Le président Laurent Gbagbo est dans le royaume chérifien depuis le 9 juin dernier. Officiellement pour «une visite privée». Son séjour était prévu se terminer le lundi 14 mai dernier. Mais jusqu’à présent, le chef de l’Etat n’est pas encore de retour. Pendant ce temps, le processus électoral est bloqué. Car avant son départ, Laurent Gbagbo, conformément à ce qui a été arrêté au cours des derniers huis clos qu’il a eus avec le président Bédié et le docteur Alassane Dramane Ouattara, devait rencontrer les deux principaux leaders de l’opposition pour faire avancer les choses. S’il est vrai que le contentieux a réellement démarré, il est important de souligner que la rencontre entre les trois membres du Cadre permanent de Concertation (CPC) aurait pu permettre au processus électoral de faire un bond qualitatif. Mais Laurent Gbagbo hors de la Côte d’Ivoire, le processus patauge. Une situation qui semble ne pas émouvoir l’actuel locataire du palais présidentiel. Que fait-il au Maroc alors que les Ivoiriens ont hâte d’aller aux élections ? Soigne-t-il encore une «nouvelle dent» comme ce fut le cas lors de sa dernière visite dans ce pays? Cela en a tout l’air. Mais apparemment, cette fois-ci, le mal semble plus sérieux. Car annoncé pour cinq jours, le séjour marocain de Laurent Gbagbo est aujourd’hui à son huitième jour. Dans un régime présidentiel comme celui de la Côte d’Ivoire, tout le monde sait que lorsque le chef de l’Exécutif est hors du territoire national, il est difficile de prendre les décisions qui engagent la Nation toute entière. Les grands dossiers comme le processus électoral dans ce cas peuvent attendre. Or en l’état actuel des choses, la Côte d’Ivoire ne peut pas se payer le luxe de traîner les pas. L’économie est exsangue. Le pays va à vau-l’eau. Les Ivoiriens ne mangent plus trois fois par jour. Les Hôpitaux sont devenus de véritables mouroirs. Les routes chaque jour se dégradent davantage. En cette période de pluie, il est difficile de circuler à Abidjan et à l’intérieur du pays. Les pluies diluviennes sont actuellement en train d’arracher le peu de bitume qui reste sur les voies. Les pistes villageoises sont impraticables. De nombreux villages dans cette saison des pluies, sont coupés du reste de la Côte d’Ivoire. Le pays, au fil des jours, plonge dans un état comateux du fait de la situation de non gouvernance qui prévaut actuellement. D’où la nécessité pour le chef de l’Etat de retourner rapidement au bercail pour reprendre en main le processus électoral là où il l’a laissé. Huit jours hors du pays, ça suffit. Il est temps d’aller de l’avant. Ce n’est pas le moment de se prélasser au Maroc. Car les Ivoiriens souffrent. Le chef de l’Etat est-il autant insensible aux cris de détresse des Ivoiriens qui rêvent de sortir le plus vite possible de cette situation de crise? C’en a tout l’air. D’autant que des sources concordantes, il serait au royaume chérifien avec sa «deuxième épouse», Nady Bamba, qui aujourd’hui, est sa conseillère attitrée en communication. C’est cette dernière qui se charge de soigner l’image du chef de l’Etat et d’échafauder toute la stratégie de communication de Laurent Gbagbo. C’est elle l’interface entre le chef de l’Etat et le patron de la SOFRES, M. Stéphane Fouks qui a été choisi pour faire grimper la cote de popularité du candidat du FPI au sein de l’opinion nationale et internationale. Il ne serait pas étonnant qu’à leur retour, d’autres sondages fantaisistes donnant le champion de la refondation vainqueur au premier tour, soient publiés. Mais pour l’heure, les Ivoiriens n’attendent qu’une seule chose du chef de l’Etat. Qu’il mette un terme à son excursion au Maroc pour que les Ivoiriens puissent aller aux élections «vite, vite, vite».
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly