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Sport Publié le samedi 19 juin 2010 | Le Quotidien d’Abidjan

Coupe du monde 2010/ Le calvaire des supporters ivoiriens : Des ‘‘gaous’’ à Johannesburg

© Le Quotidien d’Abidjan Par Serge T
Mondial 2010 de football: Mel Théodore lance le Comité national des grands événements sportifs (CONAGES) en présence de la sud-africaine Caster Semeneya
Mercredi 26 mai 2010. Abidjan. Ministère des Affaires étrangères et de l’Intégration africaine, Plateau. Le ministre des Sports, Mel Eg Théodore booste la campagne de mobilisation autour des Eléphants
Le ministère des Sports et le Comité national de soutien aux Eléphants ne parlent plus le même langage, qui ont convoyé les supporters au pays de Mandela. Des dirigeants de clubs et journalistes ont failli payer le prix fort de ce désordre organisé.

La vie est devenue un calvaire les cinq cents supporters ivoiriens qui ont été convoyé en Afrique du Sud par l’Etat. La joie qui animait ces inconditionnels des Eléphants quand ils ont été tirés au sort pour certains, désignés, invités ou envoyés en mission pour d’autres, s’est transformée en une angoisse quotidienne. Hommes politiques, religieux, hommes d’affaires ou simples admirateurs qui suivent l’équipe nationale, les Eléphants, vivent comme des sans papiers à Johannesburg. Par la faute de la société de prestation de service « African village ». Cette situation a failli tourner au pire dans la nuit de mardi à mercredi après le match de la Côte d’Ivoire contre le Portugal à Port Elizabeth, à plus de 900 km de Jo’Burg. En plein nuit de 23h30 à 2h ils faillaient chercher ses papiers les hôtels. Revenus de Port-Elizabeth, un car de liaison leur a été affrété pour regagner les sites d’hébergement. Manque de pot. Le chauffeur du car ne maîtrise pas les quartiers de cette métropole encore moins les hôtels. Les Congolaises qui servaient de guides bénévoles n’ont été d’aucun secours. La scène paraissait surréaliste ! Un conducteur ‘‘gaou’’ transportant des passagers ‘‘gnata’’ à une heure tardive dans une agglomération méconnue. De fait, un dialogue de sourds s’est installé entre les supporters des Eléphants et leurs ‘‘guides’’. Parti de
l’aéroport de Jo’Burg, le car fait un premier tour en ville à la recherche des hôtels. Une odyssée couronnée par un premier échec. Le chauffeur décide alors de retourner à l’aéroport. Alors qu’on est à une heure avancée? Les esprits s’échauffent. La colère est palpable au sein des ‘‘naufragés de Jo’Burg’’. Les Congolaises sont prises à partie.

Elles descendent du car presqu’en larmes. Le président du C.O Korhogo, Ouattara Bakary et son voisin ne sont pas loin d’en venir aux mains. La bagarre est évitée de justesse. La police sud-africaine déployée en grand nombre pour assurer la sécurité des délégations est dépassée par cet événement. Il faut trouver la solution pour éviter de dormir à l’aéroport. Les guides sont à nouveau sollicitées. Les présidents Koné Abdoulaye (Denguelé) et Ouattara Bakary (COK)
mènent la médiation qui paye. Le car redémarre. Le tourisme nocturne reprend. A la recherche de deux hôtels : Formule 1 au quartier Eden Valle où doivent loger les journalistes et Lodge Bridge, le Q.G des dirigeants de clubs. Trois stations d’essence sont visitées. Le retour à la case départ crée la panique. Pour dédramatiser, les Ivoiriens ont recours à leur traditionnel humour. Au bout d’une trentaine de minutes, l’échec semble consommé. Le car reprend la route de l’aéroport. Au moment où tout semblait perdu pour les supporters des Eléphants, une des Congolaises de service trouve la géniale idée de téléphoner à un autre chauffeur. C’est ce dernier qui indique, l’hôtel des dirigeants à son collègue. Le sauveur de la délégation ivoirienne rejoint le groupe à Bridge Lodge à bord de son car. C’est lui, finalement, qui conduit au petit matin les journalistes à leur hôtel :

Formule 1. Ce n’était qu’un début du parcours de combattant. Le plus dur restait à venir pour les Ivoiriens qui vont vivre la galère à Jo’Burg.

African village au banc des accusés

A peine un repas par jour, aucun moyen de communication encore moins de déplacement. Le tout dans un désordre révoltant ! Les Ivoiriens n’en pouvaient plus de souffrir le martyre par la faute
d’African village, prestataire de service à qui l’Etat ivoirien a donné le marché de la réception des supporters des Eléphants à la Coupe du monde 2010. A hauteur de 1,2 milliard Fcfa. Selon nos sources, cette structure aurait déjà perçu 900 millions Fcfa pour démarrer la mission.
A l’épreuve du terrain, les Ivoiriens sont abandonnés à eux-mêmes.

Colère, indignation fusent de partout. Des représentants d’African village sont ‘‘pris en otage’’. Le Directeur général de cette société, Marcel Tapé, tente de désamorcer la bombe. Il se rend dans le camp des supporters pour les calmer. « Il faut mettre l’argent de côté. Nous sommes tous de jeunes ivoiriens. Je voudrais m’excuser pour tous ces désagréments. Nous ne nous attendions pas à autant de personnes. Ce que je redoutais lors de mes conférences est en train d’arriver. On a été débordés. Le marché ne nous a pas été octroyé tôt. Nous avons un personnel qualifié qu’on a dû libérer parce qu’on n’était pas sûr d’avoir le marché. On a été obligé, à la place des professionnels, d’engager des bénévoles. C’est ce qui explique tous ces problèmes que
nous connaissons. Nous sommes en train de tout faire pour réparer la faute », s’est excusé, le premier responsable d’African village. Un aveu qui n’a ému personne. Dans la soirée, le président du Cnse, Jean Louis Billon et son bureau font une « descente musclée » à l’ hôtel Formule 1. M. Billon ne mâche pas ses mots devant l’ homme d’affaires. « C’est de l’escroquerie. Les Ivoiriens qui sont ici ne méritent pas un tel traitement. Je vais vous poursuivre en justice. Attendez-vous à cela. Nous allons prendre toutes les dispositions pour mieux traiter les supporters », a craché le président du Comité national de soutien aux Eléphants au visage de Marcel Tapé. Si sur le terrain,
Didier Drogba et ses coéquipiers ont fait honneur à la Côte d’Ivoire, mardi face aux Portugais, dans le camp des supporters, c’est la bérézina. Par la faute d’African village.

Tibet Kipré, Envoyé spécial à Jo’Burg
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