Le président français s'imagine « un nouveau Rwanda » en Côte d'Ivoire si les élections présidentielles ne se déroulent pas. Bien d'éléments liés à la crise ont pu motiver cette sortie de Nicolas Sarkozy.
Les récentes sorties des présidents français Nicolas Sarkozy, et ivoirien, Laurent Gbagbo, ne prouvent que leurs rapports sont au beau fixe. La déclaration du n°1 français dans les colonnes de Le Canard enchaîné en dit d'ailleurs long sur son opinion à propos du processus de paix ivoirien. « On va à la catastrophe si on continue comme ça… S'il n'y a pas d'élections, je ne veux pas qu'il y ait l'armée française là-dedans et qu'on risque un nouveau Rwanda », a estimé M. Sarkozy. En effet, Le Canard enchaîné a rapporté ses propos qu'il a tenus au lendemain du sommet France-Afrique qu'il a présidé du 31 mai au 1er juin, à Nice. La question est de savoir pourquoi Nicolas Sarkozy prédit l'hécatombe à la Côte d'Ivoire ? Les derniers dénouements de l'actualité diplomatique, d'une part, et ivoirienne, d'autre part, sont susceptibles d'apporter des éléments de réponse à cette question. La sortie de M. Sarkozy est sûrement une réaction à celle de Laurent Gbagbo. Qui, intervenant il y a deux semaines sur les antennes de Radio France internationale (Rfi), a tancé l'Etat français, et celui qui l'incarne. « Je ne trouve pas que ce soit une bonne solution d'aller au sommet de Nice pour discuter d'un différend que j'estime fondamental. Il faut qu'on en discute d'abord et après je pourrai faire un déplacement (...) Il y a un différend qui a été créé, qui est né de l'attitude de ceux qui dirigeaient l'Etat français ; ce différend-là, on en parle ou on n'en parle pas ? J'attends que ceux qui doivent prendre les initiatives les prennent. Sinon, moi, je suis chez moi », a justifié M. Gbagbo son absence à ces retrouvailles. Mais au-delà de la passe d'armes, il y a le processus électoral ivoirien qu'observe la France. Ce processus étant bloqué, Nicolas Sarkozy n'embouche-t-il pas la trompette d'autres observateurs étrangers qui se disent impatients de voir des élections se tenir en Côte d'Ivoire ? Blaise Compaoré, président du Faso et Facilitateur dans l'Accord politique de Ouagadougou (Apo) a été le premier à montrer des signes de lassitude devant le blocage qui dure depuis six mois maintenant de l'accord. « Il est certain que mes limites effectivement peuvent s'arrêter au cours de cette année », avait annoncé M. Compaoré, début juin, sur Rfi. Pour le facilitateur, il n'est pas question de franchir le cap de 2010 sans élections en Côte d'Ivoire. Outre M. Compaoré, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki Moon, avait aussi marqué sa « déception » devant une situation politique qui tient, selon lui, en haleine le monde entier. « Le pays demeure une poudrière susceptible de prendre feu à tout moment si les causes profondes du conflit ne sont pas traitées », avait-il prévenu, début juin, plus alarmiste que Nicolas Sarkozy. Que dire du sentiment de YJ Choi, Représentant spécial du Sg, sur la crise ivoirienne. YJ Choi, faisant son dernier rapport sur la Côte d'Ivoire devant l'ONU, a aussi déploré une « impasse politique aussi complexe que délicate ». Enfin, une réunion du Conseil de sécurité se profile à l'horizon. Il n'est pas à exclure que la France prépare pour ce rendez-vous, de grandes décisions. Le pays de Nicolas Sarkozy qui a l'initiative des résolutions onusiennes sur son ancienne colonie, la Côte d'Ivoire, ne manquerait en aucun cas l'occasion de lui imposer d'autres directives. Histoire pour l'Hexagone de forcer la main aux acteurs politiques nationaux à exécuter leurs propres engagements. Il n'est donc pas excessif de penser que le président français prépare l'opinion à une résolution onusienne, surtout que le mandat de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (Onuci) et de Licorne est appelé à être renouvelé d'ici la fin du mois.
Bidi Ignace
Les récentes sorties des présidents français Nicolas Sarkozy, et ivoirien, Laurent Gbagbo, ne prouvent que leurs rapports sont au beau fixe. La déclaration du n°1 français dans les colonnes de Le Canard enchaîné en dit d'ailleurs long sur son opinion à propos du processus de paix ivoirien. « On va à la catastrophe si on continue comme ça… S'il n'y a pas d'élections, je ne veux pas qu'il y ait l'armée française là-dedans et qu'on risque un nouveau Rwanda », a estimé M. Sarkozy. En effet, Le Canard enchaîné a rapporté ses propos qu'il a tenus au lendemain du sommet France-Afrique qu'il a présidé du 31 mai au 1er juin, à Nice. La question est de savoir pourquoi Nicolas Sarkozy prédit l'hécatombe à la Côte d'Ivoire ? Les derniers dénouements de l'actualité diplomatique, d'une part, et ivoirienne, d'autre part, sont susceptibles d'apporter des éléments de réponse à cette question. La sortie de M. Sarkozy est sûrement une réaction à celle de Laurent Gbagbo. Qui, intervenant il y a deux semaines sur les antennes de Radio France internationale (Rfi), a tancé l'Etat français, et celui qui l'incarne. « Je ne trouve pas que ce soit une bonne solution d'aller au sommet de Nice pour discuter d'un différend que j'estime fondamental. Il faut qu'on en discute d'abord et après je pourrai faire un déplacement (...) Il y a un différend qui a été créé, qui est né de l'attitude de ceux qui dirigeaient l'Etat français ; ce différend-là, on en parle ou on n'en parle pas ? J'attends que ceux qui doivent prendre les initiatives les prennent. Sinon, moi, je suis chez moi », a justifié M. Gbagbo son absence à ces retrouvailles. Mais au-delà de la passe d'armes, il y a le processus électoral ivoirien qu'observe la France. Ce processus étant bloqué, Nicolas Sarkozy n'embouche-t-il pas la trompette d'autres observateurs étrangers qui se disent impatients de voir des élections se tenir en Côte d'Ivoire ? Blaise Compaoré, président du Faso et Facilitateur dans l'Accord politique de Ouagadougou (Apo) a été le premier à montrer des signes de lassitude devant le blocage qui dure depuis six mois maintenant de l'accord. « Il est certain que mes limites effectivement peuvent s'arrêter au cours de cette année », avait annoncé M. Compaoré, début juin, sur Rfi. Pour le facilitateur, il n'est pas question de franchir le cap de 2010 sans élections en Côte d'Ivoire. Outre M. Compaoré, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki Moon, avait aussi marqué sa « déception » devant une situation politique qui tient, selon lui, en haleine le monde entier. « Le pays demeure une poudrière susceptible de prendre feu à tout moment si les causes profondes du conflit ne sont pas traitées », avait-il prévenu, début juin, plus alarmiste que Nicolas Sarkozy. Que dire du sentiment de YJ Choi, Représentant spécial du Sg, sur la crise ivoirienne. YJ Choi, faisant son dernier rapport sur la Côte d'Ivoire devant l'ONU, a aussi déploré une « impasse politique aussi complexe que délicate ». Enfin, une réunion du Conseil de sécurité se profile à l'horizon. Il n'est pas à exclure que la France prépare pour ce rendez-vous, de grandes décisions. Le pays de Nicolas Sarkozy qui a l'initiative des résolutions onusiennes sur son ancienne colonie, la Côte d'Ivoire, ne manquerait en aucun cas l'occasion de lui imposer d'autres directives. Histoire pour l'Hexagone de forcer la main aux acteurs politiques nationaux à exécuter leurs propres engagements. Il n'est donc pas excessif de penser que le président français prépare l'opinion à une résolution onusienne, surtout que le mandat de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (Onuci) et de Licorne est appelé à être renouvelé d'ici la fin du mois.
Bidi Ignace