Les coupeurs d'ongle sont aussi populaires que les barbiers ambulants. Ciseaux à la main, lames pour d'autres, pour la plupart des ressortissants Nigériens, ils s'adonnent à un genre particulier de manicure-pédicure dans la ville d'Abidjan.
Depuis quelques années déjà, l'on rencontre dans les rues d'Abidjan et même dans certaines villes de l'intérieur du pays, des hommes, essentiellement d'origine nigérienne s'adonnant à un type de métier: coupure d'ongles. On les retrouve aux abords des marchés, des gares routières, des mosquées, dans les quartiers populeux, et aussi à la "sorborne" au plateau. Devant la mairie d’Abobo, Bachirou exerce dans ce domaine. Rencontré, il accepte de lever un coin de voile sur ce métier qui lui permet de joindre les deux bouts. Selon lui, il est venu du Niger depuis 2004. Après avoir travaillé avec son frère dans la vente de l’attiéké, communément appelé Garba. Aujourd’hui, il affirme ne pas se plaindre d’avoir opté pour ce métier de manucure-pédicure. Car, il lui rapporte quotidiennement en moyenne 800 F cfa. Ce qui lui permet de subvenir à ses besoins, ainsi qu'à ceux de sa famille. Kabirou qui exerce également cette activité, trouve qu'elle nourrit son homme. Mais il fait remarquer que depuis le déclenchement de la crise en Côte d'Ivoire, ils subissent les caprices de certains hommes en treillis: "Ils (ndlr: les hommes en treillis) nous traitent d’étrangers et nous emmènent fortuitement à débourser des sommes d’argent pouvant aller de 1 000 F cfa à 2 000 F cfa, " dénonce-il. Ces "coupeurs d'ongles" particuliers sont parfois obligés de se terrer pour échapper à la furie des hommes en tenues; d'où la perte de beaucoup de clients. Ils continuent néanmoins de vivre de ce métier qu'ils exercent avec passion. Contrairement à nos deux premiers interlocuteurs, Soumaïla, une jeune ivoirien de 23 ans affirme échapper aux tracasseries des Fds. « Je ne sors jamais sans mon attestation d’identité. Car elle me permet de rentrer chez moi avec ma recette journalière. Cependant, un jour, un policier a déchiré mon attestation sous prétexte que je l’avais volée. Il m’a, par la suite, dépouillé de mon argent » a-t-il dénoncé.
Les risques minimisés par les clients
Si la pédicure-manucure se fait avec beaucoup de soins et d'attention dans les salons d'esthétique, ce n'est toujours pas le cas chez ces "coupeurs d'ongles". Le matériel utilisé est vieux, mal stérilisé ou pas stérilisé du tout. Malgré cela, certains clients habitués de ces manicures- pédicures particulières, trouvent qu'il n'y a rien à craindre. Selon M Breka, "deux fois dans la semaine, entre midi et deux, je viens me faire tailler les ongles ici. C'est un connaisseur et il ne m'a jamais blessé..." Ces propos mettent en évidence la confiance qu'ont ces clients en leurs "coupeurs-d'ongles". Lorsqu'on sait que le Sida se transmet par le sang, ceux qui fréquentent ces lieux doivent prendre conscience des risques de contamination auxquels ils s'exposent. Nul n'est sans savoir que le taux de prévalence (officiel) du Sida est de 4,7 % dans notre pays. « Que voulez-vous qu’on fasse quand la misère fait rage ? Nous voyons très bien les salons de pédicure-manucure. Mais avec le coût exorbitant de leurs soins, nous sommes obligés d’avoir recours à ces coupeurs d’ongles ambulants qui nous font la pédicure-manucure à 100 Fcfa » se sont-ils justifiés. Parlant du Vih/Sida, Kabirou a expliqué qu’il stérilise ces outils de travail. « J’ai une pierre qui me permet de stopper en un temps records, les hémorragies. Et comme je maitrise le travail, je blesse très rarement mes clients » a-t-il dit. Pour éviter donc d'éventuelles contaminations, les clients doivent exiger des mesures hygiéniques plus rigoureuses. Ne dit on pas que mieux vaut prévenir que guérir?
Aboubakar Sangaré
Depuis quelques années déjà, l'on rencontre dans les rues d'Abidjan et même dans certaines villes de l'intérieur du pays, des hommes, essentiellement d'origine nigérienne s'adonnant à un type de métier: coupure d'ongles. On les retrouve aux abords des marchés, des gares routières, des mosquées, dans les quartiers populeux, et aussi à la "sorborne" au plateau. Devant la mairie d’Abobo, Bachirou exerce dans ce domaine. Rencontré, il accepte de lever un coin de voile sur ce métier qui lui permet de joindre les deux bouts. Selon lui, il est venu du Niger depuis 2004. Après avoir travaillé avec son frère dans la vente de l’attiéké, communément appelé Garba. Aujourd’hui, il affirme ne pas se plaindre d’avoir opté pour ce métier de manucure-pédicure. Car, il lui rapporte quotidiennement en moyenne 800 F cfa. Ce qui lui permet de subvenir à ses besoins, ainsi qu'à ceux de sa famille. Kabirou qui exerce également cette activité, trouve qu'elle nourrit son homme. Mais il fait remarquer que depuis le déclenchement de la crise en Côte d'Ivoire, ils subissent les caprices de certains hommes en treillis: "Ils (ndlr: les hommes en treillis) nous traitent d’étrangers et nous emmènent fortuitement à débourser des sommes d’argent pouvant aller de 1 000 F cfa à 2 000 F cfa, " dénonce-il. Ces "coupeurs d'ongles" particuliers sont parfois obligés de se terrer pour échapper à la furie des hommes en tenues; d'où la perte de beaucoup de clients. Ils continuent néanmoins de vivre de ce métier qu'ils exercent avec passion. Contrairement à nos deux premiers interlocuteurs, Soumaïla, une jeune ivoirien de 23 ans affirme échapper aux tracasseries des Fds. « Je ne sors jamais sans mon attestation d’identité. Car elle me permet de rentrer chez moi avec ma recette journalière. Cependant, un jour, un policier a déchiré mon attestation sous prétexte que je l’avais volée. Il m’a, par la suite, dépouillé de mon argent » a-t-il dénoncé.
Les risques minimisés par les clients
Si la pédicure-manucure se fait avec beaucoup de soins et d'attention dans les salons d'esthétique, ce n'est toujours pas le cas chez ces "coupeurs d'ongles". Le matériel utilisé est vieux, mal stérilisé ou pas stérilisé du tout. Malgré cela, certains clients habitués de ces manicures- pédicures particulières, trouvent qu'il n'y a rien à craindre. Selon M Breka, "deux fois dans la semaine, entre midi et deux, je viens me faire tailler les ongles ici. C'est un connaisseur et il ne m'a jamais blessé..." Ces propos mettent en évidence la confiance qu'ont ces clients en leurs "coupeurs-d'ongles". Lorsqu'on sait que le Sida se transmet par le sang, ceux qui fréquentent ces lieux doivent prendre conscience des risques de contamination auxquels ils s'exposent. Nul n'est sans savoir que le taux de prévalence (officiel) du Sida est de 4,7 % dans notre pays. « Que voulez-vous qu’on fasse quand la misère fait rage ? Nous voyons très bien les salons de pédicure-manucure. Mais avec le coût exorbitant de leurs soins, nous sommes obligés d’avoir recours à ces coupeurs d’ongles ambulants qui nous font la pédicure-manucure à 100 Fcfa » se sont-ils justifiés. Parlant du Vih/Sida, Kabirou a expliqué qu’il stérilise ces outils de travail. « J’ai une pierre qui me permet de stopper en un temps records, les hémorragies. Et comme je maitrise le travail, je blesse très rarement mes clients » a-t-il dit. Pour éviter donc d'éventuelles contaminations, les clients doivent exiger des mesures hygiéniques plus rigoureuses. Ne dit on pas que mieux vaut prévenir que guérir?
Aboubakar Sangaré
