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Politique Publié le jeudi 1 juillet 2010 | L’expression

Demande d’enquête contre Amon Tanoh et Hamed Bakayoko

Un vrai contre-feu. C’est l’expression qui convient le mieux pour qualifier la sortie du groupe parlementaire Fpi qui , du reste, donne pleinement raison à Mamadou Koulibaly dans son combat pour la moralisation de la vie publique.

Le Fpi donne raison à Mamadou Koulibaly

Le professeur Mamadou Koulibaly peut se frotter les mains. Simone Gbagbo et les siens viennent de mettre de l’eau dans son moulin à travers la déclaration du groupe parlementaire Fpi réclamant des enquêtes pour savoir d’abord comment sont commercialisés le cacao, le café, le coton et le bois en zone centre, nord et ouest, ensuite pour s’informer sur le fonctionnement et la gestion du fonds national des télécommunications et enfin, voir clair dans la gestion du foncier urbain dans le district d’Abidjan par le ministre de la Construction notamment en ce qui concerne la gestion du domaine aéroportuaire. Cette déclaration lue par le vice-président du groupe parlementaire Fpi, le député Brissi Takalea Claude, signifie une seule chose : Désiré Tagro est coupable des faits qui lui sont reprochés par Mamadou Koulibaly. Mais, il n’y a pas que Tagro qui est sale puisqu’Amon Tanoh et Hamed Bakayoko sont également cités dans des scandales. Il s’agit là d’un contre-feu pour essayer de noyer le poisson puisque le Fpi est tout opposé aux actions de Koulibaly, c’est connu. Le dimanche 27 juin, Affi N’Guessan a rassemblé les députés frontistes pour leur donner deux consignes fermes. Primo, le Fpi s’en tient à l’enquête du procureur Tchimou. Secundo, il n’est pas question de soutenir l’initiative d’enquête favorable à une commission d’enquête parlementaire. La déclaration des députés Fpi à la conférence des présidents mardi n’est donc guère surprenante dans la mesure où si on pousse loin l’enquête contre Tagro, le président du parti bleu et la présidente du groupe parlementaire risquent de se faire épingler parce qu’ayant bénéficié « des largesses » du ministre de l’Intérieur. En définitive, le président du Parlement sort victorieux dans la mesure où il est quasiment impossible pour ses détracteurs qui lui avaient demandé de présenter des excuses à Tagro lors de la réunion du 10 juin chez Affi de brandir des casseroles ou des magouilles dont il se serait rendu coupable depuis l’avènement de la refondation au pouvoir. Quand Koulibaly dit : « Je ne suis pas propre du tout, je suis pourri comme tout le monde, je triche, je vole, je mens mais j’aspire à la propreté », le commun des Ivoiriens comprend que c’est juste de l’ironie pour aider les pourris à se soumettre à l’épreuve du « Gopô ».

Le FPI a vraiment changé
Cette sortie des députés mardi montre à quel point le pouvoir a changé le Fpi. Lorsque dans l'opposition le Fpi avait été confronté à un cas de mise en examen d’un membre de la direction, l'honneur des militants et du parti a prévalu sur toute autre forme de considération particulière. Dakoury-Tabley Louis-André, à l’époque membre du Secrétariat général, a été pris à l'aéroport d'Abidjan avec la somme de 20 millions de FCfa destinés à aider certains de ses camarades militants du Fpi au Niger. La police et le Pdci en ont fait grand bruit. Il avait été traité de tous les noms. Pour sauvegarder l'unité, l'intégrité et l'honneur du Fpi, la direction du parti dirigé par Laurent Gbagbo avait demandé et obtenu que Dakoury-Tabley démissionne immédiatement du secrétariat général pour organiser sa défense sans éclabousser le parti. Cela a été fait et Dakoury-Tabley s'est défendu avec l'appui et l'assistance des juristes du parti comme Boga Doudou. Dès que le dossier a été clos, il a réintégré la direction du parti. Des années plus tard, un autre ponte du parti, Désiré Tagro, est mis pratiquement en examen. Au lieu de rendre le tablier pour organiser son plaidoyer, il choisit de s’agripper à son poste éclaboussant ainsi tout le parti. Et, pire, avec le soutien actif du président du parti. Nul doute que dans cette affaire, tout le parti payera la facture de l’enquête ouverte par le parquet.

Deux poids deux mesures
Aujourd’hui, au Fpi, ceux qui pensent comme Koulibaly qui deviennent de plus en plus nombreux s’interrogent. Pourquoi lorsque le ministre Oulaye Hubert (président du Comité de contrôle du Fpi et Ddc du candidat Laurent Gbagbo à Guiglo) a été limogé, sans enquête, personne n’a parlé? Il en est de même pour Gnépa Iré Barthélemy (ex-Directeur des examens et concours de la fonction publique et Ddc du candidat Laurent Gbagbo à Tabou) et Irié Bi (ex-Directeur de l’Ena et Ddc du candidat Laurent Gbagbo à Zuénoula). Pourquoi cette débauche d'énergie par Affi et ses amis de la Direction du Fpi pour défendre le cas Désiré Tagro là où personne n'a levé le petit doigt pour s'inquiéter de la situation du ministre Léon Emmanuel Monnet accusé d’avoir mal géré des fonds et de n’avoir pas réalisé les investissements qui devraient éviter les délestages. Le ministre Lida Kouassi Moïse a demandé au cours de la réunion du 10 juin pourquoi il n’a pas bénéficié des mêmes égards que Tagro lorsqu’il a été accusé par les militants puis, blanchi par le comité de contrôle dans l’affaire de l’assassinat de Boga Doudou en 2002. Manifestement pour de nombreux observateurs, le Fpi a deux poids deux mesures.

Traoré M. Ahmed

La direction du Fpi vient de donner raison Mamadou Koulibaly


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