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Sport Publié le vendredi 25 juin 2010 |

Coupe du Monde - Bilan : Requiem pour l’Afrique ?

© Par DR
Mondial 2010 : match nul entre le Ghana et l`Australie (1-1)
Samedi 19 juin 2010. Stade Royal Bafokeng, Rustenburg (Afrique du Sud). Groupe D. Photo: Le gardien de but ghanéen Richard Kingson (à droite) et le défenseur australien Nikita Rukavytsya
sofoot.com - Comme prévu… Pour l’instant, déjà quatre nations africaines ont été sorties : Afrique du Sud, Algérie, Cameroun et Nigeria. A moins d’un miracle, la Cote d’Ivoire sera aussi éliminée cet après-midi. Un bilan calamiteux pour la première coupe du Monde en Afrique. Reste le Ghana, qualifié pour les 8èmes contre les USA. La Black Star peut-elle sauver ce bilan désastreux ? Oui. Peut-être…

« L’Afrique, une grosse déception… ». C’est signé Claude Le Roy. Un spécialiste du foot africain qui a entraîné pas mal de sélections de ce contient (Cameroun, Ghana, Sénégal, RD Congo). On t’aime bien, Claude, mais on devine que tu ne te faisais pas trop d’illusions quand même. Même si tu avais pronostiqué que le Cameroun finirait dans le dernier carré. Le Cameroun a fini dernier de sa poule avec trois défaites et zéro points… Le Nigeria a fini dernier avec un point… L’Algérie a fini dernière avec un seul point… L’Afrique du Sud a fini troisième à la faveur d’une victoire sur une équipe de France qui s’était déjà sabordée mais qui l’a dominée à 10 contre 11 en deuxième mi-temps. Pas la peine de chipoter de toutes façons : l’Afrique du Sud a bel et bien été la première nation organisatrice de la Coupe du Monde à gicler au premier tour. Tout un symbole ! Un autre symbole, tout aussi édifiant : l’Egypte, la meilleure nation africaine, vainqueur des CAN 2006, 2008 et 2010 n’était pas là. Eliminée à la régulière par les Fennecs. A ce propos, le géant africain qu’est l’Egypte ne s’est pas qualifié au Mondial depuis 1990, signe que le foot africain va bien à la dérive, ou du moins ne progresse pas, ne progresse plus. C’est quand même symptomatique d’un pays tout-puissant mais que dans les limites de son empire africain et qui se désintègre au moment de figurer à la Coupe du Monde. Les Pharaons, rois de l’Afrique ? Ou plutôt des roitelets de la CAN ? La CAN… Il suffisait d’observer les trois dernières pour se rendre compte des faiblesses des équipes africaines et ne pas spéculer à la hausse sur son contingent de 6 représentants, un record historique…

Le « modèle ghanéen »

A l’heure où on écrit ces lignes, il reste une chance infime pour la Côte d’Ivoire de se qualifier, alors on utilisera le conditionnel d’usage et on attendra de savoir si le miracle a eu lieu ou non. Parlons plutôt du Ghana. C’était la seule équipe dont on était à peu près sûrs qu’elle passerait le premier tour. Elle était déjà la seule nation africaine à avoir passé le premier tour en 2006…A la dernière CAN 2010 en Angola, déjà privée d’Essien (plus Appiah, Muntari, Paintsil), la jeune Black Star avait épaté, notamment en finale contre l’Egypte. Battus 1-0, les Ghanéens avaient rudement secoué les vieux crocos du Nil au point d’avoir failli gagner… Sinon, quoi ? On connaît le Ghana pour son sérieux, son humilité et surtout pour son identité de jeu, forgée dès les années 60, sous l’ère Nkrumah, le père de l’Indépendance. Regardez jouer les Ghanéens : aucune folie offensive, ni une attitude défensive attentiste. Le Ghana va de l’avant, s’organise, fait tourner quand il le faut, lance des attaques placées à plusieurs ou bien pratique le contre létal à deux ou trois. Le Ghanéen joue dur mais jamais violent. Comme le soulignait justement Claude Le Roy, le foot ghanéen vit sous le règne de la « permanence ». Permanence du style, de l’attitude et des performances (le Ghana a été récemment champion du monde des moins de 20 ans).

Le coach serbe Milovan Rajevac est en place depuis deux ans, il vit là-bas, au pays, et reste très proche de ses joueurs… Rien à voir avec l’Afrique du Sud (valse des entraîneurs avec retour trop tardif de Parreira qui a quand même fait du bon boulot) ou avec le Nigeria, parti pêcher au dernier moment un Lagerbäck dans les eaux froides de Scandinavie. Un autre Scandinave 100 % ignorant du foot africain, Eriksson, devrait lui aussi envoyer les Ivoiriens dans le décor. Le tout pour 800 000 Euros pour trois matchs. Il paraît que coach Vahid ne faisait plus l’affaire… L’Algérie partait de beaucoup trop loin pour bien figurer en Afsud. On regrettera le, manque d’audace dans ses trois matchs, notamment contre la « grande » Angleterre, largement à sa portée quand elle l’a affrontée.

L’Asie passe devant l’Afrique

Si la Côte d’Ivoire est éliminée, ça portera à 5 sur 6 le bilan calamiteux du Continent Noir. On s’en doutait avant, mais l’effet est terrible. On pense surtout au Cameroun et à la Côte d’Ivoire qui vont gâcher une génération de joueurs d’exception (Drogba ou Eto’o) et d’autres moins talentueux mais jouant au haut niveau international. Du gâchis… Le Ghana affrontera les USA en 8èmes, c’est plus que jouable. Mieux : le Ghana est objectivement favori. De peu, vu la valeur non démentie des Américains, mais favoris quand même. Alors ? Alors on pourrait voir la Black Star briller en quarts de finale, l’échelon le plus haut atteint par d’autres équipes africaines auparavant (Cameroun 1990 et Sénégal 2002). Sur un match tout est possible, donc le Ghana pourrait arriver en demies et là… La grande inspiration vers l’infini ! Une demi-finale minimum sauverait le bilan du foot africain, pas moins. On le répète : c’est possible. Il faut juste le faire… Parce que le bilan africain est encore plus accablant au vu des formidables progrès accomplis par le vrai continent qui monte : l’Asie. Evacuons les novices nord-Coréens et les valeureux Australiens trop récemment reversés dans la Zone Asie.

La Corée du Sud et le Japon joueront les 8èmes. Deux équipes asiatiques qui, comme par un fait exprès, sont passées devant deux équipes africaines. Si la Corée a nullé avec le Nigeria 2-2, le Japon a battu le Cameroun 1-0. Tout un symbole… Incroyables les progrès de ces deux équipes asiatiques qui ont confirmé l’embellie de 2002 où elles avaient passé le premier tour (Japon stoppé en 8ème, et Corée finissant à la 4ème place). Et pourtant, on le redit, l’Asie partait de très bas, comparé à l’Afrique. Historiquement avec moins de participants que l’Afrique en Coupe du Monde (et 4 contre 6 en 2010). Avec une culture foot « moins établie » aussi : les joueurs asiatiques jouant en Europe n’ont pas la représentativité des Africains, très loin de là, donc fréquentent moins le très haut niveau. Enfin, l’Asie et l’Afrique ont bénéficié des mêmes aides financières de la FIFA à travers le plan Goal qui attribue 1 million de dollars tous les 4 ans à chaque fédération… Un problème se pose donc. Autre « détail » qui tue : alors que l’Afrique continue d’importer des « sorciers blancs » à la pelle, qu’elle congédie aussi vite qu’elle les nomme, la Corée du Sud et le Japon sont coachés par des « locaux ». Respectivement, Huh Jong-Moo et l’impayable Takeshi Okada…

Il faut en finir avec les analyses misérabilistes et condescendantes sur le foot africain. Il vaut certainement mieux que ce qu’il offre actuellement, mais sans un travail de fond, les choses n’évolueront que très lentement. Et ce n’est pas l’ex-Lion Indomptable Joseph-Antoine Bell, impayable procureur du foot de son contient natal qui nous démentira. Or, l’Asie a prouvé que tout était possible… Il y a le feu ! Outre l’Asie, il y a aussi l’Australie et la Nouvelle-Zélande, voir les USA : eux aussi partaient de beaucoup plus bas que les équipes africaines et elles commencent à pointer le bout du nez. L’Océanie et le la CONCACAF qui dépasseraient l’Afrique en 2014 ? Eléphants ivoiriens, priez pour eux. Ghanéens de la Black Star, sauvez l’honneur de l’Afrique…

PS : voir aussi article du 15 juin 2010 dans sofoot.com, « Requiem pour l’Afrique (1/2) ».

Chérif Ghemmour
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