Après la sortie de route des députés FPI à propos de l’élargissement des enquêtes parlementaires à d’autres secteurs, le ministre Joël N’guessan, porte-parole du candidat Alassane Dramane Ouattara apporte des précisions.
Le Patriote : Quel est votre sentiment sur les procédures d’enquêtes parlementaires engagées par les députés?
Joël N’GUESSAN : A priori, le fait que les élus de la nation se saisissent des dossiers qui touchent à la moralisation de la vie publique est une bonne chose. Seulement, il faut s’interroger pour comprendre pourquoi c’est maintenant que cela se fait. Les affaires dont il est question sont connues depuis plusieurs années de tous. L’autre interrogation est pourquoi avoir circonscrit le désir de moralisation de la vie publique à certains domaines seulement. On aurait pu, par exemple, élargir le champ des enquêtes aux contrats pétroliers attribués de manière louche depuis 10 ans, aux admissions à l’ENA, au Conseil Economique et Social qui, sous Fologo, n’a produit aucun rapport, aux sociétés d’Etat, tels le Port Autonome dans ces scabreuses affaires de terminal à conteneurs et de déchets toxiques, la SIR qui, subitement, s’est retrouvée en faillite alors que le prix du carburant ne fait qu’augmenter, la Petroci dont la gestion semble plus familiale que professionnelle. Je ne parle pas non plus, du budget de souveraineté dont le montant est passé de 15 milliards sous Bédié, à 75 milliards sous Gbagbo par an, sans justification ni explication aucune, de l’argent donné par les américains (plus de 30 milliards par an) pour lutter contre le SIDA, des centaines de milliards dépensés pour, soit disant, doter notre armée d’équipements modernes alors que les conditions d’achat (depuis la Biélorussie en passant par l’Angola et l’Afrique du sud) laissent à désirer, des frustrations des soldats sur la gestion de leurs primes de guerre, etc. Le nombre impressionnant de dossiers sales à gérer me fait dire que ce n’est pas par des procédures dilatoires auxquelles nous assistons que nous allons aboutir à la moralisation de la société ivoirienne.
LP : Pouvez-vous être plus précis ?
JN : Je m’explique. Au tout début de cette affaire, le Président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, a levé une vive protestation contre les agissements du Ministre de l’Intérieur ; celui là même qui a en charge, la sécurité intérieure et l’administration du territoire. Les accusations portées par le Président de l’Assemblée nationale sont d’autant plus graves qu’elles émanent du 2ème homme de l’Etat après le Président de la République. Dans des pays très avancés au plan de la démocratie, les accusations du Président de l’Assemblée nationale auraient emporté tout l’édifice de l’Exécutif. Mais nous sommes en Côte d’Ivoire où les valeurs sociales et démocratiques sont totalement renversées. A la suite du Président de l’Assemblée nationale, le Chef de l’Etat instruit le Procureur de la République de diligenter une enquête pour apprécier le bien fondé des accusations portée contre le ministre de l’Intérieur. Signalons que le Chef de l’Etat a épinglé au passage le Premier ministre en le citant dans la procédure d’enquête du Procureur.
Parallèlement, les groupes parlementaires proches du RHDP engagent une procédure d’enquête parlementaire. C’est ce moment que choisit le groupe parlementaire FPI pour demander une enquête relative au secteur des NTIC, du Foncier et aux activités économiques dans les zones CNO gérées par les ex-rebelles. Ce faisant, les refondateurs veulent démontrer qu’ils ne sont pas les seuls à avoir commis des fautes de gestion. Vous convenez avec moi que la réaction du groupe parlementaire FPI n’est pas sérieuse. Elle frise l’enfantillage. Cette réaction confirme une fois de plus que des choses très louches se sont passées lors des concours pour entrer à l’Ecole de Police, pour l’organisation du Hadj et pour l’attribution des marchés à la société SAGEM sécurité. On espère que le Procureur de la République va aller au bout de ses enquêtes et ne pas se contenter de politiser le débat. Il doit pour une fois au moins, faire éclater la vérité. Il y va de l’image de notre appareil judiciaire, qui a été très salie ces dernières années par plusieurs soupçons de corruption. Dans ces conditions, sans une Justice indépendante, propre et animée par des gens honnêtes, la moralisation de la vie publique est un leurre.
LP : Croyez-vous que les enquêtes vont aboutir ?
JN : Les enquêtes engagées devraient normalement aboutir. Tout dépend du sérieux que le Procureur mettra dans cette affaire. C’est pourquoi, je trouve que le délai d’un mois accordé n’est pas suffisant. Ce type d’enquêtes nécessite au minimum, six mois d’investigation si on veut avoir des résultats sérieux dénués de tout esprit partisan. Par ailleurs, une chose est d’avoir les résultats, l’autre est d’appliquer les recommandations de ces enquêtes. Il se trouve que celui qui a commandité l’enquête est le Chef de l’Exécutif. C’est sous son entière et totale responsabilité que le Premier ministre et les ministres agissent. Ces derniers ne sont que délégataires des pouvoirs du Président de la République dans le cadre des missions qui leur sont confiées. Cela veut dire que Gbagbo Laurent est le premier responsable des dérives dénoncées par le Président de l’Assemblée nationale. Il ne peut pas, cette fois-ci, se débiner en prétextant qu’il n’est pas responsable. Il doit assumer les fautes des gens qu’il a nommés et qui agissent tous en son nom. Vous comprenez qu’il sera difficile à GBAGBO Laurent d’accepter de démissionner si les enquêtes confirment les accusations de Mamadou Koulibaly.
LP : Ne pensez-vous pas que le groupe parlementaire FPI cherche à impliquer les ministres Hamed Bakayoko et Amon Tanoh du RDR dans cette affaire ?
JN : Vous constaterez que les deux ministres que vous venez de citer n’ont fait l’objet d’aucune dénonciation par qui que ce soit. Ce sont souvent des ragots relayés par la presse qui parlent d’eux. Ils n’ont fait l’objet d’aucune procédure d’enquête diligentée par Laurent Gbagbo. Par contre, dans le cas du ministre Tagro, c’est Mamadou Koulibaly ainsi que Laurent Gbagbo lui-même qui ont déclenché la procédure. Vous conviendrez avec moi que la tentative du FPI d’impliquer les ministres du RDR ne peut prospérer. De même que la tentative d’impliquer les ex-rebelles apparaît saugrenue. En effet, concernant les Forces Nouvelles, il est démontré qu’elles ont géré les zones CNO sous leur contrôle en toute souveraineté. Elles ne peuvent, dans ces conditions, en aucune manière se plier à quelques enquêtes que ce soit. C’est une question de logique. Parce que le parallélisme des formes commanderait que la gestion des richesses minières, agricoles et pétrolières au sud de la Côte d’Ivoire fasse aussi l’objet d’une enquête parlementaire. Vous comprenez donc que ce n’est pas sérieux tout ça. Laurent Gagbo veut distraire le peuple. Il faut qu’on aille aux élections. C’est le plus important.
LP : Vous voulez dire que c’est l’élection qui va permettre de moraliser la société ivoirienne ?
JN : Bien évidemment, quand Alassane Dramane Ouattara sera élu Président, il va créer les conditions de l’auto régulation dans la gestion des deniers publics. Chaque individu, à quelque poste qu’il se trouvera, sera soumis à un contrôle et à une obligation de résultats. La Justice sera effectivement indépendante et le Parquet n’attendra pas un quelconque ordre de l’Exécutif avant d’engager des poursuites contre des personnes présumées fautives comme c’est le cas actuellement du Procureur Tchimou, qui attend d’être actionné avant de mener des enquêtes selon les directives d’un ministre ou du Chef de l’Etat.
Yves-M. Abiet
Le Patriote : Quel est votre sentiment sur les procédures d’enquêtes parlementaires engagées par les députés?
Joël N’GUESSAN : A priori, le fait que les élus de la nation se saisissent des dossiers qui touchent à la moralisation de la vie publique est une bonne chose. Seulement, il faut s’interroger pour comprendre pourquoi c’est maintenant que cela se fait. Les affaires dont il est question sont connues depuis plusieurs années de tous. L’autre interrogation est pourquoi avoir circonscrit le désir de moralisation de la vie publique à certains domaines seulement. On aurait pu, par exemple, élargir le champ des enquêtes aux contrats pétroliers attribués de manière louche depuis 10 ans, aux admissions à l’ENA, au Conseil Economique et Social qui, sous Fologo, n’a produit aucun rapport, aux sociétés d’Etat, tels le Port Autonome dans ces scabreuses affaires de terminal à conteneurs et de déchets toxiques, la SIR qui, subitement, s’est retrouvée en faillite alors que le prix du carburant ne fait qu’augmenter, la Petroci dont la gestion semble plus familiale que professionnelle. Je ne parle pas non plus, du budget de souveraineté dont le montant est passé de 15 milliards sous Bédié, à 75 milliards sous Gbagbo par an, sans justification ni explication aucune, de l’argent donné par les américains (plus de 30 milliards par an) pour lutter contre le SIDA, des centaines de milliards dépensés pour, soit disant, doter notre armée d’équipements modernes alors que les conditions d’achat (depuis la Biélorussie en passant par l’Angola et l’Afrique du sud) laissent à désirer, des frustrations des soldats sur la gestion de leurs primes de guerre, etc. Le nombre impressionnant de dossiers sales à gérer me fait dire que ce n’est pas par des procédures dilatoires auxquelles nous assistons que nous allons aboutir à la moralisation de la société ivoirienne.
LP : Pouvez-vous être plus précis ?
JN : Je m’explique. Au tout début de cette affaire, le Président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, a levé une vive protestation contre les agissements du Ministre de l’Intérieur ; celui là même qui a en charge, la sécurité intérieure et l’administration du territoire. Les accusations portées par le Président de l’Assemblée nationale sont d’autant plus graves qu’elles émanent du 2ème homme de l’Etat après le Président de la République. Dans des pays très avancés au plan de la démocratie, les accusations du Président de l’Assemblée nationale auraient emporté tout l’édifice de l’Exécutif. Mais nous sommes en Côte d’Ivoire où les valeurs sociales et démocratiques sont totalement renversées. A la suite du Président de l’Assemblée nationale, le Chef de l’Etat instruit le Procureur de la République de diligenter une enquête pour apprécier le bien fondé des accusations portée contre le ministre de l’Intérieur. Signalons que le Chef de l’Etat a épinglé au passage le Premier ministre en le citant dans la procédure d’enquête du Procureur.
Parallèlement, les groupes parlementaires proches du RHDP engagent une procédure d’enquête parlementaire. C’est ce moment que choisit le groupe parlementaire FPI pour demander une enquête relative au secteur des NTIC, du Foncier et aux activités économiques dans les zones CNO gérées par les ex-rebelles. Ce faisant, les refondateurs veulent démontrer qu’ils ne sont pas les seuls à avoir commis des fautes de gestion. Vous convenez avec moi que la réaction du groupe parlementaire FPI n’est pas sérieuse. Elle frise l’enfantillage. Cette réaction confirme une fois de plus que des choses très louches se sont passées lors des concours pour entrer à l’Ecole de Police, pour l’organisation du Hadj et pour l’attribution des marchés à la société SAGEM sécurité. On espère que le Procureur de la République va aller au bout de ses enquêtes et ne pas se contenter de politiser le débat. Il doit pour une fois au moins, faire éclater la vérité. Il y va de l’image de notre appareil judiciaire, qui a été très salie ces dernières années par plusieurs soupçons de corruption. Dans ces conditions, sans une Justice indépendante, propre et animée par des gens honnêtes, la moralisation de la vie publique est un leurre.
LP : Croyez-vous que les enquêtes vont aboutir ?
JN : Les enquêtes engagées devraient normalement aboutir. Tout dépend du sérieux que le Procureur mettra dans cette affaire. C’est pourquoi, je trouve que le délai d’un mois accordé n’est pas suffisant. Ce type d’enquêtes nécessite au minimum, six mois d’investigation si on veut avoir des résultats sérieux dénués de tout esprit partisan. Par ailleurs, une chose est d’avoir les résultats, l’autre est d’appliquer les recommandations de ces enquêtes. Il se trouve que celui qui a commandité l’enquête est le Chef de l’Exécutif. C’est sous son entière et totale responsabilité que le Premier ministre et les ministres agissent. Ces derniers ne sont que délégataires des pouvoirs du Président de la République dans le cadre des missions qui leur sont confiées. Cela veut dire que Gbagbo Laurent est le premier responsable des dérives dénoncées par le Président de l’Assemblée nationale. Il ne peut pas, cette fois-ci, se débiner en prétextant qu’il n’est pas responsable. Il doit assumer les fautes des gens qu’il a nommés et qui agissent tous en son nom. Vous comprenez qu’il sera difficile à GBAGBO Laurent d’accepter de démissionner si les enquêtes confirment les accusations de Mamadou Koulibaly.
LP : Ne pensez-vous pas que le groupe parlementaire FPI cherche à impliquer les ministres Hamed Bakayoko et Amon Tanoh du RDR dans cette affaire ?
JN : Vous constaterez que les deux ministres que vous venez de citer n’ont fait l’objet d’aucune dénonciation par qui que ce soit. Ce sont souvent des ragots relayés par la presse qui parlent d’eux. Ils n’ont fait l’objet d’aucune procédure d’enquête diligentée par Laurent Gbagbo. Par contre, dans le cas du ministre Tagro, c’est Mamadou Koulibaly ainsi que Laurent Gbagbo lui-même qui ont déclenché la procédure. Vous conviendrez avec moi que la tentative du FPI d’impliquer les ministres du RDR ne peut prospérer. De même que la tentative d’impliquer les ex-rebelles apparaît saugrenue. En effet, concernant les Forces Nouvelles, il est démontré qu’elles ont géré les zones CNO sous leur contrôle en toute souveraineté. Elles ne peuvent, dans ces conditions, en aucune manière se plier à quelques enquêtes que ce soit. C’est une question de logique. Parce que le parallélisme des formes commanderait que la gestion des richesses minières, agricoles et pétrolières au sud de la Côte d’Ivoire fasse aussi l’objet d’une enquête parlementaire. Vous comprenez donc que ce n’est pas sérieux tout ça. Laurent Gagbo veut distraire le peuple. Il faut qu’on aille aux élections. C’est le plus important.
LP : Vous voulez dire que c’est l’élection qui va permettre de moraliser la société ivoirienne ?
JN : Bien évidemment, quand Alassane Dramane Ouattara sera élu Président, il va créer les conditions de l’auto régulation dans la gestion des deniers publics. Chaque individu, à quelque poste qu’il se trouvera, sera soumis à un contrôle et à une obligation de résultats. La Justice sera effectivement indépendante et le Parquet n’attendra pas un quelconque ordre de l’Exécutif avant d’engager des poursuites contre des personnes présumées fautives comme c’est le cas actuellement du Procureur Tchimou, qui attend d’être actionné avant de mener des enquêtes selon les directives d’un ministre ou du Chef de l’Etat.
Yves-M. Abiet