Mondial 2010 : Quand les Ivoiriens en font un business à Abidjan

La coupe du monde débutée le 11juin dernier en Afrique du Sud ne laisse aucun pays indifférent. En particulier, les Africains qui accueillent pour la première fois depuis son existence, sur leur continent, la plus grande célébration mondiale du football. Si beaucoup n'ont pas pu se rendre au pays de Mandela, il n'en demeure pas moins qu'ils sont nombreux à Abidjan, malgré la distance, à se frotter actuellement les mains grâce à ce sport roi.

Gadgets footballistiques à l'ordre du jour
A la gare de Cocody, à Liberté (Adjamé), le jeudi 17 juin dernier, un des jeunes vendeurs ambulants qui circule parmi les taxis communaux garés tient en main des petits drapeaux nationaux, des gadgets orange blanc vert ayant trait au football tels que des bracelets, des pins's, des chapeaux, des calendriers et des prospectus présentant le programme du mondial. Ce dernier, tout joyeux, propose ses différents articles aux passants qui s'arrêtent un instant, les regardent et peut être galvanisés par le match nul des Eléphants contre le Portugal le 15 juin dernier, repartent avec un à leur préférence. Pour ce jeune du nom d'Ali, pas question de s'asseoir tranquillement à la maison pendant le mondial qui est également source de revenus pour lui tout comme pour de nombreux vendeurs. Car, rien qu'avec la vente à 100f des prospectus du programme, il peut avoir une recette de deux mille francs par jour. Selon lui, tout réside dans la manière de convaincre le potentiel client. Et c'est presque le même décor dans pratiquement tous les quartiers à Abidjan. Des gadgets sportifs sont vendus à tous les recoins des rues. Et ce n'est pas Achille qui nous dit le contraire. En effet, ce dernier s'est spécialisé pendant ce temps de mondial dans la vente de maillots de sport personnalisé. " Nous vivons actuellement le mondial. Actuellement, je fais des marquages sur les maillots. C'est-à-dire que j'inscris le nom désiré par l'acheteur sur le tricot ". Le coût du maillot aux couleurs nationales marquées qui, d'ailleurs marche bien, est de dix mille francs Cfa (10 000Fcfa). Il ne s'est pas arrêté là, pour élargir ses ressources, il vend aussi des chapeaux à l'effigie de l'équipe nationale et des drapeaux. " Les chapeaux, je les fais à 3000Fcfa. Les petits drapeaux sont à 300fcfa tandis que les grands coûtent 1000Fcfa ", nous a-t-il dit. Et de nous confier que " tout va bien ". Même observation faite par Anne-Marie, une vendeuse d'attiéké poisson au complexe sportif de Yopougon. Lieu où près de 2000 téléspectateurs voire plus suivent au quotidien et gratuitement les différents matchs. " Avant le mondial, je ne vendais pas. Nous sommes ici depuis le début de la compétition et je peux dire que ça marche ", nous a-t-elle confié avec un large sourire convaincant. Elle n'est d'ailleurs pas la seule à se réjouir de la célébration du mondial.

Les tenanciers de maquis se frottent les mains
S'il y a un groupe qui, actuellement, se frotte grassement les mains, ce sont bien les tenanciers de maquis qui ne dorment presque plus. A la cité de la joie (Ndlr : Yopougon), particulièrement à la rue princesse, les maquis ont vêtu de nouveaux apparats. Les petits drapeaux des différents pays jouant la compétition ainsi que des posters à l'effigie de l'équipe nationale et des stars ornent les différents maquis. Comme on le dit, tous sont dans la tendance. " Depuis que le mondial a commencé, nous avons établi un programme spécial. Avant, on ouvrait à 16h et on fermait à 6h. Maintenant, ce n'est plus le cas, on fonctionne 24h/24 ", nous a confié Achille Kouadio, caissier dans un célèbre maquis géant à Yopougon. Comme lui, beaucoup de gérants ont adopté un nouveau programme pour renflouer leur caisse. Pour ce faire, ils ont installé dans leur local des écrans géants ou des écrans plasma pour permettre aux clients téléspectateurs de suivre en direct le match et surtout de consommer sans vraiment s'en rendre compte. "Pendant le match Côte d'Ivoire-Brésil, il n'y avait plus de places assises chez nous ici. Le maquis était déjà plein à craquer à 12h, malgré la pluie ", ajoute-t-il. A l'en croire, les recettes engendrées pendant cette période, n'ont rien à envier aux jours de fêtes tels que la Pâques, la Saint Valentin et bien d'autres encore. Surtout que pendant le match qui fait 90mn, les clients consomment au minimum dix bières. " Les gens consomment trois types de bières dont le prix minimal est 500fcfa ". nous a-t-il confié. Un calcul effectué sur le prix minimal nous démontre qu'un client dépense au moins cinq mille francs (5000Fcfa) pendant la diffusion d'un match. Chose qui est loin de déplaire aux propriétaires de maquis. Comme quoi, ce rendez-vous sportif mondial, quoique à des milliers de km d'Abidjan, permet à de nombreux investisseurs de se frotter les mains en gagnant de l'argent. Tout réside dans l'imagination.
Cinthia R Aka