On ne dira pas qu'ils étaient coincés. Ou qu'ils avaient le couteau sous la gorge. Cependant, il faut convenir que Alassane Dramane Ouattara, mentor du Rdr (opposition) et son aîné du Rhdp, Henri Konan Bédié, président du Pdci (Opposition) et ex-locataire du Palais de la présidence du Plateau, avaient une posture intenable, 24 heures avant la rencontre qu'ils devaient avoir au siège du pouvoir exécutif avec le chef de l'Etat Sem. Laurent Gbagbo et à l'initiative de ce dernier. Car, bien avant ce rendez-vous, l'histoire politique entre ces trois leaders, a souvent été émaillée de beaucoup de ratés liés à des incompréhensions, à des subjectivités trop fortes, aux questions d'amour propre. Tenez ! Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié pouvaient-ils se permettre de ne pas honorer l'invitation à eux faite par le Président de la République,à échanger ensemble au Palais de la présidence sur le processus de sortie de crise. Quand, tout chef de l'Etat qu'il est, Gbagbo a donné lui-même le ton en se déplaçant personnellement aux domiciles et sièges respectifs de ses opposants, pour (re) lancer le dialogue inter-ivoirien ? On se rappelle, en effet, qu'au moment où (récemment) la sortie de crise et les questions électorales étaient enveloppées dans un épais nuage - brouillard - annonciateur d'une tempête politique, le numéro 1 ivoirien a jeté entre lui et ses opposants, le pont de la décrispation, du dialogue. Il s'en est immédiatement suivie l'accalmie qui aujourd'hui encore, perdure. Avant son voyage (depuis hier) au Cap Vert, où se tient une importante réunion de la Cedeao plus le Brésil, Laurent Gbagbo a renoué le fil du dialogue avec Ouattara et Bédié, sur des thématiques déjà discutées par eux. Le " Républicain " Alassane Dramane Ouattara qui par le passé, avait souvent boudé des rencontres ou cérémonies placées sous le sceau de la République, s'est montré cette fois-ci, respectueux des convenances, traditions et pratiques de cette même République, au nom de laquelle il dit mener son combat politique. Avant-hier, au Palais, des deux locomotives du Rhdp, il donnait l'air de ne pas être à l'étroit. Riant et échangeant avec le Président Gbagbo au vu et au su de la presse, dans une atmosphère bon enfant. Dégagée. On a entendu de petites phrases de Ouattara qui ont suscité rires de partout, au moment de la photo de famille, quand le locataire du Palais de la République demandait le Président de la Cei, M. Youssouf Bakayoko. C'est dans cette même ambiance détendue que le ministre Soumahoro (Rdr) s'est inscrit lorsqu'il appellera Gbagbo, " grand frère " et qu'on entendra le Président de la République dire à Bédié qui attendait son véhicule de commandement devant le ramener chez-lui : " Grand frère, je t'accompagne à ta voiture ". Pendant deux heures de temps, sinon plus, Henri Konan Bédié qui, sauf erreur de notre part, n'avait plus remis les pieds au Palais présidentiel depuis le coup d'Etat militaire qui l'a chassé du pouvoir d'Etat en décembre 1999, se retrouvait-là. Dans cet espace qui consacre par endroits, le pouvoir du souverain, l'exécutif. A l'aise ou pas, le candidat du Pdci à la future élection présidentielle semblait à cet instant précis, être envahi de souvenirs. 1999 - 2010, 11 (onze) ans que les purs et durs de son camp ne comprennent pas qu'il ait pu lâcher le " likê " du clan. Onze ans après son humiliation par le pouvoir kaki, Konan Bédié a remis mercredi dernier, les pieds au Palais présidentiel. Grâce à la diplomatie gagnante d'un homme : Laurent Gbagbo. Afin que la décrispation de la vie politique soit désormais la règle et non l'exception qui confirme cette règle dans le jeu politique ivoirien.
Douh-L. Patrice
pdouh@yahoo.fr
Douh-L. Patrice
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