L'assemblée annuelle de la Banque africaine de développement (BAD), la 45e du genre, s'est tenue du 27 au 28 mai dernier à Abidjan. Vu que le pouvoir de Laurent Gbagbo attachait un prix à la réussite de ces assises, l'opposition ivoirienne, notamment le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), a voulu battre le pavé, à deux semaines de la réunion, pour exiger du chef de l'Etat sortant, l'organisation rapide des élections de sortie de crise. Devant les menaces qui pesaient sur l'organisation de ce rassemblement, Laurent Gbagbo n'a pas hésité à se rendre chez l'ancien chef de l'Etat, Henri Konan Bédié, président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci-Rda), un des poids lourds du Rhdp, pour un ''dialogue direct''. Des discussions, il est ressorti un accord entre les deux hommes, pour le report de la marche dite de libération. Dès cet instant, Henri Konan Bédié, convaincu par Laurent Gbagbo, des vrais enjeux de la réunion, a résolument enfilé le costume de défenseur de la 45e assemblée annuelle de la BAD. Dans ce rôle, il a d'abord pesé de tout son poids auprès de ses pairs de la coalition pour le report de la marche projetée le 15 mai 2010 par le Rassemblement des jeunes pour la démocratie et la paix (Rjdp), avant de faire de graves révélations sur les-dessous de l'initiative. « Certains jeunes voulaient or¬ga¬ni¬ser une marche in¬sur¬rec¬tion¬nelle », avait-il indiqué au cours de la conférence de presse qu'il a animée le 12 mai dernier, à sa résidence de Cocody, avant de renchérir, dans une interview accordée à Radio-France internationale (Rfi) et diffusée, le dimanche 14 juin. « La manifestation, pour un objectif insurrectionnel, ne tient pas de mes expressions. Ce sont les jeunes eux-mêmes qui ont dit qu'ils voulaient une marche insurrectionnelle », a-t-il ajouté. Son principal allié, Alassane Ouattara, président du Rassemblement des républicains (Rdr) ne dira pas autre chose. « A partir du moment où nous avons besoin de développement, l'institution continentale qui décaisse des centaines de milliards par an pour la Côte d'Ivoire, ne peut être empêchée de faire son travail à Abidjan », a-t-il poursuivi. En dépit de la grise mine affichée par les petits poucets du Rhdp, c'est-à-dire l'Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d'Ivoire (Udpci) et le Mouvement des forces d'avenir (Mfa), la marche n'a donc pas eu lieu. Elle a avorté. Passée la période de la trêve, les hostilités ont failli reprendre entre les différents états-majors politiques. Fort heureusement, les crises qui secouent actuellement les différentes formations politiques ont fait reporter les face-à-face.
Marc Dossa
Marc Dossa