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Sport Publié le mercredi 23 juin 2010 | Le Nouveau Courrier

Ce que nos “dieux du stade” nous révèlent

La Coupe du monde 2010 bat son plein, suscite les passions les plus folles et célèbre, sans que l’on s’en rende toujours compte, le capitalisme et son corollaire obligatoire – le marketing. Comme une sorte de parabole sportive, elle nous parle du monde, de notre monde tel qu’il se porte aujourd’hui. Elle nous révèle ou nous rappelle un certain nombre de réalités, qui nous ramènent très souvent aux grands enjeux politiques et de «civilisation» de notre temps.
Une fois de plus, les Africains déplorent les erreurs d’arbitrage dont ils sont victimes de manière quasiment systématique lors de cette grande compétition sportive. Crier à la paranoïa face à cette perception relève de la mauvaise foi. Un livre entier pourrait être écrit sur ces fautes de jugement trop fréquentes des hommes en Noir en défaveur des équipes du continent. Faut-il se faire une raison et, sans aller jusqu’à développer une théorie du complot, se dire qu’au football comme ailleurs, il y a «les uns» et «les autres», des pays programmés pour aller loin dans la compétition et des nations juste bonnes à servir de faire valoir ? Y a-t-il, comme en diplomatie, un «Conseil de sécurité» ou un «G8» du football ?
Bien entendu, on pourrait tenter de nous complexer en mettant en lumière les lacunes – réelles – de nos équipes. Mais si nous sommes si mauvais, pourquoi avoir recours à des méthodes qui relèvent objectivement de la tricherie pour nous enfoncer davantage ? Cela nous ramène au débat éternel sur les Africains, responsables ou pas de leurs propres malheurs et à une position que nous avons mille fois défendue : ce n’est parce que l’attitude de certains des nôtres est hautement critiquable qu’il devient légitime de nous écraser en violant toutes les règles établies.
Le football, c’est d’abord et avant tout une affaire de gros sous, de publicité et de droits télé. Les pays les moins intéressants au point de vue économique, qui représentent les marchés les moins importants pour de grandes marques internationales investissant massivement sur des «valeurs sûres», peuvent-ils perturber la bonne marche du business ? La question mérite d’être posée.

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La Coupe du monde qui se tient actuellement nous donne également de mettre le doigt sur un des travers de la «starisation» de joueurs de football qui sont désormais, non seulement des milliardaires, mais aussi des «people» qu’on s’arrache. Enfants gâtés d’un sport vampirisé par les logiques financières, nos «petits gars» se signalent souvent par leur indiscipline, leur arrogance et la faiblesse de leur engagement patriotique. Les guéguerres de petits chefs paralysent nos équipes et révoltent les supporters.
La Côte d’Ivoire semble avoir refait son unité. Humiliées par leurs mauvaises performances lors de la Coupe d’Afrique des nations et la déception sonore de leurs supporters, nos vedettes du ballon rond sont visiblement passées par une cure d’humilité dont les résultats sont visibles. L’équipe n’est pas qualifiée pour le second tour (sauf miracle), mais elle a montré une belle combativité, qui lui vaut un retour en grâces auprès de son opinion publique.
Il n’en va pas de même pour le Cameroun, dont les dissensions entre les clans Eto’o et Song ont été révélées de manière flagrante durant la compétition, créant une ambiance délétère autour de l’équipe. Que dire alors de la France, dont l’expédition sud-africaine s’est transformée en saga honteuse émaillée d’insultes inadmissibles, de bagarres de chiffonniers, de révélations de presse contestées – comme si l’on voulait tuer le message parce que le message, authentique, déplaît – de guerre des clans et de défaites renversantes ? Nos «dieux du stade» doivent redescendre sur terre. Et méditer cette vérité tirée de la Bible : «Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut subsister ; et si une maison est divisée contre elle-même, cette maison ne peut subsister.» (Marc 3 : 24-25).

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Bien entendu, le débat sur les «sorciers blancs» et leur caractère incontournable (ou pas) s’est une fois de plus posé. Mais a-t-il bien été orienté ? Est-ce une question d’épiderme ou de travail en profondeur et dans la durée ? Adepte des raccourcis et de l’improvisation, nos fédérations ont des réflexes qui favorisent un «turn-over» trop rapide de nos sélectionneurs, ne leur laissant pas le temps d’établir une stratégie, d’asseoir leur autorité, de dénicher des talents en parcourant le pays profond et le vaste monde durant les périodes creuses. Il nous faudrait également penser à intégrer dans les sélections «Juniors» ou «Espoirs» les enfants partis trop tôt ou les descendants d’immigrés – de plus en plus nombreux dans l’équipe camerounaise, par exemple. Bref, une Coupe du monde devrait se préparer en quatre années pleines. En avant pour 2014!

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