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Politique Publié le lundi 5 juillet 2010 | Demain

PDCI – RDA/ Crise : Convaincre et non contraindre

© Demain Par Emma
Report de la marche du RHDP du 15 mai 2010 - Le président Bédié s`adresse aux Ivoiriens
Vendredi 14 mai 2010. Abidjan. Résidence du président du PDCI-RDA à Cocody. Le Président Henri Konan Bédié anime une conférence de presse pour expliquer la décision prise par la Conférence des leaders du Rhdp les 10 et 11 Mai 2010
Qualifiée de simple poussée de fièvre par les partisans d’Henri Konan Bédié, la crise au Pdci-Rda semble avoir pris une toute autre tournure obligeant ceux-ci à ruer dans les brancards.

Au Pdci-Rda d’Henri Konan Bédié, les jours se suivent et se ressemblent. Tout se passe comme si le président de ce parti et ses proches n’ont pas tiré les leçons du putsch de décembre 1999. Le débat sur la tenue d’un congrès pour le renouvellement des instances du premier parti de Côte d’Ivoire suscite des crises d’urticaires. Tout de suite, on a battu le rappel des troupes restées fidèles au prince. C’est d’abord le Secrétariat général qui est monté au créneau pour rappeler, dans un communiqué, à tous ceux qui murmurent, que pour les ambitions mêmes les plus légitimes, il faudrait repassez demain. Traduction : pas de congrès pour tous ceux qui aspirent à la démocratie à l’intérieur de ce parti. Le Bureau politique du Pdci en a ainsi décidé, en 2007.
On a fait appel ensuite à son outil de communication pour ‘‘casser’’ tous ceux qui ont osé demander le respect des statuts et règlement intérieur de ce parti. Une lettre ouverte a été adressée ce matin au Premier ministre Charles Konan Banny que Bédié et son clan soupçonnent de manipuler en arrière plan ceux qui veulent le changement et qui ont décidé de se battre pour l’obtenir.

On a donc sorti la grosse artillerie comme à l’époque de l’inquisition contre Ouattara. Ce qui arrive aujourd’hui au Pdci-Rda est un déficit de dialogue et de communication et, peut être, un oubli des valeurs houphoutiennes. Le bâtisseur de la Côte d’Ivoire moderne, en mourant, a parlé d’une équipe pour la gestion de l’héritage. Pour Félix Houphouët-Boigny, les membres de cette équipe étaient tous égaux, logés à la même enseigne et interchangeable. Il n’y en a pas un qui soit au dessus des autres. Le capitaine n’étant que le primus inter pares. L’exemple en la matière est celui de saint Pierre et des autres apôtres. Pierre ne pouvait aucunement affirmer qu’il était l’unique pierre d’angle du ministère christique, même si c’est sur sa ‘‘pierre’’ que Jésus a fondé l’église.


Sortir des méthodes staliniennes

Il faut, par conséquent, sortir des méthodes staliniennes qui visent à persécuter ceux qui ne pensent pas comme le prince. Cette attitude n’honore pas le Pdci-Rda qui porte dans sa dénomination, le mot ‘‘démocratie’’. Le plus important, c’est de penser à la stratégie de reconquête du pouvoir que ce parti qui a construit la Côte d’Ivoire n’aurait pas dû perdre et, surtout, ne pas oublier que la contradiction principale demeure Laurent Gbagbo a qui Bédié semble aujourd’hui donner caution.

De Marcoussis au Cpc du 30 juin dernier, Henri Konan Bédié a indiscutablement contribué à maintenir Laurent Gbagbo au pouvoir. Son refus d’une transition sans le chef de l’Etat ivoirien s’explique difficilement. Or, dans leur grande majorité, les militants du Pdci-Rda adhèrent à cette idée pour qu’il y ait enfin les élections en Côte d’Ivoire. C’est pour cela qu’ils ne demandent que l’application des textes du Pdci-Rda pour se donner un nouveau capitaine qui pourra arracher l’élection à Laurent Gbagbo.

Ce n’est pas une affaire de personne, il s’agit de la survie du Pdci-Rda et partant, de la Côte d’Ivoire.

La question n’est donc pas d’indexer quelqu’un et de vouer aux gémonies ceux qui veulent le changement. Il faut écouter, convaincre et non contraindre. HKB, ne doit pas oublier le syndrome Djéni qui a créé le premier schisme du Pdci-Rda. Il faut user du dialogue. Toujours dialoguer et ne jamais se lasser de dialoguer. Ce qu’il faut, après avoir colmaté les brèches au Rhdp, c’est d’endiguer une autre déchirure. Bédié, qui n’est pas n’importe qui, peut sortir grandi de cette épreuve s’il sait écouter tous ceux qui s’expriment et murmurent.

Houphouët-Boigny, en 1990 a su entendre les cris de l’opposition, mais surtout, gérer les rénovateurs qui ont apporté un sang neuf à ce parti.

Tous ceux qui pensent être Pdci-Rda, devraient donner un coup de main à Bédié pour éviter l’exclusion, même d’un militant sans grade. Nos confrères de la presse ‘‘bédiéiste’’ s’ils veulent rendre service à Bédié, devraient apporter des réponses aux questions que se posent les militants dont certains pensent que leur président s’est fait acheter par la promesse d’un statut de président d’institution avec une rente viagère dans le cadre du Cpc.

Les propos de ces confrères ressemblent fort à ceux de radio 1000 collines. Ils indexent et livrent à la vindicte populaire tous ceux qu’on soupçonne de s’être écarté de l’orthodoxie. Ce populisme facile a été utilisé par Hitler pour arriver et se maintenir au pouvoir. Est-ce la vision du père fondateur ? Il faut faire attention à ce que de tels agissements ne déchirent la cohésion du Pdci-Rda.

La presse de Bédié se comporte comme une marâtre aigrie qui mange les enfants de la famille. L’agitation fébrile qui s’est emparé d’eux démontre la perte de sérénité dans leur camp.

Notre souci à nous, c’est de développer des synergies qui permettront à l’opposition d’accéder au pouvoir et surtout, lui ouvrir les yeux afin qu’elle ne tombe pas dans le piège grand ouvert de Laurent Gbagbo.

Le danger que court le Pdci-Rda, si ses dirigeants ne prennent pas en compte les plaintes légitimes des militants, sera de se retrouver à une élection sans candidat. Les révélations de ‘‘Notre voie’’ dans sa parution des samedi 3 et dimanche 4 sont édifiantes à ce propos. ‘‘(… ) Cela fait, Gbagbo reprend la parole et souligne qu’au regard de la constitution, Alassane Ouattara ne pouvait pas être candidat à l’élection présidentielle, sa candidature ayant été invalidée en 2000 pour des raisons non encore levées. Il en est de même pour Bédié qui, à 76 ans révolus, est atteint par la limite d’âge. Laurent Gbagbo précise que pour que ces deux poids lourds de la politique soient candidats, il aurait fallu que la constitution soit révisée par referendum. Or le pays étant occupé par la rébellion, il était impossible d’organiser un referendum. Et donc pour les rendre éligibles, il a dû contourner la loi fondamentale en s’appuyant sur l’article 48’’. Comme on le voit, Laurent Gbagbo peut, à tout moment, demander l’application de la constitution. Que faire face à cette éventualité ?

etienneaboua2007@yahoo.fr
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