos au mur (car il ne peut plus retourner au pays) et conscient qu'il a une opportunité unique pour aller plus loin que ses camarades laissés en Côte d'Ivoire, il se met au travail nuit et jour. Il découvre donc pour la première fois, les mathématiques. Un élève burkinabé du nom de Coulibaly Adam, aujourd'hui fonctionnaire au Qatar, le rassure et lui apprend les équations et la géométrie. Le résultat est impressionnant. Il se classe régulièrement dans le peloton de tête en classe ; toujours parmi les trois premiers et le plus souvent, major de la classe jusqu'en terminale. Etant boursier, il arrive à épargner pour pouvoir se payer des cours de langue en anglais chaque vacance à Londres.
LES ETUDES UNIVERSITAIRES AUX EMIRATS ARABES UNIS
Le jeune Koné passe brillamment le Bac C. Il occupe le rang de 3ème admis sur le plan national et le 1er des ressortissants étrangers, avec en mathématique la note de 136 sur 140 et en chimie, 119 sur 120. On lui propose alors de poursuivre des études en faculté de biologie mais à condition d'avoir une autorisation du Ministère ivoirien des Affaires Etrangères. Le parcours du combattant du jeune bachelier Koné commence avec la certitude que l'Etat ivoirien ne lui donnera jamais cette autorisation. Car l'école coranique dont il est issu n'est toujours pas reconnue comme une école normale. Et pourtant, avec le même Bac, ses condisciples arabes peuvent allègrement poursuivre leurs études en Europe et en Amérique. Il débarque fin juillet 1987 en France, plus précisément à Montpellier. Là, il tente d'obtenir un visa pour le Canada (son lieu principal de résidence aujourd'hui par une curieuse ironie de l'histoire), mais il échoue pour des raisons financières. Bien que ressortissant d'un pays francophone, Koné Lacina, par la force des choses, est devenu anglophone et arabophone avec une culture éducative anglo-saxonne. Il hésite entre tenter sa chance en France avec l'handicap de la langue française ou retourner dans un pays arabe comme le lui conseille son beau frère résidant à Nice : «Tu es un arabisant. Tu connais la France en tant que visiteur, pas en tant qu'étudiant. Je te conseille de retourner dans un pays arabe pour faire une licence avant de t'aventurer en France. » Aussitôt, il arrête les procédures d'inscription qu'il avait engagées dans les universités de Clermont-Ferrand et Montpellier, et décide de retourner dans le monde arabe pour se « chercher ».
LE RETOUR DANS LES PAYS ARABES POUR LES ETUDES UNIVERSITAIRES
Il débarque au Caire, en Egypte en septembre 1987 par un vol de la compagnie KLM. Car, ce pays a toujours été un pionnier dans l'accueil des étudiants arabisants en particulier pour les études islamiques. Mais Koné Lacina veut faire autre chose que des études islamiques. Dans ce cas, malheureusement pour lui, selon les nouvelles dispositions en vigueur, cette nouvelle rentrée scolaire, il devra débourser entre 4 et 5 mille dollars par an. Il tente d'obtenir sur place une bourse ou d'autres soutiens financiers. La moisson est maigre et surtout, il est en train de perdre une année scolaire. Il refait ses valises pour débarquer au Maroc en mai 1988 parce que, depuis un moment, le gouvernement ivoirien commence à y envoyer des étudiants ivoiriens bénéficiaires généralement de bourses marocaines. Sa première rencontre avec un diplomate ivoirien en poste à Rabat est catastrophique. En effet, après l'avoir écouté en ces termes : « Je suis ivoirien. J'ai fait un Bac C en arabe. Je viens d'arriver d'Egypte et je voudrais faire des études supérieures ici au Maroc.» Le diplomate, avec un air étrange, lui assène ces vérités officielles : « L'Ambassade n'est pas là pour ceux qui ont fait les écoles de Bromakoté… Désolé, je ne peux pas vous aider…». Il se rappelle alors les péripéties du parcours du combattant de ses oncles à Abidjan, pour obtenir son premier passeport pour presque les mêmes raisons d'Etat.
Sur son chemin de retour à l'hôtel, il rencontre un africain dans les rues de Rabat qui le conduit chez des arabisants ivoiriens à qui, il raconte sa mésaventure. Ceux-ci lui confirment qu'effectivement, seuls les boursiers d'Etat pouvaient passer par l'ambassade et que les arabisants n'y étaient pas les bienvenus. Il est aussitôt intégré parmi les arabisants ivoiriens dont il connaissait certains. Ses compatriotes lui donnent une chambre en cité. Après l'aventure de son ambassade, le jeune Koné se retrouve parmi les siens, meurtri mais déterminé plus que jamais. Il passe de bons moments pendant les vacances en faisant du sport, surtout du football dont il est grand amateur. Mais lui pense toujours à son cursus scolaire. A la rentrée, il s'inscrit à l'INSEA (l'Institut National de la Statistique et de l'Economie Appliquée) sans problèmes. Normalement, il fallait un concours pour y accéder. Mais avec son Bac C avec mention et ses excellentes notes de classe en arabe reconnues par le Maroc, il y est automatiquement reçu.
Cependant, deux nouvelles rapportées par son oncle fonctionnaire à Abu Dhabi, Koné Abdramane, vont faire basculer encore son destin. La première nouvelle est l'ouverture de la première université privée en septembre 1988, dans le golfe aux Emirats arabes unis à quelques kilomètres des lieux où il a fait ses études secondaires. La deuxième nouvelle est la promesse d'une prise en charge de ses études par la Banque Islamique de Développement. C'est un peu le retour aux sources en quelque sorte pour lui.
L'ARRIVEE AUX EMIRATS ARABES UNIS
Il s'inscrit donc à la faculté au département électrique, option électronique. Là, il rencontre un autre ivoirien du nom de Koné Bakary. Dans cette nouvelle université, la langue de travail est l'anglais. Pour traiter un sujet de mathématique, il le traduit d'abord en arabe. Après avoir trouvé la réponse, il le traduit ensuite en anglais. Malgré ce début difficile, il termine en bonne position la première année scolaire universitaire. Au plan académique, pas de problème. Mais au plan financier, l'horizon s'assombrit brusquement. Car les promesses faites pour sa prise en charge au nom de la Banque Islamique, n'ont pas été respectées. Pour les responsables de cette banque en effet, le coût des études est trop élevé pour le budget disponible. Donc, il lui est conseillé de trouver une université moins chère notamment au Maroc, au Pakistan ou en Turquie.
Son condisciple plie bagage et quitte l'université Ajman en juin 1989, car il ne voit pas, par quel miracle, il peut avoir les moyens de payer 10 000 dollars par an pendant les cinq ans que doivent durer les études dans cette université.
Koné Lacina se trouve seul face à son destin. Entre temps, l'université lui adresse une série d'avertissements pour défaut de paiement. Finalement, il lui est notifié qu'il ne pourra pas entamer la deuxième année sans avoir, au préalable, rempli les conditions financières. Mais le jeune Koné Lacina persiste et signe. Il ne quittera pas l'Université Ajman. Puis, il formule la prière suivante : « Oh Allah le Tout Puissant, Miséricordieux, je suis orphelin, je n'ai pas les moyens financiers de poursuivre mes études. Mais Tu m'as donné les moyens intellectuels de poursuivre les études dont mes parents, ma famille, ma communauté et mon pays pourraient être fiers avec ma foi en Toi intacte. Pour réaliser ce rêve, ni mon intelligence, ni l'argent ne peuvent le faire sans Ta volonté. Et dans tous les cas de figure, Mon Seigneur, je m'en remets au Destin que Tu as bien voulu me tracer ».
A suivre dans islam info N°241
Par Fatim Djamila