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Économie Publié le lundi 5 juillet 2010 | Notre Voie

Fin du sommet CEDEAO-Brésil -- Le Brésil ouvre largement les bras à la CEDEAO

Le sommet spécial Cedeao-Brésil qui s’est tenu, samedi matin, à Sal, au Cap Vert s’est achevé dans l’après-midi par un communiqué final et une conférence de presse qui ont montré la détermination du président brésilien à mettre tout à la disposition de la Cedeao pour son développement vrai. De mémoire d’Ouest-Africain, jamais sommet de la Cedeao n’a pris fin avec autant d’espoir et d’espérance pour les peuples de la sous-région. Et cet espoir est venu du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, qui a grandement ouvert les portes du Brésil à la Cedeao. Le président de la République fédérative du Brésil a concocté un programme agricole, technologique et éducationnel pour les peuples de la sous-région ouest-africaine, en vue de les aider à sortir de la pauvreté, de la misère et, surtout, des griffes des colonisateurs, inspirateurs des plans d’ajustement structurel. Il l’a dit lui-même lors de son adresse au sommet, c’est du fond du cœur que le Brésil met à la disposition de la Cedeao les moyens, tous les moyens, qui lui permettront d’asseoir son développement. Parce que, a-t-il souligné, le Brésil doit beaucoup ou tout à l’Afrique et son histoire est construite sur les sacrifices de millions d’Africains. “Nous partageons des traits physiques, spirituels et culturels qui font du Brésil la deuxième grande nation noire du monde”. C’est donc au nom de ces traits qui font battre son cœur pour le continent et au nom d’une reconnaissance certaine que son gouvernement a déposé, sur la table du parlement de son pays, un projet de loi relative à la création d’une université afro-brésilienne de 10.000 étudiants. Elle sera construite sur l’Ile qui a servi de point de départ à la révolte des esclaves noirs pour leur liberté. Un symbole fort de la psychologie du président brésilien qui permettra aux 5000 étudiants africains et leurs frères sud-américains de se fréquenter, d’échanger et se connaître, et maîtriser mieux les spécificités de l’Afrique, le continent de leurs aïeux. Dans cette vision du futur, Lula est formel. Tous ces étudiants qui iront apprendre les nouvelles techniques agricoles, la bio-technologie, la technique du bio-carburant, la santé et autres devront revenir pour mettre à la disposition du continent le savoir-faire qu’ils auront appris au pays de la samba. Il souhaite d’ailleurs vivement que cette université soit vite construite pour le bonheur des deux peuples. Mais, en attendant, et pour montrer la bonne foi du Brésil, il a annoncé que son pays a décidé de vendre ses machines agricoles aux prix forfaitaires auxquels elles sont vendues aux paysans brésiliens. Manière pour lui de créer les conditions de transfert de technologie dans bien des domaines. L’homme d’Etat qui est à quelque six mois de son départ de la tête du Brésil (il est à son second mandat) a rassuré ses interlocuteurs sur l’authenticité des décisions annoncées. Ce ne sont pas, expliquera-t-il, des décisions de Lula et son gouvernement seulement. C’est le peuple brésilien qui le veut pour tout ce que l’Afrique a fait pour lui. Il ajoutera que son départ, puis l’arrivée d’un autre président (certainement une femme) ne changeront rien à la donne. Son successeur sera moralement, politiquement et éthiquement lié et tenu de respecter l’engagement pris par le peuple brésilien. Il mènera donc à leur terme, les 35 projets en cours de réalisation dans 16 pays africains, dont plusieurs se font en Afrique de l’ouest. Déjà, selon Lula, les projets réalisés au Mali et au Sénégal donnent de très bons résultats dans le domaine du riz par exemple. Lula ne veut pas perler pour parler comme le font certains chefs d’Etat de pays donateurs. L’Agence brésilienne de coopération a mis au point un programme de plus de 70 projets réservés aux pays de la Cedeao. Les investissements consentis à cet effet totalisent 17,5 millions de dollars et s’intéressent à l’éducation, à la santé, à la formation professionnelle et à la sécurité publique. La main sur le cœur, Lula proclame que le Brésil ne cherche pas du tout, à travers ces différents projets, à se faire des devises pour son commerce et son économie. Autrement, insistera-t-il, ce serait faire comme les colons et les pays néo-colonisateurs qui pompent impunément les ressources de l’Afrique. C’est pourquoi, pour réussir cette coopération nouvelle basée sur le donnant-donnant, le président brésilien a exhorté ses homologues de la Cedeao à tout mettre en œuvre pour mettre fin aux conflits qui déchirent l’Afrique et qui l’empêchent de se tourner résolument vers le développement. Il a insisté sur la bonne gouvernance, le respect des droits de l’homme et bien d’autres aspects de la gouvernance moderne dont la réalisation est plus que nécessaire pour la bonne marche d’un Etat. Lula s’est attaqué aussi, violemment, aux institutions internationales qui créent des structures pour maintenir les pays pauvres ou en développement dans le statu quo ante. Ainsi a-t-il demandé l’arrêt immédiat des programmes d’ajustement structurel qui avilissent ces pays en développement. Pour lui, il est plus qu’urgent de réformer la gouvernance économique et politique internationale. C’est la raison pour laquelle, au niveau du G20, par exemple, il réclame une bonne politique de l’agriculture et de la sécurité alimentaire pour la revitalisation de l’agriculture africaine dans l’unique but d’éliminer la pauvreté. Le président brésilien pense que c’est la condition pour arriver à un monde sans faim que réclame la Fao. L’Omc, le Pam, le Fida et tous les autres organismes peuvent jouer un rôle important. Parce que, pour Lula, “le FMI et la Banque mondiale ne peuvent pas continuer de faire ce qu’ils faisaient avant”. Bien évidemment, ce discours a été fortement apprécié par l’ensemble des chefs d’Etat qui l’ont applaudi à tout rompre à l’image du sénégalais Abdoulaye Wade qui, dans un long plaidoyer devant les journalistes qui l’ont accosté, a exprimé sa joie et en même temps sa confiance dans le discours de Lula. “Ce n’est pas un Blanc comme les autres. Il l’a dit lui-même. Le sang noir coule dans ses veines. Il parle donc des problèmes de l’Afrique de l’intérieur et non de l’extérieur comme les autres. La preuve, il a décidé de participer au financement du festival des arts nègres qui va se tenir à Dakar”. En tous les cas, l’Afrique reconnaissante à son tour à son «fils» a, par la voix du président en exercice de la Cedeao et du président cap verdien, dit toute sa reconnaissance au président brésilien et l’a félicité chaleureusement pour tout ce qu’il fait partout, dans les fora, à travers le monde, en faveur de l’Afrique, son continent. Ses remerciements lui seront sans doute réitérés encore, en 2012, au prochain sommet Cedeao-Brésil. Mais, déjà, le sommet réaffirme la nécessité d’accroitre la représentation des pays en développement au Conseil de sécurité et d’augmenter les membres permanents et non permanents dans le but de rendre l’Onu plus efficace, plus légitime et plus représentative des réalités actuelles. Quand on sait que le Brésil, qui est dans le G20, frappe aux portes de l’Onu pour être membre permanent du Conseil de sécurité avec droit de veto, on peut parler aisément de juste retour des choses. Dans le domaine des transports, des infrastructures et de l’énergie, chapitre que pilotent la Côte d’Ivoire et son président, une grande place lui a été réservée dans le communiqué final. En plus de prendre la résolution d’œuvrer ensemble afin d’améliorer la planification, le financement et la mise en œuvre des projets en matière de transport et d’infrastructures, le sommet donne mandat à la Commission de la Cedeao, “de concert avec les autorités compétentes de la République fédérative du Brésil, à prendre les mesures appropriées afin de mettre en application les engagements pris au cours du présent sommet particulièrement dans le domaine des infrastructures, du transport aérien, de l’énergie, du problème de la drogue, de la sécurité, du transfert de technologies et des échanges culturels”. Seule fausse note de ce sommet, l’organisation qui, comme à nombre de rendez-vous de la Cedeao, était médiocre. La preuve, les chefs d’Etat n’ont pu travailler convenablement parce qu’ils se sont retrouvés en face de dossiers qui n’ont pas été traités en amont comme il se devait. De sorte qu’ils ont été obligés de reporter le débat sur les questions touchant aux institutions de l’organisation. Le comité ad hoc mis sur pied pour réfléchir à ces questions a été étoffé et devrait terminer ses réflexions d’ici peu (Voir le communiqué final). Abdoulaye Villard Sanogo, envoyé spécial à Sal au Cap vert
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