Des affrontements entre membres de la tribu arabe Misseriya et des villageois ont fait cinq morts lundi dans la région sensible d'Abyei, qui doit décider en janvier de son rattachement au sud ou au nord du Soudan, ont indiqué mardi, les autorités locales. "Un groupe de Misseriya appartenant aux Forces de défense populaire (PDF, difaa al-shaab, milice pro-gouvernementale) a attaqué le village de Tajlei (situé au nord de la ville d'Abyei) vers 01H30 lundi matin", a déclaré à l'Afp Deng Arop Kuol, administrateur de la région d'Abyei. "Ils ont tué quatre civils et un policier. Il s'agit d'une tactique visant à dépeupler Abyei avant le référendum", a-t-il ajouté, précisant que la population locale craignait des représailles ou une nouvelle offensive des Misseriya. La région d'Abyei, située au coeur du Soudan, a hérité d'un statut particulier dans l'accord de paix global (Cpa) ayant mis fin en 2005 à plus de deux décennies de guerre civile entre le nord et le sud du Soudan. Cet accord prévoit la tenue simultanée en janvier de deux référendums, l'un sur la sécession du Sud-Soudan, et l'autre sur le rattachement d'Abyei à la région sudiste du "Bahr al-Ghazal Nord" ou à la région nordiste du "Kordofan-Sud". A six mois de l'échéance, la commission chargée d'organiser la tenue du référendum d'Abyei n'a pas encore été nommée par les autorités soudanaises, soulevant la grogne au sein de la population locale. En mai 2008, des combats meurtriers avaient opposé les ex-ennemis nordistes et sudistes à Abyei, faisant craindre un retour à la guerre civile. Les autorités du Nord et du Sud-Soudan avaient alors confié leur différend sur les frontières de la région d'Abyei à la Cour permanente d'arbitrage de La Haye. Celle-ci a exclu en juillet 2009 d'importants gisements de pétrole du territoire d'Abyei, limitant sa superficie au territoire occupé majoritairement par la tribu sudiste des Dinka Ngok. Mais Abyei, véritable vase communiquant entre le Nord et le Sud-Soudan, est aussi un lieu historique de transhumance pour les Misseriya en quête de pâturage pour leur bétail. Ceux-ci craignent de ne pouvoir voter lors du référendum et ainsi de perdre l'accès à ces terres.
AFP
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