Président de l’association des musulmans de Côte d’Ivoire (Firdaouss), El hadj Fofana Bema est un expert des questions du Hadj en Côte d’Ivoire. Dans cet entretien, il fait le diagnostic de l’organisation actuelle du 5è pilier de l’Islam et indique ce qu’elle doit être.
Le Patriote : Quel souvenir vous rappelle l’échec du Hadj 2006 bis?
Bema Fofana : Des visages d’hommes et de femmes âgés, candidats malheureux au Hadj.
Incompréhension de ce qui leur est tombé sur la tête. Indignation. Résignation. Une candidate a passé une année entière dans l’appartement exigu de son aîné. La honte d’un retour stérile, sans être Hadja l’y a obligée. En un mot comme en mille, c’est l’humiliation de toute la communauté musulmane de Côte d’Ivoire. Ceci me rappelle également le cri du cœur du Président de la République, à l’audience qu’il a accordée à la communauté musulmane en mars 2007. « Faites en sorte, que je n’ai plus honte devant mes pairs ». Depuis cette date, mon sommeil est perturbé. A chaque édition du Hadj, le même bilan.
Echec. Les mêmes personnes aux mêmes postes. Il y a donc lieu de repenser la structure, le fonctionnement et autres aspects du Hadj.
LP : A qui doit-on imputer cette débâcle, et quelle est votre part de responsabilité dans cet échec?
BF : Question à deux volets. Permettez-moi de commencer par le deuxième.
D’abord un rappel. En 2001, le syndicat des encadreurs nationaux que je préside a fait accomplir correctement le Hadj à 1080 des 1800 pèlerins partis de Côte d’Ivoire, sans préjudice, sans calamité ni désagrément. Ce succès fut notre malheur. En 2006 bis, notre syndicat, le syndicat national des encadreurs autonomes du Hadj de Cote d’Ivoire (Syneahci), n’a aucune part dans les conditions et causes de fond et de forme dans cette débâcle. Nous attendons de pied ferme, sur un sol de granit, tous les « tartuffes » pour la contradiction.
Revenons-en donc au premier volet concernant la responsabilité. Voyons ! Qui sont les principaux partenaires du Hadj en l’état actuel ? C’est bien l’Etat et quelques associations musulmanes.
Or, au lieu de tirer les leçons des échecs de 2004 et 2005, l’Etat a maintenu les mêmes personnes dans les mêmes fonctions pour concourir à l’échec, chaque année, depuis 2004. Il a imposé toutes les grandes décisions du Hadj, à tous les niveaux. La débâcle de 2006 bis découle donc de l’inefficacité des mesures prises, du manque d’expertise des personnes impliquées et surtout de l’appât du gain.
LP : Certes, l’Etat a pris des décisions impopulaires, mais il n’est pas le seul à porter le chapeau de l’échec. La communauté est-elle innocente dans cette affaire?
BF : On peut dire que la communauté musulmane, par quelques associations a aussi lamentablement failli. Les raisons s’entendent aisément. La communauté est en proie à des luttes intestines de leadership : hypocrisie, méchanceté gratuite, mensonges et forfaiture.
LP : Aurait-on pu éviter cette humiliation? Si oui, qu’est-ce qui aurait dû être fait ?
BF : Toute humiliation est évitable. La foi me fait accepter celle de 2006 bis comme une sanction d’ALLAH pour démasquer les « mounafiq » (les hypocrites). La conclusion de tout échec tient en deux mots : trop tard. Ce qui aurait dû être fait ne l’a pas été. Alors ? L’appel du futur est plus utile qu’un regard dans le rétroviseur du Hadj. Il n’est que l’honnêteté, la franchise, la vérité qui favorisent l’agrément d’ALLAH. Cela se vit ici-bas, avec ou sans barbe.
LP : Depuis 2007, l’Etat est devenu organisateur du 5ème pilier de l’Islam. Quel bilan faites-vous de ces trois années de gestion ?
BF : Ce bilan, je dirai depuis 2004, est à la fois illogique, absurde et agaçant. On maintient aux mêmes postes, les mêmes personnes qui nous mènent à l’échec chaque année. C’est de l’amateurisme professionnel. Cela implique l’entière responsabilité des personnes affectées à ces postes par l’Etat.
Il faut préciser que c’est un groupe d’Associations musulmanes et leurs guides qui ont concédé à l’Etat, le rôle majeur qui est le sien à présent. Cette rencontre a eu lieu en mars 2007, au Palais. Le bilan n’est pas satisfaisant dans l’ensemble, exceptée l’édition 2007 jugée très positive avec l’engagement entier de l’Etat dans le financement du Hadj.
LP : Récemment, le Cosim a demandé un audit des éditions 2008 et 2009 du Hadj. Quel commentaire cela appelle-t-il de votre part?
BF : J’en prends acte comme tout le monde. Je suis le Président du Syneahci, un syndicat pour le Hadj et, Président de Firdouss, l’association des musulmans de Cote d’Ivoire. Le Cosim a son statut autant que les autres. Tout va bien. Tout le monde est utile quand chacun reste à sa place.
LP : Vous défendiez la création d’un office du pèlerinage à la Mecque depuis 2004. Aujourd’hui, le Cosim a commandité et mis sur pied le Bureau Ivoirien du Hadj et de la Oumra (Biho). Cette structure vous sied-elle ?
BF : Comme vous le faites remarquer, je me bats, depuis 2004 pour la création d’un Office ivoirien des pèlerinages à la Mecque-Ofipem. C’est connu de toute la communauté musulmane, de l’Etat ivoirien, de tous les guides religieux, de tous les responsables d’associations. Le bon sens, la raison et la foi nous interdisent formellement d’adhérer à ce projet. Nous savons tout et le reste concernant le BIHO. Une telle structure doit être la convergence des intelligences et de l’expertise de tous les partenaires du Hadj, y compris les voyagistes et autres.
Inviter une foule à approuver un texte qu’il découvre par lecture le jour même de son adoption est une démarche déraisonnable. J’attends qu’on me prouve le contraire. La foi est une raison sans limite.
C’est en cela que l’Islam est d’adhésion. Qui a pris connaissance des textes fondateurs du BIHO auparavant ? De quelle forme d’adhésion s’agit-il quand on rassemble une foule pour faire applaudir et approuver des statuts et règlements intérieurs d’une association, surtout islamique ? J’attends des réponses de qui de droit. Le BIHO prône l’exclusion totale des Encadreurs traditionnels du Hadj au motif de mercantilisme. S’il vous plaît ! On se connait tous, un à un. Le passé parle. Je suis dans le circuit du Hadj depuis 1996.
LP : Le Biho par dessus tout, se veut une autorité de régulation du Hadj, alors que vous souhaitiez que ce soit l’Etat qui supervise. Etes-vous sur la même longueur d’onde ?
BF : Je suis d’accord avec le BIHO pour extirper du Hadj tous les « kleptocrates », qu’ils soient en complet-cravate, en boubou brodé ou pas, en ténue arabisée ou non, avec barbe ou menton lisse. Quant aux modes de fonctionnement qui mentionnent l’exclusion d’un maillon, nous sommes d’accord différemment. Nous, c’est non et non ! Bref, nous sommes sur la même longueur d’onde, mais avec des fréquences différentes.
LP : Une chose est de réclamer l’organisation du Hadj, une autre est de pouvoir l’organiser dans les meilleures conditions. Après les échecs à répétition, pensez-vous honnêtement que la communauté est prête pour s’affranchir de la tutelle de l’Etat?
BF : Oui, nous avons toutes les ressources et compétences avérées au sein de notre communauté, pour réussir un Hadj des plus maîtrisé.
Nous retenons pour notre part la participation de tous les partenaires du Hadj, sous le contrôle régalien de l’Etat. C’est à la fois une nécessité et une obligation morale vis-à-vis de notre religion que de nous impliquer dans la gestion totale du 5ème pilier de l’Islam. Il est impensable pour nous, l’implication de compétences en dehors de l’incroyable qualité et nombre que recèle notre communauté, même au sein de l’Etat.
LP : Par expérience, on s’entend difficilement là où il y a des espèces sonnantes et trébuchantes.
N’est-ce pas parce que le Hadj génère beaucoup d’argent que chacun veut s’en accaparer ?
BF : Je pense que cette assertion n’est pas qu’une rumeur. Il y a du vrai là-dedans. Je clame haut et fort la chasse aux « kleptocrates ». Le Hadj génère une importante masse d’argent sur une courte période. Des vocations de rapaces et d’hypocrites naissent, évidemment. Entrer dans le circuit du Hadj sans foi ni loi, c’est inévitablement s’attirer la colère de Dieu. L’échec répété disqualifie toute équipe. Je pose la question : qu’ont-ils fait de toute cette masse d’argent accumulée au fil des ans, sans aucune réalisation sociale importante ni de validation des enseignements de l’Islam ?
LP : Monsieur le président, pourquoi l’organisation du Hadj vous passionne-t-elle tant ? Est-ce l’argent qui vous fait ainsi courir?
BF : Après tout ce que je viens de dire, vos lecteurs m’ont compris et vous-même d’ailleurs. Si ce n’est que pour de l’argent, il y a longtemps que j’aurai abandonné. Depuis 1996, mon implication dans le Hadj a un seul objectif : la maîtrise du Hadj dans la Voie d’Allah et faire bénéficier en œuvres sociales la communauté musulmane de Côte d’Ivoire. Regardez ces mosquées inachevées depuis tant d’années.
Le vendredi, à peine on entend le prêche de l’imam, faute de sonorisation satisfaisante. Toujours les vendredis, regardez le nombre des fidèles sous le soleil et sous la pluie. Des toilettes dans toutes les mosquées de la place, oui mais dans quel état ? Mon souci majeur, c’est le Hadj maîtrisé et la recherche de l’agrément de Dieu. Je l’ai dit. Je le redis. Je le dirai toujours, en dépit du scepticisme de mes interlocuteurs. J’ai appris que dans la vie, le refus de ce qui est, nous impose le devoir de changement. De gré ou non. Tôt ou tard.
LP : Quelle doit être, selon vous, la place des démarcheurs dans la nouvelle organisation du Hadj ?
BF : Sans démarcheur, pas de Hadj. Tous ceux qui disent le contraire, veulent vous égarer, et les démarcheurs constituent le maillon faible de la chaîne du Hadj. Le SYNEAHCI regroupe les majors du pays. Tout le monde sait qu’une chaîne ne tient que par son maillon le plus faible. Les démarcheurs, c’est indispensable dans l’organisation du Hadj. Tout ce monde doit être intégré dans le schéma global du Hadj. L’exclusion est la meilleure des pires solutions.
Entretien réalisé par Alexandre Lebel Ilboudo
Le Patriote : Quel souvenir vous rappelle l’échec du Hadj 2006 bis?
Bema Fofana : Des visages d’hommes et de femmes âgés, candidats malheureux au Hadj.
Incompréhension de ce qui leur est tombé sur la tête. Indignation. Résignation. Une candidate a passé une année entière dans l’appartement exigu de son aîné. La honte d’un retour stérile, sans être Hadja l’y a obligée. En un mot comme en mille, c’est l’humiliation de toute la communauté musulmane de Côte d’Ivoire. Ceci me rappelle également le cri du cœur du Président de la République, à l’audience qu’il a accordée à la communauté musulmane en mars 2007. « Faites en sorte, que je n’ai plus honte devant mes pairs ». Depuis cette date, mon sommeil est perturbé. A chaque édition du Hadj, le même bilan.
Echec. Les mêmes personnes aux mêmes postes. Il y a donc lieu de repenser la structure, le fonctionnement et autres aspects du Hadj.
LP : A qui doit-on imputer cette débâcle, et quelle est votre part de responsabilité dans cet échec?
BF : Question à deux volets. Permettez-moi de commencer par le deuxième.
D’abord un rappel. En 2001, le syndicat des encadreurs nationaux que je préside a fait accomplir correctement le Hadj à 1080 des 1800 pèlerins partis de Côte d’Ivoire, sans préjudice, sans calamité ni désagrément. Ce succès fut notre malheur. En 2006 bis, notre syndicat, le syndicat national des encadreurs autonomes du Hadj de Cote d’Ivoire (Syneahci), n’a aucune part dans les conditions et causes de fond et de forme dans cette débâcle. Nous attendons de pied ferme, sur un sol de granit, tous les « tartuffes » pour la contradiction.
Revenons-en donc au premier volet concernant la responsabilité. Voyons ! Qui sont les principaux partenaires du Hadj en l’état actuel ? C’est bien l’Etat et quelques associations musulmanes.
Or, au lieu de tirer les leçons des échecs de 2004 et 2005, l’Etat a maintenu les mêmes personnes dans les mêmes fonctions pour concourir à l’échec, chaque année, depuis 2004. Il a imposé toutes les grandes décisions du Hadj, à tous les niveaux. La débâcle de 2006 bis découle donc de l’inefficacité des mesures prises, du manque d’expertise des personnes impliquées et surtout de l’appât du gain.
LP : Certes, l’Etat a pris des décisions impopulaires, mais il n’est pas le seul à porter le chapeau de l’échec. La communauté est-elle innocente dans cette affaire?
BF : On peut dire que la communauté musulmane, par quelques associations a aussi lamentablement failli. Les raisons s’entendent aisément. La communauté est en proie à des luttes intestines de leadership : hypocrisie, méchanceté gratuite, mensonges et forfaiture.
LP : Aurait-on pu éviter cette humiliation? Si oui, qu’est-ce qui aurait dû être fait ?
BF : Toute humiliation est évitable. La foi me fait accepter celle de 2006 bis comme une sanction d’ALLAH pour démasquer les « mounafiq » (les hypocrites). La conclusion de tout échec tient en deux mots : trop tard. Ce qui aurait dû être fait ne l’a pas été. Alors ? L’appel du futur est plus utile qu’un regard dans le rétroviseur du Hadj. Il n’est que l’honnêteté, la franchise, la vérité qui favorisent l’agrément d’ALLAH. Cela se vit ici-bas, avec ou sans barbe.
LP : Depuis 2007, l’Etat est devenu organisateur du 5ème pilier de l’Islam. Quel bilan faites-vous de ces trois années de gestion ?
BF : Ce bilan, je dirai depuis 2004, est à la fois illogique, absurde et agaçant. On maintient aux mêmes postes, les mêmes personnes qui nous mènent à l’échec chaque année. C’est de l’amateurisme professionnel. Cela implique l’entière responsabilité des personnes affectées à ces postes par l’Etat.
Il faut préciser que c’est un groupe d’Associations musulmanes et leurs guides qui ont concédé à l’Etat, le rôle majeur qui est le sien à présent. Cette rencontre a eu lieu en mars 2007, au Palais. Le bilan n’est pas satisfaisant dans l’ensemble, exceptée l’édition 2007 jugée très positive avec l’engagement entier de l’Etat dans le financement du Hadj.
LP : Récemment, le Cosim a demandé un audit des éditions 2008 et 2009 du Hadj. Quel commentaire cela appelle-t-il de votre part?
BF : J’en prends acte comme tout le monde. Je suis le Président du Syneahci, un syndicat pour le Hadj et, Président de Firdouss, l’association des musulmans de Cote d’Ivoire. Le Cosim a son statut autant que les autres. Tout va bien. Tout le monde est utile quand chacun reste à sa place.
LP : Vous défendiez la création d’un office du pèlerinage à la Mecque depuis 2004. Aujourd’hui, le Cosim a commandité et mis sur pied le Bureau Ivoirien du Hadj et de la Oumra (Biho). Cette structure vous sied-elle ?
BF : Comme vous le faites remarquer, je me bats, depuis 2004 pour la création d’un Office ivoirien des pèlerinages à la Mecque-Ofipem. C’est connu de toute la communauté musulmane, de l’Etat ivoirien, de tous les guides religieux, de tous les responsables d’associations. Le bon sens, la raison et la foi nous interdisent formellement d’adhérer à ce projet. Nous savons tout et le reste concernant le BIHO. Une telle structure doit être la convergence des intelligences et de l’expertise de tous les partenaires du Hadj, y compris les voyagistes et autres.
Inviter une foule à approuver un texte qu’il découvre par lecture le jour même de son adoption est une démarche déraisonnable. J’attends qu’on me prouve le contraire. La foi est une raison sans limite.
C’est en cela que l’Islam est d’adhésion. Qui a pris connaissance des textes fondateurs du BIHO auparavant ? De quelle forme d’adhésion s’agit-il quand on rassemble une foule pour faire applaudir et approuver des statuts et règlements intérieurs d’une association, surtout islamique ? J’attends des réponses de qui de droit. Le BIHO prône l’exclusion totale des Encadreurs traditionnels du Hadj au motif de mercantilisme. S’il vous plaît ! On se connait tous, un à un. Le passé parle. Je suis dans le circuit du Hadj depuis 1996.
LP : Le Biho par dessus tout, se veut une autorité de régulation du Hadj, alors que vous souhaitiez que ce soit l’Etat qui supervise. Etes-vous sur la même longueur d’onde ?
BF : Je suis d’accord avec le BIHO pour extirper du Hadj tous les « kleptocrates », qu’ils soient en complet-cravate, en boubou brodé ou pas, en ténue arabisée ou non, avec barbe ou menton lisse. Quant aux modes de fonctionnement qui mentionnent l’exclusion d’un maillon, nous sommes d’accord différemment. Nous, c’est non et non ! Bref, nous sommes sur la même longueur d’onde, mais avec des fréquences différentes.
LP : Une chose est de réclamer l’organisation du Hadj, une autre est de pouvoir l’organiser dans les meilleures conditions. Après les échecs à répétition, pensez-vous honnêtement que la communauté est prête pour s’affranchir de la tutelle de l’Etat?
BF : Oui, nous avons toutes les ressources et compétences avérées au sein de notre communauté, pour réussir un Hadj des plus maîtrisé.
Nous retenons pour notre part la participation de tous les partenaires du Hadj, sous le contrôle régalien de l’Etat. C’est à la fois une nécessité et une obligation morale vis-à-vis de notre religion que de nous impliquer dans la gestion totale du 5ème pilier de l’Islam. Il est impensable pour nous, l’implication de compétences en dehors de l’incroyable qualité et nombre que recèle notre communauté, même au sein de l’Etat.
LP : Par expérience, on s’entend difficilement là où il y a des espèces sonnantes et trébuchantes.
N’est-ce pas parce que le Hadj génère beaucoup d’argent que chacun veut s’en accaparer ?
BF : Je pense que cette assertion n’est pas qu’une rumeur. Il y a du vrai là-dedans. Je clame haut et fort la chasse aux « kleptocrates ». Le Hadj génère une importante masse d’argent sur une courte période. Des vocations de rapaces et d’hypocrites naissent, évidemment. Entrer dans le circuit du Hadj sans foi ni loi, c’est inévitablement s’attirer la colère de Dieu. L’échec répété disqualifie toute équipe. Je pose la question : qu’ont-ils fait de toute cette masse d’argent accumulée au fil des ans, sans aucune réalisation sociale importante ni de validation des enseignements de l’Islam ?
LP : Monsieur le président, pourquoi l’organisation du Hadj vous passionne-t-elle tant ? Est-ce l’argent qui vous fait ainsi courir?
BF : Après tout ce que je viens de dire, vos lecteurs m’ont compris et vous-même d’ailleurs. Si ce n’est que pour de l’argent, il y a longtemps que j’aurai abandonné. Depuis 1996, mon implication dans le Hadj a un seul objectif : la maîtrise du Hadj dans la Voie d’Allah et faire bénéficier en œuvres sociales la communauté musulmane de Côte d’Ivoire. Regardez ces mosquées inachevées depuis tant d’années.
Le vendredi, à peine on entend le prêche de l’imam, faute de sonorisation satisfaisante. Toujours les vendredis, regardez le nombre des fidèles sous le soleil et sous la pluie. Des toilettes dans toutes les mosquées de la place, oui mais dans quel état ? Mon souci majeur, c’est le Hadj maîtrisé et la recherche de l’agrément de Dieu. Je l’ai dit. Je le redis. Je le dirai toujours, en dépit du scepticisme de mes interlocuteurs. J’ai appris que dans la vie, le refus de ce qui est, nous impose le devoir de changement. De gré ou non. Tôt ou tard.
LP : Quelle doit être, selon vous, la place des démarcheurs dans la nouvelle organisation du Hadj ?
BF : Sans démarcheur, pas de Hadj. Tous ceux qui disent le contraire, veulent vous égarer, et les démarcheurs constituent le maillon faible de la chaîne du Hadj. Le SYNEAHCI regroupe les majors du pays. Tout le monde sait qu’une chaîne ne tient que par son maillon le plus faible. Les démarcheurs, c’est indispensable dans l’organisation du Hadj. Tout ce monde doit être intégré dans le schéma global du Hadj. L’exclusion est la meilleure des pires solutions.
Entretien réalisé par Alexandre Lebel Ilboudo