Treize ans d’une carrière qui l’ont amené de l’Asec Mimosas à Heerenveen en passant par Feyenoord de Rotterdam, Auxerre, PSG, Lens, Qatar. Treize longues années d’une aventure exaltante mais passionnante que Kalou, 32 ans, balaye dans cet entretien. Même si elle n’a pas encore pris fin. L’ex-capitaine des Eléphants saisit l’occasion pour peindre l’actualité sportive dominée par la Coupe du monde de football. Il ouvre une fenêtre sur le football ivoirien.
Bonaventure Kalou, après votre club hollandais, SC Heerenveen, on a l’impression qu’il y a un coup d’arrêt. Que se passe-t-il ?
C’est un peu cela, j’ai résilié mon contrat en décembre dernier. Je suis rentré en France, je m’entrainais un peu seul chez moi. On est un peu en point mort et j’attends les propositions pour l’instant, après on verra.
Pourquoi vous avez résilié votre contrat ?
Le club a changé d’entraîneur. Le nouveau avait d’autres projets, donc moi je voulais aller voir ailleurs.
Il semble que vous avez fait des essais en France, en Angleterre, un peu partout, qu’est ce qui n’a pas marché ?
Je n’ai pas fait des essais en France. Et en Angleterre, je m’entraînais avec un club juste pour garder la forme. Ce ne sont pas des essais à proprement parler.
Pour un joueur de votre trempe, vous résiliez votre contrat et vous n’arrivez pas à en décrocher un. Que se passe-t-il ?
Peut être que les clubs se posent des questions que je ne maitrise pas. C’est comme ça le football. C’est vrai qu’il y a des moments où on est au creux de la vague, malheureusement cela intervient à un moment où ma carrière tire à sa fin. C’est un peu difficile de rebondir, mais je garde toujours espoir.
Y a-t-il des clubs qui se manifestent ?
Oui, des clubs se manifestent, mais il manque des propositions concrètes. A partir de là, je ne m’y fie pas trop, car en football il n’y a que le concret qui compte.
Treize ans d’une carrière qui a débuté en 1997 et qui vous a emmené de Feyenoord à Heereveen en passant par Auxerre, PSG, Lens, Qatar …êtes vous satisfait de votre parcours ?
Il y a eu de bons et de mauvais moments tout au long de ma carrière. Mais j’essaie de garder en mémoire ce qui a été bien, parce qu’on ne peut pas refaire le passé. En gros, je suis satisfait de ma carrière même si elle n’est pas encore terminée.
On a l’impression que vous n’avez pas bénéficié d’un véritable plan de carrière…
On peut le dire, parce que le football ce sont des opportunités, c’est être au bon endroit au bon moment, pour avoir une chance d’évoluer dans un club qui met votre talent en valeur. Je n’ai peut-être pas eu ce coup de pouce du destin mais en même temps j’ai évolué dans de grands clubs comme Feyenoord, PSG, Auxerre… Ce n’est pas rien non plus.
Avez des regrets à ce niveau ?
Des regrets ? Je ne sais pas. À un moment donné il faut avoir un coup de pouce du destin, ce que je n’ai peut-être pas eu. Il faut une personne qui vous pousse dans votre carrière. Chose que je ne vais pas passer à regretter toute ma vie. Ce n’est pas arrivé, j’ai eu la carrière que j’ai eue, on prend ça comme ça.
C`est-à-dire que vous n’avez pas bénéficié d’un vrai management ?
On peut le dire. Parce que ces choses là vont au delà du football par moments, au-delà de la qualité du joueur. Le footballeur c’est comme un produit au tour duquel il faut tout un marketing pour qu’il puisse être vendu. Je n’ai pas eu cette chance-là…
Dans quel club vous vous êtes senti le mieux à votre aise ?
Ben, c’est à Auxerre parce que le coach, Guy Roux, avait une parfaite confiance en moi. Pour que le talent puisse éclore, il faudrait que le joueur sente qu’on lui fait confiance, qu’il se sente important et j’avoue qu’à Auxerre c’était le cas.
Guy Roux était comme un papa poule pour vous…
Non, mais il savait tirer le meilleur de moi. Il savait me motiver, il avait les mots justes et il avait cette confiance qui faisait qu’il pouvait aller en guerre avec moi et moi avec lui.
Vous avez gagné une Coupe de France avec Auxerre, une coupe d’Hollande avec SC Heerenveen, une coupe UEFA avec Feyenoord, vous avez eu au moins cette chance dans votre carrière…
Oui, j’ai eu cette chance de gagner une Coupe avec trois clubs où je suis passé, c’est énorme, car il y a des joueurs qui évoluent dans de grands clubs qui ont une carrière plus médiatisée que la mienne, mais qui n’ont pas cette chance de gagner le nombre de trophées que j’ai pu avoir. C’est une fierté et non une honte.
Quel est le point le plus positif de votre carrière à votre avis ?
Le fait d’avoir gagné une coupe d’Europe EUFA avec Feyenoord. C’est quelque chose que je pourrai raconter à mes petits enfants plus tard.
Parlons des Eléphants. Vous avez passé 7 ans en sélection, de 1999 à 2006. Etes-vous satisfait de votre carrière internationale en équipe nationale de Côte d’Ivoire ?
Oui, car j’avoue qu’il y a eu de bons et de mauvais moments. Quand j’ai commencé en sélection il n’y avait pas cet engouement qui est autour de l’équipe. Aujourd’hui la sélection, pour certains, est même plus importante que leurs clubs dans lesquels ils évoluent parce que c’est une vitrine. Et je suis fier d’avoir participé à ce projet, d’avoir fait de l’équipe nationale ce qu’elle est aujourd’hui.
Avez-vous le sentiment d’avoir donné ce que vous devriez à votre pays en sélection ?
Oui, je le pense car j’ai toujours été honnête envers moi-même, quand je suis venu en sélection j’ai toujours donné le meilleur de moi-même, avec succès souvent et en échec par moments. Mais j’ai toujours été honnête avec le maillot de la sélection.
Vous avez été capitaine de la sélection, mais n’avez gagné des trophées en équipe nationale. Des pincements au cœur ?
C’est toujours un regret, car gagner quelque chose avec son pays est inestimable. Gagner un trophée avec la Côte d’Ivoire est très important pour un joueur ivoirien. Quand on le réussit, on devient un symbole pour le pays. Malheureusement on a échoué en finale en 2006. Ce trophée aurait été le point de mire de ma carrière, mais j’espère que ce sera pour bientôt avec les autres.
Un goût d’inachevé à ce niveau ?
Bien sûr ! Je l’avais même signifié à une réunion qu’on avait tenue au Golf. C’est vrai qu’on parle de génération magnifique avec beaucoup de talents, mais quand on ne gagne pas de trophée, c’est du gâchis énorme.
Pensez-vous que cette génération a encore le temps de gagner quelque chose ?
Bien sûr. La prochaine Coupe d’Afrique c’est pour 2012, tous ces joueurs seront davantage matures. Il n’y aura pas d’excuse d’inexpérience. J’espère que ce sera une vraie et bonne équipe de Côte d’Ivoire et non une association de bons joueurs.
Que pensez-vous du dernier parcours des Eléphants à la Coupe du monde en Afrique du Sud ?
C’est encore du gâchis. Il y a des gens qui sont contents du parcours du fait qu’on était dans une poule difficile. C’est vrai, mais en 2006 ça a été la même chose. Ce n’était pas évident avec cette poule dite de la mort, mais on ne peut pas s’en contenter. Se satisfaire de ce parcours, c’est manquer d’ambition parce qu’on a les joueurs qu’il faut. Pris individuellement, les Portugais ne sont pas meilleurs que nous. On ne peut pas être satisfait de sortir au premier tour. Il y avait beaucoup d’espoir mais c’est toujours pareil, comme le chien qui se mord la queue. On tourne en rond.
Vous étiez à l’intérieur de l’équipe, à votre avis qu’est ce qui ne marche pas ?
C’est simple. Onze grands joueurs ne font pas forcément une bonne équipe. On a six ou sept grands joueurs mais on n’a pas une grande équipe. C’est dommage. Individuellement pris, les joueurs ivoiriens sont nettement au dessus des Ghanéens. Mais eux, ils forment une vraie équipe et non des individualités. A une compétition comme la Coupe d’Afrique ou du monde c’est plus l’équipe qu’il faut ressortir et non des individualités. En Côte d’Ivoire on a toujours tendance à faire ressortir les individualités au détriment de l’équipe.
Qu’est ce qu’il faut faire à votre avis ?
Depuis un moment, je regarde cela un peu de loin. Il faut un coach qui en impose aux joueurs, malheureusement, je ne sais pas quel coach viendra tenir tête aux vedettes qu’on a dans cette équipe. Il faut quelqu’un qui en impose, et qui crée une seine émulation, où ce sont les meilleurs du moment qui jouent.
Est-ce à dire qu’Eriksson ne peut pas en imposer à cette équipe ?
Je ne le connais pas, donc je ne peux pas le juger. Il a pris l’équipe sur une courte période, ce ne serait pas honnête de ma part.
Vous avez rêvé tout le temps de jouer sélection avec votre petit frère Kalunho, continuez-vous de rêver encore à cela ?
C’est quelque chose que j’ai toujours gardé au fond de moi, jouer avec lui dans l’équipe. Ça ne s’est pas réalisé, mais il me représente bien en sélection. Même si au dernier Mondial il n’a pas fait fort, il reste honnête en sélection.
Cette année il y a eu l’affaire Didier Drogba avec sa fracture au cubitus, il a tenu à jouer le Mondial, il l’a fait. Qu’est ce que vous en pensez ?
Drogba ne s’est pas fait jouer lui-même, il a été aligné par quelqu’un. C’est une chose que je déplore en Côte d’Ivoire. Même si Didier fait énormément pour le pays, et qu’on ne peut pas discuter de l’influence qu’il a en sélection et dans le monde. C’est de la bêtise que de faire jouer quelqu’un qui n’est pas à 100% de sa forme. C’est aussi simple que cela.
L’entraîneur a dit que si Drogba voulait jouer, il le classerait, c’est ce qu’il a fait….
Non, quand je verrai Didier je le lui dirai, je n’ai pas été d’accord avec cette façon de faire, et c’est pour cela qu’on part avec trois joueurs par poste. Il y avait des personnes valides pour le remplacer.
Pour vous Drogba ne devait-il pas jouer ?
Non, je ne dis pas ça. Le faire rentrer à seconde période pour jouer quinze, trente minutes, oui. Mais le titulariser, ça été très courageux de sa part, mais je déplore le fait que ceux qui pouvaient commencer sont restés sur le banc.
Avez-vous encore des envies de revenir en sélection ?
Non, aujourd’hui, ma préoccupation première est de finir honnêtement ma carrière et de passer à autre chose. Ce n’est pas quelque chose dont je rêve toutes les nuits.
Comment trouvez-vous la gestion du football ivoirien par la FIF ?
Le président Anouma a le mérite d’avoir ajouté une touche professionnelle au football ivoirien. Personne ne peut dire le contraire. Concernant la gestion, il les joueurs sont dans les meilleures conditions. A mon époque pour voyager c’était le parcours du combattant, aujourd’hui la sélection ivoirienne n’a rien à envier aux sélections européennes.
Le problème c’est qu’entre l’équipe nationale et les clubs ivoiriens il y a un fossé…
Ce n’est pas du ressort de la FIF. Il y a des joueurs qui sont allés en Europe monnayer leur talent. Ces joueurs là ont l’expérience et la connaissance du haut niveau. C’est normal qu’il y ait un fossé entre l’équipe nationale et les clubs. Il est donc important de rendre le championnat national plus attrayant. Attirer plus les sponsors et autres.
Les clubs estiment que la FIF privilégie la sélection et y met tous les moyens…
Sans doute qu’ils ont leurs raisons. C’est vrai, j’ai assisté à des matchs de championnat national où vraiment il n’y avait pas d’engouement. C’est difficile. Prenons l’exemple de l’Egypte qui a sa sélection à 90% composée de joueurs locaux. On voit ce qu’ils réussissent en compétitions internationales. Il faut donc valoriser notre championnat pour que des joueurs qui y évoluent puissent aussi faire partie de la sélection. Cela va permettre à notre championnat d’être plus attrayant.
Kalou et la famille. Quelle importance y accordez-vous?
C’est le socle sur lequel on se repose quand on traverse les moments difficiles. Quand on est sous les feux des projecteurs on appartient à tout le monde. La famille pour moi c’est un repère, un pilier, c’est très important. La preuve, je suis marié et père de trois charmants enfants.
Quel genre de père êtes-vous ?
Je suis assez cool, mais de temps en temps il faut montrer qui est le chef de famille. C’est un peu cela. Montrer de l’amour a tous les membres de la famille par la même occasion.
Quel rôle joue, votre épouse, Constance, dans votre carrière de footballeur ?
En tant que footballeur professionnel, je suis toujours parti et c’est elle qui reste avec les enfants. C’est elle qui tient la famille, elle a un rôle primordial. Celui de jouer mon rôle de père parfois quand je ne suis pas là. C’est elle le socle de la famille.
Kalou est beaucoup apprécié et adulé par les femmes. Comment gérez-vous cela ?
C’est vrai qu’il y a beaucoup de tentations en tant qu’homme public adulé, mais il faut savoir faire la part des choses. En privilégiant toujours la famille, c’est le plus important.
Vous votre petit frère, Salomon Kalou, et vous, venez de mettre sur pied une Fondation qui a pour but d’aider les personnes atteintes de l’insuffisance rénale. Quel sens accordez-vous à cet acte là ?
C’est un peu pour atténuer la souffrance des gens. C’est une maladie dont on parle très peu mais les personnes atteintes de cette maladie souffrent beaucoup. Dans l’immédiat ce n’est pas grand-chose, mais si on arrive à soulager deux ou trois personnes, je pense que ce sera déjà encourageant pour la suite. On veut médiatiser cette maladie afin que d’autres comme nous, qui ont des moyens, s’y intéressent pour leur venir en aide.
Vous consacrez une semaine de vos vacances à cette maladie avec la soirée que vous organisez ce vendredi. De quoi sera-t-il question ?
Déjà la veille, il y aura une campagne de sensibilisation. Une manière d’éduquer la population sur cette maladie. Une journée consacrée à cette maladie qui sera animé par un professeur français, François Normand, qui a effectué le déplacement de Bordeaux à Abidjan. Ensuite la soirée gala, ce soir (20h) qui récoltera des fonds pour la pose de la première pierre du centre de dialyse à Bouaké. Nous avons fait une visite de prospection de ce centre, mercredi, à Bouaké.
A part l’aspect social d’aide aux personnes souffrant de l’insuffisance rénale, la Fondation Kalou traite-elle d’autres choses?
On n’a pas voulu s’éparpiller. Nous nous consacrons, je peux dire à 90% à cette maladie là. Après, on verra s’il faut inclure autres choses ou pas.
La majorité des footballeurs, après leur carrière, créé des centres de formation. Cela vous tente-t-il ?
Créer un centre de formation pour le plaisir de le faire ne m’intéresse pas. J’ai eu l’occasion de visiter certains centres de formation, mais ils n’en sont que de nom. Ce serait très facile pour moi de créer un centre de formation, à cause de mon nom, les gens n’hésiteront pas à venir. Mais pour l’heure, nous avons été touchés par la souffrance des malades de l’insuffisance rénale, on a décidé de leur venir en aide. Après on peut penser à diversifier nos actions.
Kalou et les affaires, à quoi allez-vous vous consacrer après le football ?
Déjà j’ai en projet de travailler dans le football avec mon ancien manager. Essayer de donner aux autres ce que le foot m’a apporté en les aidant sur ce chemin très difficile. A poursuivre leur rêve, car s’ils y arrivent, ils sortiront de nombreuses familles des problèmes.
Vous comptez le faire ici ou en Europe ?
Mon collaborateur est très bien implanté au Pays Bas, on va commencer là-bas, et petit à petit on verra comment venir en Côte d’Ivoire.
Vous verriez-vous bien président de club un jour ?
Mais pourquoi pas ! J’ai l’expérience, le football c’est le domaine que je maitrise le plus. Il faut que le football soit géré par des footballeurs. C’est vrai qu’à une époque les joueurs étaient des illettrés, des gens ont toujours cette image de nous mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Oui, pourquoi pas, c’est possible de me voir un jour dans la peau d’un président de club.
N’êtes-vous pas tenté de diriger un club comme l’ASEC qui vous a révélé un jour ?
Seul l’avenir nous le dira. C’est mon premier club, l’Asec a été un bon tremplin pour moi. Gérer l’Asec un jour, ce serait fantastique. C’est même un rêve. Etre président de ce club ce sera quelque chose d’énorme pour moi.
Que pensez-vous de l’Asec version nouvelle ?
Déjà, au niveau des structures il y a une évolution. Malheureusement, l’Asec est le seul club qui a essayé de se professionnaliser. Les autres n’ont pas suivi. C’est à ce moment là que les instances devaient jeter un regard. Je m’entraîne avec les jeunes du Stella pour garder la forme. Je suis peiné souvent de voir les chaussures avec lesquelles ils évoluent. De voir qu’ils ont du retard dans le payement de leurs salaires. Ce sont des pères de familles qui comptent sur eux. Même si les salaires ne sont pas conséquents, il faut au moins que ce soit payé régulièrement. C’est le salaire qui motivant. Quand on se donne à 100%, on attend son dû et quand cela n’est pas possible on perd la motivation. Les instances doivent se pencher sur ces cas là.
Kalou est-il un homme riche, à l’abri de quelque besoin ce soit ?
Je me suffis, je ne suis pas milliardaire, j’ai juste de quoi m’occuper de ma famille, ça suffit. C’est pour atteindre cet objectif que j’ai fait une carrière honnête.
Que pensez-vous de la crise qui secoue le pays depuis 2002 ?
Quand on est footballeur on essaie de se mettre au dessus de tout ce qui touche à la politique. Au dessus de tout ce qui divise le pays. On appartient au nord comme au sud. Ce qui m’interpelle, c’est la souffrance des gens. Aujourd’hui on fait du sur place, on n’est pas en guerre mais on n’est pas en paix non plus. Donc c’est une situation qui n’est pas évidente pour les populations. Je sais de quoi je parle, je viens de Vavoua. Une région qui a été durement touchée par la guerre. Donc j’espère que les élections se tiendront bientôt. Il y a des investisseurs qui attendent que la paix se réinstalle pour investir. Cela pourra relancer le pays car ils créeront des emplois. Que les élections se tiennent, et on verra.
Quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes qui envisagent embrasser une carrière professionnelle dans le football ?
Il y a des parents que je croise souvent avec leurs gamins de cinq ou six ans qui ma disent leur souhait de voire leurs enfants embrasser cette carrière de footballeur. Je leur dit de laisser l’enfant aller d’abord à l’école. Si un jour il veut devenir footballeur il le deviendra. Mais il ne faut pas forcer les enfants à le faire. Aujourd’hui on se dit que ce sport est un raccourci pour sortir de la misère en Afrique. Ce n’est pas toujours vrai. Ce n’est pas évident car il y a beaucoup d’appelés mais très peu d’élus. Il faut laisser les enfants suivre un bon cursus scolaire. Parce qu’un footballeur a besoin de lire son contrat. J’en connais qui ne savent pas lire et qui se sont fait gruger parce qu’ils signent des contrats dont ils ne maitrisent pas le contenu. Pour le football, s’ils le veulent ils peuvent devenir professionnels, tout dépend du travail et du sérieux que vous y mettez.
Un commentaire sur la prestation des six pays Africain au Mondial 2010, en Afrique du Sud ?
Il n’y a que le Ghana qui a sauvé l’honneur. Il y a eu beaucoup d’espoir placé aux équipes africaines. Celles sur lesquelles on comptait le plus n’ont pas été à la hauteur…
Si vous devez les décortiquer une à une…
L’Afrique du Sud a l’excuse de la jeunesse, c’est une équipe en devenir. Elle a eu un parcours correct. Le Cameroun, la grande déception. L’Algérie a eu le parcours qu’on attendait d’elle. Les plus grosses déceptions sont celles du Cameroun et de la Côte d’Ivoire, même si on peut l’excuser de la dureté de la poule. Il y avait la place pour pouvoir faire quelque chose, mais malheureusement on n’est passé à côté.
Réalisée par Tibet Kipré
Coll Fabrice S
Bonaventure Kalou, après votre club hollandais, SC Heerenveen, on a l’impression qu’il y a un coup d’arrêt. Que se passe-t-il ?
C’est un peu cela, j’ai résilié mon contrat en décembre dernier. Je suis rentré en France, je m’entrainais un peu seul chez moi. On est un peu en point mort et j’attends les propositions pour l’instant, après on verra.
Pourquoi vous avez résilié votre contrat ?
Le club a changé d’entraîneur. Le nouveau avait d’autres projets, donc moi je voulais aller voir ailleurs.
Il semble que vous avez fait des essais en France, en Angleterre, un peu partout, qu’est ce qui n’a pas marché ?
Je n’ai pas fait des essais en France. Et en Angleterre, je m’entraînais avec un club juste pour garder la forme. Ce ne sont pas des essais à proprement parler.
Pour un joueur de votre trempe, vous résiliez votre contrat et vous n’arrivez pas à en décrocher un. Que se passe-t-il ?
Peut être que les clubs se posent des questions que je ne maitrise pas. C’est comme ça le football. C’est vrai qu’il y a des moments où on est au creux de la vague, malheureusement cela intervient à un moment où ma carrière tire à sa fin. C’est un peu difficile de rebondir, mais je garde toujours espoir.
Y a-t-il des clubs qui se manifestent ?
Oui, des clubs se manifestent, mais il manque des propositions concrètes. A partir de là, je ne m’y fie pas trop, car en football il n’y a que le concret qui compte.
Treize ans d’une carrière qui a débuté en 1997 et qui vous a emmené de Feyenoord à Heereveen en passant par Auxerre, PSG, Lens, Qatar …êtes vous satisfait de votre parcours ?
Il y a eu de bons et de mauvais moments tout au long de ma carrière. Mais j’essaie de garder en mémoire ce qui a été bien, parce qu’on ne peut pas refaire le passé. En gros, je suis satisfait de ma carrière même si elle n’est pas encore terminée.
On a l’impression que vous n’avez pas bénéficié d’un véritable plan de carrière…
On peut le dire, parce que le football ce sont des opportunités, c’est être au bon endroit au bon moment, pour avoir une chance d’évoluer dans un club qui met votre talent en valeur. Je n’ai peut-être pas eu ce coup de pouce du destin mais en même temps j’ai évolué dans de grands clubs comme Feyenoord, PSG, Auxerre… Ce n’est pas rien non plus.
Avez des regrets à ce niveau ?
Des regrets ? Je ne sais pas. À un moment donné il faut avoir un coup de pouce du destin, ce que je n’ai peut-être pas eu. Il faut une personne qui vous pousse dans votre carrière. Chose que je ne vais pas passer à regretter toute ma vie. Ce n’est pas arrivé, j’ai eu la carrière que j’ai eue, on prend ça comme ça.
C`est-à-dire que vous n’avez pas bénéficié d’un vrai management ?
On peut le dire. Parce que ces choses là vont au delà du football par moments, au-delà de la qualité du joueur. Le footballeur c’est comme un produit au tour duquel il faut tout un marketing pour qu’il puisse être vendu. Je n’ai pas eu cette chance-là…
Dans quel club vous vous êtes senti le mieux à votre aise ?
Ben, c’est à Auxerre parce que le coach, Guy Roux, avait une parfaite confiance en moi. Pour que le talent puisse éclore, il faudrait que le joueur sente qu’on lui fait confiance, qu’il se sente important et j’avoue qu’à Auxerre c’était le cas.
Guy Roux était comme un papa poule pour vous…
Non, mais il savait tirer le meilleur de moi. Il savait me motiver, il avait les mots justes et il avait cette confiance qui faisait qu’il pouvait aller en guerre avec moi et moi avec lui.
Vous avez gagné une Coupe de France avec Auxerre, une coupe d’Hollande avec SC Heerenveen, une coupe UEFA avec Feyenoord, vous avez eu au moins cette chance dans votre carrière…
Oui, j’ai eu cette chance de gagner une Coupe avec trois clubs où je suis passé, c’est énorme, car il y a des joueurs qui évoluent dans de grands clubs qui ont une carrière plus médiatisée que la mienne, mais qui n’ont pas cette chance de gagner le nombre de trophées que j’ai pu avoir. C’est une fierté et non une honte.
Quel est le point le plus positif de votre carrière à votre avis ?
Le fait d’avoir gagné une coupe d’Europe EUFA avec Feyenoord. C’est quelque chose que je pourrai raconter à mes petits enfants plus tard.
Parlons des Eléphants. Vous avez passé 7 ans en sélection, de 1999 à 2006. Etes-vous satisfait de votre carrière internationale en équipe nationale de Côte d’Ivoire ?
Oui, car j’avoue qu’il y a eu de bons et de mauvais moments. Quand j’ai commencé en sélection il n’y avait pas cet engouement qui est autour de l’équipe. Aujourd’hui la sélection, pour certains, est même plus importante que leurs clubs dans lesquels ils évoluent parce que c’est une vitrine. Et je suis fier d’avoir participé à ce projet, d’avoir fait de l’équipe nationale ce qu’elle est aujourd’hui.
Avez-vous le sentiment d’avoir donné ce que vous devriez à votre pays en sélection ?
Oui, je le pense car j’ai toujours été honnête envers moi-même, quand je suis venu en sélection j’ai toujours donné le meilleur de moi-même, avec succès souvent et en échec par moments. Mais j’ai toujours été honnête avec le maillot de la sélection.
Vous avez été capitaine de la sélection, mais n’avez gagné des trophées en équipe nationale. Des pincements au cœur ?
C’est toujours un regret, car gagner quelque chose avec son pays est inestimable. Gagner un trophée avec la Côte d’Ivoire est très important pour un joueur ivoirien. Quand on le réussit, on devient un symbole pour le pays. Malheureusement on a échoué en finale en 2006. Ce trophée aurait été le point de mire de ma carrière, mais j’espère que ce sera pour bientôt avec les autres.
Un goût d’inachevé à ce niveau ?
Bien sûr ! Je l’avais même signifié à une réunion qu’on avait tenue au Golf. C’est vrai qu’on parle de génération magnifique avec beaucoup de talents, mais quand on ne gagne pas de trophée, c’est du gâchis énorme.
Pensez-vous que cette génération a encore le temps de gagner quelque chose ?
Bien sûr. La prochaine Coupe d’Afrique c’est pour 2012, tous ces joueurs seront davantage matures. Il n’y aura pas d’excuse d’inexpérience. J’espère que ce sera une vraie et bonne équipe de Côte d’Ivoire et non une association de bons joueurs.
Que pensez-vous du dernier parcours des Eléphants à la Coupe du monde en Afrique du Sud ?
C’est encore du gâchis. Il y a des gens qui sont contents du parcours du fait qu’on était dans une poule difficile. C’est vrai, mais en 2006 ça a été la même chose. Ce n’était pas évident avec cette poule dite de la mort, mais on ne peut pas s’en contenter. Se satisfaire de ce parcours, c’est manquer d’ambition parce qu’on a les joueurs qu’il faut. Pris individuellement, les Portugais ne sont pas meilleurs que nous. On ne peut pas être satisfait de sortir au premier tour. Il y avait beaucoup d’espoir mais c’est toujours pareil, comme le chien qui se mord la queue. On tourne en rond.
Vous étiez à l’intérieur de l’équipe, à votre avis qu’est ce qui ne marche pas ?
C’est simple. Onze grands joueurs ne font pas forcément une bonne équipe. On a six ou sept grands joueurs mais on n’a pas une grande équipe. C’est dommage. Individuellement pris, les joueurs ivoiriens sont nettement au dessus des Ghanéens. Mais eux, ils forment une vraie équipe et non des individualités. A une compétition comme la Coupe d’Afrique ou du monde c’est plus l’équipe qu’il faut ressortir et non des individualités. En Côte d’Ivoire on a toujours tendance à faire ressortir les individualités au détriment de l’équipe.
Qu’est ce qu’il faut faire à votre avis ?
Depuis un moment, je regarde cela un peu de loin. Il faut un coach qui en impose aux joueurs, malheureusement, je ne sais pas quel coach viendra tenir tête aux vedettes qu’on a dans cette équipe. Il faut quelqu’un qui en impose, et qui crée une seine émulation, où ce sont les meilleurs du moment qui jouent.
Est-ce à dire qu’Eriksson ne peut pas en imposer à cette équipe ?
Je ne le connais pas, donc je ne peux pas le juger. Il a pris l’équipe sur une courte période, ce ne serait pas honnête de ma part.
Vous avez rêvé tout le temps de jouer sélection avec votre petit frère Kalunho, continuez-vous de rêver encore à cela ?
C’est quelque chose que j’ai toujours gardé au fond de moi, jouer avec lui dans l’équipe. Ça ne s’est pas réalisé, mais il me représente bien en sélection. Même si au dernier Mondial il n’a pas fait fort, il reste honnête en sélection.
Cette année il y a eu l’affaire Didier Drogba avec sa fracture au cubitus, il a tenu à jouer le Mondial, il l’a fait. Qu’est ce que vous en pensez ?
Drogba ne s’est pas fait jouer lui-même, il a été aligné par quelqu’un. C’est une chose que je déplore en Côte d’Ivoire. Même si Didier fait énormément pour le pays, et qu’on ne peut pas discuter de l’influence qu’il a en sélection et dans le monde. C’est de la bêtise que de faire jouer quelqu’un qui n’est pas à 100% de sa forme. C’est aussi simple que cela.
L’entraîneur a dit que si Drogba voulait jouer, il le classerait, c’est ce qu’il a fait….
Non, quand je verrai Didier je le lui dirai, je n’ai pas été d’accord avec cette façon de faire, et c’est pour cela qu’on part avec trois joueurs par poste. Il y avait des personnes valides pour le remplacer.
Pour vous Drogba ne devait-il pas jouer ?
Non, je ne dis pas ça. Le faire rentrer à seconde période pour jouer quinze, trente minutes, oui. Mais le titulariser, ça été très courageux de sa part, mais je déplore le fait que ceux qui pouvaient commencer sont restés sur le banc.
Avez-vous encore des envies de revenir en sélection ?
Non, aujourd’hui, ma préoccupation première est de finir honnêtement ma carrière et de passer à autre chose. Ce n’est pas quelque chose dont je rêve toutes les nuits.
Comment trouvez-vous la gestion du football ivoirien par la FIF ?
Le président Anouma a le mérite d’avoir ajouté une touche professionnelle au football ivoirien. Personne ne peut dire le contraire. Concernant la gestion, il les joueurs sont dans les meilleures conditions. A mon époque pour voyager c’était le parcours du combattant, aujourd’hui la sélection ivoirienne n’a rien à envier aux sélections européennes.
Le problème c’est qu’entre l’équipe nationale et les clubs ivoiriens il y a un fossé…
Ce n’est pas du ressort de la FIF. Il y a des joueurs qui sont allés en Europe monnayer leur talent. Ces joueurs là ont l’expérience et la connaissance du haut niveau. C’est normal qu’il y ait un fossé entre l’équipe nationale et les clubs. Il est donc important de rendre le championnat national plus attrayant. Attirer plus les sponsors et autres.
Les clubs estiment que la FIF privilégie la sélection et y met tous les moyens…
Sans doute qu’ils ont leurs raisons. C’est vrai, j’ai assisté à des matchs de championnat national où vraiment il n’y avait pas d’engouement. C’est difficile. Prenons l’exemple de l’Egypte qui a sa sélection à 90% composée de joueurs locaux. On voit ce qu’ils réussissent en compétitions internationales. Il faut donc valoriser notre championnat pour que des joueurs qui y évoluent puissent aussi faire partie de la sélection. Cela va permettre à notre championnat d’être plus attrayant.
Kalou et la famille. Quelle importance y accordez-vous?
C’est le socle sur lequel on se repose quand on traverse les moments difficiles. Quand on est sous les feux des projecteurs on appartient à tout le monde. La famille pour moi c’est un repère, un pilier, c’est très important. La preuve, je suis marié et père de trois charmants enfants.
Quel genre de père êtes-vous ?
Je suis assez cool, mais de temps en temps il faut montrer qui est le chef de famille. C’est un peu cela. Montrer de l’amour a tous les membres de la famille par la même occasion.
Quel rôle joue, votre épouse, Constance, dans votre carrière de footballeur ?
En tant que footballeur professionnel, je suis toujours parti et c’est elle qui reste avec les enfants. C’est elle qui tient la famille, elle a un rôle primordial. Celui de jouer mon rôle de père parfois quand je ne suis pas là. C’est elle le socle de la famille.
Kalou est beaucoup apprécié et adulé par les femmes. Comment gérez-vous cela ?
C’est vrai qu’il y a beaucoup de tentations en tant qu’homme public adulé, mais il faut savoir faire la part des choses. En privilégiant toujours la famille, c’est le plus important.
Vous votre petit frère, Salomon Kalou, et vous, venez de mettre sur pied une Fondation qui a pour but d’aider les personnes atteintes de l’insuffisance rénale. Quel sens accordez-vous à cet acte là ?
C’est un peu pour atténuer la souffrance des gens. C’est une maladie dont on parle très peu mais les personnes atteintes de cette maladie souffrent beaucoup. Dans l’immédiat ce n’est pas grand-chose, mais si on arrive à soulager deux ou trois personnes, je pense que ce sera déjà encourageant pour la suite. On veut médiatiser cette maladie afin que d’autres comme nous, qui ont des moyens, s’y intéressent pour leur venir en aide.
Vous consacrez une semaine de vos vacances à cette maladie avec la soirée que vous organisez ce vendredi. De quoi sera-t-il question ?
Déjà la veille, il y aura une campagne de sensibilisation. Une manière d’éduquer la population sur cette maladie. Une journée consacrée à cette maladie qui sera animé par un professeur français, François Normand, qui a effectué le déplacement de Bordeaux à Abidjan. Ensuite la soirée gala, ce soir (20h) qui récoltera des fonds pour la pose de la première pierre du centre de dialyse à Bouaké. Nous avons fait une visite de prospection de ce centre, mercredi, à Bouaké.
A part l’aspect social d’aide aux personnes souffrant de l’insuffisance rénale, la Fondation Kalou traite-elle d’autres choses?
On n’a pas voulu s’éparpiller. Nous nous consacrons, je peux dire à 90% à cette maladie là. Après, on verra s’il faut inclure autres choses ou pas.
La majorité des footballeurs, après leur carrière, créé des centres de formation. Cela vous tente-t-il ?
Créer un centre de formation pour le plaisir de le faire ne m’intéresse pas. J’ai eu l’occasion de visiter certains centres de formation, mais ils n’en sont que de nom. Ce serait très facile pour moi de créer un centre de formation, à cause de mon nom, les gens n’hésiteront pas à venir. Mais pour l’heure, nous avons été touchés par la souffrance des malades de l’insuffisance rénale, on a décidé de leur venir en aide. Après on peut penser à diversifier nos actions.
Kalou et les affaires, à quoi allez-vous vous consacrer après le football ?
Déjà j’ai en projet de travailler dans le football avec mon ancien manager. Essayer de donner aux autres ce que le foot m’a apporté en les aidant sur ce chemin très difficile. A poursuivre leur rêve, car s’ils y arrivent, ils sortiront de nombreuses familles des problèmes.
Vous comptez le faire ici ou en Europe ?
Mon collaborateur est très bien implanté au Pays Bas, on va commencer là-bas, et petit à petit on verra comment venir en Côte d’Ivoire.
Vous verriez-vous bien président de club un jour ?
Mais pourquoi pas ! J’ai l’expérience, le football c’est le domaine que je maitrise le plus. Il faut que le football soit géré par des footballeurs. C’est vrai qu’à une époque les joueurs étaient des illettrés, des gens ont toujours cette image de nous mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Oui, pourquoi pas, c’est possible de me voir un jour dans la peau d’un président de club.
N’êtes-vous pas tenté de diriger un club comme l’ASEC qui vous a révélé un jour ?
Seul l’avenir nous le dira. C’est mon premier club, l’Asec a été un bon tremplin pour moi. Gérer l’Asec un jour, ce serait fantastique. C’est même un rêve. Etre président de ce club ce sera quelque chose d’énorme pour moi.
Que pensez-vous de l’Asec version nouvelle ?
Déjà, au niveau des structures il y a une évolution. Malheureusement, l’Asec est le seul club qui a essayé de se professionnaliser. Les autres n’ont pas suivi. C’est à ce moment là que les instances devaient jeter un regard. Je m’entraîne avec les jeunes du Stella pour garder la forme. Je suis peiné souvent de voir les chaussures avec lesquelles ils évoluent. De voir qu’ils ont du retard dans le payement de leurs salaires. Ce sont des pères de familles qui comptent sur eux. Même si les salaires ne sont pas conséquents, il faut au moins que ce soit payé régulièrement. C’est le salaire qui motivant. Quand on se donne à 100%, on attend son dû et quand cela n’est pas possible on perd la motivation. Les instances doivent se pencher sur ces cas là.
Kalou est-il un homme riche, à l’abri de quelque besoin ce soit ?
Je me suffis, je ne suis pas milliardaire, j’ai juste de quoi m’occuper de ma famille, ça suffit. C’est pour atteindre cet objectif que j’ai fait une carrière honnête.
Que pensez-vous de la crise qui secoue le pays depuis 2002 ?
Quand on est footballeur on essaie de se mettre au dessus de tout ce qui touche à la politique. Au dessus de tout ce qui divise le pays. On appartient au nord comme au sud. Ce qui m’interpelle, c’est la souffrance des gens. Aujourd’hui on fait du sur place, on n’est pas en guerre mais on n’est pas en paix non plus. Donc c’est une situation qui n’est pas évidente pour les populations. Je sais de quoi je parle, je viens de Vavoua. Une région qui a été durement touchée par la guerre. Donc j’espère que les élections se tiendront bientôt. Il y a des investisseurs qui attendent que la paix se réinstalle pour investir. Cela pourra relancer le pays car ils créeront des emplois. Que les élections se tiennent, et on verra.
Quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes qui envisagent embrasser une carrière professionnelle dans le football ?
Il y a des parents que je croise souvent avec leurs gamins de cinq ou six ans qui ma disent leur souhait de voire leurs enfants embrasser cette carrière de footballeur. Je leur dit de laisser l’enfant aller d’abord à l’école. Si un jour il veut devenir footballeur il le deviendra. Mais il ne faut pas forcer les enfants à le faire. Aujourd’hui on se dit que ce sport est un raccourci pour sortir de la misère en Afrique. Ce n’est pas toujours vrai. Ce n’est pas évident car il y a beaucoup d’appelés mais très peu d’élus. Il faut laisser les enfants suivre un bon cursus scolaire. Parce qu’un footballeur a besoin de lire son contrat. J’en connais qui ne savent pas lire et qui se sont fait gruger parce qu’ils signent des contrats dont ils ne maitrisent pas le contenu. Pour le football, s’ils le veulent ils peuvent devenir professionnels, tout dépend du travail et du sérieux que vous y mettez.
Un commentaire sur la prestation des six pays Africain au Mondial 2010, en Afrique du Sud ?
Il n’y a que le Ghana qui a sauvé l’honneur. Il y a eu beaucoup d’espoir placé aux équipes africaines. Celles sur lesquelles on comptait le plus n’ont pas été à la hauteur…
Si vous devez les décortiquer une à une…
L’Afrique du Sud a l’excuse de la jeunesse, c’est une équipe en devenir. Elle a eu un parcours correct. Le Cameroun, la grande déception. L’Algérie a eu le parcours qu’on attendait d’elle. Les plus grosses déceptions sont celles du Cameroun et de la Côte d’Ivoire, même si on peut l’excuser de la dureté de la poule. Il y avait la place pour pouvoir faire quelque chose, mais malheureusement on n’est passé à côté.
Réalisée par Tibet Kipré
Coll Fabrice S