Motus - Constance

Le samedi dernier, le Ghana a obtenu son ticket pour les quarts de finale de la coupe du Monde en venant à bout des Etats-Unis d’Amérique, soutenus pour l’occasion, par l’ancien président Bill Clinton. Sans complexe, Gyan Assomoah et ses coéquipiers ont arraché de haute lutte, leur qualification pour le tour suivant de la plus haute compétition mondiale de football. C’est vrai que le Ghana doit son succès à la combativité, au patriotisme et au renoncement de ses joueurs, mais il convient de signaler que ce succès est, sans nul doute, la résultante d’une communauté de pensée, d’une unité nationale très vivace. Si le Ghana a connu naguère le règne des coups d’Etat successifs et des pronunciamientos les plus dérisoires et les plus burlesques, à présent, le pays hume avec fierté, les saveurs et douceurs de la démocratie, avec son corollaire de développement, de bonne gouvernance, de patriotisme vrai, de justice sociale. Là-bas, les élections se déroulent en toute liberté, sans qu’aucun camp ne crie au bourrage des urnes, au vote des étrangers fraudeurs de nationalité et à l’intimidation des électeurs. Lors de la dernière présidentielle, le candidat du parti au pouvoir a perdu face à celui de l’opposition sans que le ciel ne tombe sur le pays. Après les joutes électorales, place au développement et au travail. A Accra, les anciens présidents vivent en toute liberté et vaquent paisiblement à leurs occupations sans être inquiétés ou accusés de fomenter des coups de force pour « renverser les institutions de la République ». Bien au contraire, ils sont l’objet de tant de respect et de considération. Le président John Atta Mills appelle régulièrement à ses côtés, lors des festivités nationales, ses devanciers comme Jerry John Rawlings, John Kufuor, sans crainte d’être mis sous l’éteignoir. Bien plus, il se trouve grandi pour tant d’humilité voire d’humiliation. Assurément, une telle nation qui fédère toutes les énergies et compétences, ne peut qu’aller de l’avant et glaner des lauriers. Tout le contraire des Etats, où des gens, belliqueux et haineux à souhait, ne finissent pas de procéder à une catégorisation des citoyens, à une fragilisation de l’unité nationale. De tels pays, de toute évidence, ne peuvent connaître que le dépérissement et le dessèchement. Il faut méditer sur la grande leçon que nous administre le Ghana conquérant en cette coupe du Monde
Bakary Nimaga