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Politique Publié le mardi 6 juillet 2010 | Nord-Sud

Yao Kouadio Séraphin, Pdt JUdpci à propos de l`Ecole de Police : “La liste des recrues doit être auditée”

Audit général de la liste des admis au concours de Police session 2007. Voilà ce qu'il serait judicieux de faire, selon Yao Kouadio Séraphin, président de la Jeunesse de l'Union pour la démocratie et la paix (JUdpci). Il évoque aussi la vie de sa structure, qui s'est remise, à ses dires, de la déception de l'échec du projet de marche du 15 mai dernier.


•Quels sont les projets de la JUdpci après l'échec de la marche du 15 mai?

Nous avons décidé d'être sur le terrain de la mobilisation. Pour cela, nous avons envoyé une mission dans la région du Haut-Sassandra où nous allons mobiliser notre base. Une grande assemblée générale y est prévue. Elle va réunir l'ensemble de nos présidents de jeunesse de ladite région. Cela est utile d'autant que le président du parti, Albert Toikeusse Mabri, fera une grande tournée dans cette partie du pays, à partir du 21 juillet. Nous serons également à Dimbokro en vue d'y promouvoir le programme de gouvernement du président du parti. Disons que nous avons élaboré un programme d'actions à mettre en œuvre tous les trois mois.


•Il est de plus en plus question de parti unique au Rhdp, est-ce que ce débat est mené au niveau de leurs jeunesses ?

Nous avons eu à échanger sur les différents aspects de ce projet. Mais comme il y a des comités qui ont été mis en place, ils vont faire des réflexions. En temps opportun, nous aurons notre avis à donner, parce que notre vision commune est de donner un programme de gouvernement commun et d'atteindre la formation d'un parti politique unique.


•On a entendu des militants se plaindre qu'avec quatre leaders, le Rhdp est trop lourd et inefficace ; le parti unique ne serait-il pas un leurre au regard de cette critique ?

Le fonctionnement actuel du Rhdp est différent de celui d'un parti unique. Un parti unifié comporte une direction et un président qui travaille selon les orientations de la structure. Or, avec le Rhdp, il y a un directoire qui prend les décisions, qui sont transmises à chaque entité pour analyse. Ensuite, ces analyses retournent au directoire. On a estimé qu'il fallait faire le pas qualitatif pour arriver au fonctionnement normal d'un parti.


•Comment est-ce véritablement possible ?

Ce qui est important, c'est l'adhésion. Etant tous des houphouétistes, nous pouvons surmonter les obstacles. Cela ne sera peut-être pas facile, mais ce n'est pas impossible. Figurez-vous qu'à l'avènement de la plate-forme du Rhdp, de mauvaises langues ont dit qu'il ferait long feu. Pourtant, voilà cinq ans qu'il existe.


•A la faveur des préparatifs de la marche du 15 mai, les leaders du Rhdp étaient opposés quant à la façon d'accéder au pouvoir ; n'est-ce pas un autre obstacle ?

Cela ne saurait être un obstacle. Le Rhdp constate que Gbagbo ne veut pas aller aux élections, alors il pense qu'il faut créer les conditions visant à mettre la pression pour arracher les élections à Laurent Gbagbo. Ce n'est qu'une façon de revendiquer. L'Udpci pense également qu'il faut user de pression en vue d'obtenir le scrutin. Nous, au Rhdp, avons donc la même vision des choses.


•Convenez-vous avec certains observateurs que l'Apo est en marche, avec la reprise de la confection de la liste électorale ?

Il n'y a pas d'embellie ! Il n'y a pas eu d'engouement à l'étape des réclamations administratives sur la liste grise. Dans certaines localités, les réclamants n'atteignaient pas quinze. On a donc perdu du temps et gaspillé l'argent du contribuable. Tout ce qui se fait en ce moment, c'est pour grignoter le temps. Parce que même le contentieux sur la liste blanche n'a pas démarré…


•Qu'est-ce que vous en savez ?

Je suis convaincu que l'opération n'a pas démarré, on nous a dit qu'elle débutait le lundi (28 juin, Ndlr). Mais je n'ai pas encore vu les structures en charge de l'opération se mettre au travail.


•Elle a démarré avec l'accord de tous les partis politiques.

Nous sommes dans une situation de blocage. Si des partis ne veulent pas se soumettre à des subterfuges alors que celui qui veut perdre le temps s'impose, ils sont bien obligés d'avancer. Le Rhdp ne se reprochant rien, laisse faire.


•Le Rhdp concède, selon vous, malgré la force politique qu'il représente ?

Pour le Rhdp, il était question de respecter le chronogramme qui avait été élaboré, en février, lors de la visite du Facilitateur. Malheureusement, le camp présidentiel a fait des préalables et le processus marque un arrêt. Si Laurent Gbagbo qui signe les décrets ne veut pas avancer, le Rhdp est bloqué, malgré lui. Or, quand c'est ainsi, on perd du temps. Le Rhdp s'étant rendu compte de ce piège, a concédé le contentieux sur la liste grise. Cela n'a rien donné ! Le camp présidentiel veut maintenant faire le croisement par ascendants des 1,7 million d'enrôlés. Bon, qu'on y aille ! Au finish, il n'y aura pas grand-chose après deux ou trois semaines. Et puis, quel argument va-t-il trouver encore ? Donc on va le prendre à son propre piège.


•Est-ce que vous êtes néanmoins satisfait de l'évolution du processus électoral ?

Pour avancer, on fait des consensus, mais le Rhdp souhaitait aller aux élections en ce mois de juillet. Et, cette étape de croisement qui va durer pratiquement vingt-et-un jours voit s'éloigner les élections. Nous faisons avec et le Rhdp a compris qu'il faut éviter les manœuvres visant à bloquer le processus. Mais selon le schéma du camp présidentiel, le contentieux électoral proprement dit n'a pas encore commencé.


•Quel est votre analyse de la politique de moralisation de la vie publique qui met en cause, aujourd'hui, un ministre?

Je ne suis pas surpris parce que la corruption, le népotisme sont des fléaux qu'on a décriés depuis l'avènement au pouvoir de la refondation. Le chef de l'Etat avait dit, lors d'une de ses tournées à Agboville, qu'il voyait tout ce que faisaient les uns et les autres, et qu'au moment opportun il réagirait. Donc la mal-gouvernance n'est pas une chose nouvelle.


•Le chef de l'Etat a ordonné une enquête contre ce ministre qui lui est proche. N'est-ce pas là une façon d'être impartial ?

Non, c'est un coup médiatique. Sinon, pourquoi les prisonniers de l'affaire café-cacao croupissent encore à la Maca (Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan) ? Il veut faire une opération pour se blanchir vis-à-vis de l'opinion nationale et de la communauté internationale. Parce que, figurez-vous que, tout ce qui était normal est devenu anormal sous la refondation.


•Ce n'est pas le président de la République qui a accusé le ministre en question.

En plus du coup médiatique, il y a une lutte de positionnement au sein du Fpi (Front populaire ivoirien). Les cadres du Fpi se battent pour l'après-Gbagbo. Sinon, tout le monde sait les conditions d'entrée à l'Ena, à l'Ecole de police, etc. Comment la nouvelle directrice de l'Ena a-t-elle pu affirmer, par exemple, « qu'à partir de maintenant on ne va plus payer pour entrer à l'Ena » ? Mais dès qu'un haut-cadre a dit cela, le même jour une enquête devrait l'entendre et situer les responsabilités. Hélas, on a laissé passer cela. Quel dommage pour la jeunesse qui souffre de cette irresponsabilité.


•Ne pensez-vous pas que le Rhdp est vite allé en besogne en demandant la démission du mis en cause ?

La logique veut que ce ministre rende sa démission dès que le chef de l'Etat saisit le procureur de la République. Ainsi, il se mettrait à la disposition de la justice, pour garantir déjà une crédibilité à l'enquête. Autre manquement, c'est le fait que l'enquête soit orientée sur les ressortissants (des recrues de l'école de Police) de Nayo et Saïoua. Mais c'est toute la liste des admis qui doit être auditée. La loi des deux tiers ne doit pas prévaloir dans les rangs des forces de défense et de sécurité (Fds) ; parce qu'on met en danger la sécurisation des élections.

Bidi Ignace
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