Et pourtant, l’exploit était possible

Les observateurs lucides du Mondial 2010 sont formels : si la donne n’avait pas subitement changé après le match contre le Portugal, les Eléphants auraient mieux joué face au Brésil. En plus du classement qui, visiblement n’émanait pas de l’entraineur il faut donc regretter cet accoutrement bizarre avec lequel les joueurs ivoiriens se sont présentés face aux champions du monde. Oui, il faut le dire et l’envie n’est pas si fort, rien qu’à cause de ce que chaque ivoirien a investi en
ce Mondial. Il faut regretter que les gens, pour des raisons qu’eux seuls savent, aient cassé la dynamique amorcée par les Eléphants face au Portugal. Le fait de laisser Gervinho sur le banc de touche face au Brésil a cassé l’essentiel chez ces jeunes qui, pour une fois, avaient fait autour d’eux une unanimité mondiale. L’enthousiasme, la rage de vaincre et les disciplines qui les caractérisaient ont été bloqués net par ce dysfonctionnement intervenu sur le front d’attaque des Eléphants contre le Brésil. C’est psychologique, ça se sent mais ça ne s’explique pas, exactement comme l’amour. Ce genre de déboire arrive, lorsque l’on en arrive à s’interroger : « mais, que se passe-t-il » ? Ce bouleversement s’est effectué contre toute logique, et c’est en cela que
la curiosité se trouve. En sport en général et en football en particulier, on remplace un athlète pour trois raisons, sans que cela ne suscite un quelconque débat : le joueur est blessé ou malade, la sentence va donc de soi. Le joueur est contre performant, on le remplace donc par plus
rentable que lui. Là aussi, sans commentaire parce que cela sera accepté par tous. Idem dans le dernier ou, quand bien même il est performant, le joueur est en compétition avec plus fort que lui. Dans lequel des cas se trouvait donc Gervinho, pour qu’on le remplace par un joueur en plus au bras (semble-t-il) cassé ? Certes, Didier Drogba devait effectuer son entrée face au Brésil. Pour son image, pour son honneur, pour ceux qui souhaitaient coller son label à cet évènement
mondial, mais surtout à cause des « si Drogba avait été là ». Dans ce cas, pourquoi n’avoir pas sorti Kalou ou Dindane qui, personne ne soutiendra le contraire, jouent carrément à l’envers depuis le début du Mondial ? Au finish, le résultat est sans appel, tout comme le score du match, qui reflète exactement la physionomie de ce virage à 180 degré vers l’humiliation, curieusement et anachroniquement pris par les dirigeants de la FIF. « Et pourtant, l’exploit était possible, si les
mauvais instincts n’avaient pas refait surface », s’écrient de plus en plus les observateurs attentifs de l’évolution des Eléphants, très certainement à raison.

F. B

Légende : Meilleur buteur de Nice et joueur le plus rapide de France,
Gervinho s’affiche comme le futur leader de l’attaque des Eléphants.