Zakumi/La chronique de Nasser El Fadel : Grands joueurs

Un grand joueur est celui qui ne tire pas tout à lui, mais crée pour les autres une possibilité, en accomplissant leur tâche, de s'accomplir eux-mêmes. Comme un véritable écrivain, il n'impose rien, mais propose : ouvre aux autres un chemin de liberté. Les définitions du « grand joueur » sont nombreuses. Les poètes romanciers d'Amérique du Sud, en particuliers, s'en donnent à cœur joie. Je retiens pour vous celle de l'essayiste Suisse, Georges Haldas. Il écrit dans son œuvre, « la légende du football », que : « ce qu'on appelle un grand joueur est, avant tout, un être habité par un pouvoir psychique capable de donner à ses moindres actes une portée, une efficacité, que nulle perfection technique ou disposition physique ne peut atteindre. Un tel joueur, comme n'importe quel être inspiré établit par sa seule présence une sorte de champ magnétique, qui lui permet de tenir à distance l'adversaire, en l'empêchant ainsi d'agir… ». N'est ce pas qu'elle est belle cette phrase ! Car elle colle au cœur de l'actualité de ce mondial Sud Africain. Les sélections qui donnent des signes d'aisance et de pérennité sont celles qui possèdent en leur sein, ce ou ces « grands joueurs ». Je pense notamment aux Argentins. Ils ont avec Lionel Messi, celui qui à la clef de passe, en tout temps et en tous espaces. Avec lui on peut citer Carlos Tevez et Sergio Aguero. Les Néerlandais, avec Van Persie, Robben et Schneider semblent bien nantis. Mais il faut reconnaitre, qu'en général cette espèce est en voie de disparition. Ce grand joueur a, notamment, fait crucialement défaut aux Camerounais, sans génie, sans création, sans cette touche « électrique » qui caractérisait un Cyril Makanaky, un Jean Pierre Tokoto, un Grégoire Mbida « Arantès »… Sans le charisme d'un Roger Milla ou d'un Thomas N'Kono…Le Cameroun est donc rentré au pays par la petite porte sans avoir été digne de ses illustres devanciers. On parle beaucoup de tactique et de physique, mais on a tendance à oublier que sans ces grands joueurs, le ballon ne peut briller de mille feux. Même son de cloche chez les Tricolores a qui un Michel Platini ou un Zinedine Zidane auraient simplifié la donne.

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