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Société Publié le jeudi 24 juin 2010 | Le Mandat

Lutte contre la Mutilation génitale féminine (Mgf) : Pourquoi la campagne ‘’tolérance Zéro’’ du gouvernement est vouée à l’échec

Le gouvernement ivoirien a lancé en début d’année, une campagne nationale baptisée« Tolérance Zéro » pour mettre fin aux mutilations génitales féminines et à l'excision (Mgf/E) d'ici à la fin de l'année 2010 en Côte d'Ivoire. Malheureusement, des faits ralentissent cette campagne sur le terrain.

Selon des groupes humanitaires, les progrès réalisés dans le cadre d'une campagne nationale « Tolérance Zéro » pour mettre fin aux mutilations génitales féminines et à l'excision (Mgf/E) d'ici à la fin de l'année 2010 en Côte d'Ivoire, ont été ralentis, en raison de l'état des infrastructures sanitaires et éducatives. Depuis le lancement de la campagne, les Mgf/E ne sont plus pratiquées dans 180 villages de la sous-préfecture de Marandallah, dans la région du Worodougou, située dans le centre-nord du pays. L'objectif est de multiplier ce chiffre par deux d'ici la fin de l'année. Le ministère de la Famille, de la Femme et des Affaires Sociales est le principal acteur de la campagne, qui a reçu le soutien du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (Unifem), du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (Unicef) et du Fonds des Nations Unies pour la population (Unfpa), a indiqué la ministre Euphrasie Yao. Les taux de Mgf/E, connaissent une diminution depuis la fin des conflits civils en 2007. Mais celle-ci n'a pas été suffisamment rapide. « Les Mgf sont en déclin, mais une femme sur trois est toujours victime de mutilations dans ce pays, c'est encore trop », a dit Laetitia Bazzi, chef de la section protection de l'enfant de l'Unicef en Côte d'Ivoire.

Plus de 30% de femmes victimes

En 1998, environ 49% des femmes et des jeunes filles âgées de 10 à 45 ans ont subi des Mgf/E, mais ce taux est descendu à environ 36% en 2006. La dégradation des services de santé et d'éducation favorise la persistance de taux élevés, indique Mme Bazzi. Les écoles étaient les endroits les plus appropriés pour informer les jeunes filles des dangers des Mgf/E, et les personnels médicaux étaient les mieux placés pour les avertir des dangers de ces pratiques sur leur santé, mais ces deux secteurs faisaient face à un manque de personnel et de ressources adaptées. Selon les statistiques gouvernementales, les Mgf/E sont surtout pratiquées dans le nord et l'ouest du pays. Ces régions sont contrôlées par les Forces Nouvelles, les services de santé et d'éducation ont connu une grave détérioration depuis le conflit, en raison du manque de ressources et du départ des personnels qualifiés vers la capitale économique, Abidjan. Dans la région du nord, où l'Islam est prédominant, près de 90% des femmes subissent l'intervention. Une fois que les jeunes filles se sont soumises à ce rite d'initiation, on considère qu'elles sont prêtes pour se préparer au mariage et de manière générale, qu'elles n'ont pas à retourner à l'école. Dans le village de Tieni, dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, le chef Maho Gamni autorise les Mgf/E. « Les filles qui ne subissent pas l'opération ont des difficultés à se trouver un mari – cela fait partie de nos coutumes ». Il n'aurait pas entendu parler de l'opération « Tolérance Zéro ». Pour lui, les « gens d'Abidjan veulent abolir nos coutumes ».

Risques d’une pratique qui a la peau dure

Les Mgf/E présentent de nombreux risques pour la santé mentale et physique, notamment des risques de complications lors de l'accouchement, de mortalité maternelle, de stérilité, d'incontinence urinaire et de tétanos. Les ‘’praticiens’’ des Mgf/E risquent une peine d'emprisonnement aux termes de la loi adoptée en 1998, mais les 17 autres Etats africains qui ont interdit les Mgf/E – parmi lesquels le Burkina Faso, le Togo et le Sénégal –ont constaté qu'on leur demandait rarement des comptes. L’interdiction devrait être accompagnée, aussi souvent que possible, d'un travail de conscientisation, notamment dans les écoles, les centres médicaux, mais aussi, par le biais de la radio et des structures communautaires. Une sanction qui ne serait pas accompagnée d'un travail d'éducation ne serait pas suffisante, a dit Mme Bazzi. « Si les praticiens sont seulement sanctionnés, alors la pratique risque de devenir davantage clandestine, ce qui mettrait encore plus en danger la vie des femmes et des jeunes filles ».

Aboubakar Sangaré
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