Il voulait faire de ce séjour français quelque chose de privé. Mais comme on le dit, si tu ne fais pas la politique, la politique te fait. C`est ce que vit le président national de la jeunesse du Parti Démocratique de Côte d`Ivoire Kouadio Konan Bertin (KKB) depuis qu`il est en France. Il a accepté, à travers cette interview, de partager avec nous ce séjour privé qui a pris l`allure d`un voyage officiel.
Depuis le 5 juin, vous séjournez à Paris. Un séjour que vous aviez prévu pour un repos. Mais apparemment ce n`est pas le cas ?
Merci. En effet, je suis là depuis le 5 juin. C`est un voyage privé. Je suis là pour des raisons personnelles. Mais vous savez, moi je suis comme une tige de manioc, partout où on me dépose, je pousse des racines. On ne peut pas abandonner totalement. Puisqu`il me semble que l`horizon s`éclaircit. Nous allons aller vers les élections. Je mets mon séjour français à profit pour mobiliser un peu tous nos amis ici en France. Singulièrement la droite politique française qui est notre allié traditionnel. Depuis quelques années, avec les évènements qu`il y a eus en Côte d`Ivoire entre le régime FPI et les Français, il y a comme une sorte d`abandon. Alors même qu`on assiste régulièrement à des voyages des gens de la gauche à Abidjan pour aller assister Gbagbo. Le dernier en date, c`était Jack Lang. Allant même jusqu`à se pavaner dans nos boîtes de nuit à la " rue princesse ". Du côté de la droite française, Abidjan est devenu depuis quelques années, une destination non conseillée. La Côte d`Ivoire est devenue un pays non fréquentable. Ce n`est pas normal. Le PDCI ne peut pas aller à ces élections sans compter sur ses amis. C`est dans les moments difficiles qu`on voit ses meilleurs amis. Houphouët Boigny a tissé ses réseaux d`amitié de par le monde et singulièrement ici en France. Le PDCI ne peut donc pas être orphelin en cette période là. C`est pourquoi nous avons pris des contacts. Nous continuons de les prendre. Le mardi dernier, j`ai pu rencontrer le député UMP Thierry Mariani qui est chargé des questions de l`étranger. Avec lui nous avons évoqué longuement cette question. Et j`ai à cœur de propulser, de promouvoir et de faire en sorte que dans les mois à venir, nous puissions assister à une sorte de " come back ". C`est-à-dire le retour de la droite politique française en Côte d`Ivoire. Le même mardi dernier, dans l`après midi, j`ai rencontré aussi les membres du bureau de la JPDCI France. J`ai aussi rencontré le sénateur Robert Denis Del PICCHIA, vice-président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, membre de la commission des affaires européennes, membre du groupe Union pour un Mouvement Populaire et président du groupe français de l`Union Interparlementaire (U.I.P.) qui est un vieil ami d`Houphouët Boigny et du PDCI-RDA.
Quel est le message majeur que vous passez au cours de ces rencontres pour motiver cette droite politique française à un retour en Côte d`Ivoire ?
D`abord, je les rassure en leur disant que dans la vie, chacun a le droit d`avoir des amis. Ce n`est pas la faute de quelqu`un si le PDCI-RDA est allié à la droite politique française. Donc le PDCI-RDA, sans inviter la France à aller intervenir dans les affaires publiques de la gestion de la Côte d`Ivoire, de la même façon dont les Jack Lang, la gauche française fréquentent régulièrement le FPI pour lui donner un coup de main, nous avons le droit aussi d`avoir le soutien de nos amis parmi lesquels la droite française. Donc je les rassure que dans tous les cas en Côte d`Ivoire, il n`y a pas de sentiment anti-français. Les évènements de 2004 et 2006 appartiennent au passé. C`est révolu. On ne peut donc pas vivre de complexe. Il faut dire non. Il n`y a aucun risque à aller en Côte d`Ivoire et aller soutenir ses amis. Surtout que maintenant nous allons aux élections. Donc je rassure nos amis français. Je les invite à revenir en Côte d`Ivoire. Nous avons bâti ensemble ce pays-là et nous pouvons encore faire beaucoup de choses ensemble.
La situation politique en Côte d`Ivoire a été marquée par l`avortement de la marche du 15 mai dernier. Une chose qui a jeté un coup de froid sur la mobilisation. Comptez-vous en débattre avec les responsables du RHDP en France pour leur donner de réels motifs de remobilisation ?
C`est vrai, je n`ai pas encore rencontré les responsables politiques du RHDP en France depuis que je suis arrivé. Je vous ai dit que je suis venu dans un cadre privé. Mais je le ferai. On se verra avant que je ne parte. Si nous nous voyons, ce n`est pas revenir sur ce qui est passé. J`ai pris l`exemple d`un bébé qui naît et qui sait qu`il va marcher. Il est condamné à marcher. Mais pour ses premiers pas, le bébé peut trébucher et tomber. Cela peut se passer une fois, deux fois, voire trois fois. Mais ce n`est pas pour autant, qu`il va baisser les bras. Nous sommes condamnés à sortir la Côte d`Ivoire de l`ornière. On a trébuché une fois, on a trébuché deux fois mais je suis persuadé que la troisième fois sera la bonne. On ne va donc pas se morfondre à pleurnicher sur la passé. Le passé appartient au passé. Le 15 mai appartient au passé. Il faut envisager l`avenir. Si je dois les rencontrer, c`est pour voir comment les remobiliser. J`ai dit qu`il faut que chacun s`arme de courage. Que chacun entre en lui-même pour puiser les ressources nécessaires parce que de toutes les façons, tant qu`on n`a pas fini de marcher, on continuera de balancer les bras. Je dis donc à nos militants de s`armer de courage, d`oublier le 15 mai et qu`on envisage l`avenir avec sérénité. Moi, ma vision est claire. Le peuple souverain, lui, peut indiquer la voie à suivre s`il se révolte pour dire à Gbagbo : allons aux élections.
Dans vos propos, on constate une assurance de votre part, quant à la tenue imminente des élections. Qu`est-ce qui vous rend si rassurant ?
Dans un passé récent, le slogan du FPI était clair : " il n`y a rien en face voire, il n`y a personne en face ". Mais je me rends compte que ces derniers temps, quand Gbagbo a des problèmes, ou quand il est en difficulté, il frappe à la porte de Bédié. Or donc Bédié est en face. Bédié est maintenant au cœur des débats. Comme on le disait il n`y a pas longtemps aussi, il n`a ni territoire, ni armée, il n`a pas droit au chapitre. Mais je constate que depuis quelques temps, sans armée, sans territoire, Bédié est devenu incontournable, on le fréquente, on le consulte, on frappe à sa porte, on l`associe. C`est de cela qu`il s`agit. Parce que la politique, ce n`est rien d`autre qu`un rapport de forces. Tant que vous êtes une force, on compose avec vous. Mais dès l`instant que vous cessez d`être une force, on vous écarte et on avance. Peut-être que pendant longtemps on n`a pas été une force. Mais aujourd`hui, personne ne peut nier que le PDCI est une force incontournable aussi bien dans les urnes que dans les pratiques politiques de tous les jours. Désormais, toutes les équations que Gbagbo nous proposera, on trouvera solution. Comme je l`ai dit, je me compare à l`eau. Je prends la forme du récipient qui me contient. Il n`y a plus à pleurnicher, il faut avancer. Et je vous l`ai déjà répéter, je vais appliquer à Gbagbo, toutes les théories, toutes les leçons, toutes les méthodes qu`il a appliquées à Houphouët. Nous n`en sommes qu`au début. Si nous allons aux élections dans les meilleurs délais, Alléluia ! Mais dans tous les cas on ne peut plus baisser les bras. Parce que devant Gbagbo il y a le peuple de Côte d`Ivoire et ce peuple a décidé de ne plus se laisser manipuler. Les rencontres de ces derniers temps laissent augurer de ce que le climat s`apaise dans une ambiance que nous voulons conviviale pour des élections libres, ouvertes, et fraternelles. Ce, pour que le meilleur gagne et que la Côte d`Ivoire se remette au travail. Si c`est dans cette ambiance là qu`on évolue, d`accord ; nous suivrons le pas. Mais à condition qu`ils tiennent compte de ce que les jeunes qui avaient 20 ans en 2000 en ont 30 aujourd`hui, ceux qui en avaient 40 sont à 50 ans aujourd`hui. Et vous savez qu`en Côte d`Ivoire, l`âge de la retraite c`est 55 ans. Nous avons au moins trois à quatre générations de jeunes en Côte d`Ivoire qui risquent d`aller à la retraite sans avoir jamais la chance de travailler. C`est largement suffisant pour révolter les jeunes que nous sommes. Sans oublier la misère qui s`est installée dans notre pays, le délestage, les pénuries d`eau en Côte d`Ivoire. Attention, on ne peut pas s`accommoder de ces maux-là. Il faut se battre ; seule la lutte paye.
Monsieur le président de la JPDCI, vous feriez partie d`un groupe de personnalités qui, au sein du PDCI-RDA, manœuvreraient la tenue d`un congrès dont le but est de déchoir M. Bédié de la présidence du PDCI.
Je trouve ces allégations mensongères. C`est trop gros pour être vrai. Je voudrais ici et maintenant rassurer les militants et les Ivoiriens dans leur ensemble pour leur dire que si je devrais être le porte-parole d`un groupe qui se serait constitué pour faire tomber le président Bédié, alors que le président Bédié dorme tranquille. Parce qu`il ne lui arrivera rien.
La fidélité et la loyauté sont à la base de mon combat. Ce sont des vertus cardinales que tout homme politique doit cultiver. J`ai volontairement, en mon âme et conscience, et vraiment en toute lucidité, décidé de servir le président Henri Konan Bédié. C`est une page de l`histoire que je me suis engagé à écrire avec ma génération afin de porter M. Bédié au pouvoir aux prochaines élections. Avant cela, je suis sourd à tout autre son de cloche et muet. Je dois insister pour dire que mon âme ne prospère pas dans les manœuvres occultes, les putschs, les coups d`Etat, les conspirations et tout ce qui est bas. Je suis un homme entier et Bédié sait que je serai le dernier des hommes à le trahir. Je voudrais aussi dire cela à tous ceux qui, tapis dans l`ombre, se livrent à ce petit jeu. Ils pensent qu`ils se cachent mais leur dos est à découvert. Moi, je poursuis mon combat pour la victoire du PDCI et de Bédié.
Au cours de votre séjour ici à Paris vous n`avez pas chômé. Des rendez-vous importants.
Oui, on peut le dire. Depuis mon arrivée, j`ai pu rencontrer et nouer des contacts utiles avec des personnalités de la classe politique française.
Il y a M. Thierry Mariani, chargé des Affaires de l`étranger de l`UMP, adjoint direct de M. Xavier Bertrand.
J`ai également été reçu au Senat par le sénateur Delpicchia qui est le vice-président de la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Senat. Et par ailleurs président des parlementaires francophones et vice-président de l`Agence des renseignements français à l`extérieur. Je sors aujourd`hui (hier, ndlr) d`une audience de plus d`une heure à l`Elysée avec M. Clément Leclerc, le conseiller technique du président Nicolas Sarkozy. J`ai aussi rencontré un ami du président Bédié, M. Pascal Drouhot qui était à l`époque chargé des Affaires étrangères de l`UMP. Avec toutes ces personnalités, j`ai évoqué l`importance, la nécessité et même l`urgence de redonner vie à une relation vieille de je ne sais combien d`années entre la Droite française et le PDCI-RDA, une relation qui est en train de s`étioler. Comme vous le voyez, je poursuis mon combat qui doit ramener M. Bédié au pouvoir. Auprès de ces autorités, je n`ai d`ailleurs pas manqué d`ajouter quelques grains de sel sur la victoire certaine du candidat Bédié à la prochaine élection présidentielle. Je suis à la tâche et je n`ai vraiment pas de temps à consacrer aux commérages et aux ragots.
Interview réalisée à Paris
par Eugène YOBOUET
Correspondant permanent en France
Depuis le 5 juin, vous séjournez à Paris. Un séjour que vous aviez prévu pour un repos. Mais apparemment ce n`est pas le cas ?
Merci. En effet, je suis là depuis le 5 juin. C`est un voyage privé. Je suis là pour des raisons personnelles. Mais vous savez, moi je suis comme une tige de manioc, partout où on me dépose, je pousse des racines. On ne peut pas abandonner totalement. Puisqu`il me semble que l`horizon s`éclaircit. Nous allons aller vers les élections. Je mets mon séjour français à profit pour mobiliser un peu tous nos amis ici en France. Singulièrement la droite politique française qui est notre allié traditionnel. Depuis quelques années, avec les évènements qu`il y a eus en Côte d`Ivoire entre le régime FPI et les Français, il y a comme une sorte d`abandon. Alors même qu`on assiste régulièrement à des voyages des gens de la gauche à Abidjan pour aller assister Gbagbo. Le dernier en date, c`était Jack Lang. Allant même jusqu`à se pavaner dans nos boîtes de nuit à la " rue princesse ". Du côté de la droite française, Abidjan est devenu depuis quelques années, une destination non conseillée. La Côte d`Ivoire est devenue un pays non fréquentable. Ce n`est pas normal. Le PDCI ne peut pas aller à ces élections sans compter sur ses amis. C`est dans les moments difficiles qu`on voit ses meilleurs amis. Houphouët Boigny a tissé ses réseaux d`amitié de par le monde et singulièrement ici en France. Le PDCI ne peut donc pas être orphelin en cette période là. C`est pourquoi nous avons pris des contacts. Nous continuons de les prendre. Le mardi dernier, j`ai pu rencontrer le député UMP Thierry Mariani qui est chargé des questions de l`étranger. Avec lui nous avons évoqué longuement cette question. Et j`ai à cœur de propulser, de promouvoir et de faire en sorte que dans les mois à venir, nous puissions assister à une sorte de " come back ". C`est-à-dire le retour de la droite politique française en Côte d`Ivoire. Le même mardi dernier, dans l`après midi, j`ai rencontré aussi les membres du bureau de la JPDCI France. J`ai aussi rencontré le sénateur Robert Denis Del PICCHIA, vice-président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, membre de la commission des affaires européennes, membre du groupe Union pour un Mouvement Populaire et président du groupe français de l`Union Interparlementaire (U.I.P.) qui est un vieil ami d`Houphouët Boigny et du PDCI-RDA.
Quel est le message majeur que vous passez au cours de ces rencontres pour motiver cette droite politique française à un retour en Côte d`Ivoire ?
D`abord, je les rassure en leur disant que dans la vie, chacun a le droit d`avoir des amis. Ce n`est pas la faute de quelqu`un si le PDCI-RDA est allié à la droite politique française. Donc le PDCI-RDA, sans inviter la France à aller intervenir dans les affaires publiques de la gestion de la Côte d`Ivoire, de la même façon dont les Jack Lang, la gauche française fréquentent régulièrement le FPI pour lui donner un coup de main, nous avons le droit aussi d`avoir le soutien de nos amis parmi lesquels la droite française. Donc je les rassure que dans tous les cas en Côte d`Ivoire, il n`y a pas de sentiment anti-français. Les évènements de 2004 et 2006 appartiennent au passé. C`est révolu. On ne peut donc pas vivre de complexe. Il faut dire non. Il n`y a aucun risque à aller en Côte d`Ivoire et aller soutenir ses amis. Surtout que maintenant nous allons aux élections. Donc je rassure nos amis français. Je les invite à revenir en Côte d`Ivoire. Nous avons bâti ensemble ce pays-là et nous pouvons encore faire beaucoup de choses ensemble.
La situation politique en Côte d`Ivoire a été marquée par l`avortement de la marche du 15 mai dernier. Une chose qui a jeté un coup de froid sur la mobilisation. Comptez-vous en débattre avec les responsables du RHDP en France pour leur donner de réels motifs de remobilisation ?
C`est vrai, je n`ai pas encore rencontré les responsables politiques du RHDP en France depuis que je suis arrivé. Je vous ai dit que je suis venu dans un cadre privé. Mais je le ferai. On se verra avant que je ne parte. Si nous nous voyons, ce n`est pas revenir sur ce qui est passé. J`ai pris l`exemple d`un bébé qui naît et qui sait qu`il va marcher. Il est condamné à marcher. Mais pour ses premiers pas, le bébé peut trébucher et tomber. Cela peut se passer une fois, deux fois, voire trois fois. Mais ce n`est pas pour autant, qu`il va baisser les bras. Nous sommes condamnés à sortir la Côte d`Ivoire de l`ornière. On a trébuché une fois, on a trébuché deux fois mais je suis persuadé que la troisième fois sera la bonne. On ne va donc pas se morfondre à pleurnicher sur la passé. Le passé appartient au passé. Le 15 mai appartient au passé. Il faut envisager l`avenir. Si je dois les rencontrer, c`est pour voir comment les remobiliser. J`ai dit qu`il faut que chacun s`arme de courage. Que chacun entre en lui-même pour puiser les ressources nécessaires parce que de toutes les façons, tant qu`on n`a pas fini de marcher, on continuera de balancer les bras. Je dis donc à nos militants de s`armer de courage, d`oublier le 15 mai et qu`on envisage l`avenir avec sérénité. Moi, ma vision est claire. Le peuple souverain, lui, peut indiquer la voie à suivre s`il se révolte pour dire à Gbagbo : allons aux élections.
Dans vos propos, on constate une assurance de votre part, quant à la tenue imminente des élections. Qu`est-ce qui vous rend si rassurant ?
Dans un passé récent, le slogan du FPI était clair : " il n`y a rien en face voire, il n`y a personne en face ". Mais je me rends compte que ces derniers temps, quand Gbagbo a des problèmes, ou quand il est en difficulté, il frappe à la porte de Bédié. Or donc Bédié est en face. Bédié est maintenant au cœur des débats. Comme on le disait il n`y a pas longtemps aussi, il n`a ni territoire, ni armée, il n`a pas droit au chapitre. Mais je constate que depuis quelques temps, sans armée, sans territoire, Bédié est devenu incontournable, on le fréquente, on le consulte, on frappe à sa porte, on l`associe. C`est de cela qu`il s`agit. Parce que la politique, ce n`est rien d`autre qu`un rapport de forces. Tant que vous êtes une force, on compose avec vous. Mais dès l`instant que vous cessez d`être une force, on vous écarte et on avance. Peut-être que pendant longtemps on n`a pas été une force. Mais aujourd`hui, personne ne peut nier que le PDCI est une force incontournable aussi bien dans les urnes que dans les pratiques politiques de tous les jours. Désormais, toutes les équations que Gbagbo nous proposera, on trouvera solution. Comme je l`ai dit, je me compare à l`eau. Je prends la forme du récipient qui me contient. Il n`y a plus à pleurnicher, il faut avancer. Et je vous l`ai déjà répéter, je vais appliquer à Gbagbo, toutes les théories, toutes les leçons, toutes les méthodes qu`il a appliquées à Houphouët. Nous n`en sommes qu`au début. Si nous allons aux élections dans les meilleurs délais, Alléluia ! Mais dans tous les cas on ne peut plus baisser les bras. Parce que devant Gbagbo il y a le peuple de Côte d`Ivoire et ce peuple a décidé de ne plus se laisser manipuler. Les rencontres de ces derniers temps laissent augurer de ce que le climat s`apaise dans une ambiance que nous voulons conviviale pour des élections libres, ouvertes, et fraternelles. Ce, pour que le meilleur gagne et que la Côte d`Ivoire se remette au travail. Si c`est dans cette ambiance là qu`on évolue, d`accord ; nous suivrons le pas. Mais à condition qu`ils tiennent compte de ce que les jeunes qui avaient 20 ans en 2000 en ont 30 aujourd`hui, ceux qui en avaient 40 sont à 50 ans aujourd`hui. Et vous savez qu`en Côte d`Ivoire, l`âge de la retraite c`est 55 ans. Nous avons au moins trois à quatre générations de jeunes en Côte d`Ivoire qui risquent d`aller à la retraite sans avoir jamais la chance de travailler. C`est largement suffisant pour révolter les jeunes que nous sommes. Sans oublier la misère qui s`est installée dans notre pays, le délestage, les pénuries d`eau en Côte d`Ivoire. Attention, on ne peut pas s`accommoder de ces maux-là. Il faut se battre ; seule la lutte paye.
Monsieur le président de la JPDCI, vous feriez partie d`un groupe de personnalités qui, au sein du PDCI-RDA, manœuvreraient la tenue d`un congrès dont le but est de déchoir M. Bédié de la présidence du PDCI.
Je trouve ces allégations mensongères. C`est trop gros pour être vrai. Je voudrais ici et maintenant rassurer les militants et les Ivoiriens dans leur ensemble pour leur dire que si je devrais être le porte-parole d`un groupe qui se serait constitué pour faire tomber le président Bédié, alors que le président Bédié dorme tranquille. Parce qu`il ne lui arrivera rien.
La fidélité et la loyauté sont à la base de mon combat. Ce sont des vertus cardinales que tout homme politique doit cultiver. J`ai volontairement, en mon âme et conscience, et vraiment en toute lucidité, décidé de servir le président Henri Konan Bédié. C`est une page de l`histoire que je me suis engagé à écrire avec ma génération afin de porter M. Bédié au pouvoir aux prochaines élections. Avant cela, je suis sourd à tout autre son de cloche et muet. Je dois insister pour dire que mon âme ne prospère pas dans les manœuvres occultes, les putschs, les coups d`Etat, les conspirations et tout ce qui est bas. Je suis un homme entier et Bédié sait que je serai le dernier des hommes à le trahir. Je voudrais aussi dire cela à tous ceux qui, tapis dans l`ombre, se livrent à ce petit jeu. Ils pensent qu`ils se cachent mais leur dos est à découvert. Moi, je poursuis mon combat pour la victoire du PDCI et de Bédié.
Au cours de votre séjour ici à Paris vous n`avez pas chômé. Des rendez-vous importants.
Oui, on peut le dire. Depuis mon arrivée, j`ai pu rencontrer et nouer des contacts utiles avec des personnalités de la classe politique française.
Il y a M. Thierry Mariani, chargé des Affaires de l`étranger de l`UMP, adjoint direct de M. Xavier Bertrand.
J`ai également été reçu au Senat par le sénateur Delpicchia qui est le vice-président de la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Senat. Et par ailleurs président des parlementaires francophones et vice-président de l`Agence des renseignements français à l`extérieur. Je sors aujourd`hui (hier, ndlr) d`une audience de plus d`une heure à l`Elysée avec M. Clément Leclerc, le conseiller technique du président Nicolas Sarkozy. J`ai aussi rencontré un ami du président Bédié, M. Pascal Drouhot qui était à l`époque chargé des Affaires étrangères de l`UMP. Avec toutes ces personnalités, j`ai évoqué l`importance, la nécessité et même l`urgence de redonner vie à une relation vieille de je ne sais combien d`années entre la Droite française et le PDCI-RDA, une relation qui est en train de s`étioler. Comme vous le voyez, je poursuis mon combat qui doit ramener M. Bédié au pouvoir. Auprès de ces autorités, je n`ai d`ailleurs pas manqué d`ajouter quelques grains de sel sur la victoire certaine du candidat Bédié à la prochaine élection présidentielle. Je suis à la tâche et je n`ai vraiment pas de temps à consacrer aux commérages et aux ragots.
Interview réalisée à Paris
par Eugène YOBOUET
Correspondant permanent en France