Après l’identification des imams, l’immatriculation des mosquées, la mise en place du Bureau ivoirien du hadj et de la oumra (Biho) et le lancement de divers projets éducatifs, le Conseil supérieur des imams(Cosim) vient d’ouvrir le chantier de la Fondation nationale de la zakat et du waqf. Le secrétaire exécutif du Cosim, Diakité Ousmane, par ailleurs imam de la mosquée Arafat de la riviera Bonoumin, a accepté un entretien sur le sujet.
A quelle date le musulman doit-il s’acquitter de la zakat ?
Il n’y a pas une date précise, toutefois les fidèles préfèrent deux périodes : le début de la l’année hégirienne, et surtout le ramadan. Beaucoup de structures avaient déjà réfléchi à la mise en place d’une institution qui devait s’occuper de la zakat, mais, au plan national, c’est maintenant que le Cosim prend le projet à bras-le-corps. Nous voulons, en concertation avec les différentes associations islamiques, mettre en place une institution appelée la ‘’fondation zakat wolf pour le développement socio-économique’’. Ce nom n’est pas encore officiel. Nous sommes toujours en discussion. Des commissions ont été mises en place.
Quelles seront les missions de cette institution ?
D’abord, faire mieux comprendre ce pilier de l’islam à la communauté. Deuxièmement, mettre les oulémas d’accord sur les biens soumis à la zakat, et les pourcentages à offrir. Que ce soit le cajou, l’hévéa, le café, le cacao, etc., tous ces produits peuvent servir à payer la zakat. Quand on écoute les prêches, on se rend compte qu’il y a des décalages entre les versions. Il s’agit d’harmoniser les points de vue au niveau des guides.
Que dit l’islam sur la question ?
L’islam est très ouvert. Le Coran dit : « prends sur leurs biens, un sacrifice pour les purifier.» Il s’agit de tous les biens. Mais certains ont une vision un peu restrictive. Il y a parmi les oulémas des personnes qui disent qu’au temps du prophète Mohamed, la zakat était prélevée sur 8 ou 6 catégories de biens. D’autres, quant à eux, parlent de tous les biens, que ce soit des cabinets d’avocats, des usines, des immeubles, des quartiers entiers ou tout autre bien.
Et les salariés ?
Les salariés sont aussi concernés. Certains touchent 5.000.000 de Fcfa par mois, d’autres 10.000.000 de francs. Les oulémas vont donc se retrouver dans le cadre de cette fondation pour définir une règle commune sur le payement de la zakat en Côte d’Ivoire.
L’islam permet-il que le système de payement de la zakat varie d’un pays à un autre ? Peut-on fixer des taux à l’ivoirienne ?
Non, pas à l’ivoirienne. Dans l’ancien temps, des oulémas ont discuté. Certains ont développé des thèses sur les biens imposables, d’autres ont eu une approche différente. Certaines approches sont restrictives. D’autres sont ouvertes.
Qu’est-ce qui se pratique dans les pays de référence comme l’Arabie Saoudite ?
Dans les pays de référence, c’est l’ouverture. Il y a la zakat sur le pétrole. Tu as creusé la terre et tu as trouvé du diamant ou de l’or, que fais-tu ? Il faut pouvoir répondre à ces questions.
Pourquoi les musulmans de Côte d’Ivoire ne s’alignent-ils pas sur les taux de ces pays ?
La tendance, aujourd’hui, dans le monde, c’est l’ouverture. C’est-à-dire, les biens, quelle que soit leur nature, sont soumis à la zakat. Par exemple, pour tout ce qui pousse sur la terre, on en offre le dixième.
Comment se fera la collecte ?
Il existe déjà des embryons de systèmes de collecte. Mais ils sont assez localisés, notamment dans les mosquées. Il n’y a rien de national, et il manque une vision globale. Cela a pour conséquence le fait que la zakat n’arrive pas à atteindre ses objectifs. Nous allons faire une tournée nationale pour identifier tous les musulmans qui se savent capables de payer la zakat. A partir de ce vaste répertoire, chaque année, nous allons, par divers moyens de communication, rappeler à ces personnes qu’elles doivent payer leur zakat.
Quels sont ces objectifs ?
Le but de la zakat est de tirer les pauvres de leur pauvreté. Lorsque quelqu’un perçoit la zakat, une année, il ne doit plus en avoir besoin l’année suivante. Il doit être parmi les personnes qui donnent à leur tour. Imaginez que la zakat de quelqu’un corresponde à 10.000.000 Fcfa. Si cette somme est mal distribuée, elle ne permettra pas de lutter contre la pauvreté. Si le donateur distribue par exemple cette zakat par enveloppes de 10.000 Fcfa, il l’aura distribuée à beaucoup de personnes, mais il n’aura tiré personne de la pauvreté. Un de nos objectifs est de faire en sorte que ceux qui reçoivent la zakat, rejoignent la catégorie de ceux qui doivent la donner. Si les 10.000.000 Fcfa sont remis à une personne ou à deux personnes, celles-ci peuvent fructifier cet argent et devenir des donneurs de zakat.
Quel est l’état des lieux aujourd’hui ?
La zakat n’est pas suffisamment payée. Parfois elle est payée, mais elle est mal distribuée. Il faut une réforme de ce pilier de l’islam. La fondation va s’intéresser au waqf qui est une donation. Par exemple, quelqu’un qui possède 20 villas peut décider d’en offrir une à un pauvre. Cela est différent de la zakat. On peut l’assimiler à un legs.
Pensez-vous que beaucoup de musulmans ont la possibilité de faire une telle donation ?
Ils sont nombreux.
Pourquoi ne le font-ils pas ?
Parce qu’ils ne sont pas sensibilisés. Quelqu’un qui possède 30 villas et qui vient de perdre son conjoint peut donner une villa à un nécessiteux. Tant que l’exploitation de cette villa bénéficiera à des pauvres, cela se transformera en grâce pour le défunt. Nous avons parlé de la prière aux populations, elles prient. Nous leur avons parlé du jeûne, elles l’observent. Elles vont aussi chaque année au pèlerinage à la Mecque. Nous n’avons pas encore suffisamment parlé de la zakat et du waqf.
Croyez-vous réussir au niveau de la zakat ce que vous avez réussi avec les autres piliers ?
Les musulmans sont des croyants. Il ne reste plus qu’à leur montrer l’importance de la zakat et de son caractère obligatoire pour le fidèle qui en a les moyens. En tant que musulman, si tu fais régulièrement tes prières, tu observes le jeûne du ramadan, tu te rends au pèlerinage à La Mecque et que tu ne t’acquittes pas de la zakat, ta pratique reste incomplète.
Pouvez-vous évaluer le pourcentage de musulmans qui s’acquittent de la zakat ?
C’est difficile. Quelques uns qui ont des moyens financiers, payent leur zakat. Et les autres ? Je parle de ceux qui ont des exploitations agricoles, qui font de l’élevage. Par ignorance, beaucoup ne savent pas comment payer la zakat.
Justement, comment se paye-t-elle ? On a parfois entendu parler de 2,5% de l’épargne annuelle. Qu’en est-il exactement ?
Cela se dit dans le cas du payement en espèce. Par exemple, une personne qui possède un million de francs qu’elle place dans un compte bancaire sans y toucher pendant toute une année. La zakat pour cette somme correspond à 25.000 F, soit 2,5% du million. C’est un taux qui fait à peu près l’unanimité. S’agissant maintenant d’autres types de biens, il y a beaucoup de débat.
Comment se paye normalement la zakat en nature ?
C’est l’objectif des réflexions que nous avons initiées. La fondation aura pour mission de faire asseoir les oulémas pour savoir par exemple comment appliquer la zakat à une récolte de café, de cacao, de riz, d’igname, de coton, etc. Des points de vue seront exprimés. Nous allons discuter en tenant compte des aspects spatio-temporels de la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui. Et, les oulémas vont finir par dire : pour le café et le cacao, on procède ainsi, pour le riz, on procède de cette autre façon, et ainsi de suite. Par exemple, pour le cacao, lorsque le producteur aura 100 tonnes, au lieu qu’il offre des sacs de cacao comme zakat, il peut vendre sa récolte et offrir le dixième de la somme obtenue. Parce que c’est un produit sorti de terre, et qui a germé sur des arbres que Dieu a arrosés dans sa générosité. Tout en aidant un pauvre, tu exprimes ta gratitude au Seigneur. Il y a plusieurs matières qui peuvent servir à payer la zakat. Je peux aussi citer l’or. Pour chaque type de produit, les guides vont discuter et vont finir par rédiger ce qu’on va appeler la loi de la zakat. Elle va comporter plusieurs chapitres selon les types de produits ou de biens. Ce document servira de repère à tous les musulmans du pays.
Qu’en sera-t-il pour les fonds placés dans des entreprises comme actions, ou les titres boursiers ?
Tout cela sera pris en compte. La loi couvrira les biens des plus traditionnels aux plus modernes. Toute la vie économique sera balayée. Le propriétaire d’immeubles, le transporteur qui possède des véhicules, le propriétaire d’usines, le commerçant qui a des boutiques,… sauront ce qu’ils devront faire en parcourant le document.
La mobilisation des musulmans dépendra sûrement de la confiance qu’ils placeront aux acteurs et au mode de gestion des fonds collectés. Y a-t-il des garanties à ce niveau ?
Le prophète Mohamed dit : « Prenez la zakat des riches pour la donner aux pauvres de la localité ». Le nœud du projet, c’est la gestion. La collecte est une gestion, le regroupement des fonds collectés en est une autre. La redistribution est aussi une gestion. Si la confiance est entachée, le projet tombe à l’eau. Il faut trouver des hommes intègres qui craignent Dieu et qui connaissent la chose. Donc plus que beaucoup d’autres domaines dans l’organisation de la communauté musulmane, la zakat a besoin d’hommes intègres et pieux, sinon, c’est la ruine. Ces personnes seront choisies selon des critères très rigoureux.
Les non-musulmans pourront-ils bénéficier de la zakat ?
Quand on donne la zakat, c’est d’abord aux musulmans. Toutefois, les non- musulmans pourront en bénéficier de façon indirecte. Si nous utilisons par exemple les fonds de la zakat pour construire un dispensaire, un pont ou une école, de non-musulmans vont forcement en bénéficier. Mais en priorité, la zakat est prélevée sur les biens des musulmans riches pour la donner à leurs coreligionnaires qui sont dans la pauvreté. Cependant, il existe d’autres droits sur les biens des riches en islam. Notamment les divers impôts que l’Etat peut prélever sur les richesses pour des investissements d’intérêt public. Et c’est de tout cela que nous allons parler.
Interview réalisée par Cissé Sindou
A quelle date le musulman doit-il s’acquitter de la zakat ?
Il n’y a pas une date précise, toutefois les fidèles préfèrent deux périodes : le début de la l’année hégirienne, et surtout le ramadan. Beaucoup de structures avaient déjà réfléchi à la mise en place d’une institution qui devait s’occuper de la zakat, mais, au plan national, c’est maintenant que le Cosim prend le projet à bras-le-corps. Nous voulons, en concertation avec les différentes associations islamiques, mettre en place une institution appelée la ‘’fondation zakat wolf pour le développement socio-économique’’. Ce nom n’est pas encore officiel. Nous sommes toujours en discussion. Des commissions ont été mises en place.
Quelles seront les missions de cette institution ?
D’abord, faire mieux comprendre ce pilier de l’islam à la communauté. Deuxièmement, mettre les oulémas d’accord sur les biens soumis à la zakat, et les pourcentages à offrir. Que ce soit le cajou, l’hévéa, le café, le cacao, etc., tous ces produits peuvent servir à payer la zakat. Quand on écoute les prêches, on se rend compte qu’il y a des décalages entre les versions. Il s’agit d’harmoniser les points de vue au niveau des guides.
Que dit l’islam sur la question ?
L’islam est très ouvert. Le Coran dit : « prends sur leurs biens, un sacrifice pour les purifier.» Il s’agit de tous les biens. Mais certains ont une vision un peu restrictive. Il y a parmi les oulémas des personnes qui disent qu’au temps du prophète Mohamed, la zakat était prélevée sur 8 ou 6 catégories de biens. D’autres, quant à eux, parlent de tous les biens, que ce soit des cabinets d’avocats, des usines, des immeubles, des quartiers entiers ou tout autre bien.
Et les salariés ?
Les salariés sont aussi concernés. Certains touchent 5.000.000 de Fcfa par mois, d’autres 10.000.000 de francs. Les oulémas vont donc se retrouver dans le cadre de cette fondation pour définir une règle commune sur le payement de la zakat en Côte d’Ivoire.
L’islam permet-il que le système de payement de la zakat varie d’un pays à un autre ? Peut-on fixer des taux à l’ivoirienne ?
Non, pas à l’ivoirienne. Dans l’ancien temps, des oulémas ont discuté. Certains ont développé des thèses sur les biens imposables, d’autres ont eu une approche différente. Certaines approches sont restrictives. D’autres sont ouvertes.
Qu’est-ce qui se pratique dans les pays de référence comme l’Arabie Saoudite ?
Dans les pays de référence, c’est l’ouverture. Il y a la zakat sur le pétrole. Tu as creusé la terre et tu as trouvé du diamant ou de l’or, que fais-tu ? Il faut pouvoir répondre à ces questions.
Pourquoi les musulmans de Côte d’Ivoire ne s’alignent-ils pas sur les taux de ces pays ?
La tendance, aujourd’hui, dans le monde, c’est l’ouverture. C’est-à-dire, les biens, quelle que soit leur nature, sont soumis à la zakat. Par exemple, pour tout ce qui pousse sur la terre, on en offre le dixième.
Comment se fera la collecte ?
Il existe déjà des embryons de systèmes de collecte. Mais ils sont assez localisés, notamment dans les mosquées. Il n’y a rien de national, et il manque une vision globale. Cela a pour conséquence le fait que la zakat n’arrive pas à atteindre ses objectifs. Nous allons faire une tournée nationale pour identifier tous les musulmans qui se savent capables de payer la zakat. A partir de ce vaste répertoire, chaque année, nous allons, par divers moyens de communication, rappeler à ces personnes qu’elles doivent payer leur zakat.
Quels sont ces objectifs ?
Le but de la zakat est de tirer les pauvres de leur pauvreté. Lorsque quelqu’un perçoit la zakat, une année, il ne doit plus en avoir besoin l’année suivante. Il doit être parmi les personnes qui donnent à leur tour. Imaginez que la zakat de quelqu’un corresponde à 10.000.000 Fcfa. Si cette somme est mal distribuée, elle ne permettra pas de lutter contre la pauvreté. Si le donateur distribue par exemple cette zakat par enveloppes de 10.000 Fcfa, il l’aura distribuée à beaucoup de personnes, mais il n’aura tiré personne de la pauvreté. Un de nos objectifs est de faire en sorte que ceux qui reçoivent la zakat, rejoignent la catégorie de ceux qui doivent la donner. Si les 10.000.000 Fcfa sont remis à une personne ou à deux personnes, celles-ci peuvent fructifier cet argent et devenir des donneurs de zakat.
Quel est l’état des lieux aujourd’hui ?
La zakat n’est pas suffisamment payée. Parfois elle est payée, mais elle est mal distribuée. Il faut une réforme de ce pilier de l’islam. La fondation va s’intéresser au waqf qui est une donation. Par exemple, quelqu’un qui possède 20 villas peut décider d’en offrir une à un pauvre. Cela est différent de la zakat. On peut l’assimiler à un legs.
Pensez-vous que beaucoup de musulmans ont la possibilité de faire une telle donation ?
Ils sont nombreux.
Pourquoi ne le font-ils pas ?
Parce qu’ils ne sont pas sensibilisés. Quelqu’un qui possède 30 villas et qui vient de perdre son conjoint peut donner une villa à un nécessiteux. Tant que l’exploitation de cette villa bénéficiera à des pauvres, cela se transformera en grâce pour le défunt. Nous avons parlé de la prière aux populations, elles prient. Nous leur avons parlé du jeûne, elles l’observent. Elles vont aussi chaque année au pèlerinage à la Mecque. Nous n’avons pas encore suffisamment parlé de la zakat et du waqf.
Croyez-vous réussir au niveau de la zakat ce que vous avez réussi avec les autres piliers ?
Les musulmans sont des croyants. Il ne reste plus qu’à leur montrer l’importance de la zakat et de son caractère obligatoire pour le fidèle qui en a les moyens. En tant que musulman, si tu fais régulièrement tes prières, tu observes le jeûne du ramadan, tu te rends au pèlerinage à La Mecque et que tu ne t’acquittes pas de la zakat, ta pratique reste incomplète.
Pouvez-vous évaluer le pourcentage de musulmans qui s’acquittent de la zakat ?
C’est difficile. Quelques uns qui ont des moyens financiers, payent leur zakat. Et les autres ? Je parle de ceux qui ont des exploitations agricoles, qui font de l’élevage. Par ignorance, beaucoup ne savent pas comment payer la zakat.
Justement, comment se paye-t-elle ? On a parfois entendu parler de 2,5% de l’épargne annuelle. Qu’en est-il exactement ?
Cela se dit dans le cas du payement en espèce. Par exemple, une personne qui possède un million de francs qu’elle place dans un compte bancaire sans y toucher pendant toute une année. La zakat pour cette somme correspond à 25.000 F, soit 2,5% du million. C’est un taux qui fait à peu près l’unanimité. S’agissant maintenant d’autres types de biens, il y a beaucoup de débat.
Comment se paye normalement la zakat en nature ?
C’est l’objectif des réflexions que nous avons initiées. La fondation aura pour mission de faire asseoir les oulémas pour savoir par exemple comment appliquer la zakat à une récolte de café, de cacao, de riz, d’igname, de coton, etc. Des points de vue seront exprimés. Nous allons discuter en tenant compte des aspects spatio-temporels de la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui. Et, les oulémas vont finir par dire : pour le café et le cacao, on procède ainsi, pour le riz, on procède de cette autre façon, et ainsi de suite. Par exemple, pour le cacao, lorsque le producteur aura 100 tonnes, au lieu qu’il offre des sacs de cacao comme zakat, il peut vendre sa récolte et offrir le dixième de la somme obtenue. Parce que c’est un produit sorti de terre, et qui a germé sur des arbres que Dieu a arrosés dans sa générosité. Tout en aidant un pauvre, tu exprimes ta gratitude au Seigneur. Il y a plusieurs matières qui peuvent servir à payer la zakat. Je peux aussi citer l’or. Pour chaque type de produit, les guides vont discuter et vont finir par rédiger ce qu’on va appeler la loi de la zakat. Elle va comporter plusieurs chapitres selon les types de produits ou de biens. Ce document servira de repère à tous les musulmans du pays.
Qu’en sera-t-il pour les fonds placés dans des entreprises comme actions, ou les titres boursiers ?
Tout cela sera pris en compte. La loi couvrira les biens des plus traditionnels aux plus modernes. Toute la vie économique sera balayée. Le propriétaire d’immeubles, le transporteur qui possède des véhicules, le propriétaire d’usines, le commerçant qui a des boutiques,… sauront ce qu’ils devront faire en parcourant le document.
La mobilisation des musulmans dépendra sûrement de la confiance qu’ils placeront aux acteurs et au mode de gestion des fonds collectés. Y a-t-il des garanties à ce niveau ?
Le prophète Mohamed dit : « Prenez la zakat des riches pour la donner aux pauvres de la localité ». Le nœud du projet, c’est la gestion. La collecte est une gestion, le regroupement des fonds collectés en est une autre. La redistribution est aussi une gestion. Si la confiance est entachée, le projet tombe à l’eau. Il faut trouver des hommes intègres qui craignent Dieu et qui connaissent la chose. Donc plus que beaucoup d’autres domaines dans l’organisation de la communauté musulmane, la zakat a besoin d’hommes intègres et pieux, sinon, c’est la ruine. Ces personnes seront choisies selon des critères très rigoureux.
Les non-musulmans pourront-ils bénéficier de la zakat ?
Quand on donne la zakat, c’est d’abord aux musulmans. Toutefois, les non- musulmans pourront en bénéficier de façon indirecte. Si nous utilisons par exemple les fonds de la zakat pour construire un dispensaire, un pont ou une école, de non-musulmans vont forcement en bénéficier. Mais en priorité, la zakat est prélevée sur les biens des musulmans riches pour la donner à leurs coreligionnaires qui sont dans la pauvreté. Cependant, il existe d’autres droits sur les biens des riches en islam. Notamment les divers impôts que l’Etat peut prélever sur les richesses pour des investissements d’intérêt public. Et c’est de tout cela que nous allons parler.
Interview réalisée par Cissé Sindou